Un peu de réconfort ft. Kang Dae

Terrorisé, je ne pouvais trouver la force suffisante pour lâcher sa main et découvrir seul ma « nouvelle maison » comme il le disait si bien. Cet homme, ce vampire, mon père vampirique à présent, m’avais libéré des chaînes qui m’entravées à mon maître, me délivrant de mes obligations de calice. Comme il est étrange de se réveiller et de voir sa vie changer du tout au tout, bien que cela me soit déjà arrivé, je ne m’étais toujours pas habitué à n’avoir plus rien à quoi me raccrocher. Mort, j’étais mort, mon corps l’était, mon âme l’était et quand à mon esprit, il devait l’être également. A dire vrai, j’ai oublié, je n’ai pas le souvenir de ce changement…comment suis-je arrivé dans la demeure de mon « père » ? Pourquoi m’accepte-t-il à ses côtés ? Depuis combien de temps suis-je vampire ?

Il arrive que l’on se pose des questions sur nous-mêmes ou sur les divers évènements se succédant, pourtant, la seule et unique question à laquelle j’aimerais que l’on me réponde est : qu’ai-je fait pour mériter tant de haine de la part de la vie elle-même ?
Il est gentil avec moi, me montrant les différentes pièces de la maison, mais je n’arrive pas à parler, même pas pour lui dire un simple « merci » ou n’importe quoi d’autre.  Il est gentil et je ne peux lui offrir que mon silence en échange de son attention toute particulière envers ma personne. C’est une grande propriété qu’il possède, je pourrais m’y perdre si je lâche sa main, j’ai peur…et s’il décidait de la lâcher, comment ferais-je ? Mon corps se tends et tremble, je ne veux pas qu’il m’abandonne !

Il me ramena à l’intérieur et me fis asseoir sur l’un des grands canapés du salon, mais je ne pus me détendre complètement qu’une fois installé, lui aussi, à mes côtés. J’avais du mal à comprendre mes propres réactions « Ça va ? », un sursaut m’échappe, me retournant vers lui, j’entrouvre les lèvres pour tenter de répondre, mais un bruit strident m’arrête dans mon élan. Je m’agrippe davantage à son bras, j’ai peur, pourquoi ce bruit et si fort ? Ça fait si mal !  « Chut ! Ce n’est rien, c’est juste les chiens qui sont rentrés. », Les chiens ? Je ne comprends pas. Comment peuvent-ils faire autant de bruits ? Ou alors, le problème vient juste de moi ? Levant mon regard pour croiser le siens, il ne semble pas affecté par ce sons, il me regarde simplement et essaye de me rassurer…ou est-ce juste une tactique pour mieux me manipuler, pour pouvoir me tuer, ou me violer lui aussi ? Et s’il était un sous-fifre de mon maître ? Et si tout ça n’était qu’une mascarade pour mieux me soumettre.
Mon esprit se perd dans des souvenirs douloureux.
Je ne veux pas revivre ça !

Il se lève et s’éloigne de moi pour rejoindre ses deux animaux de compagnies et sans réfléchir, je me précipite vers mon père pour m’agripper encore une fois à son bras. Pourquoi est-il parti ? Il ne veut pas de moi ? Non ! Non ! J’enfouie mon visage contre son torse et couine faiblement, tristement, « m’abandonne pas…», ma seule et unique pensé était celle-ci, peut-il m’entendre ? Mon maître le pouvait, mais lui ?

Me ramenant sur le canapé, il me regarde et sourit. Il ne peut pas être de son côté, non, pas avec cette douceur que je peux lire au fond de ses yeux, et pourtant, un doute subsiste en moi. Je sursaute et m’éloigne de lui lorsqu’il sort ses crocs.




Pris de la même terreur que pendant les excès de violences de mon maître, je me lève brusquement et tente de chercher visuellement  la meilleure porte de sortie pour fuir. Il se lève et tente de m’approcher. Ne parvenant plus à mettre mes idées en place, je me jette dans un angle de la pièce, recroquevillé, et gratte de mes ongles  le mur, comme si j’avais la possibilité de faire un trou pour m’échapper. Mes larmes perlent le long de mes joues. Je veux fuir. J’ai peur. Je ne veux pas qu’il me laisse. Il va me faire du mal. Une main se pose sur mon épaule, la sienne. Stoppant mes gestes et levant vers lui mes yeux emplis de larmes, je m’enfonce davantage contre le mur quand il s’accroupit devant moi. Il me parle d’une voix calme et posée, cependant, je n’entendais pas vraiment ce qu’il disait, trop occupé à contempler le sang couler de mes ongles. Fascination morbide que de trouver un réel intérêt à observer avec attention son propre sang.  J’approche avec hésitation mes lèvres de mes doigts, léchant le sang, puis mordille les plaies ensanglantées, m’arrachant un hoquet de douleur.

~~~

La nuit arriva bien vite et mon père m’emmena dans la chambre pour dormir, voulant rester coller à lui, même pendant mon sommeil. Assis sur un fauteuil, Je l’observais préparer le lit en me frottant les yeux, fatigué, puis me relève lorsqu’il me fait signe de venir me coucher. Sagement, je m’allonge dans le lit puis baille, posant par la suite mes mains sur son torse, lui demandant muettement de me prendre dans ses bras pour dormir. Je ne pus répondre à son « Bonne nuit ! », m’en voulant quelque peu de ne pouvoir parler. Une fois la lumière éteinte, mes yeux se ferment tous seuls dans la pénombre de la chambre, laissant le sommeil envahir mes sens, pourtant, j'ai comme la désagréable sensation que les démons de mon passé - pas si lointain que cela - m'empêcheront de me reposer.

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été seul, abandonné, sans personne à mes côtés pour me soutenir ou me guider. Dégénérescence et désespoir furent mes alliées. Passer d’enfant choyé à gamin des rues, puis strip-teaseur et finir esclave d’un monstre ne sont pas des choses pour garder un mental d’acier, simplement des obstacles pour briser. Mon ancien maître me rapprochait plus du chien que de l’homme ou même de l’être humain, me faisant subir des punitions non-méritées, douloureuses et humiliantes. Sadique et cruel, j’ai maintes fois supplié la mort de venir à moi, mais à chaque fois, mes efforts se soldés par des échecs. La mort ne me désiré pas et mon bourreau, insensible à mes supplications, il ne me restait plus que mes larmes pour faire entendre ma détresse. L’espoir de reconquérir ma liberté ne fut, bientôt, qu’un rêve sans lendemain. Poupée sans âme, marionnette de ses désirs, il m’a fait siens, emprisonnant mon corps et mon esprit pour n’appartenir qu’à lui. Cet homme m’a changé, brisé, peu à peu, doucement, lentement, mais sûrement, faisant de moi un calice obéissant, un esclave soumis, incapable de résister ou de se rebeller. Personne, personne ne pouvait comprendre ce que je vivais, ce qu’il me faisait endurer chaque jour, chaque nuit au détriment de ma santé mentale, si bien qu’aujourd’hui, je ne parviens plus à faire confiance. Tremblant aux moindres faux gestes, à l’entente d’un son inconnu ou trop fort à mes tympans, mais il est vrai que ma mort et ma renaissance jouent beaucoup sur mon comportement, me rendant plus craintif, fragile, perdu.

Sa main tenant la mienne me rassuré, me réconforté, m’apportant le soutient mentale et physique dont j’avais cruellement besoin et qui était à présent, une réelle nécessité. Elle est douce, chaude, la main d’un père, d’un véritable  père, d’un père dont j’ai toujours eu besoin et que j’ai trouvé en ce vampire. Un seul sentiment venait entacher la sérénité que je ressentais en cet instant : la peur.

La peur, sentiment destructeur s’immiscent en nous tel un serpent déposant son venin au plus profond de notre cœur, nous rendant fragile et créée une dépendance envers la première personne nous apportant un semblant de douceur. Je refuse de lâcher sa main, par peur qu’il s’éloigne de moi ou peut-être bien, qu’il l’utilise pour me frapper. Tremblotant comme une feuille, je le laisse me guider à travers sa demeure sans émettre le moindre son. Il finira par m’abandonner comme tous. Je ne veux pas. Je t’en prie, reste avec moi. Protège-moi.

-Je ne t’abandonnerai pas. Je te le promets.

Cette voix qui résonne dans ma tête, la sienne ? Un sourire fleuri sur mes lèvres quand il me prend doucement dans ses bras, j’aime cette chaleur qui monte lentement en moi. Posant mes mains sur son torse, m’agrippant à ses vêtements, je le laisse faire lorsqu’il me caresse doucement la tête, peu habituer à cette marque de tendresse. Le suivant sagement lorsqu’il me guide vers le canapé en me tenant fermement la main. Mon regard croise le sien, j’aime sa façon de me regarder. A ses côtés, je me sens vraiment bien, plus humain qu’avant, il fait ressortir l’enfant qui est en moi, l’enfant perdu, seul pendant trop longtemps, ayant besoin d’un soutien affectif. Mes yeux ne lâchent toujours pas les siens, creusant, cherchant dans son âme, qui, est vraiment cet ange qui m’a sauvé. Tu es mon père vampirique Du Hwan, c’est bien ton nom, n’est-ce-pas ? Pourtant, ce dont j’ai vraiment besoin c’est d’un père, un papa, me prenant dans ses bras, être tout simplement là pour moi. Voudrais-tu tenir ce rôle ? Je t’en supplie, ne me refuse pas contre toi, avec toi.
Mon esprit vagabonde vers des pensés peu tranquillisantes, sursautant quand il fit apparaître ses crocs.
Je me souviens….

°/°/°/

Assis sur le canapé de son appartement, je lisais tranquillement un livre, attendant patiemment et avec appréhension, le retour de mon maître, Dorian. N’ayant pas répondu à sa demande pendant sa pause déjeuner, le laissant avec son envie de sexe sans lui offrir mon corps, je me doutais qu’il me punirais lors de son retour. La porte claque, m’arrachant un sursaut. Il est rentré. Mon estomac se serre, j’ai peur. Je pose mon livre sur la table de chêne et vint l’accueillir d’un léger baisé sur ses lèvres, lui retirant son manteau et l’accrochant sur un cintre dans l’armoire de l’entrée, tout cela sans croiser son regard que je savais poser sur ma personne. Lui tournant le dos, je marchais d’un pas lent et inquiet vers le salon, le sentant se rapprocher et m’enserrer la taille, retenant mon corps contre le siens « je…mnh…dé-désolé » mordant ma lèvres inférieur presque jusqu’au sang, craignant que sa colère s’abatte sur moi, je tenter vainement de lui inspirer une once de pitié. Ses lèvres contre mon oreille, profanent des paroles glaciales, son langue sur mon cou, me faisant frissonner de terreur. Il me retourne face à lui, me tenant fermement les poignets, et…

°/°/°/

Je ne veux pas que ça recommence ! La vue de ses canines me fit perdre toute lucidité. Ai pitié de moi, ne me fait pas de mal.
Écorchant mes ongles en les grattant contre le mur, je tente de me recroqueviller à chacun de ses assauts pour m’approcher. Comme avant, mes larmes coulent, seuls témoins d’un traumatisme et non de folie.

-Calme-toi ! Tout va bien, ça va aller ! Alors sèche tes larmes !

Il approche sa main de mon visage et sèche mes yeux empli de ces gouttes salés, je renifle piteusement et baisse les yeux, soudain fortement intéressait par les gouttelettes sanglantes tombants de mes ongles. Je les lèches puis mord, un sursaut m’échappe. Ça fait mal, un peu, moins qu’avant. Me suis-je habitué à la douleur ? Ou est-ce seulement mes capacités de vampire qui me permette de ne ressentir que moyennement la douleur ? Des questions qui, pour l’instant, resteront sans réponses.

-Doucement.

Je lève mon regard affamé vers lui, j’ai soif, j’ai trop soif. Du sang. J’en veux, j’en veux maintenant ! A mesure que les secondes s’écoulaient, ma soif s’éveillait, mon désir de sang se faisait plus pressent, plus réel, plus omniprésent, si bien que je finis par ne plus penser qu’à une seule et unique chose : boire ce liquide vitale. Une odeur attire mon attention, du sang coule, levant mon regard, je remarquais une légère entaille sur le cou de mon père.

-Tiens ! Bois ! N’aie pas peur je ne te ferai aucun mal. Alors vas-y bois ! Tu as soif, non ?

La même voix qui résonne dans ma tête, et pour la première fois depuis notre rencontre, je lui rendis son sourire, bien qu’il soit plus timide, cela restais mon premier sourire depuis longtemps. Léchant mes lèvres avec envies, je me redresse et m’approche instinctivement de lui, passant lentement mes bras autour de sa nuque et bois à même son cou, le liquide vitale qui coulent dans ses veines. Mes papilles s'éveilles, ce goût est exquis. Jamais je ne me serais attendu à cela. Un liquide à la hauteur, que dis-je, bien meilleur, que les plus grands crus de France. Ronronnant, faisant vibrer ma cage thoracique, imitant à merveille le bruit d’un chaton heureux, je profitais de ce moment unique.

~~~

Je n’aime pas la nuit, je n’aime pas dormir. Il est vrai que dormir est important pour se ressourcer, mais mon sommeil est une proie facile pour les cauchemars. Acceptant néanmoins d’aller au lit, je pus fermer les yeux après qu’il est répondu positivement à ma demande, me prenant alors dans ses bras protecteurs. Baillant, je m’endormis assez rapidement.

-Tu en veux encore ?
Cessant de boire sans lâcher sa gorge bien évidemment –un bon moyen pour qu’il ne se relève pas- je tournais légèrement mon regard vers lui et hocha  la tête. Affamé, je ne prêtais plus attention à mon père et continue de boire goulûment, laissant sans m’en rendre compte du sang glisser sur mon menton. J’en voulais encore. Encore plus. Beaucoup plus. Grognant de mécontentement car le sang ne coulais pas assez vite dans ma gorge, je plantais plus profondément mes canines dans la plaie déjà bien ouverte, m’accrochant à lui, refusant qu’il éloigne sa gorge de mes lèvres, je voulais encore de ce liquide divin. Mon esprit s’éteignait petit à petit, je ne réfléchissais plus, la bête en moi prenait complètement le dessus sur ma raison, si bien que je ne me rendais pas compte que le sang que j’aspirais provenait d’une personne vivante et encore moins que la dite personne se trouve être mon père.


~~~


-Réveille-toi ! Calme-toi ! Chut !

Une voix. Une voix presqu’inaudible mais bien présente me fait réagir. Serais-je en train de rêver ? Le monstre s’approche de mon visage, ricanant « Non, tu ne rêve pas…ou peut être que si. C’est un souvenir mon petit, un souvenir » mes larmes coulaient davantage, je tentais désespérément de me débattre, m’enfuir, trouver cette voix, la rejoindre « mais cette voix, c’est toi, c’est la tienne » Je tournais mon regard vers lui, sans comprendre ses paroles « C’est toi qui parles, c’est toi qui supplie à toi-même de te réveiller » Je tremblé et fermé les yeux. Son corps s’approché de moi, son visage n’était plus qu’à quelques centimètres du miens « réveille-toi ! Calme-toi ! Chut ! » Mes yeux s’ouvrent dans un sursaut, le monstre se redresse « c’est toi le monstre voyons » Son apparence changea, il devint moi « Tu comprends maintenant ? Le monstre à toujours était toi. »  

-Calme-toi ! Je suis là. Tout va bien. Tu n’as rien à craindre, je suis là. Chut. Doucement.

Il sourit et se lécha les lèvres « tu espère encore ? » Tournant la tête sur le côté pour ne pas voir son visage, mon visage, je ne pouvais plus continuer à voir ça, je t’en supplie Dorian…Dorian arrête !

«Dorian…arrête ! » Je gesticulais, repoussant les bras qui m’enserraient, croyant, en prise avec mon cauchemars, qu’il s’agissait de Dorian, mon maître.

Sa main caressa ma joue humide de larmes, pourquoi devais-je subir tout cela ? Je ne pouvais plus distinguer la réalité de l’illusion. Est-ce vraiment réel ?

Mes yeux s’ouvrent dans un crie de pur terreur, je veux fuir, partir loin d’ici, loin des bras de ce monstre « Lâche-moi ! Pitié, lâche-moi Dorian ! » J’hurlais, je criais, me débattant de toutes mes forces contre cet étau qui m'emprisonné le corps, même si, au fond, je me savais trop faible pour lutter.

Encore. J’en voulais encore plus, bien trop, malheureusement. Lorsque la bête apparu en moi au contact de ce liquide pourpre, mon humanité ne répondait plus, se taisant lentement, mais sûrement. M’agrippant à lui tel un naufragé n’ayant pas mangé depuis des semaines, je buvais à même son cou sans me rendre compte que peu, à peu, j’allais finir par le vider entièrement. Néanmoins, dans un élan d’instinct de survie, je sentie ses doigts retirer mes canines de sa chaire, me faisant tomber à terre. Il réussit à se dégager sans grande peine de ma poigne ridicule comparait à la sienne.

-Stop ! Ça suffit maintenant ! Je crois que tu as assez bu.

Il n’allait pas bien. Je sentais que ma soif est allé trop loin, beaucoup trop loin. Lorsqu’il s’installa dans le canapé, avec une respiration hachée.  N’osant plus le regarder, je détournais mon regard et m’essuya la bouche d’où coulé une bonne quantité de sang. Levant discrètement mes yeux pour le regarder, je me redresse et m’approche doucement, craintivement, de mon protecteur, espérant muettement qu’il ne me repousserait pas. M’asseyant à califourchon sur ses genoux, je me colle entre ses bras, cherchant par cette étreinte à me faire pardonner.

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Il était fort, trop fort pour moi, je ne parviendrais jamais à le repousser, mais, avec un semblant d’espoir et de folie, je tentais le tout pour le tout et utilisais toutes mes forces pour le repousser. « Non ! Non ! Non ! Je veux pas ! Je veux pas ! », Hurlais-je, toujours en prise avec  mes peurs nocturnes. Je préféré mourir plutôt que de continuer à survivre comme cela…

-Je suis là. C’est fini. C’était un cauchemar. N’aie pas peur, il ne t’arrivera rien. Je ne suis pas Dorian, d’accord ? Moi c’est Du Hwan et je suis ton papa !... Concentre-toi sur cette douce chaleur.

L’illusion commençait à se dissiper, bien que la douleur paraisse toujours autant réelle. L’homme qui me terrifié, observer mon corps avec un désir non-dissimulé et, cette vision, se transforma lentement, laissant place à tout autre chose. Une chambre plongée dans le noir, des bras chaud et rassurants m’enserrer. Levant craintivement mes yeux sur cette personne, je remarquais de l’inquiétude au fond de son regard, tandis que le mien était encore emplie d’une peur que je ne pouvais contrôler « P…pa…papa…? C’est fini, vraiment…fini ? », Murmurais-je avec appréhension, comme si, je craignais que ses paroles ne soient que mensonges pour m’extirper de mon sommeil agité. « Pourtant…pourtant, il était là. Il était là, je l’ai vu…je l’ai vu…», hoquetais-je paniqué, les larmes dévalant mes joues, encore et toujours…

Recroquevillé au creux de ses bras, je n’osais pas bouger, pas parler, ni même émettre le moindre son. Trop effrayé par ce que j’avais vu lors de cette vision du passé, mes pensées s’en retrouvaient décalées, embrouillées. Mes larmes coulent tel un torrent infini sans pouvoir se stopper, rendant mes yeux irrités, je ne sais quoi faire pour les arrêter. J’ai si mal, si mal, si peur. La douleur m’envahit. Elle m’envahit comme autant d’aiguilles traversant ma peau et perforant mes organes. Pitié, que tout s’arrête. Je donnerais tout pour que tout redevienne comme dans ma lointaine vie, lorsque tout était normal, sans prises de têtes, sans douleurs, sans larmes, sans vampires.

Vampire. Ma nouvelle condition. D’esclave de sang et corps, je suis devenu ce que je détestais par-dessus tout le reste, par-dessus mon ancien maître. Par tous les dieux, pourquoi ne puis-je pas trouver le repos même dans la mort, moi qui souhaiterais tant partir, m’effacer de ce monde à jamais. Et lui, cet homme qui m’a sauvé. Mon père. Papa. Du Hwan ? Oui. Pourquoi est-il si gentil, nee ? Pourquoi, je ne comprends pas mais il est un vampire, il est dangereux, non ? Il va me vouloir, il va vouloir mon corps, mais il m’a aidé. Se pourrait-il qu’il soit un gentil vampire ? Se pourrait-t-il que sa douceur ne soit pas feinte mais réelle ? Ses mots me paraissent si doux que je relève mon regard vers lui, voir ses yeux et la manière presque paternelle qu’il a de me voir. Papa ? Mes larmes roulent sur mes joues, ma peur toujours profondément ancrée en moi, pourtant, alors que mes lèvres tremblent, je tente de lui sourire pour lui prouver ma gratitude « Merci…» Simple murmure à peine audible mais je sais qu’il m’entendra et, doucement, je frotte mes yeux rougies par les pleurs, reniflant piteusement « Moui, je veux pas rester dans le noir……je ve….je veux…une petite lumière…..s’il...s-il-te-pl…plait…»

Collant ma tête contre son torse, mes mains agrippant instinctivement son t-shirt, maîtrisant comme je le pouvais mes pleurs pourtant, difficilement contrôlable. J’hésite un instant avant de vouloir me confier à lui, puis dans une prise de respiration, je me lance enfin, pourtant intimidé par la force qui émané de lui « Maman…maman disais souvent qu’il fallait pas parler aux inconnus. Elle disait… » Un sanglot m’échappe, toujours le même effet lorsque je parlais de ma défunte mère « Elle disait qu’il fallait travailler pour avoir une vie stable, qu’il fallait rester du bon côté du chemin, puis elle est morte. Elle est morte et après, j’ai pas fait comme il fallait. Je bossais dans un endroit louche et il est arrivé un soir… » Ma gorge se serre, mes larmes redoubles « Il…..Il avait l’air normal et je me suis pas méfié. Il était gentil avec moi, différent des autres clients et…une relation amical a débuté mais…..mais...mais » Une crise de larme vint m’enserrer, secouant mon corps de spasmes « Il…il…. » Un cri de rage sort de l’antre de mes lèvres, mélangé avec le goût salé de mes larmes «Je le DETESTE ! Je vais l’CREVER ce SALOP ! » Et c’est sans un mot de plus que je m’effondre en sanglots violents et incontrôlables contre le torse de celui que je nomme à présent « papa ».