PLEASE TO MEET YOU // ft. Hyeok Su

PLEASE TO MEET YOU

Il faisait froid. Il pleuvait aussi. J’avais fini ma tournée avec ma guitare. Et portant juste ma veste en cuir, et une écharpe, je me retrouvais totalement frigorifiée, devant ce café bien loin de mon quartier. Soirée pourrie. Dire que j’ai vécu dans une ville bien plus froide que ça. Je n’avais même pas mon parapluie. J’allais finir comme une serpillère ! J’avais heureusement réussi à récolter de quoi me payer un trajet en bus pour le retour. Aussi je me pressais sous la pluie, remontant le col de ma veste, voulant avoir le moins froid possible, courant vers l’arrêt de bus le plus proche. Arrivée là, je regardais les horaires. Il était tard et le dernier bus je l’avais raté de seulement une minute. Je m’assis sur le banc de l’arrêt en soupirant. Pourquoi avais-je autant de poisse ce soir ? Je ne pouvais même pas joindre Angie, elle devait dormir et puis même, elle était loin de ce quartier aussi. Et je ne voulais pas l’embêter avec tout ça.

A rester assise là, je commençais à avoir froid. Je repris ma guitare et me mis à chercher un squat où me caser pour déjà me protéger de la pluie, et peut-être un peu dormir avant d’aller attraper l’un des premiers bus et rentrer chez moi. Marchant sous la pluie, je traversais les rues au hasard. Avec l’argent que j’avais je fini par me poser dans un café et me réchauffer là avec un thé. Je regardai le dehors, et la pluie ne cessant pas de tomber. Je n’avais aucune envie de sortir. On n’était bientôt plus que deux dans ce café. Une autre demoiselle assez jeune, et moi. Je la sentais parfois me regarder. Et puis bientôt un serveur nous annonça que le café allait fermer. Du coup, tout comme elle, je m’étais levée après avoir terminé ma boisson. Et je sortis. Me plaçant contre le mur je m’allumais une cigarette, faisant encore face au froid. Je la vis appeler un taxi. Et moi qui n’avais même pas les moyens de m’en payer un …

Et une magie se produisit. J’avais repris ma route, pensant à cette fille qui devait déjà être chez elle bien au chaud. Et moi qui cherchais encore un squat où m’installer. C’est là que je vis le même taxi s’arrêter pas loin de moi et la demoiselle inconnue descendant de ce dernier pour se diriger vers moi. Pourquoi ? Je ne la connaissais pas, elle ne me connaissait pas et je n’aimais pas qu’on me prenne comme ça en pitié. Mais dans son regard je comprenais que ce n’était pas qu’elle me prenait en pitié, c’était juste qu’elle était comme ça. Incapable de laisser quelqu’un dans le besoin sous la pluie, ni même l’imaginer se choper une crève de cheval. Finalement j’avais fini dans le taxi. On discuta de chose et d’autres. Je comprenais qu’on allait là où elle vivait et travaillais. Une domestique elle aussi ? Bon ok, moi je ne vivais pas chez mon patron mais bon. Il faut dire qu’il vaut mieux pas que je reste là-bas vu qui il est. Elle semblait heureuse de son travail. Tant mieux. Moi j’avais encore du mal avec la tenue… Je me demandais même pourquoi j’étais devenue une domestique tiens.

On arriva bientôt à destination. Et encore une fois, je me retrouvais dans un endroit qui n’avait rien avoir avec ce dont j’avais l’habitude de voir. Un triplex. Rien que ça. Et ils étaient combien à vivre là ? D’après la domestique, il y avait suffisamment de personne pour s’occuper des lieux et ce, pour une seule personne. Un homme. Et à en juger de la déco et de la taille de l’endroit… Il devait être bourré de tunes lui-aussi. Je me demandais ce qu’il penserait en voyant qu’une de ses domestiques avait ramené une fille fauchée sortie de nulle part, chez lui.

Rapidement, elle me donna des serviettes et des vêtements de civil lui appartenant –jean et pull large- pour me guider peu après à sa salle de bain. Je me réchauffais avec une bonne douche et puis je me changeais, laissant mes vêtements à sécher dans sa salle de bain avec les serviettes. La chaleur fit remonter la fatigue. La jeune fille me dit qu’elle pouvait me laisser son lit, mais je lui fis comprendre que j’irai m’installer sur un des canapés du salon pour ne pas déranger. Et puis bon y’avait ma guitare là-bas. Je ne suis jamais sans elle.

Une fois installée sur le canapé. Je poussais un soupir et laissant reposer ma tête sur le dossier du canapé je fixais le plafond. Je me demandais qui était le propriétaire de l’endroit. J’imaginais tout un tas de choses et puis rapidement je finis par m’endormir là, juste à côté de ma guitare.