Cette nuit, elle se termine dans mon lit ! [Aindreis Evan]

Présentations faites de façon sobre, je trinquais avec Evan. Bien que le terme de présentation soit un peu exagéré. Car ce n’était pas vraiment des présentations mais ce n’était pas non plus de vraies retrouvailles. Après tout, lui m’avait oubliée, alors on était légèrement entre les deux.  Mais nous prenions tout les deux cela avec sourire, et il le fallait bien, sinon, les crises de nerfs auraient déjà commencées. A ma place, je connaissais plus d’une fille qui l’aurait giflé, l’insultant de tout les noms, et rendant toute l’affaire publique. Notre dernière soirée n’avait rien d’un secret, mais avec toutes les quantités d’alcools ingurgitées par les jeunes adultes que nous étions, il n’était pas étrange de voir que peu de personnes avaient des souvenirs complets de la soirée. Même pour moi, certaines périodes de la nuit restaient sombres. Par exemple, je ne me rappelais plus comment Evan et moi étions venus à communiquer, ni même qu’il m’ait prit en photo avec son téléphone. Mais il semblait que j’ai quand même toujours plus de souvenirs que lui. D’ailleurs, si cela continuait, cette soirée promettait de se terminer comme la précédente entre Evan et moi, si certains ne commençait pas freiner leurs envies d’alcool. Quelques jeunes ressentaient déjà les effets des verres qu’ils avaient bus. Entre ceux qui commençaient déjà à comater sur les chaises et ceux qui étaient au bord du vomissement, la fin de cette soirée risquait de ne pas être belle à voir pour beaucoup d’entre eux. Mais chacun connaissait les risques qu’il prenait en trempant ses lèvres dans ce liquide fruité et sucré faisant presque oublier le gout amer de l’alcool.

En ce qui concernait Evan, lui semblait cette fois-ci être bel et bien sobre. Mais la soirée étant loin d’être finie, certaines surprises pouvaient encore nous attendre et alors il ne m’étonnerait pas de voir le jeune garçon se comporter comme un bisounours. Car Evan était le genre de personne à avoir l’alcool joyeux. Il faisait des blagues, rigolait, et à côté de ça, adorait le contact. Non, croyez-moi, contrairement à d’autres, c’était un plaisir de le voir bourrer. Vous ne risquiez absolument rien. Il n’était pas méchant ou violent comme d’autres peuvent l’être sous l’effet de cette substance, mais avec lui, il n’y avait aucun risque. Si ce n’était qu’il vous oublie dès le lendemain matin, tel un poisson rouge, après 3 secondes de mémoires. Ou alors, la vieillesse avant l’heure. Quoique ce soit, ses souvenirs étaient vraiment très flous. « On a passé une tendre nuit ensemble… Et t’as même essayé de me demander en mariage ! ». Tirant légèrement la langue, j’essayais de rester relativement sérieuse. Quoi ? Je sais que ce n’était pas bien de mentir, mais, ce n’était pas si grave, c’était simplement pour le taquiner un peu, dans trois minutes, il aurait la vérité. Mais en attendant, je voulais l’embêter un peu. Il ne s’était rien passé, je ne pouvais donc pas dire quel effet cela faisait quand il était en forme, ou pas d’ailleurs. Certaines même de mes copines qui semblaient intéressé m’avaient harceler tout le lendemain pour savoir si c’était un bon coup. Je m’étais donc contenter de faire comme si c’était le cas, après tout, je m’en voudrais de faire fuir ses fans alors qu’avec un petit mensonge, tout le monde y trouvait son compte. « Qu’est ce qui te dis que j’aurais aimé même si tu avais été en forme ?! Si ça se trouve t’es pas du tout mon genre. Bon, par contre, t’inquiète pas, j’ai fait croire à quelques filles qu’on l’avait fait, c’était juste pour être tranquille ! ». Ca par contre, c’était vrai. Et comme elles ne voulaient pas me lâcher, j’ai préféré leur dire ce qu’elles voulaient entendre. Là au moins, j’avais la paix. Et en plus, je renforçais la réputation du beau garçon. Ah ! Quelle gentille fille j’étais.

A mes propres dépends, j’avais eut l’occasion de remarquer que Evan avait l’alcool joyeux. C’était plutôt une bonne chose, il nous changeait de tout ces garçons à l’alcool mauvais, prêt à se taper dessus pour un oui ou pour un non, ou de toute ses personnes à l’alcool badant, ce qui je crois, était pire encore que l’alcool mauvais, tellement cela pouvait flinguer le moral de toutes les personnes présentes. Mais pour Evan, c’était différent. Pas d’excès de colère, pas de larmes, que des grands sourires, des bisous et des câlins. Ca donnerait presque envie de croire que le monde des bisounours existe vraiment. En tout cas, si un endroit où tout le monde avait le même comportement qu’Evan bourré existait, j’y accourerais sans plus attendre. Il finit enfin par se rendre compte que tout ce que je lui racontais – ou presque tout n’était que des cracks avouant lui-même que tout cela aurait pu être vrai, reconnaissant sa nature de bisounours avec quelques verres de plus. Il était vraiment adorable ! J’avais beau lui dire que ce n’était pas grave s’il n’avait pas plus de souvenirs que ça, lui semblait gêné, mal à l’aise, et n’arrêtait pas de demander pardon. Pourtant ça pouvait se comprendre. Je ne sais pas non plus si je serais capable de me souvenir d’une personne en ayant bu autant. Il faudra que j’essaye tiens.

Soulagé, je regardais Evan descendre quelques gorgées en même temps qu’il faisait tomber la pression. Ah ! Quel gentil garçon naïf quand même. Se rapprochant de moi, il me montra son portable. Le saisissant, je regardais les photos qui semblaient datées de la précédente soirée. C’est bizarre, je n’avais pas le souvenir d’avoir été prise en photo, mais c’était bien moi. Avec une tête digne de ce nom pour rentrer dans le clan des bisounours. Lui aussi d’ailleurs. A croire que nous étions faits pour être des bisounours. « Merci ! Mais je suis sure que sobre, toi aussi tu passerais bien à l’écran ! Je sais pas, c’est peut-être innée, je suis un peu mannequin aussi, ça doit aider. ». Tournant le téléphone du jeune homme, je pris une nouvelle photo sur l’instant, sans même nous laisser le temps de prendre une quelconque pose. « Voilà ! Comme ça, on est au même niveau. ». Laissant le garçon récupérer son téléphone, je regardais un autre jeune homme arriver pour attraper gentiment Evan et lui proposer une « compétition ». Compétition à laquelle Evan m’invita à prendre part également. Pourquoi pas ! « Je vous laisse l’honneur de commencer. Moi je jouerais contre le gagnant, ou le perdant ! Afin, contre celui qui tiendra encore debout quoi ». Tirant la langue au garçon, je les attrapais pour les emmener se poser sur la table de l’appartement, avec plusieurs bouteilles. Bon, désormais, que le meilleur gagne !

L’ambiance de la soirée décollait enfin, avec le début de ces jeux stupidement alcoolisés dans lesquels, nous autres, étudiants, aimions nous ancrer. La dangerosité de ces jeux était belle et bien existante mais nous en faisions toujours abstraction. Après tout, nous vivions dans une ville infestée de vampire, alors le danger, nous avions appris à le côtoyer en toute circonstance. Chaque jour passé dans cette ville mettait notre vie en jeu, et pourtant, nous étions toujours là. Pour ma part, c’était un peu particulier, puisque j’avais peu de chance de me faire égorger à un quelconque tournant de la ville, l’odeur que laissait Khun Tae sur moi dissuadait tout vampire d’essayer de faire de moi son casse-croute. Encore heureux que la situation de calice nous apporte certaines compensations car sinon, croyez bien qu’il n’y aurait aucun plaisir à l’être. C’était d’ailleurs l’absence de ces suceurs de sang qui rendaient ce genre de soirée plaisante. Non étions tous – ou presque – dans le même sac, et aucun débordement n’aurait lieu à cause de la jalousie maladive qui était présente chez chacun de ces vampires. Je n’aurais jamais pu être si proche d’Evan avec mon vampire dans les parages, c’est clair. Et pire encore, il m’aurait certainement interdit de jouer à ce stupide jeu alcoolisé en compagnie de garçons.

Evan fut finalement le gagnant, retrouvant son côté bisounours qui m’avait déjà amusé la dernière fois. Et croyez-moi, j’étais loin de détester ça. Ses câlins, ses petits bisous amicaux, j’y aurais volontairement répondu s’il n’y avait pas eut un vampire dans ma vie et si le fait de sentir l’odeur d’un autre garçon sur moi ne provoquerait pas chez Khun Tae une nouvelle crise de jalousie. J’attrapais le verre en face de moi avant de regarder Evan avec une légère moue. En réalité, je n’étais pas vraiment certaine de tenir le coup, mais j’avais lancé un défi au jeune anglais, et il était désormais trop tard pour me défiler. Levant légèrement le verre en direction d’Evan, je fixais un moment le liquide avant de le porter à mes lèvres. J’avalais le contenu du verre en une seule traite, avant qu’un coup de marteau vienne frapper à l’intérieur de mon crane. Tenir ou non l’alcool n’était pas la seule façon de tenir ce défi. Savoir encaisser d’un seul coup une telle teneur en alcool était tout aussi important. Et j’avais du mal à encaisser.

J’essayais de me relever comme pour marquer ma victoire et montrer que j’étais moi aussi belle et bien en état malgré l’alcool que je venais d’ingurgité, mais peut-être était-ce trop rapide. En effet, le mal de tête qui suivit dans les dixièmes de secondes suivantes me força rapidement à me rassoir. Relevant les yeux vers mon nouveau camarade de soirée, j’esquissais tout de même un sourire. « Ex aequo ! Je propose qu’on fasse la seconde manche à la prochaine soirée. En attendant… J’irais bien faire un petit tour dehors, enfin, si toi tu tiens encore debout ! ». Une nouvelle lueur de défi devait briller dans mes yeux alors que je me relevais en tendant ma main à Evan. Après tout était-il encore capable de parcourir dix mètres sans s’écrouler au sol ? Ca serait une bonne façon de le savoir, et puis, prendre l’air sur le balcon me ferait un peu de bien, j’avais horriblement chaud au milieu de cette foule. Sans même attendre le jeune homme, je me dirigeais vers le balcon.

La simplicité et l’instinct de survie aurait du nous pousser à rester à l’intérieur. Pourtant, nous étions là, dehors, par une nuit glaciale, à lutter de tout notre corps contre les éléments, au lieu de rentrer, nous mettre au chaud avec les autres tout simplement. Mais la simplicité n’avait rien de simple quand l’alcool était rajouté à l’équation, ce qui était bel et bien notre cas. Un résonnement simple, logique et efficace aurait pu s’appliquer dans nos boites crâniennes, au lieu de ça, c’était bel et bien tout l’inverse. Cependant, cela commençait à devenir difficilement supportable. Il n’était pas question que du froid, mais aussi de l’alcool et de la fatigue. C’est vrai, je commençais à me sentir mal, et la seule chose qui m’apportait un peu de réconfort était la présence et le contact du jeune anglais. Même si le froid me dévorait par endroit, les bras et le torse d’Evan m’apportait une chaleur non négligeable, m’évitant sans aucun doute l’hypothermie, à moi qui était semblait-il déjà enrhumé, si ce n’était pas pire. Mon esprit commençait à sombrer, si bien que je ne compris pas la totalité des paroles d’Evan. J’entendais sa voix sans pour autant comprendre le sens des mots qu’il employait. Un signe en plus prouvant que l’alcool et la fatigue prenaient le dessus un peu plus à chaque seconde qui passait. Et là, encore, ce n’était rien puisque j’étais calée contre le corps d’Evan, mais attendez un peu que j’essaye de me lever.

Et ce fut finalement ce qu’il se passa. Ne supportant plus le froid, Evan décida de rentrer dans l’appartement. Me soulevant doucement pour qu’il puisse se relever, j’eus du mal à faire quelques pas pour me décaler, lui laissant le passage libre. Il fallait dire que tout tournait autour de moi, et que ce n’était pas simple d’établir un rapport d’équilibre dans ces conditions. Rien n’était stable autour de moi, et je pense que même sur un bateau en plein tempête, j’aurais eut moins de mal à tenir debout. Heureusement pour moi, Evan était un garçon gentil et attentionné. Enfin, à cette heure-ci, c’était comme ça que je voyais les choses. Il m’attrapa la main et m’entraina avec lui à l’intérieur, ce qui m’avait facilité la marche des quelques mètres qui me séparaient de l’appartement, le corps d’Evan m’apportant une stabilité supplémentaire.

Une fois à l’intérieur, mon corps reprit possession d’une partie de la chaleur environnante, qui en réalité, était bien trop importante pour moi. Les migraines et les nausées m’avaient déjà gagnée au dehors, et le changement brutal de température eut raison de moi. Je me sentais mal, vraiment mal, et il n’était pas seulement question d’alcool. J’étais malade, ma faible constitution ne pouvait résister à tout les microbes environnant, surtout si j’avais commencé à les attrapés avant ce soir. Mais il suffisait d’un écart pour tout déclencher. Lâchant la main d’Evan et m’éloignant sans rien réussir à dire, j’allais questionner notre hôte sur sa possible possession de médicaments, et il m’invita à aller par moi-même fouiller dans la salle de bain prendre ce don j’avais besoin. Ce que je fis rapidement. Une fois dans la salle de bain, je commençais par me mettre de l’eau sur le visage. Il me semblait avoir de la fièvre et un peu d’eau froide sur le front ne pourrait pas me faire de mal. Avalant par la suite un doliprane pour faire passer toutes les douleurs, je quittais rapidement la salle de bain pour finir par me laisser tomber contre le mur du couloir. Mes jambes commençaient à ne plus réussir à me porter, et les murs autour de moi continuaient à tourner, ne me laissant plus aucun équilibre.

Doucement, mes paupières s’alourdissaient  tandis que la fatigue, l’alcool et la maladie prenaient possession de la totalité de mon corps. Je restais immobile, assise dans ce couloir, au bord de l’inconscience. Je n’étais pas si mal, installée ainsi. J’étais à l’écart du bruit et de l’ivresse de la jeunesse qui emplissait toujours les lieux, ce qui sincèrement, reposait mon esprit. Peu à peu, je sombrais dans le sommeil. Clairement, j’aurais pu m’endormir comme ça, alcoolisée, malade et débordante de chaleur, dans cette position peu confortable, si je n’avais pas provoqué tant de problèmes. En effet, difficile pour les jeunes alcoolisés présents de traverser le couloir sans se prendre les pieds dans les miens. Au début, il était vrai, je ramenais mes jambes contre mon corps, mais au bout de quelques minutes, assise là à comater, je n’avais plus la force de faire le moindre effort. Si bien que quand ce fût Evan qui trébucha sur mes jambes, je ne poussais qu’un léger gémissement, presque inaudible, pour montrer que j’étais bel et bien encore un peu consciente de ce qui se passait. J’ouvrais légèrement les paupières pour remarquer qu’il s’agissait d’Evan, mais me bougeait pas plus que ça. Je l’écoutais parler, sans réagir, ne comprenant pas ce qu’il racontait, tout cela allait bien trop vite pour moi. Je me contentais de sourire légèrement, alors qu’il gesticulait dans tout les sens, racontant des choses que j’avais du mal à comprendre. Je n’arrivais à discerné que quelques mots, mais trop peu pour comprendre ne serait-ce que le sens général de ses paroles.

Ca ne dura pas bien longtemps. Evan semblait aussi fatigué que moi, et il était certainement temps pour nous ne nous abandonner aux bras de Morphée sans chercher à lutter plus que cela. Ce qui m’allait parfaitement comme plan. Encore fallait-il trouver un endroit pour dormir. Nous n’étions pas en état de rentrer chez nous, je n’étais même pas de mettre un pied devant l’autre toute seule, mais nous ne pouvions pas non plus nous allonger au milieu du couloir. En plus de ne pas être très confortable, cela risquait d’être gênant pour les quelques warrior qui arrivaient encore à mettre un pied devant l’autre dans cet appartement. Mais Evan avait encore plus de force qu’il n’y paraissait. Après tout, je ne devais pas oublier qu’il était un gentleman, grand, beau et fort. Il se releva et me porta dans ses bras, m’évitant ainsi de marcher. Je me contentais de passer mes bras autour de son cou, ayant, je devais l’avouer, un peu peur qu’il me lâche. Il tenta plusieurs portes avant de trouver enfin une chambre libre, dans laquelle il me déposa doucement sur le lit. Et quand je disais qu’Evan était un gentleman, je n’exagérais rien. Car c’était vrai. La preuve, ce fut lui qui m’enleva mes chaussures pour que je puisse me coucher. Lui s’allongea à mes côtés. Encore une fois, on allait certainement faire parler de nous. Surtout maintenant qu’il me parlait de me faire un enfant. Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je murmurais très doucement. « Et après, on s’enfuira ensemble. ». Mes lèvres se déposèrent rapidement sur celle du jeune homme, avant de reposer ma tête contre l’oreiller et de me laisser partir au pays de rêves.

La nuit fût difficile pour ma part. J’avais du mal, malgré la volonté, à dormir paisiblement. J’avais des nausées, des bouffées de chaleur, et des arrêts respiratoires. Je n’avais pas cessé de me réveiller, et de bouger dans tout les sens avant de pouvoir dormir paisiblement. Je m’étais même déshabillée habilement sans quitter le lit, ce qui m’apporta un peu plus de confort et moins de chaleur. Quand j’ouvris les yeux un peu plus tard dans la nuit, j’étais presque collée à Evan, mon visage à quelques centimètres de son torse, et quasiment nue. Seulement, j’étais encore bien malade et malgré la fièvre, j’avais froid. Je me rapprochais donc d’Evan, collant ma poitrine contre son torse, cachant mon visage sous son menton, m’approchant le plus de lui sans pour autant le réveiller avant de me rendormir. Une fois encore, je m’endormais dans ses bras sans qu’il ne se passe quoique ce soit. Encore faudrait-il qu’on s’en souvienne au réveil…