Sorry if I talk a lot, but, are you okay?

Faire face au patron ne me faisait plus peur depuis des mois déjà. Certes, au départ je me mettais toujours dans un coin pour travailler en me faisant oublier. Or, c'était le meilleur moyen de faire interpeller toute les trente secondes et au final, subir l'humeur grincheuse du boss. J'avoue, il me terrifiait quand je n'étais encore qu'un stagiaire et que mon boulot laisser souvent à désirer. Une chance pour moi que mon meilleur ami sache s'y prendre avec un ours pareil, et qu'il a su à plusieurs reprises m'éviter le renvoi pur et dur. Au fond, je lui en suis reconnaissant, même s'il risquait aussi sa place en défendant la mienne. Aujourd'hui, les mots ne me manquent pas, ni la spontanéité que j'ai gagné avec les années. Le patron a déjà eu à faire avec ma maladresse, il goûtera aussi celle de Dae Min. « Perdre ta place ? Tu plaisantes ? Sans toi, on risque surtout de ne plus avancer. Tu es un élément important ici. » Disais-je autant pour le rassurer que pour lui dire la vérité. évidement, s'il ne mentait pas, le patron ne serait pas aussi fâché qu'avec un mensonge. C'est juste moi qui ne suis pas totalement honnête par moment. Au pire, Dae Min l'entendra gueuler pendant quelques jours, puis ça lui passera forcément. à la longue, on apprend à connaître l'homme que l'on considère le pire dans notre activité professionnelle. Je ne m'en faisais pas pour Dae Min, ni pour cette histoire de vitre ou de porte bloquée. Au pire, je m'occuperai de la chambre froide en trouvant une excuse bidon.

Idiot. C'est bien le cas de le dire. Un véritable abruti incapable de comprendre ma gêne. Ou était-ce une façon de se venger de moi et de mes moqueries ? Saleté! J'aurai bien voulu frapper une troisième fois ce grand gamin se disant fragile, alors qu'il tient plus facilement debout que moi, mais calmons un peu le jeu. Même si je baragouinai dans ma barbe pour montrer qu'il n'était pas amusant à rire de mon malheurs, ou de mon visage pourpre. Une tomate ? Il riait en plus! J'ouvris la bouche comme si j'allais répliquer, mais sa pichenette sur mon nez me rabattit aussitôt le caquet. Il ne me restait qu'à gonfler des joues comme un hamster, boudeur. Avant d'aller taper doucement son torse pour le faire regretter ses mots. J'en oubliai ma maladresse et mon don à glisser sans raison. Dieu, que je hais quand mes pieds font des siennes, et que je me retrouve dans des situations embarrassante, voir honteuse même. Sauf que là, j'entraînai carrément Dae Min dans ma chute, l'écrasant par la même occasion. Surpris par la bousculade, je me remettais rapidement en regardant le jeune homme dans les yeux. Il n'avait rien, au moins ? Je m'inquiète facilement, et pour pas grand chose aussi. Mon meilleur ami affirmait qu'il allait bien, mais mon doute légendaire disait le contraire. Oubliant complètement la proximité de nos visages, ou même ses mains dans mon dos ou sa pensée de pouvoir m'embrasser. Mon esprit se focalisait sur lui et sa santé, une de mes mains remontant vers ses cheveux pour laisser parcourir mes doigts dans sa tignasse. « tu es sûr ? Tu ne t'es pas cogné la tête ? Ou le dos ? J'ai dû t'écraser en tombant sur toi ? Je dois te faire mal à rester là... » Remarquai-je en voulant me redresser un peu. C'était réellement gênant comme situation. Manquerait plus que quelqu'un nous surprenne et nous étions cuits! « Ex-excuse moi... Même si tu es très confortable, je t'assure. » Plaisantai-je, mon corps se refusant à m'obéir tandis que je lui ordonnai de se relever. Pourquoi ? Mes jambes ne me répondaient pas, s'obstinant à me garder à moitié avachit sur Dae Min.

Qu'il ne se sente pas plus important qu'un client était légèrement blessant. Pas pour moi, je ne pense pas, mais plutôt d'un point de vue personnel. « Tu es trop dur avec toi-même. » Soupirai-je avant de pincer mes lèvres. Dae Min devait comprendre qu'un client n'était pas plus important qu'un employé sérieux et travailleur comme lui. Le patron serait sûrement du même avis que moi. Des clients, on en trouve à la pelle, un pâtissier comme mon meilleur ami, non. J'aurai voulu le rassurer d'avantage, pour qu'il ne pense pas ainsi et ne se dévalorise pas autant, mais je ne savais comment m'y prendre pour que cela fasse le bon effet. Un jour. Oui, Un jour, nous serons des pâtissiers célèbres, et on pourra même avoir notre pâtisserie à nous. Même si pour l'instant, ça ne ressemble qu'à un doux rêve à atteindre.

Quoi qu'il soit, ce songe était encore loin. Puisque à l'instant présent, je me chamaillai avec lui comme un enfant. Nous étions deux gamins qui s'amusaient d'une drôle de façon, mais dans un sens, c'était assez plaisant. Du moins, avant que je glisse et ne lui tombe dessus. Il y avait plusieurs façon d'arrêter une discussion, mais pas aussi brutal que la mienne. Ainsi allongé sur lui, j'avais le luxe d'observer son visage si parfait. La forme de ses lèvres qui se démarquait à merveille grâce à ses traits bien dessinés. Cette petite lueur inconnue dans son regard intense et si envoûtant. Ses cheveux désormais en bataille tandis que ma main les caressait en douceur pour s'assurer qu'il n'avait rien. Sans oublier la distance entre nos visages et mon souffle réchauffant doucement sa peau froide. Quel beau contraste, un tableau digne du meilleur artiste. Où me perdais-je!? Dae Min était attirant, certes je ne dis pas le contraire, mais... C'est mon meilleur ami. Comme puis-je ressentir ce genre de chose pour le garçon que je considère comme la clé de mes secrets. ou presque tous, à l'évidence. Est-ce la raison qui pousse mon corps à ne pas m'écouter et à rester sur lui ? J'en ai aucune idée mais cette perspective va me rendre dingue. Pourquoi Dae Min n'agit pas non plus ? Certes, je l'écrase mais il pourrait avoir assez de force pour me repousser, non ? à croire qu'il apprécie que je sois sur lui... C'est le cas ? Alors... ça ne lui dérange pas d'être envahit de la sorte par un gars comme moi ? J'en rougissais d'avantage, mon esprit s'embrouillant un peu trop. Il comprenait ? Quoi donc au juste ? Haha, je me sentais réellement con à me poser autant de question, mais une fois que l'on scrutait les yeux dans les yeux. Pouf, tout ça s'envolait comme si jamais mon esprit n'avait réfléchit.

Mon coeur battait rapidement dans ma poitrine, se cognant bruyamment contre la paroi de mon thorax pour me rappeler sa présence. Il devenait encombrant, si embarrassant. Pourtant, ses battements effrénés passèrent au second plan quand mon regard suivit celui du jeune homme. Que fixait-il comme ça ? Autant, cette petite attention m'intriguait. Autant, son geste me terrifiait. Oui, ce foutu organe venait de changer son rythme, devenant incontrôlable alors que les lèvres de Dae Min se posèrent simplement sur les miennes. Dans cet échange, je pu sentir sa main se resserrer sur mon vêtement. Mes paupières se fermèrent automatiquement, avant que je ne réponde doucement à son baiser. Je l'embrassai à mon tour, mordillant sa lèvre inférieur pour approfondir le baiser et tenter d'aller plus loin. Adieu self-control, mon corps n'écoutait même plus ma conscience, encore moins ma raison. Et je me surprenais à vouloir jouer avec sa langue, la faire danser avec la mienne en savourant ce contact mi-chaud et mi-froid. Qu'est-ce que je fais, bon sang ? C'est mon meilleur ami, c'est... Oh et puis, je m'en fou de qui il peut être pour moi.

Jusqu'à aujourd'hui, je ne m'étais jamais posé autant de question sur Dae Min, ni même sur notre relation amicale. Pour moi, il est mon meilleur ami, celui à qui je peux presque tout dire. J'avoue que dernièrement, je n'ai pas été réglo avec lui en lui mentant sur mon rang de calice et sur le fait que le fameux vampire me tournant autour, est mon maître. Ah non, il ne le sait toujours pas d'ailleurs, et j'ai toujours aussi peur de lui dire. Autant qu'il reste dans le mensonge ou je ne sais quoi encore. Cette vérité est tellement honteuse qu'il ne devrait absolument rien savoir. Que pourrait-il en sachant que son meilleur ami n'est pas si innocent ? En plus d'être l'esclave d'un buveur de sang. Personne ne le sait, ou quasiment personne. Ni mes parents, ni mon petit frère, ni même mes amis qu'ils soient proches ou non. Après, certains vampires sentent sûrement l'odeur de mon maître sur moi, mais j'ignore s'ils font rapidement le rapprochement entre ce détail et un autre. En gros, si je suis seulement un repas de passage ou un aliment primordial et essentiel. à penser ainsi, je me sens comme un gros morceau de viande bien saignant. Beurk!

Enfin, mon rôle de calice passait vite au second plan quand je tombai sur mon ami et le renversai sans le vouloir. Ce n'était pas calculé, rien n'était voulu même, mais dans mon élan, je n'avais su contrôler ma maladresse. Résultat, nous sommes tout deux sur le sol, Dae Min au dessous de moi. Quelle gêne! Mais sur le coup, je pensai plus à son état qu'à notre position respective. Jusqu'à ce que l'on se perde l'un dans le regard de l'autre et que le jeune vampire se décide à déposer ses lèvres contre les miennes. Une agréable surprise, je dois bien l'avouer. Jusqu'à présent, le garçon n'avait rien tenté contre moi, et à dire vrai, je n'y pensai même pas. Non, pour moi, un baiser n'était même pas possible. Or, il me prouvait le contraire et j'y répondais après quelques secondes d'hésitation. Pourquoi devrais-je douter alors que l'instant d'avant, j'examinai en détail les traits parfaits de son visage. étrange, mais il possède cette même perfection que Kwang Ho, une perfection qui m'éblouit et me fascine. Bien que leurs façons d'embrasser soit extrêmement différente. Avec Dae Min, je ressentais de la douceur, une onde de plaisir qui m'envahissait, qui me décontractait. Pourquoi ? Pourquoi j'éprouvai tout cela à l'instant présent ? Sans être capable d'y mettre de véritable mot pour éloigner cette appréhension d'être bizarre ou complètement atteint. Pourtant, c'était si bon de l'embrasser, de fermer les yeux et de profiter de cet échange. Une main toujours dans les cheveux de mon vis-à-vis, l'autre appuyé sur le sol pour éviter de l'étouffer avec mon poids. C'était une sorte de moment magique, même s'il risquait d'être briser à tout instant par n'importe quoi.

Si j'avais déjà embrassé d'autres personnes ? Oui, des hommes comme des femmes. Je n'ai jamais été le garçon timide et renfermé qui ne s'approche pas des autres. Au contraire, J'ai toujours eu cette facilité à approcher les gens, à me sentir bien avec n'importe quoi. Est-ce pour cela que j'attire les regards ou bien plus encore ? Après tout, il n'y a pas eu que des baisers échangés, et pas seulement avec Kwang Ho. Surtout en étant dans un optique du fils parfait, vivant dans un cadre parfait et qui pourtant, commet l'imparfait en secret. J'ose pas le dire, mais Baek Khenty est loin d'être puceau. Si Dae Min l'apprenait, continuerait-il à me regarder comme il le fait ? à me protéger comme il le fait ? à me parler comme il le fait ? Je crois que pour l'instant, ça n'a pas d'importance. Pas tant que je l'embrasse avec envie et hardeur, y mettant du miens comme jamais je ne l'aurai fait. Les mots sont faciles à placer sur mes sentiments, mais j'ai surtout du mal à vouloir le faire. Malgré moi, je rompais le baiser pour reprendre mon souffle, ma respiration se faisant saccadée. Oh... Je réalisai l'ampleur des dégâts, me redressant subitement en plaquant ma main sur ma bouche. « D-Désolé... » Bégayai-je avec gêne en gardant les yeux ronds. Je n'avais pas honte de ce baiser, mais plutôt de l'avoir fait avec Dae min, avec celui que je considère presque comme un frère. Mon jugement semble erroné.

Rien ? Oh, vraiment. Cette réponse me décevait un peu, me prenait même au coeur alors que je m'étais imaginé tellement de chose parce ce simple échange. N'était-ce seulement rien pour lui ? Outre le fait d'en être attristé, j'étais aussi très surpris par notre baiser. Jamais je n'aurai cru qu'un jour, mon meilleur ami puisse m'embrasser et que je sois capable de lui rendre sans aucune arrière pensée. Or, la réalité me frappait de pleins fouet quand je reprenais enfin une distance raisonnable. Pourquoi avais-je fait cela avec lui ? Dae Min est mon meilleur pote, et on embrasse pas un ami aussi cher, non ? Pourtant, je n'éprouvai aucun dégoût à l'avoir fait. Loin de là. C'était un agréable étonnement que je n'avais su cacher pour le coup. Sauf qu'il se méprenait. Dae Min se trompait sur ma façon de le regarder. étais-je vraiment horrible à voir pour qu'il me dise ça ? Il m'était impossible de me regarder en face, donc je ne pouvais savoir ce qui clochait dans mes yeux. D'ailleurs, j'abaissai ces derniers en me mordillant la lèvre inférieur, ne sachant quoi lui dire. à dire vrai, je ne pouvais rien lui dire. C'était trop confus pour qu'une phrase complète et significative puisse quitter ma bouche à présent close. Un baiser ne voulait rien dire, n'est-ce pas ? Alors pourquoi j'y pensai autant en l'espace de quelques pauvres minutes. Elles furent comme des secondes d'ailleurs, un temps de doute et d'incompréhension face à la seule personne -non relié par le sang- auquel je m'inquiétai le plus. Cette histoire n'était pas prête de se terminer.

Pourtant j'étais bien contre lui, à le regarder dans le banc des yeux sans me soucier de la vitre brisée ou de la porte bloquée, ni même de la colère noire qui submergerait notre supérieur en apprenant les dégâts. Non, j'avais oublié tout ça pendant quelques instants pour partager un moment plus intime avec lui. Un moment que je ne pensai pas réel ou réalisable dans la vraie vie. Si j'en ai déjà rêvé ? à plusieurs reprises, faut l'avouer. Mais les rêves n'ont aucun sens, non ? C'est seulement une idée idiote de l'esprit qui se formule dans notre sommeil ? Mais alors, de ce point de vue, j'ai déjà songé à l'embrasser à de nombreuses reprises. Pire encore. Aish, j'étais tellement gêné de penser à mes rêves -peu catholique- dans ce genre de moment. Tu es un idiot, Khenty! Comment allait réagir Dae Min s'il comprenait le fond de ma pensée ? Qui faut l'admettre, était vraiment perverse. à défaut de le savoir comme cela, c'est moi qui faisait pencher la balance. Ce n'était pas vraiment favorable quand on me croyait innocent et adorable. Au fond, je ne pense pas l'être tant que cela, même si je joue les coincés avec Kwang Ho quand il décide d'en faire qu'à sa tête. J'ai vingt ans après, j'ai bien le droit de penser comme un homme adulte.

Mais la question ne se posait plus, puisque Dae Min fuyait sans même me parler. Qu'ai-je ? « Dae Min! » Criai-je en le voyant détaler comme un lapin sans même m'accorder un regard. c'était de ma faute. Si je ne l'avais pas fixé ainsi en plaquant ma main sur ma bouche... Mais c'était à cause de la surprise et du choc! Bon sang, je suis complètement débile. Mon meilleur ami allait me fuir à présent. Je ne pouvais même pas lui courir après et abandonner le Camélia. Pourquoi Dae Min ? Qu'est-ce que je représente vraiment pour lui ? Comment vais-je faire pour l'affronter chaque jour ? Nous sommes colocataire, en plus. Il m'est impossible de l'éviter, et j'en ai pas envie. Bien que j'ignore comment me comporter avec lui à la suite de cet épisode assez fâcheux. Le baiser était merveilleux, mais qu'il croit à mon horreur, ne l'était pas. Je me grattai alors la tête en jurant contre moi-même, quand l'une des vendeuses déboulait dans le laboratoire. Mon corps faillit toucher le plafond, mais au moins, la jeune fille me tirait de mes pensées, me ramenant directement à mon travail. Tant pis, je terminerai seul cette journée en trouvant l'excuse que Dae Min ne se sentait pas bien. Je pouvais assumer le rester sans aucun mal, même si je finirai plus tard que prévu. De toute, je rentre rarement pour manger, puisque j'enchaîne mon service de l'après-midi sans repos. Qu'importe. ça ne change pas qu'il faudrait que je m'explique avec mon meilleur ami, un jour ou l'autre.