un visage ancré dans ma mémoire

Des éclats de rires, des verres qu'on faisait tinter. Le Miracle était un lieu que les vampires de la ville fréquentait dés qu'ils avaient besoin de divertissement et de détente. On y trouvait de la joie, de la bonne humeur et un spectacle sans pareil. Un endroit des plus burlesque pour le plaisir d'hommes et femmes. Une belle réputation s'était formée autour du cabaret et on racontait qu'une fois penetré à l’intérieur on ne pouvait détacher son regard de la scène où dansaient les plus belles femmes et où jouaient les plus fins comiques. Il y régnait une ambiance chaleureuse, fantastique et j'en passe. Oui quand on le voyait de l’extérieur le miracle était un fantasme.. oui Le Miracle est remplit de péchés et on l'aime pour ça. Car même derrière les sourires, même derrière la musique, on savait que l'endroit avait sa part de noirceur : règlements de comptes, trafiques, marchandises douteuses... et pourtant rien ne venaient perturber la douce soirée, rien ne venait gâcher la fête. Alors on se laisse emporter dans une affection folle pour le cabaret, on se laisse enivrer par son parfum exquis.

Il arrivait à la belle dame de venir ici avec quelques amis. Le plaisir était à son comble, grâce et beauté étaient au rendez vous et elle devait l'avouer, Nergüi trouvait ça fort plaisant. Cela lui rappelait le Moulin Rouge et d'autre grands cabaret. Oh oui, pendant presque deux siècles la belle a voyagé. Elle s'est installée en Corée de façon symbolique, en gage de l'amour qu'elle portait envers cet homme disparu. Mais sa soif de savoir et de culture la força à découvrir toute les civilisations, toute les beautés dont regorgeait la planète..
Elle était bien triste notre douce beauté.. Toujours entourée et toujours en action, nul n'aurait pu deviner qu'en ce cœur presque rongé par le temps se cachait une peine effroyable. Et maintenant la voilà comblée et qui l'eut cru ? Un beau jour de printemps, il suffit d'un regard pour croire à ce retour tant attendu et à la fois si inespéré.. Elle pouvait « vivre » en paix, avoir le plus beau de tout les cadeaux à ses côtés et extraire de cette plaie si profonde toute la douleur qui s'était incrustée.

Mais cette soirée se passait sans lui, trop affairé ce soir. Pourtant elle savait qu'à son retour à la demeure il serait là pour lui sourire et agripper sa peau blanche entre ses fins doigts, lui murmurer de sa voix gutturale des mots d'amour qui raisonneraient en elle bien trop fort... Une simple pensée comme celle-ci réussissait à la faire sourire. Mais tandis qu'elle discutait avec une amie, admirant la beauté de toute ces femmes, un coup d’œil perdu dans la foule réussit à la sortir de ses contemplations.. Ses yeux rencontrèrent ceux d'un homme qui lui était bien familier.. Un homme dont elle se souviendra toujours. Un homme qui fut dans son esprit, en d'autre temps. Et ce regard si profondément ancré dans le sien, réussit à la déstabiliser brièvement. Sans ciller, elle s'excusa auprès de ses amis.

« - Pardonnez moi, je m'absente un moment je reviens. »

Quelques sourires échangés avant de se lever, pour se diriger vers la cour derrière le cabaret. C'était un endroit presque secret, un bel endroit. Pour y accéder, on avait qu'à repérer la petite porte presque à l'entrée des coulisses, presque cachée. Il y avait une fontaine et les murs de pierre étaient recouvert de lierre, le sol recouvert de gravier. Dans les fonds de gauche et droite, les murs semblaient former une partie perpendiculaire qui n'étaient visible depuis l'entrée ou la fontaine.
Nergüi s'arrêta face à la fontaine, dos à la porte, en caressant ses mains. La brise légère faisait quelque peu flotter sa robeet chatouillait sa nuque qui n'était pas cette fois cachée par sa chevelure.
Quand elle entendit la petite porte grincer, un très léger sourire se peignit au coin de ses lèvres pourpres, sa voix suave venant casser le bref silence qui s'était installé après la fermeture du portillon.

« - Tu m'as surprise... après cinq ans. »

Puis elle tourna son divin visage vers toi, ses yeux se plantant doucement dans les tiens...

La semaine a été tranquille pour Se Hwan, et même fructueuse. Lorsqu’ils ont fait les comptes ensemble, sa secrétaire et lui, ils ont fait des bonds. Personne mieux qu’eux peuvent savoir que le Bloody Steam rapporte gros, mais ils ont été étonnés de voir que sa rentabilité a été multiplié de 8% d’augmentation. Se Hwan s’en est frotté les mains. Encore un mois de plus, et il se promet intérieurement de faire le tour du monde avec ses sous ! Son commerce prospère, mais n’oublions pas que c’est grâce à quelques stratégies commerciales illicites. En effet, n’imaginez pas qu’une entreprise sous le nom de « Bloody Steam » puisse faire ses choux en toute légalité. Le système judiciaire humain est encore trop ancré pour pouvoir faire une telle manœuvre, mais Se Hwan espère que ce jour arrivera. Malgré qu’il fasse déjà de bonnes affaires, il prévoit que lorsqu’une telle chose pourra être possible, son chiffre d’affaire ne doublera plus, il quadruplera…la richesse rend ambitieux, ce n’est pas faux de le dire avec notre vampire. Quoi qu’il en soit, cette rentabilité satisfaisante lui donnait un autre bon motif pour sortir ce soir.

Saluant sa secrétaire humaine, il est rentré chez lui avec le sourire sur les lèvres en milieu de soirée. Elle peut se débrouiller sans lui, il sait lui faire confiance. Enthousiaste, il troqua son costume d’homme d’affaire pour une tenue de soirée. Il jeta son dévolu sur un pantalon noir, des chaussures de ville vernis, et une veste smoking rouge par-dessus un débardeur noir. Ajustant la boucle argentée de sa ceinture, il leva la tête vers le miroir. D’un geste de main appliqué il vérifia si aucune mèche de cheveux s’était rebellée. Impeccable. Pour mettre la cerise sur le gâteau, il se parfuma à nouveau de son nouveau YSL. Lorsqu’il sort de chez lui, Se Hwan ne sait jamais à l’avance où il ira. Ce n’est qu’en regardant les enseignes consommer leur néon qu’il a une révélation. Et ce soir, le lieu de divertissement sera Le Miracle. Quand était-ce la dernière fois où il a mis les pieds ? Pas plus tard qu’un mois il lui semble…bah, c’est sans importance ! Ce soir, ce sera sa soirée avec les humains les moins pudiques de Séoul.

La décoration du Miracle lui plaisait toujours. Elle n’avait pas changée, elle installait d’entrée une atmosphère chaude que Se Hwan raffolait. Bien qu’il soit l’un des rares vampires à venir sans compagnie, il laisse voir aucune gêne, marchant fièrement sans regarder les commères qui le reluquent des pieds à la tête. Ce communautarisme amical a beau être fort distrayant, c’est tellement peu pour lui ce genre de chose. Il n’a que faire de leurs histoires à 2 won, et qu’il rejoigne un groupe d’amis n’est pas prêt d’arriver. S’asseyant élégamment à la dernière table pour une personne, il croisa les mains devant lui en regardant la scène. Mince ! Visiblement, il arrivait à l’entracte, car il y a aucun artiste. La piste est éclairée, mais les rideaux des coulisses sont tirés. Il soupira en s’enfonçant davantage dans son dossier. Il regarda vers les autres vampires en quête de distraction pour combler son ennui. Que pouvait-il faire de plus ? Se parler à soi-même dans un endroit fréquenté serait embarrassant. Toutefois, son regard s’arrêta bien vite sur une personne bien précise. Se Hwan crut se tromper pendant quelques secondes, mais non, sa vue ne l’a pas trompé…c’était bien toi. Une multitude d’images lui remontèrent à l’esprit. Elles étaient anciennes, mais elles représentent des moments forts pour notre vampire. Des lèvres, sa chevelure, ses lèvres, une voix douce et féminine, ses baisers, sa silhouette bien dessinée, leurs baisers…ce sont des images qu’il a mis au placard il y a un bail, il se sent tout chose en les revoyant présentement. Son nom…il se souvient qu’il était étranger. Sans s’en rendre compte, Se Hwan fixait la belle depuis un instant déjà. Lorsqu’il croisa son regard, il ne cilla pas. Non, il n’y avait pas moyen de se dérober, pour elle comme pour lui. En voyant qu‘elle se lève, il n’en manqua pas une miette, voulant se persuader jusqu’au bout qu’il ne s’y trompait pas.

Suivant sa trajectoire du regard, la retrouver ne serait pas bien compliqué. Il se redressa, mais il attendit quand même deux/trois minutes avant d’en faire de même. Faire durer l’attente ne serait pas de trop pour eux deux. Quand il franchit l’entrée de ce jardin secret, il prit tout son temps, faisant tourner minutieusement le petit loquet du portillon. Il se retourna, pouvant la voir dans toute sa beauté…elle n’avait rien perdue. Sa voix réchauffa son malaise de tout à l’heure. Pouvant la regarder dans les yeux, il fut ravi de voir qu’elle avait gardé toute sa bienveillance envers lui. Il en esquissa un doux avant de lui répondre.

« Et toi donc. Je pensais que tu avais quitté la ville, voire de pays. »

Il commença à faire quelques pas vers elle pour briser pour de bon cette gêne due à la rencontre. Son attitude était décontractée, tellement heureux de la revoir comme lors de ses souvenirs.

« Qu’est-ce que tu as fait jusque là ? Tu te cachais ? »

Il eut un petit rire légèrement nerveux. C’est que ce n’est pas facile de plaisanter avec quelqu’un que l’on n’a pas revu depuis un moment. Il rit surtout que ses prochaines blagues seront d’un mauvais goût certain, mais peu importe. S’arrêtant juste à côté d’elle près de la fontaine, il reprit son sourire charmant pour continuer plus sérieusement. Son visage fin était toujours aussi magnifique…

« Comment vas-tu, Nergüi ? Cela fait tellement longtemps que je n’ai eu de tes nouvelles…dis-moi tout. »

Ses derniers mots se sont faits un peu plus insistants involontairement. Bien entendu, il sous-entend comment ça va avec ton mari, mais n’attaquons pas les sujets trop vifs. Pour le moment, il peut se délecter de sa présence comme avant.

Tu n'avais pas perdu ton charme, tu n'avais pas perdu en douceur. Mais tu avais gagné en assurance, cela se lisait dans tes beaux yeux. Te voir dans un lieu comme celui-ci, surprenait la belle mais la réconfortait également dans l'idée qu'à présent tu vivais de façon plus prospère. Nergüi se souvient de tes confessions où tu lui faisait part de tes peurs et de tes malaises. En ce temps là tu avais des problèmes financiers, tu essayais de mener de ta vie du mieux que tu pouvais et de trouver un chemin qui serait tiens. Et voilà que tout tes efforts payaient à présent. Te voir épanoui apaisait la dame et la rassurait. Même si désormais elle avait l'immense privilège de partager sa vie avec l'amour de sa vie, il lui est déjà arrivé de penser à toi. Ces images passaient à une vitesse éclaire dans son esprit, mais elle réussissait à revoir ces instants passés avec toi. Des baisers, une voix qui caressait son corps, des mains d'homme dans ses cheveux... mais aucun amour dans ces cœurs larmoyants, aucun véritable attachement. On pouvait croire ce que l'on voulait, mais jamais Nergüi n'a porté en elle un autre amour que celui pour Kwon Hiroyuki Adonis. Et c'est un sujet qu'elle n'a jamais vraiment abordé avec toi, malgré toute ces heures que vous avez passer à discuter et à vous enlacer. Pourtant jamais il n'a été question de l'oublier, jamais. Tu avais beau embrasser son corps, tu avais beau lui murmurer des paroles douces ou bien l'inciter à parler un peu plus elle n'a jamais dévoilé la plus terrible de toute ses peines. Mais aujourd'hui, elle n'allait sans doute pas te dévoiler la plus terrible de ses joies. Ca serait une situation bien trop délicate. Ce n'est pas une façon de saluer un être qui a été là pour soi pendant trois ans de sa vie. Ce n'est pas une façon de remercier ces efforts que tu as fournis, pour voir son sourire d'ange illuminer ce doux visage..

« - Oh non, je ne me cachais pas...,répondit Nergüi avec un doux sourire, abaissant légèrement son regard vers le sol. Je devais sûrement errer ici et là.. »

Elle te sentait te rapprocher d'elle de ce pas léger. En relevant la tête, elle pouvait humer ce parfum qui ne lui était pas inconnu. Comment pourrait-elle l'oublier ? La belle était habituée à confectionner des senteurs personnalisés, bien propre à chacun. Et on les adorait car ils semblaient si bien représenter leur porteur. Sucré, doux, brute, boisé, fleuri... Des fragrances diverses et variées pour symboliser un seul être. Pour chacune des personnes qui avait marqué son existence, elle avait inventé une nouvelle senteur. Elle y travaillait avec soin, en recherche perpétuelle de la perfection, jusqu'à atteindre le résultat voulu. Ainsi, il suffisait d'une inhalation pour savoir à qui appartenait l'effluve. Elle en avait crée un pour son formateur, pour sa grande amie, pour son mari bien entendu. Mais elle se souvient, d'en avoir crée un pour toi. Légèrement capiteux, il restait pourtant discret sur ta peau. Il symbolisait cette prestance, que la brune avait su cerner en toi mais aussi ce mystère que tu incarnais par certain de tes silences. Toi aussi, tu avais eu le droit à ton identité. Et comme tout les autre tu étais incomparables. Car c'est par un seul (ou plusieurs) ingrédients que le parfum devient unique. Tout comme l'Homme : il suffit d'un seule différence pour être unique.

« - Je vais bien.. je vais très bien. Je dirais même que je vais mieux. »

Elle fit quelque pas devant elle pour s'asseoir, sa robe dévoilant un peu plus ses belles et longues jambes. Un léger sourire orna ses lèvres tandis que son regard rencontrait le tiens à nouveau, perçant. Elle s'en souvenait de ce regard, qui semblait l'emprisonner de tout avant de sentir ces bras la saisir violemment..

« - Je pensais, qu'il fallait que je mette un peu d'ordre dans mon esprit. Je te demande pardon pour mon absence, j'aurais du chercher à te recontacter.. »

Sa main glissa doucement sur ta paume pour la caresser de ce tendre toucher. Il y avait bien une part de gêne en elle, qui cognait contre son âme brumeuse. Ce n'est pas parce qu'il n'y avait « rien » entre vous, qu'elle devait te laisser partir sans dire un mot.

Nergüi était une femme sensuellement discrète, c’était cela qui la rendait attirante selon Se Hwan. A la contempler, il reconnut intérieurement que son charme lui faisait toujours quelque chose. Ses lèvres…oh non, non, non, ce n’est pas le bon moment ! Se grondant intérieurement, il chasse de vagues idées assez déplacées et il se concentra davantage sur les mots que la belle prononce. Oh, elle est toujours restée sur Séoul ? Vraiment ? Il ne s’en serait pas douté, mais c’était tout à fait plausible. Elle était et elle est toujours riche, pourquoi serait-elle partie de Séoul, l’une des capitales asiatiques les plus aisées ? La vie d’un nanti à Séoul c’est comme une baleine dans l’océan, ce n’est pas Se Hwan qui dira le contraire. Tout est simple à avoir, et il y a tant de choses à faire pour s’occuper. Maintenant qu’il y réfléchit, elle devait sûrement connaître beaucoup plus d’endroits comme le Miracle que lui. Nergüi doit avoir beaucoup plus l’habitude que lui, relativement jeune vampire et nouveau riche surtout. Il y a quoi lui tenir un certain respect vis-à-vis de ce fait, mais il n’y a pas besoin de tant de formalités avec la belle. Elle était naturelle envers lui, pas la peine d’en rajouter pour l’épater, elle n’a pas besoin de ce genre d’homme. Se Hwan lui fit un petit sourire amusée à la voir un peu gênée. Aussi, il se rapprocha d’elle.

Elle avait l’air de bien se porter, et ses dires le confirmèrent. Moralement surtout. Tout comme lui. Là-dessus, on peut dire qu’ils se rejoignent. Ils se revoient au moment où ils vont mieux, belle coïncidence n’est-ce-pas ? Se Hwan n’a jamais réellement su ce qui lui causait tant de peines autrefois, mais il avait sa petite idée. Se contentant de la regarder, elle savait toujours le captiver, au point de ne même pas regarder ses jambes qui en disaient long sur leur finesse sous cette robe. Une robe qui la mettait en valeur soit-dit en passant, la belle a toujours eu bon goût dans les souvenirs de notre vampire. Un bon goût en vêtements qu’il possède aussi, mais qu’il a pu démontré seulement lorsqu’il s’est enrichi, c’est-à-dire il y a deux ans. On a du mal à y croire, mais passer de la friperie du bas de la rue aux vitrines des grandes marques comme D&G contribue énormément à l‘épanouissement global de quelqu‘un. Se Hwan fut assez surpris qu’elle l’est reconnue malgré ses changements physiques, mais qu’importe.

La fixant toujours, il la laissa poursuivre. Son absence…enfin, nous y sommes. Elle le reconnaît, et…elle s’en excuse. Dans ses sombres soirées, quelques jours après qu’elle n’ait plus donné de nouvelles, il se souvient l’avoir imaginé lui répondre la raison de cette distance soudaine…il y a encore 3 ans, il lui aurait témoigné du mépris si elle se serait représentée. Il ne l’aurait pas ménagé pour lui faire avouer ce qui l’a poussé à lui faire ça, quitte à céder à la violence. Juste avant que Dae Yang arrive, il était arrivé à un seuil de pauvreté vraiment rabaissant. Tout grondait en lui, un tel mode de vie lui était insupportable. Mais à présent plus rien était pareil. Il a laissé couler depuis cet incident, son nouveau confort y aidant bien. Non, présentement il en hoche simplement de la tête.

Son sourire était ôté, mais son regard était doux et compréhensif. Il lui murmura un « Je comprends. » avant de venir s’asseoir à ses côtés. Serrant tendrement sa main, il ne la quittait pas du regard. Non, franchement…comment en vouloir à une aussi belle créature ? Se Hwan n’a jamais été comme ces gens qui ont la mémoire longue sur tout ce qui les concerne. Il lui en a beaucoup voulu pour l’avoir abandonner, mais ça, c’était le passé. Ces temps durs sont purement passés.

« Je suppose que tu avais besoin de prendre un peu de recul avec moi, tu es mariée après tout. »

Il s’autorisa une légère caresse du pouce. Sa voix restait posée. Il regarda brièvement la fontaine avec de revenir sur la belle pour reprendre.

« Tu n’as pas besoin de t’excuser, je ne t’en veux pas. Nous avons fait respectivement nos chemins, mais regarde : le destin nous réunit à nouveau. Ce n’est pas la preuve que nous nous suivions ? »

Il lui fit un beau sourire suite à sa question qui se veut rhétorique. Mais bien sûr que nous sommes liés ! C’est une évidence ! Ah que c’est beau de se chercher des liens prédestinés, mais cela fait rêver (ou rire) les filles paraît-il. Baissant un petit instant les yeux, il ajouta.

« Je suis tellement heureux de te revoir, Nergüi…je savais que le monde était petit, mais pas à ce point-là. »

Il en a un petit rire. Il était sincère, la voir le dépaysait dans le bon sens…

un visage ancré dans ma mémoire Tumblrmn33uxm1m41rnzy9q

Tu étais aussi miséricordieux qu'elle. Cela la rassurait quelque peu, mais lui rappela ô combien tu as du la haïr quand elle ne donna plus aucun signe. Même si tu ne le disais pas elle le savait pertinemment. Et le fait qu'elle ait pu causer du mal à quelqu'un la rendait terriblement gênée. Elle se sentait cruelle vis à vis de toi, elle se sentait bourreau. Elle qui avait connue la tristesse, comment a-t-elle pu laisser la solitude et le besoin t'arracher à ses bras ainsi ? Oh non, comment a-t-elle pu..
Tes paroles laissaient penser que tout allait bien. Pourtant la dame savait qu'autrefois, il y a de cela cinq ans, rien ne devait aller. Et cette pensée la fit frémir, de tout son être...

Ce n'était pas la brise du soir qui la rendait tremblante de temps à autre. C'était ton regard, que tu posais sur elle et ton toucher... Ce regard si froid, si déstabilisant qui réussissait à glacer sa peau qui l'était déjà assez. C'est comme si elle sentait de fines lames la transpercer, lui couper brièvement la poitrine. Pourtant elle se souvient de tes lèvres dans son cou qui avait le don de réchauffer, alors, ce corps abandonné par toute gaieté. Les coupures se refermaient alors, laissaient place à une chaleur. C'était une chaleur qui réconfortait, qui laissait l'âme oublier l'espace d'un instant les soucis qui étaient trop nombreux et trop dérangeant. Oui elle se souvient de tout ça... Elle se souvient de cette gratitude que tu avais, de cette envie de satisfaire son manque de prospérité. Tu étais bon, et ça elle te le sera redevable à jamais. Qu'importe son état actuel, qu'importe qui tu es aujourd'hui : tu as été quelqu'un pendant trois ans. Et en trois ans, tu réussis à estomper au moins la couleur grisâtre de son cœur.

« Tu n'as pas besoin de t'excuser » disais-tu. Quelles douces paroles, quelle intention distinguée. Pourtant elle le voulait. Elle voulait te montrer à quel point elle était désolée. Et plus tu parlais, plus elle trouvait la situation émouvante. Alors elle remonta son beau visage vers le tiens, alors que tu étais assis à ses côtés sa main dans la tienne. Tout doucement elle glissa son autre main sur ta joue avec une infime douceur. « Je suis heureux de te revoir Nergüi.. » Ces mots la frappèrent de plein fouet et réussirent à l'attendrir. Et ses fins doigts parcouraient à présent ta joue pour la caresser, son regard poser furtivement sur tes lèvres. Ces lèvres qui offraient de si jolies sourire quand tu daignais les étendre.

« Je suis moi aussi heureuse de te revoir Se Hwan.. Je suis sincère. Je n'aurais jamais pensé te revoir ainsi, mais c'est une très belle surprise... »

Sa main retomba lentement sur les vôtres son regard se perdit un instant au loin, le silence de la nuit vous dominant un moment. Cependant elle se se sentait tout de même observée, elle sentait tes yeux se poser sur elle. Alors elle tourna doucement la tête.

« - Je vois que tu te portes bien. Je suis vraiment heureuse que tout aille mieux pour toi. Raconte moi, qu'as-tu fais ces dernières années ? »

Elle le demandait presque comme une enfant et pourtant elle était femme. Sa voix comportait des nuances de grave et d'aigu, un mélange des plus somptueux et des plus enivrants. Une voix charmeuse accompagnée d'une beauté enchanteresse...

Se Hwan se voulait surtout bienveillant envers elle. Bien que cette rencontre représente autant de choses pour lui, il sent bien le malaise de la belle mongole. Il aurait tant voulu lui poser mille questions sur sa situation sentimentale : est-ce qu’il sait pour nous deux ? Comment a-t-il réagi ? Est-ce que tu le vis bien ? Est-ce que tu as quelques remords ? Ou en es-tu insouciante ? Autant de questions qui reflétaient une curiosité assez mal placée, mais qu’il gardait dans un coin de sa tête. Profitons de cette brise du soir, la nuit est belle, et ils ont tout le temps devant eux pour parler de ces sujets-là. Ils peuvent bien attendre ceux-là, car la belle était loin d’être prête à en parler pour le moment. En parlant de nuit, elle était douce ce soir. L’air serait légèrement trop frais pour un humain, mais sa brise était fort agréable. Ce facteur météorologique le mettait à l’aise. Libre et imposant sur la peau…il se sent souvent comme ça dans leur petite société de vampires. Mais trêve de tergiversations, revenons sur cette beauté sublime tout droit venu de Mongolie.

Le contact de sa main lui soutira quelques frissons agréables. Il en ferma lentement les yeux en disant sa dernière parole. Elle retranscrivait tellement mieux son état d’esprit actuel grâce à cette caresse discrète…encore quelques secondes de plus, et notre vampire se croirait aux anges. Il se sentait léger, si bien que pendant une fraction de secondes, ses souvenirs d’entant avec elle ne lui semblaient plus si éloignés que ça. Bon sang, comment a-t-il fait pour continuer sans la voir ? Même sans parler, cette femme lui faisait naturellement se sentir bien… Un seul mot lui vient pour le moment : apaisant. Cette femme est apaisante. C’est vraiment dommage que cette beauté soit une ancestrale…peut-être aurait-elle trouvé une place plus grande chez Se Hwan, lui qui a un peu de mal avec les ancestraux. Gardant les yeux clos, ses traits détendus et ses lèvres qui s’entrouvraient laissèrent voir sa quiétude. Que de douceur…la belle était en train de lui caresser la joue. Elle aussi éprouvait du bonheur à le revoir…une belle surprise, oui, Se Hwan le confirmait. A ses mots, il rouvrit lentement les paupières dans un regard de velours, la regardant. Sa tendre main ne se fit plus sentir elle aussi. Tout d’un coup, elle sembla…perdue. Mais pour quelle raison ? Son malaise s’accroit-il ?

Ne prononçant aucun mot, il la dévisagea silencieusement. Lorsque la belle reprit de nouveau la parole, sa voix le fit sourire sur le moment. Ce mélange de mignon et de craquant lui sied parfaitement bien lorsqu’elle est comme ce soir ; gênée. Se Hwan regarda au loin, histoire de se sortir de la tête quelque blague qui n’a pas sa place dans l’immédiat.

« Oh il s’en est passé des choses…mais à vrai dire, tout c’est accéléré depuis deux ans. »

Regardant les étranges ombres qui se dessinaient dans les arbres et les buissons de la petite cour, il fut pris d’un doute. Il se mordilla un coin de la joue l’espace d’un instant. Devrait-il lui dire pour tout ça ? Le Bloody Steam et tout ce qui s’en suit ? C’est grâce à cela qu’il Est-ce qu’il est présentement, qu’il aille bien, mais cette nouvelle drogue n’est pas au goût de toute la société vampirique. Régulièrement il retrouve dans sa boîte aux lettres des courriers peu flatteurs, notamment venant d‘un certain vampire. Ceci est un problème cornélien dans toute sa splendeur : le lui dire ou lui mentir ? D’un côté, lui mentir le gênerait beaucoup. Elle n’est pas un homme d’affaire comme il en a l’habitude ; c’est une femme sensible et qui l’estime. Qui l’estime…si elle l’aime bien, elle ne devrait pas trop être méprisante envers lui, n’est-ce-pas ? Et puis, ils ne couchent plus ensemble, donc leur lien serait moins douloureux si ce serait passé avant… Tentant le tout pour le tout, il tourna la tête vers lui, le regard sérieux.

« Pour ne rien te cacher, je suis devenu riche comme beaucoup d’entre vous. Et même que je crains quiconque. Cela fait deux ans maintenant, deux que j’ai mis au point ce dont on parle le plus chez les humains. »

Il ignore si la belle Nergüi comprend ou soupçonne quelque chose à son langage obscure, mais il espère retenir son attention. Il faut y aller en douceur avec ces choses-là, Se Hwan y tient, surtout avec la belle.

« Il trainait depuis un long moment dans mes affaires, mais j’ai pu réellement le finaliser que depuis deux ans. A partir de là, mon niveau de vie a grandement augmenté…et je peux maintenant te proposer de venir dans ma demeure, Nergüi. »

Cette dernière phrase s’est terminée en un sourire charmant, et avec un geste affectueux. Levant la main, il repoussa gentiment une mèche de cheveux qui est venue se rebeller à gauche de son front. La déplaçant, il déposa également sa main entre son front et sa tempe, chuchotant presque son prénom d’origine singulière. Oui, maintenant cette invitation, impensable autrefois, pouvait se faire. A présent, il pouvait joindre la parole à l’action du gentleman qu’il a toujours été.

un visage ancré dans ma mémoire Tumblr_moejo1DXDZ1qews46o1_500

Tu allais mieux, tu semblais satisfait de ta nouvelle vie. Qu'importe ce que tu faisais, cela ne la regardait peut-être pas après tout. Il semblait légitime que tu veuille pas divulguer certaine chose, tu avais le droit à ton jardin secret comme tout le monde. Et puis quels comptes avais-tu lui rendre ? Absolument aucun. Tout ce qui comptait c'était de voir cette petit lueur dans ton regard, une lueur que Nergüi autrefois bien trop rarement. Cette lueur prouvait à la belle qu'à présent tu te sentais prospère. Et c'est tout ce qui compte à présent. Que tu sois heureux et prospère. Car tu le mérite après tout. On ne pourra lui enlever de la tête que tu es plein de bonté et comme preuve à l'appui, votre passé partagé. Ces mémoires, ces souvenirs si intenses. Tu avais un bon fond et tu avais tout fait pour la voir bien. Et de son côté elle avait tout tenté pour te rendre la monnaie de ta pièce. Et maintenant que tu souris, la dame ne peut qu'en être satisfaite. Lui parler avec franchise comme tu le faisais la soulageait dans son inquiétude vis à vis de toi. Alors un ravissant sourire naquit sur ses lèvres. Un sourire sincère, pas trop étendu mais pas trop discret non plus. Un sourire qui exhibait de façon pudique – pourtant – ces lèvres si attirantes sur lesquelles on glisserait ses doigts avant d'y déposer un baiser.

« - Tes dires me plaisent beaucoup, quel soulagement d'entendre cela.. Si tu as réussis à trouver la paix, je ne peux que me sentir bien. »

Des mots spontanés, une authenticité rare. Nergüi semblait à présent plus détendue et moins gênée par ces délicieuses retrouvailles. Sentant glisser sur sa peau tes mains, elle ferma lentement ses paupières se perdant dans ces rappels du passé. Oui, quand elle fermait les yeux elle quittait le présent pour replonger dans des instants antérieurs. Elle te revoyait alors cinq ou six années auparavant quand tes paroles glissaient sur son cœur, quand tes mains glissaient sur ses courbes. Elle n'a jamais évoqué ce sujet avec son bien aimé. Tout le monde a des secrets, tout le monde à cette intimité à laquelle on s'accroche. Elle même est sûre que son cœur à lui était partagé... ce sont des choses qui arrivent et bien sûr qu'elle aimerait être l'unique qui ne l'aimerait pas ? Mais à présent elle est à ses côtés, et tant que l'intimité restait l'intimité alors elle pouvait se permettre de continuer d'aimer comme elle le faisait si bien. Une femme qui cache bien son jeu...

Quand elle ré ouvrit les yeux, le même personnage était devant elle. Tu la regardais de ce regard si bienveillant, comme autrefois. Tu n'avais pas changé, elle le lisait dans tes yeux.. Tu étais le même. Sa main glissa sur la tienne, pour la faire descendre vers le creux de son coup, la caressant de ses doigts. Son regard ne lâchait pas le tiens et elle était à ton écoute.

« - Ca serait avec grand plaisir, j'aimerai beaucoup que tu me fasses visiter..., dit-elle en souriant malicieusement. »

Un coup d'oeil sur les lieux ; si inconnu, il était pourtant ravissant. Le bruit de la fontaine était si discret qu'il se fondait presque avec le silence nocturne. Point de fenêtre sur les quatre hauts murs, juste cette petite porte presque invisible. Un lieu fermé qui devait être remplit de secrets..
Sa main glissa vers ta veste. Tu étais très élégant on ne pouvait pas dire le contraire. Et elle se permit de te le remarquer, tandis qu'elle effleura par mégarde la peau de ton torse. Un toucher si léger, qu'il la fit frémir de tout son être.

« - Tu es en beauté dis moi.. Tu n'as pas perdu ton bout goût à ce que je vois. »

L'ancestrale leva son visage vers le tiens, ses yeux riant presque alors que son visage était presque impassible si on ne décernait pas la petite fossette taillée dans la craie..

Certes, il n’avait rien à lui cacher, mais ce sujet est rapidement conflictuel selon les personnes. Voyant que tu ne semblais pas plus être curieuse sur les raisons qui l’ont enrichies, il n’en détailla pas davantage. Oui…c’était inespérée cette réussite, elle lui avait apparue comme un miracle. Le Bloody Steam, une drogue…il y encore trois ans, jamais il ne s’en serait douté. S’il l’avait su plus tôt, il n’aurait pas attendu aussi longtemps pour le revendre, ça non. La pauvreté est une situation qu’il souhaite à personne de vivre, et pour lui c’est impensable d’y retourner. Oui, il a trouvé la « paix » comme elle dit. Cette expression est assez juste. Il a retrouvé la prospérité matérielle, mais aussi morale. La belle connaissait par cœur le premier, mais peut-être un peu moins le second. Ce dernier a été particulièrement intense, surtout lorsque l’ancestrale l’a quitté. Les idées noires l’ont envahies, elles étaient son lot du quotidien. Et combien de fois n’a-t-il pas songé à l’irréparable ? Tirer les rideaux n’est pas compliqué, et le soleil est toujours ponctuel. Pourquoi continuer à vivre ainsi ? Pourquoi faire autant d’effort pour voir les mêmes problèmes de paiements revenir chaque mois ? Et pourquoi sortir ? A part pour manger, quel intérêt de sortir si c’est pour rester toujours aussi seul ? Ce n’étaient pas avec ses maigres revenus qu’il aurait pu se permettre de posséder un calice, ou même de tomber amoureux. Personne ne veut d’une personne à la situation instable, peu importe la race, ce n’est pas rassurant. Enfin, ne pensons plus aux mauvais souvenirs, une belle femme était juste là, à ses côtés.

Oh ! Une autre divine caresse…cette soirée lui plaisait de plus en plus. Se Hwan la laissa faire, toujours attentif à toi. Alors…tu acceptes ? Tu veux réellement le suivre et voir son logis ? Tu as bien raison, et cela le mit en joie. On pouvait le voir à son regard qui devient plus pétillant, ayant hâte de ce moment. Jusque là, c’était toujours lui qui allait chez toi par commodité. Là, les choses pouvaient enfin changer…et prendre une tournure plus « normale », plus dans les normes. Les dames doivent être toujours mises à l’honneur, n’est-ce-pas ? Il lui répondit avec enthousiasme.

« Avec plaisir, ce sera un honneur pour une femme aussi gracieuse ! »

Il accompagna ses paroles avec un sourire. Se Hwan en avait très envie, il voulait l’emmener, maintenant, avec lui. Elle était sûrement venue avec des amies, mais qu’importe, il n’y a qu’eux deux qui comptent maintenant. S’il avait des ailes, blanches comme les anges ou noires et velues comme les démons, il l’aurait kidnappé jusqu’à son immeuble. Ce dernier était décoré avec goût, Se Hwan était sûr que la belle aimerait tout autant. Et si elle aimait, peut-être resterait-elle jusqu’à la prochaine lune ? Ce serait l’idéal…voyez, les idées n’arrêtent pas de filer dans sa tête. Ce qui mit fin à ce bousculement de rêveries, c’est un autre toucher divin de la belle. Baissant les yeux sur sa main, celle-ci glissait allègrement de sa veste à une parcelle de sa peau. Il en frissonna doucement. Il redressa la tête pour la regarder, esquissant un petit sourire amusé. Oui il était beau, oui il a bon goût et il a toujours eu. Il lui manquait juste le qualificatif d‘« unique » pour atteindre la perfection.

« Parce que tu me trouvais bien habillé avant ? Tu m’en vois surpris. »

Il rit. Cela l’étonnait qu’on puisse le trouver bien sapé avec un simple jean à moitié délavé par le temps et le défaut d‘entretien. Il le portait souvent, et il l’assortissait avec n’importe quel haut qui puisse convenir selon la météo. Il ne s’en était pas rendu compte, mais même avec un maigre budget il arrivait à être bien habillé. Aujourd’hui, il est juste beaucoup plus perfectionniste depuis qu’il est passé à de la haute gamme. Mais en effet, Nergüi n’avait pas tort. Soigner son image a toujours été primordial pour Se Hwan.

A force de la regarder, notre vampire se sentait de moins en moins apte à bouger. L’emmener chez lui ? Bien entendu, mais cela peut attendre à bien y réfléchir. Faire durer l’instant présent était aussi une bonne alternative. Sa main à son visage se déplaça dans sa chevelure, et il commença à la caresser. Ah ses cheveux…à première vue, ils avaient toute l’apparence d’un cheveux asiatique, mais quand on les touchait on peut bien sentir cette touche personnelle. Bien qu’ils soient noirs naturellement, les cheveux de la belle mongole étaient doux comme ceux des occidentales…quelle chance a son mari. Sans la quittant pas des yeux, ceux de Se Hwan devinrent plus intenses avant qu’il reprenne la parole, se rapprochant lentement d’elle. Sa voix se fit plus basse, plus intime.

« Nergüi…revoyons-nous. Même si à présent je me porte mieux, il m’arrive encore de me sentir assez seul… »

« J’ai encore besoin de toi… »

Les distances sont désormais très étroites entre eux. Son autre main s’était posée sur la taille de l’ancestrale pendant qu’il s’était rapproché, et la main dans ses cheveux avait descendu lascivement dans sa nuque. De loin, l’image était belle. Mais si on savait leur situation sentimentale respective, elle sonne de suite fausse. Nergüi et Se Hwan ne sont pas tous les deux des célibataires, ce qui pose un cas de conscience.

un visage ancré dans ma mémoire Tumblr_lnxz6smBFr1qmuyj2o1_500

Ton rire était cristallin, rappelait l'éclat de diamants. Ce son vous caressait tout doucement et montait le long de votre échine. Ce son pouvait embellir le plus triste des instants. Tu avais bien un pouvoir, tu étais bien une sorte de héros. Un seul de tes sourires, un seule de tes regards, une seule de tes paroles. Tout ce que tu pouvais faire semblait respirer la gaîté, semblait capable de réchauffer les cœurs. Un homme qui fait sentir les gens bien, ou même mieux. Même si elle ne te l'a jamais vraiment dit tu avais pu sans doute le constater à travers ses tendres paroles. Du moins elle l’espérait. Nergüi a toujours considéré important le fait de faire comprendre à une personne ce qui la rend unique et différente de tout le reste du peuple. Au delà du nom respectif et des gênes bien entendu. L'individualité d'un être va tellement plus loin...
Car qu'importe ce qu'il en est de vous aujourd'hui, tu es une partie d'elle. Son bonheur elle te le doit à toi autant qu'à son mari. Jamais la belle n'a été méfiante à ton égard, elle t'a toujours fait confiance. Pourquoi lui voudrais-tu du mal ? Pourquoi chercherais-tu à la faire sombrer alors que toi-même tu essayais de remonter vers la surface de ces eaux trop stagnantes pour toi ? Ca n'aurait eu aucun sens..

Tu semblais ravi face à sa réaction. Après tout Nergüi avait envie de voir où tu vivais maintenant, elle voulait voir avec plaisir l'endroit dans le lequel tu te sentais à présent chez toi. Dans ses souvenirs tu étais émerveillé par son logis. Tes doigts frôlaient les meubles, tes yeux glissaient sur les tableaux et ta gêne occupait chaque pièce de la demeure. « Tu es ici chez toi... Je veux que tu te sentes bien. A chaque visite je veux te voir bien. Comme si tu étais dans ta propre maison. » La dame voulait juste te voir à l'aise, voulait te voir souriant et non crispé. A l'époque tu n'étais pas un simple invité tu étais une élément des plus important de sa vie. C'était la nuit, elle s'en souvient. Après 22H30 tu arrivais de ton pas assuré avec ce sourire sur tes lèvres. Et tu restais jusqu'à l'aube. Ta présence la réconfortait et ta voix la berçait à un point où elle en oubliait presque cette douleur pourtant vissé à son cœur depuis deux siècles au moins. Vos corps se tordaient dans les draps blancs et vos mots se rencontraient pour former de jolies histoires. Non tu n'étais pas un simple invité ; tu étais un magicien. Et si Nergüi n'avait pas connu l'éternité, elle se serait pensé malade. Après tout, sa souffrance la hantait suffisamment pour s'inventer des remèdes. Tu aurais bien pu être un songe...

« J'ai encore besoin de toi... » Pourquoi viens-tu chambouler son esprit ainsi, avec ta voix charmeuse ? Pourquoi viens-tu briser cette glace qui semblait vous séparait suffisamment ce soir ? Ne vois-tu donc rien ? Ne voyais-tu pas cette retenue, cette pudeur qu'elle s'imposait ? Non tu ne voyais rien... Mais que pouvait-elle répondre à cette déclaration ? Dieu que c'était divinement pénible.. Elle semblait stoïque pourtant Nergüi avait une profonde envie de t'enlacer. Malheureusement elle savait que cette étreinte ne pouvait être amicale.. Son mari était toujours là dans sa tête, elle le voyait la couvrir de milles baisers et de milles caresses. Elle le voyait la noyer sous ses mots d'amour, sous ses regards sincères. Pourtant elle le voyait également faire tout cela avec une autre. Pour la belle mongole, la demoiselle n'avait pas de visage. Elle n'était qu'une ombre, une idée brumeuse. Cela la chagrinait bien, et peut-être qu'elle n'avait pas à penser à cela. Jamais elle n'abordera un tel sujet avec toi. Et avec lui non plus d'ailleurs.. Mais à présent elle est à ses côtés, et tant que l'intimité restait l'intimité alors elle pouvait se permettre de continuer d'aimer comme elle le faisait si bien. Une femme qui cache bien son jeu...

Tes paroles l'avaient bouleversés. Elle te sentait si proche d'elle à présent, ton corps effleurait presque le sien. Ta main sur ta taille, ton autre main sur sa nuque, et un frisson que tu pouvais sans doute sentir. Son corps te désirait mais son esprit était encore forgé de ces barreaux de fers. Sa poitrine se gonfla doucement dans une inspiration et ses deux mains cherchèrent les tiennes pour que vous puissiez entrelacer vos doigt. Elle déposa un chaste baiser dessus puis releva sa tête vers la tienne, vos lèvres étant très proches à présent. Son calme naturel venait d'être brièvement troublé par une excitation qu'elle connaissait bien avec toi. Allais-tu venir à elle ? Allais-tu la laisser aux mains de la tentation ? Allait-elle céder ? Dans un regard profond, dans un regard plein de sens elle se contenta d'affirmer :

« - Tu n'es pas seul, en ce moment-ci. Je suis là, ne me vois-tu pas .. ? Je suis à tes côtés, ce soir... »

C’était plus fort que lui. Hors de question que son statut de femme mariée change sa manière d’être avec elle. Lorsqu’il vient vers elle comme il le fait présentement, elle pourrait faire n’importe quoi pour le repousser, Se Hwan reviendrait constamment vers elle. Lorsqu’avoir un contact s’imposait dans sa tête, le lui ôter est difficile. Il s’est toujours senti libre dans ses gestes, alors ses contacts sont légitimes à ses yeux, même s’ils peuvent être indécents. L’ancestrale se retenait depuis qu’ils se sont retrouvés ici, près de cette fontaine, Se Hwan l’avait remarqué. Son comportement était tout à fait compréhensible, mais il ne pouvait l’admettre. Pourquoi tant de réserves ? D’accord, ils venaient de se retrouver, mais les premiers temps sont passés maintenant, ils peuvent aller plus loin. Se Hwan avait vu son malaise, et il se doutait bien que ce ne serait pas elle qui ferait le premier pas. Voilà pourquoi il s’est permit ce rapprochement surprenant. Mais là où il pensait que ça l’entraînerait, tu semblais encore plus chaste. Se Hwan ne comprenait pas. Il la touchait, il la tenait près de lui, mais jusque là, rien d’anormal. Il est entreprenant, mais en attendant il ne se passe rien…tout est normal, n’est-ce-pas ? Pourtant, il suffisait moins d’un pas pour briser l’interdit.

Peu importe, maintenant qu’il la tenait, il ne la lâchera pas de si tôt. Si vraiment elle n’en avait pas envie, elle aurait sûrement assez de cran et de caractère pour arrêter ça. Et il fit bien de ne pas abandonner, car tu te montras plus consentante. Il crut se retrouver cinq en arrière lorsque tes lèvres se posèrent sur ses mains avant de les entrelacer aux tiens. Il maintint son regard. Tu restes belle même quand tu embrasses… Ses paroles lui allèrent droit au cœur. Non, elle n’avait pas oublié…elle n’avait pas oublié son ancienne place. Elle serait donc toujours là pour lui…mais jusqu’où ? Dans toutes les situations possibles comme avant ? Se Hwan voulait y croire aveuglément, cependant son pragmatisme prenait le dessus. Nergüi est une ancestrale. Les vampires qui lui mettent le plus de bâtons dans les roues sont ceux de son rang. Il les voyait trop dans le monde des affaires, c’est sûrement ça qui lui brouille sa vision des level 3. Aussi, il se montre un peu plus hésitant dans sa manière d’être, légèrement troublé. Il lui demande, baissant son ton de voix malgré lui.

« Seulement pour ce soir…? Ou bien…? »

Nous sommes d’accords, il n’a aucune raison de douter de la parole de la belle. Il a beau se raisonner là-dessus, il y a toujours un « sait-on jamais… » dans un coin de son esprit qui l’oblige à la prudence. Ici, elle paraît assez ridicule, mais elle lui a réellement évité bien des pièges. Sa main dans ses cheveux glissa dans son cou. Donner quelques petites explications ne serait pas inutile au final. Il reprit plus posément, bien qu’il ait encore quelques petites hésitations perceptibles dans le débit de sa voix.

« C’est bête, je ne devrais pas me sentir comme ça. J’ai tout ce qu’il me faut à présent, matériellement je manque de plus rien. Tu dois aussi avoir d’autres préoccupations…et puis… »

Non. Ça, il ne le dira pas. Se Hwan détourne lentement les yeux d’elle sur la fontaine. Quel idiot…si proches, et il allait lui parlait de son statut de femme mariée. Il le sait que trop bien, et l’amertume est toujours là. Le problème est qu’il en avait très envie de lui en parler depuis le début. Mais vraisemblablement, la gêne est transmissible, et à vouloir trop bien faire dans son rôle de gentleman il se bloque sur ce sujet. A vrai dire, il se sent assez partagé entre deux attitudes…faire comme avant en ne prenant pas en compte leurs nouvelles situations, ou revoir entièrement sa relation avec elle. C’est assez pénible d’y réfléchir, alors en parler…pour le moment, il ne s’y sent pas. Est-elle aussi préoccupée que lui sur ça ? A première vue, notre vampire répondrait par la négative. Oui, il se sent bien seul à être indécis sur la question…bien que les ancestraux ont toujours cette attitude hiératique, il aurait aimé que ses doutes soient partagés.

Spoiler:

un visage ancré dans ma mémoire Tumblr_mosrzwc8XC1rp10m6o1_500

Et puis tu es mariée à présent. N'était-ce pas de cette façon, que tu allais finir ta phrase ? Est ce que ce sujet te tracassait comme elle ? Si Nergüi s'accordait quelques doutes, elle ne désirait pourtant point que ce problème vienne te troubler. Cela la regardait et quelque soit son choix vis à vis de votre relation, elle assumait pleinement sa décision. Même si au moment où tu lui parlais elle nageait encore dans une brume épaisse, si épaisse qu'on pouvait presque la toucher. Tu ne le sentais pas mais dans sa tête volaient diverses idées, diverses pensée et divers jugements. La belle t'embrassait de ce regard plein de tentations, caressait ta peau de sa voix. Et t'entendre douter – pourtant – la rendait de plus en plus décidé sur le débat actuel. Que tu doutes sur la question, cela était bien normal. Mais pas que tu doutes sur elle. La dame a toujours été loyale et reconnaissante envers les gens qui ont été à ses côtés dans ses chagrins. Et tu fus le seul, car elle le décida. Tout doucement, elle se défit de toi, se levant pour faire quelque pas devant la fontaine avant de s'arrêter, de profil. Le jeu de lumière la transformait presque en ombre, sa gracieuse silhouette ressortant alors contre les murs. Puis son visage se tourna lentement vers toi. Et dans ses yeux tu pouvais voir une lumière, tu voyais qu'elle avait repris en « assurance ». Sa gêne s'était volatilisé bien que cachée quelque part encore. Mais il fallait, avec les événements passée, qu'elle se rende compte. Oui peut-être que c'est ça ; tu lui étais apparut si subitement, comme dans un rêve, que peut-être ne s'était-elle pas réellement rendue compte que tu étais devant ses yeux après cinq ans ans ?

« - Se Hwan … Je sens ta crainte et ton hésitation. Et je ne te cache pas que j'ai été troublée de te voir apparaître devant mes yeux ainsi, comme avant. Mais.. qu'as-tu craindre de moi, Se Hwan ? Tu sais bien que si je restes à tes côtés, que si je suis l'épaule sur laquelle tu peux t'appuyer, et si je suis le cœur qui écoutera tes maux, ce n'est que pour te voir souriant... »

Ses pas raisonnaient dans la cour des secrets, s'approchant de toi.. Elle s'avançait avec lenteur, mais avec sûreté surtout. Et quand c'est face à toi qu'elle arriva, Nergüi s'empara à nouveau de tes mains pour te guider vers elle, reculant un peu. Les yeux dans les tiens, ses doigts venaient à présent dégager quelques mèches de cheveux de ton front pour ensuite le caresser tainsi que le reste de ton visage dans un silence presque solennel. Vos corps étaient proches à nouveau, si bien que tu pouvais sentir sa respiration contre cou.
Nergüi était une femme amoureuse. Et elle étais fidèle à son amour, fidèle à l'homme qui accompagnait ses jours et ses nuits. Car on oublie pas un être aimé, un être qui vous est cher.
Mais on oublie pas un un être aussi bon, un être qui a réussit en trois ans a vous protéger de vos propres pleurs. Elle ne t'aimait-elle pas de la même manière qu'elle aimait son mari. Mais tu avais une place dans son cœur, et tu ne pouvais douter de cela. Ce n'était pas une traîtrise envers l'homme qu'elle aimait, ni quelque chose de déloyal. C'était autre chose. Une femme comme Nergüi, qui n'était point volage, n'était pas une femme à l'esprit facile. Bien au contraire, et c'était en ça que résidait toute sa beauté.

« - Je suis là.., continuait-elle en prenant ton visage dans ses mains, caressant tes pommettes de ses pouces. Je l'ai toujours été.. Il suffit que tu prononces mon nom, et le vent le portera vers moi. Ainsi je pourrai être là. Comme je le suis ce soir.»

Comprenais-tu à présent ? Comprenais-tu que cette relation ne pouvait se terminer ainsi ? Que tout ces baisers et ces mots étaient encore accrochés à votre peau. Et dans son regard maintenant profondément ancré dans le tiens, tu pouvais voir la femme que tu serrais dans tes bras il y a de cela cinq ans. Ses mains retombèrent sur ta mâchoire, puis ta nuque. Puis un charmant et léger sourire se dessina sur son visage.

« - Je suis aussi réelle, que ces nuits où tu glissais tout contre moi.., ajoutait-elle comme dans un murmure, collant son front au tien. Je peux encore sentir la chaleur de tes mots sécher mes larmes, et celle de ton regard percer à jour mon âme. Penses-tu que je pourrais oublier si facilement... un homme comme toi ? »

Non on oublie pas un homme comme cela. Et quoi que l'on dise, quoi que tu fasses, tu verras toujours cette main tendue vers toi.
Son cœur semblait battre un plus fort à chaque instant. Le sentais-tu, toi qui la tenait presque dans tes bras à présent ?

Il avait envie d’aller plus loin comme de s’arrêter. Paradoxal comme sentiment, n’est-ce-pas ? Notre vampire déteste ce genre de sentiments contradictoires, il n’y a rien de plus vexant qu’être partagé de la sorte. Bien sûr, il lui est déjà arrivé de ressentir ça. Mais c’était il y a…des années, peut-être même quand il était encore humain, c’est dire. Dans tous les cas, présentement ce sentiment ambigu l’handicapait. Que devait-il faire au final ? Il pouvait bien choisir l’action, d’y aller sans savoir ce que pense la belle à ce sujet. L’homme fait toujours le premier pas en temps normal. Seulement, il pouvait toujours se voir repoussé, ce qui est assez humiliant pour un homme. Se Hwan est aussi plus jeune que l’ancestrale, ce qui pose une autre barrière invisible dans son for intérieur. Tout de même, c’est fou comme un petit détail peut troubler et faire complexer. Et ce physique de rêve…il n’aidait en rien. Bien qu’âgée, l’ancestrale est restée fidèle à elle-même physiquement, comme tous ses congénères. Une belle femme. Une femme « fatale » comme on dit. Mais la belle mongole avait quelque chose en plus pour Se Hwan, quelque chose qui relève plus du simple exotisme. Elle a une aura, une aura aussi bien tentatrice que maternelle. Oui, maternelle. Cela peut surprendre, mais c’est bien le cas. Les deux se mêlent dans une harmonie qui l’a toujours fasciné. Mais ce soir-là, le côté tentateur a laissé la place à autre chose de plus complexe qui l’empêche de pouvoir soutenir son regard très longtemps.

Quand elle se défit de lui, il put enfin la regarder, non sans un certain étonnement. Fixant sa silhouette si bien dessinée par sa robe, il déglutit lorsque leurs regards se croisèrent de nouveau. Bizarre…tu ne semblais plus aussi gênée qu’il y a un instant. Pour quelle raison ? As-tu bien caché ton jeu depuis tout à l’heure ? Se Hwan ne savait pas trop quoi en penser. Quelles sont tes attentions au final ? Tu le troubles. Il t’écoute avec une oreille attentive et un chouïa curieuse. Oh…la voilà la réponse. La belle le veut…comme avant. C’est ainsi qu’il l’interprète. Etre toujours sollicités, solidaires l’un à l’autre, à la disposition de l’un de l’autre de n’importe quelle manière, elle le veut donc toujours comme ça. La belle est en train de revenir vers lui. Notre vampire ne bougea pas, soutenant son regard. Se laissant entraîné avec toi, ce n’est ni tes doigts ni la proximité qui le perturbèrent dans sa contemplation. Tu peux parler, tout ça restera entre vous. Dis ce que tu as sur le cœur, même si c’est inavouable. Dis-lui ces désirs interdits qu’il espère tant. Ils sont toujours vivaces, pas vrai ? A quoi bon continuer à faire la mijaurée si tout est resté intact ? Et si tout est là, pourquoi…pourquoi rester ici à seulement se contempler ? Mille et une initiatives lui venaient en tête. Il espère sincèrement que tu lui dises ce qu’il a en tête, une personne comme toi lui manque beaucoup à son quotidien…

Tu lui confirmas ce que tu as dis précédemment, mais…il y a encore une petite part abstraite. Les mains de Se Hwan viennent délicatement se poser sur les hanches de la belle. Il ne pipa mot pour le moment, attendant avec impatience qu’elle lui éclaircisse la chose. Est-ce un gros oui ou un petit oui ? Dis-tu cela pour le consoler et le faire attendre ? Il a mûri depuis que vous vous êtes quittés, il est moins dupe. La femme qu’il a présentement le rassurait, mais pas totalement. Il reste une part incertaine qu’il ne supporte pas. Il a besoin que tout soit au clair, qu’il soit persuadé que tout est stable. Ton sourire restait craquant, mais cela ne lui suffit plus. Ce qui le faisait encore patienter était ta voix, il l’appréciait surtout en fermant les yeux comme maintenant au contact de ton front. A sa question, il s’empressa de te répondre.

« Non, jamais, je ne peux pas douter de toi. Je t’ai simplement rendu la pareille, et je te sais une femme d’honneur. C’est juste que… »

Il déglutit à nouveau. Ah, ce qu’il pouvait se détester quand il hésite dans ses paroles. Il sait très bien ce qu’il veut lui dire. Mais tu le connais bien : il est plus sensible qu’il le laisse paraître derrière ses grands airs. Balbutier, hésiter, ne pas trouver ses mots, tout cela lui est possible dès qu’il est un peu troublé. Pour lui c’est loin d’être mignon malgré ce qu’on peut lui dire. Il trouve que ça lui correspond tellement pas…ou plutôt, que ça ne correspond à l’image qu’il veut renvoyer, mais c’est une autre discussion. Rouvrant lentement les yeux, il maintint ton regard avec moins de timidité. Arrêtons de tourner autour du pot. Il faut dire les choses comme elles sont. Sa voix reste calme.

« Nergüi, je suis au courant que tu es mariée. Je t’estime beaucoup, mais vois que l’on ne peut pas continuer comme on faisait. »

Ce mariage le tracasse bien. A elle, il lui faisait totalement confiance, mais vis-à-vis de son mari…le sait-il ? Cela remonte, s’il l’a su, peut-être l’a-t-il oublié aujourd’hui. Et c’est tant mieux. Se Hwan a très envie de continuer avec la belle, mais il préfèrerait ne pas prendre de risques. Il ne la quitte pas présentement. Ils sont seul à seule, c’est impossible que quelqu’un les voit tel qu’ils sont. La regardant, son propre regard s’est assombrit. Ce sujet lui fait mal, sauf qu’il ne voit pas comment ne pas en parler. L’ancestrale semble peut-être ne pas s’en soucier, l’ignorer, être insouciante. Mais Se Hwan n’oublie pas que c’est une affaire de level 3 : si quelqu’un doit prendre, ce sera forcément lui du fait de sa faiblesse. L’enjeu n’est pas des moindres à ses yeux.

un visage ancré dans ma mémoire Tumblr_mlz91yAfy41s9g41zo1_500

Nous y voilà. Tu savais donc. Non en fait, tu ne savais rien. Oui ils étaient mariés et oui ils étaient amoureux. Mais c’était plus compliqué que ça. Tous deux se mentaient mutuellement, leurraient leur amour. Et tu sais pourquoi ? Non bien sûr, tu ne pouvais pas le savoir et comment pourrait-elle t en vouloir pour cela. Pourtant c’est une réalité ; dans ses yeux remplit de tendresse et dans ses touchers pleins de douceur se cachait quelque chose de nuisible. Aucun d’entre eux n’a pu oublier cette âme promise, ce premier amour.

Mais deux siècles les ont séparés. Deux siècles… C’est long n’est-ce pas ? Beaucoup de choses peuvent se passer, en l’espace de deux siècles. Et pourtant, ce trouble n’est que récent. Nergüi bien que fidèle à ces sentiments, est bien peinée de savoir – d’avoir deviné – que le cœur de sa tendre moitié est partagé entre deux mondes : est partagé pour deux femmes. Pas de jalousie, non la belle n’est pas une envieuse. Mais derrière cet esprit si fort, derrière ce pas gracieux et assurée, derrière cette férocité féline se cache pourtant une sensibilité effroyable. Tout le monde sait la dame comme une personne douce et compréhensive. Mais … n’est pas ce tout ce qu’ils savent ? Ils, tous. Tous ceux qui voient ces sourires, tous ceux qui baisent ces mains, tous ceux qui écoutent cette voix mélodieuse. Combien savent ce qu’il y a derrière ces barreaux, derrière ce voile de fer ? Indulgente mais pas dupe, on ne peut lui cacher aucun secret. Forte mais pas insensible, on ne peut la laisser impassible. Souriante mais pourtant peu expressive, on ne lit pas si facilement les pensées de cette déesse de la nuit. Jamais elle ne quémandera une main pour lui venir en aide. Elle ravalera ses pleurs et vous touchera de ses mots enchanteurs.

Combien savent ce qu’il y a derrière ces barreaux, derrière ce voile de fer ? Un seul : un seul lui a tendu la main sans qu’elle la quémande, un seul a su lire dans les pensées de cette déesse de la nuit. Un seul, a su extirper ces pleurs : toi.

On ne pourra nier la relation fusionnelle qui la lie à son bien aimé. Quand on les voit se balader ensemble, quand on voit ces sourires pleins de sentiments, et quand on entend ces voix si bienveillantes, on ne peut s’imaginer qu’une union pleine de prospérité. Et c’est bien vrai après tout, chaleur et amour émanent de ses deux êtres. Mais chaque couple a son bémol, aussi infiniment petit soit-il. Et bien que son tendre soit des plus attentionnés avec sa douce créature, elle sait. Elle sait tout. Son amour infiniment grand ne cache rien ; son amour était plus grand encore avant qu’il rencontre sa belle calice. Mais que pouvait-elle faire ? Les scènes, la jalousie, ciel… tout ça, n’était guère pour elle. Non tout cela n’a jamais été à son goût, elle qui aime la sérénité. Et ce n’est pas soumission que de se taire. Si jamais elle ne lui a adressé ces regards pleins de déception c’est parce qu’elle ne pourrait se battre. Et elle ne le désire pas, d’ailleurs. Nergüi n’a même jamais éprouvé de la déception face à cela. Elle l’a accepté, et a emporté avec sa tolérance des maux. Des maux bien grands, mais qui restaient dans le sombre silence.

Tout ce dont elle avait besoin c’était de cet ami qui savait la comprendre sans la juger, qui voit clair en elle et qui l’apaise pour essuyer ces larmes lourdes, qui semblent vouloir laisser une trace sur ces joues de porcelaine. Tant de réflexions, tant de doutes et de pensées… quand on s’approche un peu plus de la mongole, on voit alors dans ses yeux noirs on voit une femme qui a besoin d’aide. Elle n’est pas victime, elle n’est pas enfant loin de là. Mais onn ne s’intéresse pas à la vie d’une femme, qui ne laisse place à aucun doute.

Toi seul a réussi à la déchiffrer et à creuser loin pour pouvoir tenir entre tes doigts ses secrets. Tu as creusé jusqu’à extraire les poisons, à épurer ce corps pourtant déjà mort depuis bien longtemps. Et bien sûr que c’est une femme heureuse. De quoi peut-elle se plaindre ? Il arrive des choses bien pires à d’autres et elle n’aurait pas la prétention de se prétendre malheureuse. Seulement, une peine, quelque qu’elle soit, reste une tristesse aux yeux de celui qui la porte. Et c’est au devoir de l’ami, de lui venir en aide.
Tu fus l’ami, tu fus l’amant. Et alors qu’en ce lieu elle touchait ta peau, elle se souvient de ses mains sur ta chaire, de tes mains sur ses courbes et de ton parfum qui la remplissait d’ivresse. Tu réussissais par les mots et par le corps à la soigner, tout doucement… Peut-être était-ce égoïste, mais elle avait besoin que tu la soigne un peu à nouveau. Et même si elle ne t’aime pas d’amour, elle t’apprécie tant.. Elle te porte précieusement dans son cœur et s’est promis d’être là pour toi si jamais tu avais le malheur de te sentir désemparé à nouveau. Tu es un trésor. Et qui n’a jamais voulu prendre soin d’un trésor, aussi cher et aussi précieux soit-il ?

Elle leva ses yeux vers les tiens, les transperçant. Ses lèvres se faisaient légèrement tremblantes, et son regard était plein d’assurance. Ses mains caressaient doucement ta veste, elle baissa le visage un instant, un silence s’étant brièvement installé. Et un murmure vint ré introduire la conversation de façon douce. Un murmure qui pourrait presque bercer l’âme la plus torturée qui puisse exister..

« - Tu ne sais pas… »

Elle releva à nouveau cette figure aux joues rosies par la brise, descendant à présent ses mains les long de tes bras. Sa voix se fit alors plus nette sans perdre de sa pureté.

« - Penses-tu que je n’y ai pas pensé ? Se Hwan je … j’aime cet homme. Mais c’est justement parce que je l’aime, que j’ai besoin que tu sois à mes côtés. J’ai besoin de te sentir prés de mon cœur comme tu le fus autrefois, et je voudrais être près du tiens comme je le fus autrefois également. Tu es l’unique personne que j’ai rencontrée en deux siècles, qui puisse effacer mes peines et mes inquiétudes... »

Ça n’a aucun sens dit ainsi. C’est même absurde. Mais peut-être comprenais-tu… ? Peut-être te rendais-tu compte ?
Tout doucement, elle posa la tête sur ton épaule, fermant ses yeux.

« - Personne ne peux te faire du mal… Les choses ne changent pas, saches le. »

Tout était dit, en ces dernières paroles. La belle se sentait si bien en ce moment, et elle voulait juste que tu comprennes que tout était resté intact. Que son regard sur toi était le même, que ses sentiments étaient restés authentique. Son mariage était source d’hésitations pour vous deux. Mais en ce qui concernait la douce Nergüi, il fallait qu’un esprit fort comme le tien se joigne au sien… Mais à présent, elle ne voulait plus te voir disparaître. Elle ne l’a même jamais désiré.

Oui, on y est. Il n’y avait plus moyen de se détourner de la question. Aaaah, que ne ferait pas un homme pour une femme ? Se Hwa n’a jamais été très préoccupé par la question. Il a déjà été amoureux, rassurez-vous. Mais ça n’a jamais été l’amour avec un grand A. Tous n’ont été que des amourettes de passages, aussi éphémères que légères qui animent pendant quelques temps les adolescents et jeunes adultes. Jamais rien de très sérieux jusque là. Sentimentalement, Se Hwan devait admettre qu’il en était resté à ce stade-là, la petite amourette entre jeunes. Ce qui est paradoxal avec son âge actuel, qui est la cinquantaine. Il a vieilli, mais notre vampire s’est toujours senti étonnamment jeune. Lui qui pensait que la sagesse et la modération viendrait avec l’âge, il s’est couvert d’illusions dans son cas. D’un autre côté, ça le rassurait. Il aimait bien sa façon d’agir, de se sentir aussi vivant qu’un humain, voire plus car il a de l’argent et peut se mettre ce que l’humain lambda ne peut pas. Et puis ne nous leurrons pas : il ne croit pas au grand amour. De par ses expériences passées, il n’arrive pas à concevoir comment on peut rester éternellement amoureux d’une personne. On pouvait bien lui objecter que c’était comme la relation entre un vampire et un calice, mais il ne peut pas s’empêcher de trouver la comparaison disproportionnée. En quoi aimer une personne follement était pareil qu’avoir un calice ? Le calice c’est pour manger à volonté sans trop se déplacer, point. Aimer quelqu’un, ça passe par autre chose que le physique dans son imaginaire. C’est tellement flottant et abstrait…mais c’est là qu’on peut voir l’étroitesse de ses expériences. Il en a bien connu des hommes et des femmes, le problème ne venait pas de là. Il vient qu’il n’a pas fait encore les bonnes rencontres et qu’il n’a pas changé d’optique dans son comportement. Il est beau et jeune, alors le sexe d’abord, les sentiments après. Ce pourquoi il n’a rien jamais ressenti ce sentiment fort qu’est l’amour pour Nergüi. Trop jeune, trop fou encore.

Mais tout de même…se séparer d’elle avait de quoi lui fendre le cœur. Il a toujours eu du mal avec les ancestraux, surtout depuis qu’il les surplombe avec son Bloody steam. Il a tendance à les prendre de haut, et naturellement cela provoque des rixes. Mais avec Nergüi, c’est totalement différent. Se Hwan ne se sent pas obligé de la dépasser d’une quelconque manière que ce soit. Elle ne le fait pas elle-même, alors pourquoi il le ferait ? La valeur du donnant-donnant prend tout sens avec elle. Reste avec moi, reste avec lui, c’est tout ce qu’il voulait d’elle. La transperçant du regard, il attendait désespérément une réponse qui réponde à ses désirs, ne faisant plus attention à ses faits et gestes. « - Tu ne sais pas… » comment ça, il ne sait pas ? Il ne sait pas quoi ? Un secret entre toi et ton mari se cachait ? En haleine, Se Hwan ne la quittait pas du regard. Tu te faisais prudente, et tu avais peut-être raison. Il n’est pas l’homme le plus violent qu’il soit, mais piquer des colères noires reste dans ses cordes. Et la réponse tomba.

Alors comme ça tu l’aimes, mais tu tiens à le voir comme avant. Sous tous les angles. Le plus jeune eut un sourire doux. Pour quelqu’un qui débarquerait dans votre conversation, il n’y comprendrait rien, ce qui n’est pas le cas pour Se Hwan. Il te comprenait parfaitement. Il te connaît que trop bien. Gardant le silence, il te laisse continuer. Il posa juste une main dans ton dos lorsque ta tête s’échoua sur son épaule, dans un geste de complicité. La belle semblait avoir mis cartes sur table, aussi il était temps qu’il la rassure de son côté. Il lui répondit d’une voix douce mais assurée.

« Toi-même tu n’as pas changé, alors il en va pour le reste même avec un autre homme, hein ? »

Il passe son second bras autour de sa taille pour l’enlacer et approfondir leur étreinte. Ça commence à devenir bon…très bon. C’est un de ces contacts où on se laisserait emporter sur un petit nuage, les yeux fermés, les cheveux au vent, avec la personne à qui nous le faisons partager. Combien ils en ont eu ensemble…ils se sont même laissés aller. Soit dans un lit, soit dans un bain, mais toujours dans le lieu adéquat. Magique.

« Trop secrète, trop fragile…j’aurai pensé que tu trouverais quelqu’un de ton rang plus…acceptable pour ça dirons-nous. J’en suis flatté. Comme tu le vois, je suis plus disponible aujourd’hui, alors…c’est un plaisir de redevenir celui qui t’écoutais, douce Nergüi. »

Sa voix avait progressivement baissé en volume. Acceptable était à prendre dans toute la polysémie de leur relation. Mais son comportement actuel avec elle ne peut pas être qualifié ainsi. Au fur et à mesure qu’il baissait la voix, son visage s’était rapproché du sien. Il ne put résister à l’envie de l’embrasser. Non pas sur ses lèvres, leur rencontre était encore trop fraîche pour cela, mais dans son cou. Un baiser chaste, mais qui traduisait beaucoup de son affection envers elle. Puis…oh non, pourquoi s’arrêter ? Les lèvres restant contre sa peau, il lui en offrit un autre, moins pudique. Il sait très bien ce que ça représente, mais sa raison était loin, très loin. Elle l’avait accepté de nouveau dans sa vie, alors soit. Elle l’aura, et avec les bénéfices en plus.

un visage ancré dans ma mémoire Tumblr_mpxb7hVBpm1saso1io2_500

Ta voix la berçait, ta voix la rassurait. Elle était si anxieuse de ta réaction, avais-tu compris son sos ? C’était une main bien faible qu’elle te tendait, et cette main devait puiser sa force dans la tienne pour pouvoir retrouver son toucher si doux, son toucher si plein d’assurance. Et finalement, tu avais attrapé cette main. Oui tu venais de la prendre, de la saisir fortement pour ne plus la quitter. Dieu, que son cœur semblait plus léger à présent. Elle se sentait si pleine de vie, elle sentait ta voix la caresser comme une plume sur sa peau. Tes paroles l’émeuvent, et tu ne sauras jamais toute la gratitude qu’elle a pour toi. Tu es un ange, son bienfaiteur. Durant ces cinq années elle a été aveuglée par le retour de son mari, aveuglée par ce véritable amour qu’elle a gardé pour elle durant deux siècles… Oui c’était sûrement ça. Quelle idiote. Nergüi se sentait pleine de culpabilité face à tant de compréhension de ta part. Tu avais le droit de la détester, elle comprendrait que dans ton cœur se cache une part de haine. Elle le comprendrait si bien.

Mais aucun signe de haine, au contraire. Alors que son souffle se faisait si calme, elle sentit tes lèvres se poser sur elle. Le premier baiser semblait pudique, le second était pareil à la tentation. Tu lui décrochas un frisson, son cœur légèrement chamboulé par ce geste. Une suite de pensées défila dans son esprit, tel un film. Ces baisers ne lui étaient guère inconnus non. Au contraire. Elle se souvenait de la sensation exacte que cela lui procurait, elle se souvenait de chaque rendez-vous où tu glissais tes mains le long de ses courbes. Tu la regardais dans les yeux avec tendresse et désir. Tu murmurais son nom en caressant sa peau nacrée. Puis tu prenais possession d’elle… Tu l’embrassais à en faire trembler son corps entier, tu la regardais intensément jusqu’à la voir suppliante. L’amour, n’est pas le seul facteur qui pousse deux être à se procurer mutuellement un tel plaisir. Il arrive que des fois ces individus, aient besoin de sentir la chaleur d’un corps pour pouvoir exprimer avec beauté son asservissement à l’autre. Nergüi était esclave du plaisir, esclave de tes caresses et de tes paroles. Tu lui apportais tout ce dont une femme comme elle nécessitait. Tu complétais tout ce que son mari n’avait guère.
Ces baisers ne lui étaient guère inconnus non. Au contraire. Nergüi ne se permettrait pas d’en redemander, elle ne t’avouerait pas que ce contact entre vous deux l’emportait dans un état second. Elle te sentait tout contre elle, se plaisait à avoir ces bras la protéger dans cette étreinte. Son visage si proche du tien, elle le souleva délicatement de ton épaule. Elle te regardait d’un air particulier… ce n’était point de l’amour pourtant mais ça y ressemblait fort. On dit qu’un amant n’est que le partenaire sexuel d’une femme déjà mariée. Alors comment devrait-elle te nommer dans ce cas ? Bien-aimé ? Flirt ? Jules ? Oh et pourquoi te nommer quand elle savait si bien ce que tu représentais à ses yeux.

Elle te voyait là devant elle, la touchant de tes mains la touchant de tes mots. La jolie brune semblait encore sentir ces baisers que tu venais de lui offrir, lui procurant une vague sensation d’extase. D’un ton lent, d’un ton sincère, d’un ton aimant elle murmura :

« - Je peux te promettre… Sur tout ce que j’ai de plus cher en ce monde, que jamais plus… je ne t’abandonnerai… Jamais plus, je ne te laisserai loin de moi… Je te promets d’être à tes côtés quand tu en auras besoin, comme je le faisais jadis. Mais ce que je peux te promettre plus que tout, c’est que jamais, Se Hwan, jamais je ne t’ai effacée de mon esprit… »

Les sentais-tu ? Sentais-tu toutes ces émotions transpercer ton âme ? Sentais-tu la force que tu lui apportais ? Et la tentation à ce moment se fit bien trop présente, on pouvait presque la voir vous toucher de cet air malicieux. Les mains de Nergüi caressèrent ta mâchoire et tandis que l’une glissa dans ta nuque, ses lèvres venaient effleurer les tiennes avant de se poser tout doucement, dans une infime délicatesse. Un exquis moment qui emplissait de joie et d’envie le cœur de la belle… Peut-être était-ce osé, mais peu importe après tout. Se savoir à nouveau à tes côtés la rendait heureuse…
Rompant tendrement ce baiser, elle sourit de façon épanouit, ses lèvres roses s’étendant juste assez pour sembler à un délicat coup de pinceau sur son visage de poupée.

« - Je suis pleine de bonheur à te savoir avec moi…, t'avoua-t-elle à voix basse. »

Ses lèvres…enfin siennes. En seulement 5 ans, Se Hwan a eu le temps de les mémoriser. Quel plaisir de les redécouvrir présentement. Oh, avant il ne se contentait pas de sceller que ses lèvres. Il allait posséder des parcelles de peau tout aussi sensibles. D’abord le cou, puis la clavicule, le haut de sa poitrine, de temps en temps le creux de son épaule, et ainsi de suite…le haut de son corps était la partie qu’il préféré chez la femme. Les préliminaires commençaient toujours sur de bonnes bases à cet endroit, en plus d’être joliment fait (mais ça, c’est une évidence). Se Hwan ne pensait pas aller au-delà de quelques baisers. La belle devait sûrement le trouver cavalier…dès le premier entretien, il l’embrasse. Pour lui, rien d’immoral là-dedans, mais il devait garder en tête que la belle mongole était d’un ou deux siècles de plus que lui. Bien qu’elle lui a fait de nombreuses concessions par le passé, ils venaient quand même de tout juste se retrouver. Mais vraisemblablement, elle était d’humeur joueuse ce soir. Le plus jeune la laissa prendre les initiatives un instant dans leurs baisers. Sa tête fit encore moins de résistance à ta main. Soutenant ton regard, le sien traduisait cette affection commune. Oui, affection. Le mot « amour » est un terme trop fort dans son esprit. Il exprimait clairement l’amour parfait, l’amour paradisiaque où deux êtres ne veulent faire qu’un, l’amour qu’il voit qu’en rêves. « Affection » recouvrait tout le reste, et il laissait planer toute l’ambiguïté des relations qu‘il peut avoir avec ses proches. Quant au reste, il n’y a pas besoin d’en dire plus.

La regardant, il était encore embrumé de ces baisers échangés il y a un instant. Ses mots glissèrent divinement à son oreille. Une promesse…une promesse entre eux, c’était bien la première. Disons qu’autrefois, ils n’avaient pas la tête à faire des engagements. Celle qu’elle lui fait est des plus sincères. Elle est sérieuse, honnête, franche, Se Hwan la croyait mot pour mot. L’émotion le transportait. Alors comme ça, il est resté dans un coin de ta tête depuis toujours ? Le plus jeune se sentit coupable un instant. Dire qu’il t’avait lâchement oublié, lui…ah, c’est un bien un homme ça. Mais rien que savoir que leur lien ne se romprait plus pour rien au monde le remplit d’une joie extatique. Les amis à qui on donnerait le bon Dieu sans confession se comptent sur les doigts de la main de Se Hwan. Il a trop de personnes envieuses et malhonnêtes autour de lui…qu’il ait une amie comme toi, c’est inespéré. Il ne trouva rien à dire là-dessus, tellement pris dans ses mots. Mais son regard trahissait un soulagement profond.

Oui, la tentation était là. Celle-ci lui soutirait d’agréables frissons à tes caresses. Même si tes gestes sont osés, avec lui tout est normal de ce côté-là. Il répondit à ton baiser avec un peu plus d’entrain que toi, l’approfondissant quelques temps. Ses mains descendirent le long de tes hanches sous un doux bruit de frottement contre le satin, et elles s’arrêtèrent à tes hanches. Le regard toujours passionné, il te sourit de manière charmante à te savoir heureuse. Il en a même un petit rire. Tu avais un petit air enfantin en disant cela. Il te répondit de la même voix basse et douce.

« Moi de même…ça me fait chaud au cœur. »

« Mais retournons à l’intérieur, je pense qu’on rate une bonne partie du spectacle. »

Son sourire est plus juvénile à sa remarque. Ben oui quoi, ils ont payés ! Il se détacha lentement d’elle, mais il resta à ses côtés, se contentant juste de lui prendre la main. Rien de très sérieux dans ce geste, il la lui lâcherait une fois qu’ils seront retournés à l’intérieur. Depuis qu’ils se sont éclipsés de la salle, la pause des artistes devait être terminée. Le rideau avait dû lever devant les clients, mais assurément sans eux. Le temps passe trop vite avec Nergüi. Mais à Se Hwa, il lui restait un dernier désagrément à régler. Il était de moindre importance que de tout ce qu’ils ont dis jusqu’à présent, mais la belle le lui pardonnera facilement. Se mettant bien face à face à elle, et lui prenant les deux mains dans les siennes, il lui fit une petite moue attristée. Ça annonce déjà la couleur.

« Dis, dis, j’ai vu que t’étais venue avec les filles. Moi je suis tout seul, abandonné de tous…ça ne dérangerait pas de me faire une petite place ? »

Bien entendu qu’il connait les amies de Nergüi. Pas à 100%, mais la plupart il les connaît de multiples manières.

un visage ancré dans ma mémoire Tumblr_m77pppoCln1rw6kjdo1_500

Tu étais là. Auprès d’elle, à lui sourire et à la regarder de cet air confiant. Tu croyais en Nergüi sans jamais la juger. Tu avais foi en elle et tu comprenais ses colères comme ses euphories. La brune sentait cette chaleur quand tu lui serrais la main, elle sentait cette fermeté qui n’avait rien de féroce. En toute honnêteté, cette main lui donnait plus d’espoir que les sourires de son mari qu’elle aimait tant pourtant. Qu’est-ce qui vous différenciait tous les deux ? C’est vrai après tout : vous prenez soin d’elle, vous savez lui tendre la main, vous la traitez avec respect et la voyez avec des yeux pleins de tendresse. Mais il y a une chose, qui faisait absolument tout.

L’Amour. Peut-être est-ce pathétique à dire mais voilà ce qui faisait la nuance entre les deux relations qu’entretenait la belle. Deux relations complexes, mais qui ne perdent rien de leur charme. Prenons son mariage. Un amour des plus grands, un couple des plus superbes on en était certain. Quand on voyait ces deux personnes, il était clair que l’un était fait pour l’autre et vice versa. En somme, on est amoureux de leur amour. Mais quelle que soit le témoin, personne ne se doutait qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas. Cet homme aime Nergüi. Elle est sa reine, sa muse et sa moitié. Mais que sait-il de cette femme, habitant son cœur depuis des années à présent ? Ne serait-il pas frustré de savoir qu’un autre – toi – en savait plus sur ses sentiments et ses songes, plus que lui ? Si bien entendu. Il s’en voudrait de savoir qu’en réalité, c’était d’une étrangère dont il s’était épris. Cependant, il sait qu’il y a une grande part de secret cachée sous ces regards perçants. En fait, il attend toujours qu’un soir elle explose pour le remettre sur le droit chemin et lui avouer tout ce qu’elle t’a avoué à toi.

Vois-tu ce fossé, qui te sépare de son époux ? Vois-tu pourquoi aucun amour ne peut naître entre vous ? Tu en sais trop pour l’aimer, tu en sais trop pour qu’elle t’aime. Si elle était encore cet ouvrage plein de mystères, cette œuvre que tout le monde admire sans jamais avoir pu le voir de près, peut-être que tu en serais tombé amoureux et peut-être qu’elle aussi. Comme c’est stupide. Mais vous vous soumettez tous les deux à cette stupidité, et vous laissez enivrer par ce parfum envoutant, jusqu’à que vous soyez les âmes les plus proches…

Tu étais beau à la regarder ainsi. Cela lui plaisait. Cela lui plaisait encore, rien n’avait changé…

« - Bien entendu, il serait triste que chacun passe cette soirée de son côté, dit-elle en souriant comme un ange. »

Elle passa un doigt le long de ta mâchoire avant d’embrasser ta main une dernière fois et de tirer la porte avec une grande discrétion pour s’engouffrer à nouveau dans l’univers du Miracle. C’était dans cette ambiance festive, parmi la foule pleine de joie qu’elle allait apprendre ce qui serait véritablement triste…

Ainsi vous rejoignîtes sa table, alors qu’elle s’avançait avec grâce et assurance, prête à te présenter à ses amis officiellement… comme un ami.

« - Je vous présente un ami, Mr Lee Se Hwan, qui a décidé de nous gratifier de sa présence ce soir, dit-elle sur une pointe d’humour toujours debout à tes côtés, belle comme le jour. »

Ses amis, pourtant, n’avaient rien d’enchantée… Quelques-unes baissaient la tête, d’autre la regardait gravement. Et Nergüi comprit parfaitement, que ce n’était pas ta venue qui semblait rendre ces dales mal à l’aise. L’une prit alors la parole.

« - Nergüi je viens d’avoir un appel de mon mari, qui était censé rejoindre le tien ce soir… Il est venu chez vous mais n'a eu aucune réponse jusqu'à qu'il entre... il l'a vu étendu sur son bureau et ... »

Un court silence s’installa. Et elle comprit immédiatement, son visage se décomposant déjà. C’était impossible…

« - Il est mort Nergüi, je suis désolée… »

La belle a de suite accepté, dans un sourire ravissant. Il l’a donc suivi à ses côtés, tout sourire lui aussi. Et le voilà, avec elle et ses amies, debout. Lui, Se Hwan, petit vampire parmi les plus belles et les plus anciennes de son espèce. Wouah…ce n’est pas souvent qu’il se retrouve entouré de plusieurs congénères comme lui. Ce sont plutôt les humains qui remplissent ses soirées, que ce soit dans son bureau ou en boîte. Quand il a l’occasion de parler avec ses congénères, la plupart du temps c’est un face à face équitable. Et là, pfiou, le voilà tomber entouré d’à peu près cinq demoiselles…enfin, dames. La plupart des amies de Nergüi sont comme elle : respectables, belles, nantis, et mariées. Toutes avaient ce charme particulier qu’on les femmes de son espèce. Mais bien sûr, aucun égal celui de la belle mongole pour Se Hwan.

Seulement, quelque chose ne va pas. Le plus jeune l’a remarqué dès son arrivée. Il pensait qu’il serait accueilli en trompettes et fanfares aux côtés de l’ancestrale. Mais rien. Même pas un sourire à son approche. Au fond de lui, ça n’aurait pas dû l’affecter. Après tout, c’est typique des levels 3 dans son esprit. Pourquoi déballer le tapis pour un simple, petit, et insignifiant level 2 ? Sérieusement ? Se Hwan en avait l’habitude de ce comportement hautain des ancestraux. Sauf qu’ici, l’ambiance était tout autre…c’étaient les amies d’une de ses proches, mais il sentait qu’il y avait plus que ça. Les regards ne convergeaient pas vers lui, mais vers Nergüi. Ils étaient lourds, mais pas réprobateurs. C’était bizarre. Trop bizarre. Le plus jeune n’arrivait pas à trouver pour quelle raison elles réagissent de la sorte, mais la réponse ne se fit pas attendre. Dans sa tête, il l’apprit comme ça : mari - pas de nouvelles - bureau…et…(son amie est longue à dire les choses comme elles sont)…et il est mort. Ah, il est mort. Il faillit acquiesçait d’un hochement de tête sur le moment. Wait…il est mort ?! Le mari de Nergüi est…mort ? Dans son bureau, pas plus tard que ce soir…? Pas possible…

Choqué à son tour, ses yeux s’ouvrirent bien plus qu’à l’accoutumée. Instinctivement, il tourna la tête vers la belle qui l’a accueilli. Oh non…rien que de te voir, il avait envie de pleurer pour toi. Se tournant complètement vers toi, il commençait à te prendre par les mains.

« Oh Nergüi…je suis désolé. »

Dire que lui faire une scène sur le fait qu’elle soit mariée lui ait traversé l’esprit il y a quelques années, cette pensée le faisait culpabiliser. Mais dans les circonstances actuelles, il ne s’excuse pas pour s’excuser, mais plutôt par politesse envers la nouvelle veuve. Il pouvait sentir cette dernière fondre de l’intérieur…dieu que c’est insupportable…il n’attendit pas bien longtemps pour l’enlacer. La prenant par la taille avec délicatesse, il l’attira tout contre son torse avec tact. Il posa sa main en douceur sur sa tête. Elle avait besoin de pleurer, ça se sentait de loin…

« Désolé… »

L’enlaçant avec bienveillance, Se Hwan ne pouvait s’empêcher de se répéter. Mais sa voix était emplie de compassion, partageant complètement sa tristesse. Perdre quelqu’un, il en avait l’expérience…pour de multiples raisons. La plupart étaient pour des raisons professionnelles : les affaires font perdre beaucoup d’amis qui sont avec vous. Mais la première de toute est le plus douloureuse, et il pense bien que pour une femme ce doit être encore plus dure à supporter…son mari, bon sang. Le couple était connu en plus, c’est plus qu’un mari que sa tendre amie a perdu ce soir… La laissant aller sur son épaule, le plus jeune se montra patient. Quand il la sentit un peu plus « calme », regarda en direction de ses amies et le leur adressa poliment.

« Mesdames, si vous n’en voyez pas d’inconvénients, je me permets de la raccompagner chez elle. Passez une bonne soirée. »

Ne restant pas plus ici, il se tourna d’un quart vers la sortie, et il guida la belle vers celle-ci, restant toujours tout près d’elle. Son bras enlaçait toujours sa taille. Marchand lentement, il lui chuchota quelques mots rassurants pour l’encourager à avancer, des mots classiques comme « Rentrons à la maison » mais qui restent efficaces.

Sujet: Re: un visage ancré dans ma mémoire

» Partiel + Rapport de stage + Mémoire = Mort cérébrale x)
» cha hae x "du nil dans mes veines"
» Ma vie dans toute sa platitude ▬ Park Seung Yoon
» Ming Xue. Viens te jeter dans la gueule du loup.
» Cette nuit, elle se termine dans mon lit ! [Aindreis Evan]

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée