Un nouveau jouet pour un enfant qui en a passé l'âge - Feat Jung Wan

Rien de mieux qu’un ou deux, voire plusieurs, verres après une journée de merde. Passant les portes d’un bar ou je me rendais assez souvent –de plus en plus fréquemment, mais je ne vois pas l’intérêt de me refuser quelques moments de détente- et m’assis sur un des tabourets en ignorant le barman qui me salue, barman habitué à ma présence et à mon manque de réaction lorsqu’il me souhaite la bienvenu à chacune de mes entrées. Bien entendu, mon paternel ignore que je me rends dans ce genre d’endroit…je refuse de le lui avouer de peur qu’il soit déçut par mon comportement, lui qui s’évertue à m’éduquer convenablement. Enfin, à me rééduquer pour être plus précis et il aurait surement l’impression que je me paye sa tête, comme le veux, l’expression. Après un « Qu’est-ce-que je te sers ce soir ?»,  de sa part, je lui réponds un vague « comme d’habitude », il a une bonne mémoire alors inutile de gaspiller de la salive pour rien. Buvant le verre qu’il me tend cul sec, m’arrachant une grimace, je ferme néanmoins les yeux et profite de l’agréable sensation de ce breuvage couler dans ma gorge. Paradoxale, n’est-pas ?

Je me souviens…l’alcool, ainsi que les nombreuses soirées passées à boire par envie, puis par besoin. L’alcool, simplement pour oublier, simplement pour ne plus avoir l’impression de supporter, pour pouvoir simplement se décrocher de tout et de trouver la force, au plus profonds de soit, de se redresser lorsque l’aurore renait.

Reposant mon verre sur le comptoir, demandant simplement la même chose, le barman me ressert en tentant de me faire la conversation. L’ignorant royalement, je porte le verre à mes lèvres et le vide en quelques secondes, c’est fou comme je peux me montrer doué pour vider les verres rapidement. Cela dit, loin d’être un alcoolo invétéré, je ne bois que rarement et uniquement si j’en ressens le besoin et cette nuit, il faut que je pense à autre chose ou peut-être, ne penser à rien.

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La tête enfouie dans mes bras, négligemment, croisés sur le comptoir, j’ai la vague impression que mon cerveau est embrumé par l’alcool. Fermant les yeux un court instant, je me redresse difficilement et masse ma nuque, ne pouvant retenir une grimace dû à l’inconfort de cette position « Oii Kang Dae, ‘faudrait peut-être que tu rentre, j’suis sûr que tu tiens à peine debout ! », je lance un regard froid au barman pour ce commentaire, de quoi se mêle-t-il celui-là ? Ne lui répondant  pas, je pousse uniquement  un de mes verres dans sa direction et lui fait un signe de tête pour qu’il me resserve. Il soupire mais ne dit rien, sachant pertinemment que je me fiche de ce que l’on peut me dire.
Je le bois d’une traite comme tous les autres.

Verre après verre, mon cerveau s’est mis sur pause tant est si bien que je suis surpris de voir une personne assise à mes côté lorsque je tourne la tête…ou bien, n’était-elle pas assise ? Se trouvait-elle plus loin. Ce type n’était pas là tout à l’heure, j’en étais sûr…enfin presque! Ou bien, est-ce l’alcool qui me joue des tours ? Je fixe son profil avec un air de presqu’aliéné, incapable de mettre mes idées en place, même pas pour lui lancer un : D’où tu sors, toi ?

Les yeux autant que l’esprit  embrumé, je ne distinguais plus vraiment ce que je voyais et encore moins, décortiquer le sens réel des phrases que l’on me lancé, c’est pour cela que je répondis très intelligemment –ironie- au jeune homme qui devait sans doute se sentir gêné par mon observation insistante « Heiiiin ? ». Un hoquet m’échappe, ainsi qu’un Léger « pardon », sachant rester un tant soit peu polie, même au bord de la semi-conscience « T’sais que t’as une belle gueule, toi ? » lui dis-je d’une voix plus grave et intense, remarquant un son désagréable à mes tympans. Un son ressemblant fortement à un rire, un petit rire moqueur émanent de la gorge du barman « Fait pas attention à ce que dit Kang Dae, jeune homme. Le gamin est complètement pété, mais t’inquiète pas va, il est pas méchant, juste un peu pot de colle quand il a trop de milligrammes dans le sang et là…c’est le cas… ». Saligaut, pensais-je, ainsi que bien d’autres insultes plus ou moins fleuries et tout aussi étranges les unes que les autres. Détournant mon regard du jeune humain assis à mes côtés, je fixe un instant le barman, des envies de meurtres au fonds des yeux « T’as gueule, Jin ! Puis, je suis pas un gamin et je suis pas un pot de colle », insistant bien entendu sur les pas, espérant lui clouer le bec une bonne fois pour toute.

S’il y a bien une chose que je haïssais plus que tout au monde, bien plus que mon ancien maître ou encore, les araignées grosses et poilues, c’était que l’on me traite comme un gamin et pire, que l’on parle de moi comme si j’étais un enfant. Cas à part, seul mon père a droit de me traiter comme cela sans que j’émette le moindre avis de désaccord.

Poussant encore une fois mon verre, vers ce couillon de barman, je grognais un « resserre-moi et ferme-là ! », puis regardais du coin de l’œil l’humain à mes côtés, observant avec minutie les moindres détails de ses traits, ses expressions, marquant dans mon esprit absolument tout. J’en ferais ma proie et c’est pour cette raison qu’il me fallait le reconnaître en cas de course-poursuite ou de cache-cache, bien vite lassant. Plongé dans mes pensées, je sentie à peine que je basculé sur le côté. Côté opposé à ma future proie, et malgré les grandes chances de se retrouver le cul au sol, je réussis tant bien que mal à raccrocher mes mains au comptoir, donnant un coup de pied – non prémédité, bien entendu- dans le tabouret voisin, non occupé « oups…pardon madame… », M’excusais-je inutilement, sans réfléchir et sans avoir réellement vu qu’il était vide de toute présence. Attrapant mon verre et le buvant cul sec, je soupire, puis me tourne face à mon voisin l’humain, tout en lui tendant ma main « Salut, moi c’est Kang Dae et toi, c’est quoi ? D’où tu sors ? » Marquant un temps d’arrêt, je rapproche mon visage du sien, et ferme les yeux, humant tout naturellement son odeur, comme s’il s’agissait d’une chose tout à fait commune dans le monde des humains « J’aime bien ton odeur ».

Un énième verre que je porte à mes lèvres et dont le liquide vint me bruler la gorge comme s’il n’était fait que d’acide virulent, prêt à m’arracher le gosier, rompre mes cordes vocales avant de me tourner encore vers lui pour les presentations. Mnh. Même après avoir un tantinet trop bu, pas beaucoup, hein, j’étais encore capable de me montrer civilisé.

Beuh. Pourquoi il répond pas à ma question l’autre gugus ? Pis ‘fait chier, merde. Tel un gosse en un âge peu avançait, j’exigeais que l’on m’apporte réponse à mes questions, peu importe la manière que je devais utiliser, peu importe les méthodes à entreprendre. Attrapant sa main qu’il ne voulait pas me donner, je la serre contre son gré afin de lui montrer les bonnes manières « Oh t’as snobé ma main t’vois, et c’pas bien. Puis Jung Wan, c’est un joli prénom ! Ça me rappel…ça me rappel…je sais plus mais c’est jolie comme toi, t’es joli » ô comme je pouvais me montrer ridicule une fois alcoolisé « Et je viens d’ici, ‘fin des quartiers pas très loin, ‘suffit de continuer plusieurs mètre, plus tourner et continuer et c’est à côté d’une forêt...quoi que la forêt est enfaite assez loin. Bah ouai, j’peux pas te dit exactement ou je vis, mon papa a dit qu’il fallait paaaas parler aux inconnus, c’dangereux huhuh » Sur ces dernières mots, le barman, dont la présence fut un moment oublié, me donner une tape sur la tête suivit d’un rire car lui savait qui j’étais. Ou plutôt, ce que j’étais.

Étirant mes muscles, je bascule sur ce cher Jung Wan, ne me refusant pas quelques attouchements discrets, puis retrouve la force de me redresser tout en profitant de son odeur. Odeur que je trouve appréciable et qu’après maintes observations, je prends enfin l’initiative de lui faire remarquer, chose qu’il ne semble pas apprécier ou en tous les cas, c’est la vague impression que j’en ressens.

Je ferme les yeux et doucement, me penche sur le côté, vers son cou dont à la vue, je me lèche les lèvres tandis que mes yeux sont illuminés de malice « Tout et rien à la fois. Elle est attirante, séductrice. Chaude, épicé et sucré… » Puis, dans un élan de lucidité, je me rends compte de mon erreur, puis poursuit tout en le regardant dans les yeux, toutes lueurs de faim disparues « C’est quoi comme parfum ? Parce que je sais pas quoi offrir à mon copain enfaite…et cette ode…ce parfum et propice aux ébats pour toute une nuit. »

Mon rattrapage ne semble pas le rassurer et il se retire, n’oubliant pas de me souhaiter une bonne soirée plus polie qu’autre chose, agrémenté d’un sourire crispé, faux. Sourire que je n’aime pas, puis sors rapidement de ce bar.

Quelques minutes s’écoulent et alors que j’allais commander un autre whisky, je stoppe le verre touchant mes l’embrasure de mes lèvres et paye la somme que je devais à ce bon vieux Jin.

A mon tour, je passe les portes de ce bar dans le silence le plus total et l’aperçoit, dans l’ombre, à quelques pas de moi. Sans bruits pour ne pas l’alerter, je me tapis dans cette ombre dans laquelle, je me sens si bien, puis l’observe, le suit sans mots dire, grimpant en hauteur, émettant de faibles bruits dans lui faire peur.

J’ai envie de jouer…