Another Night for my dearest Satellites

You know ; I love the way you sleep

La nuit avait été belle pour Se Hwan ! Encore une nuit de folie dont il en raffole. Ne pas travailler plus de deux nuits par semaine était fréquent chez lui. Nous sommes un mercredi, mais sortir comme si c’était samedi est tout à fait normal pour Se Hwan. Ses affaires ne sont pas prêtes de si tôt à s’effondrer, alors que devait-il craindre ? Que ses actions en bourse tombent ? Impossible. C’est purement impensable que cela puisse arriver. Et quand même l’impossible se produise, que risquait-il ? On découvrirait juste que sa firme de pharmaceutiques est que du vent. Il lui suffirait d’un avion pour s’envoler loin de Séoul et même de la Corée du Sud, il délocaliserait tout ailleurs pour se refaire un nom et tout recommencerait. Non, le roi du cartel de drogue sud-coréen ne descendra jamais de son trône. Quoi qu’il lui arrive, il y a toujours des chemins qui s’offrent à lui pour qu’il s’en sorte. Du moins, c’est ainsi que raisonne Se Hwan. Ce ne sont donc pas quelques incartades qui feront perdre pieds à son entreprise. Voilà quelle peut être la raison d’un PDG aux manières peu déontologique.

Alors qu’est-ce qu’il a bien pu faire de beau cette nuit ? Oh la même chose que bon nombre d’humains quand ils sont jeunes. Tout d’abord, il s’est fait beau. Il a revêtit un pantalon noir qui le moule à la perfection,  des chaussures de ville vernis, et une veste smoking blanche aux revers noirs par-dessus une chemise en satin noir dont il a laissé quelques trous ouverts. Il a pris soin de se parfumer de son nouveau YSL qu’il a totalement adhéré avant de se coiffer, utilisant peigne et laque. Le moment beauté passé, il s’est rendu ensuite en ville. Plus précisément, il est allé à Gangnam. Non pas pour ses boutiques, mais ses boîtes de nuit branchées. Cette foule, cette ambiance no limite, tout lui plaisait dans ce genre d’endroits. Les bars et autres cabarets sont bien sympathiques, mais selon Se Hwan ils n’égalent pas une bonne boîte qui dure jusqu’au levé du jour. Se défouler sur le dancefloor est ce qu’il préfère le plus, après flirter. Et puis comme notre vampire n’a rien à perdre, il ne fait pas qu’une boîte. Il reste 2h30 maximum dans une seule, se faisant en moyenne 3 ou 4 boîtes dans la soirée. C’est bon de changer, de passer d’une ambiance à une autre. Cela permet aussi de souffler un peu pour les humains. Oui, car il fait souvent des rencontres là-bas, et c’est en suivant un groupe de jeunes qu’il change de dancefloor en dancefloor. Mais ces rencontres sont rarement définitives. En tout cas, ce soir a été une très bonne soirée, comme d’habitude.

Se Hwan reste toujours jusqu’à l’heure de fermeture des boîtes, soit 5h du matin. Rentrant chez lui, quand il sort de là c’est impossible pour lui de fermer l’œil. Tellement ébloui, s’il n’avait pas de voisins du dessus et du dessous, il mettrait certainement la sono’ à fond pour continuer à danser -tout seul- chez lui. Fredonnant quelques airs du moment, il décida de consulter ses comptes pour s’occuper. Mais il fait rapidement le tour, aussi il continua avec les comptes de son entreprise. Il passa en revue ceux de cette semaine, ceux du mois dernier, les pourcentages de ce mois-ci, les pourcentages de cette année, les pronostics sur les futurs pourcentages de bénéfice, le salaire de sa secrétaire, etc. Bien que l’ordinateur fait des merveilles en calculs, il les refit à main levée. Dur quand on s’ennuie et qu’il ne faut pas faire de bruit. Lorsqu’il eut terminé, il poursuivit son tour avec ses « réserves secrètes ». Et là, il remarqua quelque chose qui le surpris : il y avait une 5 fioles en moins. Flûte, il en avait tant utilisé que ça cette semaine ? Possible, mais en attendant il y un déficit. Refermant calmement la porte, il regarda l’heure que lui indique une grosse horloge stylisé au mur. 8h25 du matin. Il en sourit. Mais c’est parfait ! C’est exactement la bonne heure pour s’en réapprovisionner.


Ainsi, il se retrouve devant une villa de taille moyenne, mais qu’il sait spacieuse à l’intérieur. Nous sommes au petit matin, celui dont il vient rendre visite doit sûrement dormir, mais c’est ce qu’il recherche. Ignorant la sonnette, il vient frapper à la porte pour ne pas réveiller le propriétaire de la villa. A cette heure-ci, c’est l’heure pour le dernier de ses calices à partir. Se Hwan le sait, car celui-là est en faculté, donc il s’est assuré de caser ses visites à ses horaires. Attendant tranquillement qu’il lui ouvre, il lui fait beau sourire lorsqu’ils se croisent. Comme d’habitude, ils se disent 2/3 mots aimables en chuchotant, puis le jeune calice lui laisse entièrement le champ libre dans la maison. Ce métissé, fort mignon, lui faisait confiance, c’était indéniable pour Se Hwan.

Il entra dans la demeure, et inspecta brièvement les lieux. Rien n’avait changé, tout comme le calme du matin. Soit, mais ne tergiversons pas plus. Marchant à pas feutrés, notre vampire connaît par cœur le chemin qui mène à sa chambre. Et la voici : aussi sombre que le reste de la maison, les meubles lui semblaient toujours ridicules par rapport au lit où dormait l’ancestral. Ce meuble lui paraissait trôner au milieu de la pièce, mais ce devait être ses arrière-pensées qui lui jouent quelques tours. Il ne fallait pas perdre de temps quand il devait faire ce genre de chose. Or, cette fois-ci il ne se pressa pas. De loin, notre vampire se mordit la lèvre inférieure de contrariété. A en juger les quelques mouvements de l’ancêtre, celui-ci devait être dans un sommeil léger. Le réveil se fait par l’intermédiaire de cette étape, ce qui anéantit toute chance de le piquer maintenant. Ah qu’importe ! S’il l’importune suffisamment il pourra être bien fatigué quand il devra le quitter, et là ce sera le moment parfait.

Tournant les talons, il referma calmement la porte de sa chambre. Il revient dans le salon pour faire les cent pas en attendant le réveil de la belle au bois dormant. Et au revoir la discrétion d’il y a un instant ! Attendre cent sept ans est très peu pour lui, aussi il ne se gêne pas pour bien claquer ses semelles sur le parquet du salon, les bras croisés. Regardant l’heure toutes les 30 secondes sur sa montre Swarovski, il trouva le temps bien long comme chez lui. Sauf qu’ici, c’est impossible de faire les comptes, même pour monsieur qui dort comme une princesse dans son lit.

Voilà donc à quoi ressemble un ancestral dans toute sa splendeur. Cela lui donnait envie de sourire de toutes ses belles dents. Mais évitons les pitreries désastreuses, notre vampire n’est pas certain que ce sera d’aussi bon goût pour lui. L’attendre a été très long pour Se Hwan. Il en met du temps pour se réveiller ! Il espérait qu’il ne s’était pas rendormir, ce qui aurait été sa veine. Faisant les cent pas dans le salon, ses sens étaient aux aguets. Ils veillaient sur chaque petits craquements du plancher, sur les moindres froissements de draps, ou sur les éventuels courants d’air. Du coup, les cercles de pas qu’ils traçaient étaient parfaitement irréguliers, mais ce ne sont pas des défauts de symétrie qui le perturberont. Voyez comme le réveil de la bête fut fort attendue. Mais oh ! Délivrance ! Un bruit suspect se fit entendre de la chambre obscure. Se Hwan s’est arrêté net pour regarder en direction de la porte. L’accueil ne devait pas être loin. Rassuré de savoir qu’il n’attendra pas cent sept ans, il patienta, droit comme un « i » dans le salon. Une minute…les pas ne vont pas en sa direction. Il fronça les sourcils, perplexe. Mais qu’est-ce qu’il fabrique ? Diantre, aurait-il dû faire plus de tapage ? En voulant se persuader de la bonne volonté de son hôte à l’accueillir, Se Hwan s’assit sur le canapé, bras et jambes croisés. Bon, monsieur Shin se fait un peu attendre, mais il arrivera sûrement. Sauf que ce dernier en décida autrement : notre vampire fut hébété de son passage éclair sans le moindre regard de sa part. Il le suivit lentement du regard, éberlué. Alors ça par exemple ! L’effet de surprise passé, il se retient comme il peut de ne pas pouffer de rire. La tête de mort-vivant qu’il avait…hilarant !

C’en est fini d’attendre, adieu canapé. Il se leva et suivit calmement le vampire deux fois centenaire. Il s’arrêta juste à l’embrassure de la cuisine, le regardant se servir toujours comme si de rien n’était. Qu’il est drôle. C’est rare que Se Hwan le voit autrement que dans ses tenues élégantes, alors il n’en perd pas une miette de le voir comme ça au « naturel ». Il était très bien bâti au passage, grand (pour ne pas dire immense) et des abdominaux à faire mouiller une adolescente. Magnifique. Mais son regard se reporta directement à lui lorsqu’enfin il prit conscience qu’il était là. Notre vampire lui fit un beau sourire. Ahein, tu t’en doutais pas hein ? Se Hwan ne décrocha pas de son sourire à ses interrogations. Bien sûr que non que Riyû ne l’a pas laissé entrer, c’est bien trop facile et prévisible : il est rentré par la cheminée en se transformant en chauve-souris diurne à pois verts, et boom, le voilà dans le salon. Vive Se Hwan. Mais il lui répondit rien de ce délire, il se contenta juste de rire à la dernière question de son interlocuteur.

« Tout de suite, aux grands mots les grands moyens ! » Il s’avança d’un pas vers lui, le regard plus taquin. « Qu’on se le dise, où que tu sois aucune porte ne me résiste. »

Parce que bébé Se Hwan a toujours eu une force phénoménale, c’est bien connu. Posant la main sur l’encolure de la porte, il poursuivit en faisant une tête de chien battu.

« Et puis moi qui pensais te faire honneur de ma présence, c’est comme ça que tu me dis bonsoir ? J’en suis vexé. »

Trop touchant. On en pleurerait tellement que la tristesse est bien imitée. Bien sûr, il ne lui en tenait pas rigueur. Comme on a pu le voir, son accueil l’a plus amusé que froissé. Mais plaisanter avec lui de manière enfantine comme il le fait est plaisir avec cet ancestral. Il ne le voyait pas comme un gamin et il était loin d’être coincé du rire comme beaucoup trop de ses compatriotes au goût de Se Hwan. Toutefois, il gardait en tête qu’Haiko a ses limites. Cela lui arrive de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de lui dire quelque chose. Il a de la chance que son petit jeu ait de l’effet sur lui, ce serait vraiment dommage de tout gâcher à cause d’une phrase mal tournée. Mais jusque là, aucune embûche s’est présentée, réussissant un sans fautes sur toute la ligne. Il faut que tout cela continue, indéfiniment.

« D’ailleurs…je ne te pensais pas si impudique. »

Son regard se promena rapidement sur son corps quasiment dénudé avant de revenir sur lui, une petite lueur vicieuse s’y immisçant. Ce qui était vrai : Se Hwan a toujours eu cette image de l’homme classe en toute circonstance avec Haiko. Alors oui, il l’a déjà vu en partie déshabillé lorsqu’il dort et qu’il le pique. Mais jamais de jamais il l’a vu si peu vêtu, en plus de…le recevoir ainsi. La décence a ses limites pour tout le monde, mais venant de l’ancestral…l’exception est vite fait.