Promise ... or blood ?

Je ne prends pas la peine d'écouter ce que peux bien dire Kwang et saisis la main de mon petit ami dans le mienne pour l'entraîner ailleurs.
J'imagine déjà ses pensés … Sauf que contrairement à ce qu'il peut se dire, cette fois, je n'ai rien provoqué. Ce duel n'est pas le fruit de mes actions, mais bel et bien une agression de la part de mon adversaire. Je me suis contenté de riposter, ce qui en soit est assez normal. Cependant, ça, il ne le sait pas. Tout ce qu'il a vu se résume à ma riposte suivit de ma pitoyable défaite.
A bien y penser, son intervention s'est montrée assez utile, car sans lui, je n'imagine même pas l'état dans lequel je serai en ce moment même.
Silencieux, je le guide à travers les rues mal éclairées de la ville, espérant que l'autre sangsue ne nous suive pas. Mon corps entier souffre, des courbatures apparaissent sur chacune de mes articulations tandis que le sang au bord de ma lèvre commence à peine à sécher. Je serre légèrement sa main dans la mienne, craignant une énième dispute où mon caractère provoquant et mon régime serait encore au cœur de la conversation.
Cette fois-ci, la discussion est inévitable, j'ai moi aussi quelques questions à lui poser. Tout d'abord, j'ai besoin qu'il m'éclaire quant à ses échanges avec Kwang Oh. Quels sont tous ces sous entendu ? Pourquoi acceptait-il si facilement de me laisser s'il avait tant peur que je m'approche de son calice ? A quoi tient leur lien ? Je ne comprends pas … J'ai beau chercher, mais aucune réponse logique et rassurante ne m’apparaît.
Dans un silence de mort, je l'entraîne jusqu'à mon piteux studio. Cela me rappelle alors que j'étais censé lui annoncer la nouvelle, mais tant pis, se sera pour une autre fois, je n'ai pas vraiment la tête à ça. Derrière son passage, je referme la porte en la claquant malgré moi, mes nerfs sont à fleur de peau, et je n'ai pas su contrôler ce geste absurde. Je me tourne alors vers lui pour enfin poser la question qui me brûle les lèvres depuis que nous sommes partis.

- C'est quoi cette histoire ? Depuis quand tu traînes avec lui ?

Je veux comprendre leur conversation, savoir pourquoi l'être de la nuit avait abandonné le combat si facilement, sous simple demande de son cadet. Ils semblent avoir une certaine complicité que je ne parviens pas à cerner, et cela a le don de m'agacer. Je pensais connaître Sei Wong, du moins sa vie présente, mais ça n'est apparemment pas le cas, ce qui me déçoit quelque peu.
Le regard planté dans le sien, j'attends sa réponse avec impatience. J'ai encore du mal à tenir debout, je me sens pris de léger soubresauts, mes forces m'abandonnent, mais qu'importe, j'ai besoin d'obtenir une réponse…

Jin saisit ma main et commence à m'emmener dans les ruelles, m'éloignant par la même occasion de Kwang. Je n'ai pas eu le temps d'approfondir avec ce dernier, mais j'aurais sûrement une occasion de le faire une autre fois.
Mon intervention a du soulever pas mal de question.... Aucun des deux ne sont au courant de la relation que j’entretiens avec l'autre.
A vrai dire, c'est un peu délicat quand on y pense... Vis à vis de Kwang, même si je sais que l'annonce de ma relation avec Jin sera loin de lui plaire, si je lui explique ça ira. Et puis même si ça ne lui plaît pas, tant pis... Mais de toute façon il ne m'a jamais interdis de faire quoi que ce soit. Et puis, même si je n'ai jamais pensé à avoir un ou une partenaire depuis ma vampirisation, mon choix s'est fait tout seul, et il est tombé sur Jin...
Mais vis à vis de Jin... ? Depuis quelque temps, notre relation est devenu... beaucoup plus intime... Depuis cette nuit ou je l'ai embrassé, il y'a eu beaucoup d'autres soirs que j'ai passé entre ses bras. Et entre ses lèvres...  Et même si il se montre toujours doux et tendre avec moi, je n'en connais pas moins son caractère assez marqué, et que l'attachement peut faire devenir impulsif. Je sais que l'annonce de ma relation avec Kwang lui déplaira énormément, qu'il aura du mal à comprendre... Son animosité vis à vis de celui que je considère comme mon grand frère est trop forte pour qu'il accepte ça facilement...


Nous finissons par arriver à l'endroit qui lui sert de logement, et que je n'apprécie pas tellement... Son studio est plutôt éloigné du style du loft coquet dans lequel je vis avec MinHun. Mais comme il s'agit de lui, je n'y porte pas tellement attention.
A peine suis je entré qu'il claque brusquement la porte, annonçant d'or et déjà que la conversation va être plutôt virulent... Il est évident que je vais devoir mettre au claire son histoire de promesse... Nous en avons déjà parlé, mais cela ne m'a jamais paru aussi important que maintenant... Après tout je viens quand même de le voir se faire blesser sérieusement, et je ne peux pas supporter ça... !
Seulement, c'est lui qui entame la conversation en premier, la faisant se reporter sur quelque chose d'autre que ce de quoi j'aurais aimé parler...
Son ton, déjà énervé ainsi que la question qui tombe, m'arrache une légère mimique déplus. Mais je réfléchis rapidement et essaye de me montrer d'abord doux avec lui. Il est vrai que sur ce sujet, c'est lui qui a ses raisons d'être contrarié, mais je ne peux rien y changer. J'ai connu Kwang avant lui...


Je l'observe un petit instant, soutenant son regard. Il n'a pas l'air très en point... Ça me blesse de le voir ainsi... Avant de lui répondre, je m'approche et pose doucement mes mains sur ses bras avant de le faire reculer afin qu'il s'assoit sur le canapé. Je me place ensuite à genoux en face de lui, gardant mon regard sur le sien. Je ne me sens aucunement coupable de ne pas lui avoir parlé de ça. Après tout, comment voulait t-il que je lui en parle ? « Tient, ce vampire que tu hais tant, c'est mon frère » ?


« - Ne sois pas comme ça... Cette histoire comme tu dis, remonte à plus longtemps que nous. J'ai commencé à « traîner » avec Kwang peu après ma transformation. Je sais que tu le détestes, alors comment voulais tu que je te l'annonce ?
Il est comme un frère pour moi. C'est la première personne à m'avoir tendu la main lorsque j'ai commencé cette « nouvelle vie ». Il m'a enseigné les bases de ce qu'un vampire comme moi doit, savoir puisque mon créateur ne l'a pas fait. Je tiens beaucoup à lui,  alors essaye de ne plus te battre avec lui... »


A cette dernière phrase, je passe mon pouce sur sa lèvres ensanglantée, peiné de le voir ainsi. Je ne veux qu'il se batte avec personne... Je connais sa faiblesse du à cette stupide promesse, et je ne veux pas que qu'on lui fasse du mal....

Sachant qu'il ne veut que m'aider, je le laisse me pousser avec douceur sur ce qui me sert de canapé, gardant mon regard planté dans le sien. J.e l'observe s'agenouiller devant moi, impassible.
A l'intérieur, je craque complètement, je le trouve absolument adorable de s'occuper ainsi de moi alors que je viens de lui parler si mal, et qui plus est en claquant la porte ...
Mais à l'extérieur, je maintiens ce visage froid et sévère. Pas seulement vis à vis de sa relation avec Kwang Oh, mais quant à la conversation qui va suivre. Nous l'avons déjà eut, et je n'ai toujours pas changé d'avis. Quoi que ces derniers temps, je commence sérieusement à réfléchir à un moyen d'allier les deux opposants. Ma promesse, ou le sang ... Mais passons, le problème n'est pas encore posé.

J'écoute attentivement ses paroles et les emmagazine. Je comprends ses motivations et regrette un peu tout ce que j'ai pu dire de Kwang devant lui ... C'est vrai que je ne suis pas le mieux placé pour parler. N'ayant reçu aucune éducation vampirique de quiconque, je ne peux me permettre de lui enseigner, d'autant plus que j'essaie de ne pas avoir le comportement d'un suceur de sang.
Et puis il faut l'avouer, l'animosité que j'entretiens avec le vampire de level 2 n'est pas vraiment justifiée ... Enfin si, indirectement ... C'est de sa faute si Min Hun se retrouve en si mauvais état, et je ne supporte tout simplement pas de voir mon meilleur ami ainsi blessé. De son côté, lui croit que je suis intéressé par son calice, dans le sens amoureux du terme ... Ce qui prouve d'ailleurs qu'il n'est pas au courant pour Sei et moi. Au moins un point que nous avons en commun, l'un ne connait pas le lien de l'autre avec le jeune vampire.

"Essaye de ne plus te battre avec lui." Je n'ai rien demandé, moi. C'est lui qui m'a littéralement sauté dessus pour que je n'approche plus l'un des deux seuls humains à qui je tiens.

Je l'observe glisser son pousse sur ma lèvre, puis prends une légère inspiration pour ne pas lui rétorquer sur le ton de la colère.

- C'est lui à lui que tu devrai dire ça ... Ce n'est pas moi qui l'ai provoqué.

Doucement, je porte une main à son visage et caresse tendrement sa joue, mon regard s'adoucissant enfin.

- Je suis désolé pour tout ça, bébé, je ne savais pas ... Mais j'ai des raisons pour ne pas l'aimer, et tant qu'il ne changera pas certaines choses je ne pourrai pas faire autrement ... Je veux bien essayer de ne plus me battre contre lui, mais les efforts vont dans les deux sens.

Et voilà... La conversation ne va pas tarder à dériver sur ce sujet... Ce foutu régime que je hais tant... Je déteste vraiment cette promesse qu'il a fait et qui lui fait tant de mal. Un vampire doit se nourrir de sang humain, il n'y a pas d'autre alternative, c'est comme ça que nous avons été crée ! Je sais que nous en avons déjà parlé plusieurs fois, mais pas de façon vraiment sérieuse. Du moins je lui ai laissé entendre mon avis, mais sans réellement insister. Peut être que je devrais... Surtout avec ce qui vient de se passer... Même si c'est Kwang qui a commencé en premier, le fait qu'il ait été blessé vient également du fait que le manque de sang humain le rend plus faible...


Sans donner réponse à ses explications, je me lève et rejoins la salle de bain, juste à deux pas dans ce minuscule appartement et y saisit un gant propre que j'humidifie. Mentalement, je prépare déjà les divers arguments qui pourraient m'être utile étant donné que je pourrais les oublier si je m'emporte.
Je reviens ensuite auprès de lui, moins d'une minute plus tard et entreprends de passer le gant humide sur sa lèvres blessées et essuie le sang sec qui gâche son beau visage. C'est pareil pour ça, si il ne suivait pas cette restriction de sang humain, cette plaie aurait déjà commencé à se refermer...
Je continus de passer le gant sur son visage, afin d'enlever toute trace de terre ou de sang, effectuant des gestes lents et doux. Une fois cette tâche terminée, je repose ce qui m'a servit à nettoyer son visage sur la table basse, mais reste ainsi debout devant lui, ne bougeant pas.
Le voir ainsi me fait réellement de la peine... Même si ce n'est pas sa faute, je me retrouve tout de même dans une situation compliqué entre hyung et lui. Je ne peux trahir ni l'un ni l'autre.
Mais il faudra tout de même que je précise à Kwang qu'il ne faut pas toucher à mon petit ami... Mais si ce n'est pas Kwang, ce sera un autre... Nous vivons dans un monde particulièrement dangereux...


Je prend doucement son menton entre mes doigts afin de lui faire relever la tête afin de poser mon regard sur le sien, une mine sérieuse et sans doute un peu attristé en guise d'expression.
« Je ne suis pas sur que tu comprennes... Tu ne peux pas vivre comme ça... Ça t'affaiblit, et pourtant tu ne devrais pas être quelqu'un de faible. Si tu te nourrissais de sang humain, tu serais sans doute un vampire respectable et craint. Je sais que ce n'est pas ça qui t’intéresse, mais au moins tu ne serais pas blessé, que ce soit par Kwang ou un autre... Nous avons été crée ainsi, c'est notre nature, tu ne peux pas la changer. Et je ne veux pas que tu sois blessé, c'est quelque chose qui me fait vraiment de la peine... »

 

404 ERROR NOT FOUND

Pas une seconde il ne prend le temps de remettre en question son choix. Ce n'est pas un décision que l'on prend à la légère sous simple raison d'un promesse. En temps normal je finis par entendre que, malgré tout, c'est sa promesse et qu'il y tient, puis j' »vite d'y repenser pour ne pas m’inquiéter. Mais ce soir là, les choses sont différentes... Il lui ait arrivé quelque chose... ! Et ça me pousse à reconsidérer mon avis. Bien que j'ai toujours été contre, je suis bien décidé ce soir à lui laisser entendre mes arguments cette fois ci, qu'il en ait l'envie ou non.
D'ailleurs, je n’apprécie pas spécialement sa manière lassée de me répondre étant donné que moi, au moins je prend sa santé à cœur.


Je l'observe se lever et garde les yeux sur lui, restant sur place. Quoi qu'il en pense, il va bien falloir qu'on en parle cette fois, maintenant que la situation a mal tourné... Qu'il fasse au moins preuve de remise en question plutôt que se montrer indifférent alors que KwangHo vient de lui coller une raclée plutôt sévère. Que j'en parle à mon hyung ou non, il y'a d'autres risques dans cette ville infestée de vampire... Ici un vampire qui refuse d'accepter sa condition au point d'y laisser ses forces n'a pas sa place...
Quant à moi, je refuse simplement qu'il se fasse du mal pour un régime que je juge complètement anormal.
Je l'observe un moment, qui me tourne le dos, toujours peiné de le voir dans cet état, mais également en colère contre tout... Contre lui qui refuse de voir à quel point ce régime est une abération, cette situation qui le blesse, ses proches l'encouragent à continuer...  Mais qui sont t-ils pour juger de ce qui est bien pour lui ? Ils ne peuvent comprendre, eux qui sont resté à un statut humain. Mais moi qui suis, il me semble, son seul proche vampire, je me rend compte de ce que cela peut engendrer. Ce n'est pas comme si c'était facile et qu'il s'agissait d'une petite privation  que l'on félicite. Tous ces efforts mit en œuvre pour le rendre végétarien ne continuent qu'à la création d'une bombe à retardement. Et puis... On ne connaît pas les officiellement les effets d'une tel privation chez des êtres suceurs de sang par nature, comme nous... Les vampires végétariens sont trop peu nombreux et insignifiant pour que quelqu'un se préoccupe de leur sort...
Il est hors de question que je laisse un malheur arriver à l'homme que j'aime pour faire le « plaisir » de quelques personnes qui ne connaissent rien de la condition de vampire.


Toutes ces pensées ne servent qu'à me convaincre encore plus, et me mettent en colère. Une colère régit par le besoin de faire valoir mes arguments, mais aussi par la peur...
« Tu pourrais au moins te remettre en question de temps en temps ! Suis je réellement le seul à m’inquiéter pour toi ? Pourquoi suis tu stupidement l'avis de personne qui ne peuvent te comprendre ? Comment peuvent t-elles prétendre connaître la condition de vampire ? Toi même on dirait que tu ne la comprends pas. Ce n'est pas une simple promesse pour faire plaisir, il s'agit de ta vie ! Ne comprends tu pas que tu n'y gagnes aucun avantage ? Tu t'affaiblis, tu te fais souffrir, tu te rends toi même dangereux vis  vis de humains et... et tu me rends inquiet... » j'ajoute ce dernier argument à voix basse, incertain de sa variabilité dans cette conversation, mais qui pourtant est réellement présent  en moi...

J'écoute ses arguments les poings serrés, la colère montant peu à peu en moi. Je sais très bien ce qu'il pense de mon régime, et je dois avouer que ces derniers temps, je n'en pense pas moins ... J'ai de plus en plus de mal à me contrôler, ça devient compliqué de garder cette promesse, pourtant, je ne peux me permettre de la briser.

" Je suis désolé de te rendre si inquiet, mais .. il n'y a pas de quoi t'en faire pour ça ... "

En réalité, si. Il est vrai que c'est dangereux, pour moi comme pour les autres, mais si je me range à son avis, il est évident que je ne pourrai pas garder ma promesse.

" Je savais très bien à quoi m'attendre en devenant végétarien, j'ai accepté ces conditions et ces risques, fin de l'histoire. J'en assume les conséquences. Et si je suis stupidement l'avis de ces personnes, comme tu dis, c'est que j'ai bien trop fait souffrir l'une d'entre elle pour la décevoir à nouveau ! Certes, ce régime me fait du mal ... mais ça ne me fera jamais aussi mal que de me souvenir de ce que j'ai vu, fait et engendré ... "

M'étant légèrement énervé dans mon discours, je sens mes nerfs céder peu à peu tandis que la douleur qui me lacère le corps se fait de plus en plus importante, si bien que je finis par me laisser glisser sur le sol. En plus des maux que me causent les coups précédemment reçus, je dois à présent endurer un affreux mal de tête provoqué par toutes ces idées qui fusent dans ma tête.

Je sais qu'il n'a pas tord, que je devrais cesser de me nourrir de cette viande sans goût et sans valeur et enfin accepter de boire du sang humain, mais ce ne serait pas loyale envers ma soeur. Je sais que Huney pourrait comprendre, si je lui explique, mais ma soeur ... Je lui ai apporté assez d'ennuie comme ça, elle me détesterait sans doute si je changeai de régime. Aucune justification ne serait suffisante. Elle mène une véritable guerre contre les vampires, je dois être l'un des rares qu'elle ne veut pas tuer, alors je préfère ne pas lui donner de raisons, mais surtout, ne pas la décevoir une fois de plus .. .

" On en a déjà parlé de toute façon, tu sais très bien ce que j'en pense. C'est pas le moment."

Mon ton se fait froid, mais je suis lassé de cette éternelle conversation sans conclusion. Je n'ai aucune envie de parler de ça, ni même de présenter mes arguments qu'il connaît déjà par coeur, bien qu'il ne connaisse pas exactement toute l'histoire ... Mais qu'il la sache ou non, ça ne changerait rien, ça ne serait pas valable à ses yeux, et je le comprends.
Il est vrai que parfois, j'aimerai revenir en arrière ... Mais dans cette optique, je ne referai pas la même erreur, et je ne deviendrai pas un de ces foutus buveurs de sang. Quoi que sans cela, je n'aurai jamais rencontré Sei ... C'est tellement contradictoire !

Je soupire, constatant que tout ce que je viens de lui dire est entré par une oreille et est déjà ressorti par l'autre.
Il ne veut rien entendre et refuse de se remettre un peu en question, encore une fois ! Pourtant, j'ai usé d'un nombre impressionnant d'argument déjà.
Ce qui est le plus drôle dans l'histoire, c'est qu'il refuse de m'écouter moi. Moi, la seule personne mais également la plus apte à comprendre sa situation ainsi que  les dangers dans lesquels elle le met.
Je suis, il me semble son seul proche vampire. Il n'y a que moi qui puisse lui dire qu'un vampire ne peut se nourrir de viande, qu'un vampire en abstention peu devenir une machine à tuer, une bombe à retardement...
Le pire dans tout ça, c'est que personne ne connaît les effets que peut avoir un tel régime. Un humain ne se nourrissant que de salade aurait vite fait de sombrer dans la maladie et la faiblesse.
Moi même, j'ai déjà essayé de goûter à ce genre de consommation en temps que vampire, et ce que je peux dire, c'est que ça ne m'a ni plus, ni nourri.  
Une colère sourde monte peu à peu en moi suite à ses paroles qui sont elles aussi énervés. Il me répond clairement qu'il ne veut pas m'entendre. J'aimerai tout simplement qu'il accepte de m'écouter plutôt que de se braquer sur sa promesse des que nous abordons ce sujet. Et puis, on en a peut être déjà parlé, mais à chaque fois il n'a rien voulu entendre, justifiant chacun de mes arguments par sa promesse et le déshonneur qu'il causerait à sa sœur. Jusqu'ici je ne me suis pourtant jamais énervé, et je n'aurais sûrement jamais autant insisté si en plus de faire ce régime, il ne se mettait pas en danger. Mais maintenant, cette histoire avec Kwang m'a finalement fait réagir et je tiens réellement à faire entendre et comprendre mes arguments. Si il pense que la situation a déjà dérivé entre nous à cause de ce sujet, et bien il n'a rien vu...


Tendu comme un i, je ne bouge pas d'un pouce, essayant ainsi de contenir ma colère. Pour couronner le tout, la patience n'est pas l'un de mes atouts, même au cours de mes chasses elle finit toujours par faire défaillance... Il y'a toujours cette partie destructrice chez moi, que Jin ne connaît pas et qui me rend un peu trop nerveux lorsque la tension commence à monter. Au risque de m'énerver, j'essaie de me contenir, mais mon ton brusque et colérique trahit ma déficience.
« Tu ne veux jamais rien entendre de toute façon ! Ce n'est jamais le moment ! Tu justifies tout par cette promesse ! Mais ce n'est jamais valable ! Qui es ta sœur pour juger de ce qui est bon pour toi ? Tu ne la vois presque jamais ! Alors pourquoi cette promesse alors qu'elle ne semble elle même, même pas s'en préoccuper ! Je suis le seul vampire que tu côtoies à pouvoir te donner des conseils valables et utiles ! Et qui plus est, le seul à m’inquiéter pour toi ! Tu ne sais même pas ce que peut causer ce régime chez toi ! Si ça se trouve il te détruit plus qu'autre chose ! Je n'arrive pas à croire que tu ne t'en remettes pas à moi !  
Quoi que tu es fait, ça n'a plus d'importance maintenant ! Le passé reste le passé, ce qui pose problème c'est le présent ! Si c'est sois disant pour être moins dangereux, sache que tu es encore plus inconstant que moi ! Maintenant tu es un vampire, et tu dois assumer cette condition ! Il n'y a pas d'autre possibilités !Si tu en es la, tu ne peux t'en prendre qu'à toi même ! »


Je me rend compte que le volume n'a fait qu'augmenter au fur et à mesure que je déballais ces arguments tous aussi valable les un que les autres, finissant même par crier.
Je sais que c'est mauvais pour moi de me mettre en colère car c'est dans ces moments la que je deviens incontrôlable... Pourtant c'est quelque chose que je ne contrôle pas, et actuellement je ne peux pas l'empêcher de monter...

Il ne bouge pas, reste stoïque, s'en est presque inquiétant. Puis tout à coup, comme j'aurai pu le redouter, il explose. Le ton monte, il cri, il m'en veut, me reproche mon régime et mes actions. Je sais qu'il a raison, mais je ne veux pas l'entendre. Je ne veux connaître ses foutus arguments, je veux qu'il me fiche la paix ! Qu'il me laisse être faible et vulnérable, mais végétarien ! Enfin, non ... Aish, je ne sais même plus ce que je veux ! Je veux ... Je veux qu'il me laisse seul. Je n'ai pas envie de me disputer avec lui, pourtant la colère qui monte m'indique clairement que je vais à mon tour exploser d'ici peu ....

Toujours à terre, je rétorque à mon tour. "Bien sur que ce n'est jamais le moment ! Tu crois qu'il y a un moment où j'aimerai me disputer avec toi ?! Et tu sais très bien que cette promesse représente tout pour moi ! Si tu veux savoir, j'ai fais l'erreur de m'enfuir de chez moi lorsque j'étais encore humain, et je me suis réveillé dans ce putain de corps sans vie. J'avais tellement peur de la réaction de ma soeur que j'ai fuis, jusqu'à ce qu'elle me voit entrain de me nourrir. Je l'ai abandonné à notre idiot de peur, avant qu'il ne meurt à son tour ! Cette promesse que je lui ai faite était ma seule façon de la protéger ! Alors non, je ne la romprai pas ! Tu crois que je ne sais pas le danger que je représente ? Tu crois que je ne sens pas mon coeur palpiter à l'odeur du sang de chaque passant que je croise ? Combien de fois rien que cette semaine me suis-je défendu de planter mes crocs dans leur cou si pâle, si désirable ... Mais voilà, je ne peux pas !
M'en prendre qu'à moi-même ? Je fais nuit et jour, m'en prendre à moi même ! Je regrette chaque seconde qui passe de m'être ainsi enfuie, d'avoir donné l'occasion à cette promesse de voir le jour ! Mais qu'est ce que tu veux que j'y fasse ?! Je ne peux pas revenir en arrière, c'est impossible ! Laisse moi être un danger pour moi-même et ne t'occupe pas de moi ! Tu as autres choses à penser. "

Le ton est pour moi aussi monté, jusqu'à crier, laissant ainsi sortir ma colère. Serrant fortement les poings, je n'ai pas encore pris la peine de me relever. Il faut dire que mon corps me lance un peu trop. Une vive douleur m'enlace toujours, bien qu'elle s'apaise peu à peu.
Soupirant longuement, je finis tout de même par me relever, me tenant au mur derrière moi. Je plante alors mon regard dans le sien, les sourcils froncés, un regard dur sur le visage. Je ne compte pas me plier à son avis, pas cette fois-ci, je ne me déroberai pas.

"Je ne changerai pas Sei Wong. Je resterai végétarien. Certes, je ferai mon possible pour devenir plus fort, mais tu ne me convaincras pas de renoncer à mon régime."

Mon ton est sans appel, tout comme ma décision.

A l'entente de ses paroles, je fais un pas nerveux en sa direction, serrant un peu plus les poings pour me contenir. Il faut que je reste calme... Enfin « calme », ça s'est d’ors et déjà raté... Mais il ne faut pas que j'esquive de gestes brusques envers lui... Sinon je le regretterai, pourtant j'ai du mal à me rester immobile à l'entente de ses paroles.
Mais ses sois disant regrets sont trop vexant... J'ai moi même choisi de devenir vampire, alors je n'apprécie pas toujours que l'on déprécie cette race ou que l'on fasse passer pour la pire au monde. Chaque individus répond encore à sa raison personnelle... Et chaque vampire n'est pas forcément comme moi...
Et puis regretter sa transformation, revient à regretter sa vie et donc moi...
De plus, je commence à en avoir marre qu'il sacrifie tout pour elle, si l'on peut dire, alors que je suis pourtant, beaucoup plus présent qu'elle ! J'ai d'ailleurs sincèrement l'impression d'être le seul à m’inquiéter de lui...
Énervé sous le coup de ces réflexions, je fais encore un pas, les poings tellement crispés que mes jointures en blanchissent et que mes ongles entrent dans ma peau, sans que je ne ressente cependant la moindre douleur, trop focalisé sur la « conversation ».
Après un instant silencieux, à me concentrer pour ne pas éclater, je finis par rétorquer d'un ton encore au-dessus du sien, lassé qu'il se refuse à entendre la raison logique de ce « débat ».

«  Ta sœur, ta sœur ! Pourquoi ferais tu autant des efforts pour elle et pas pour moi ?! Au lieu de te morfondre essaies d'agir un peu ! Tu ne sais même pas ou elle est, alors que cherches tu à protéger ? Tu dis vouloir protéger mais tu sais toi même que tu es dangereux ! Tes réflexions sont contradictoire ! J'ai peur pour toi ! Est ce que tu peux comprendre deux minutes ? J'ai peur que ce régime te fasse du mal, putain ! Que l'on puisse s'en prendre à toi !
Et puis tu dis que tu regrettes tant ta transformation , mais laisse moi te rappeler que tu ne m'aurais sans doute jamais rencontré si tu n'avais pas été un vampire ! »

Lorsque j'achève ma dernière phrase, je ne me suis même pas rendu compte que des larmes ensanglantés me sont montés aux yeux tout au long de ma réplique.
C'est sûrement le fait qu’il sous-entende regretter qui me blesse, ainsi que mon inquiétude bien réelle quant à son état. Peut être qu'il ne le voit pas comme ça, cependant moi, c'est ainsi que je l'entends...

Il laisse un blanc, un moment de silence, et je sais que ce n'est pas bon signe. Mais c'est trop tard pour revenir en arrière, nous sommes tous deux dans un état de nerf qui ne nous permet pas de nous calmer, et ce, malgré tous nos efforts.
Il se répète, dit des choses blessantes, des choses qu'il ne peut comprendre, et des choses vraies. Tout cela en même temps brouille mon esprit déjà perdu, attisant ainsi le mal de crâne qui m'assaille depuis le début de cette entre-vue. Si seulement il pouvait se taire ! Je ne veux pas entendre ses arguments, pourquoi ne comprend-t-il pas que je ne changerai pas d'avis ? Du moins pas comme ça. Je ne suis pas du genre à écouter les conseils d'autrui, et le voir ainsi dénigrer ma sœur n'est pas non plus la meilleure solution envisageable. Je sais que je suis un danger, je lui ai confirmé quelques secondes plus tôt, mais il le répète. Pourquoi ne m'écoute t-il pas ?
Cependant, il a raison sur un point. Si je n'étais pas devenu un de ces foutus suceur de sang, je ne l'aurai sans doute jamais rencontré. Le seul point positif de ma vie actuelle …
Mais j'aurai beau me justifier, il ne peut pas comprendre le fond de mes pensés. Elles sont confuses pour moi-même, alors pour quelqu'un d'autre … Il est certes le seul qui s'intéresse réellement à mon sort, mais je ne me sens pas prêt de renoncer au peu de valeurs que j'ai instauré.
Des larmes coulent à présent sur ses joues, tâchant sa peau blanchâtre de gouttes pourpres. Les regrets m'accablent alors, je déteste le voir pleurer, surtout que cette fois-ci, tout est de ma faute. Néanmoins, ma colère ne se dissipe pas à la vue de sa tristesse, bien au contraire, elle augmente, devient plus forte envers moi même et ma stupidité sans limite.

« Si il y a bien une chose au monde que je ne regrette pas, c'est toi ! Mais essaye de comprendre qu'en devenant vampire, j'ai totalement foutu en l'air la vie de ma sœur, c'est pour ça que je tiens tant à cette stupide promesse ! Je sais que c'est dangereux, tu crois que je ne le remarque pas ? Je sens bien que j'ai de plus en plus de mal à m'en tenir à ce régime, que je défaille ! Mais ce ne serait pas correct vis à vis d'elle que de me mettre à me nourrir normalement ! »

Je marque une pause, soupirant. Mes poings serrés à l'extrême tremblent d'eux même, je ne sens presque plus la douleur qui lacère pourtant encore mon corps tant mes nerfs sont à fleur de peau.

« Je sais que tu as peur pour moi, je l'ai compris … Je te demande juste de faire comme si de rien était, d'accord ? Je cherche une solution, je t'assure, mais ce n'est pas si simple. Et autant te dire que si tu n'es plus à mes côtés, ce que je comprendrai parfaitement, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. »

Je suis on ne peut plus sérieux. Je sens bien que depuis quelques temps notre couple se dégrade par ma faute. Mon manque d'attention est flagrant, puisque je suis trop obnubilé par ce problème de régime. Je ne l'ai dis à personne, mais le problème est bien là. Je suis de moins en moins résistant à la tentation de mordre un humain. Je n'ai pas encore cédé, mais ça ne saurait tarder. J'ai beau chercher dans les livres, demander à d'autres vampires au risque de paraître ridicule, rien y fait, je ne trouve aucune solution concrète. Certains prétendent que la Bloody Stream peut être une solution, mais je ne suis pas de cet avis, c'est trop risqué, et les effets ne sont pas certains.
J'en suis arrivé à ce point où j'évite instinctivement d'être trop près de Sei trop souvent, de peur qu'il ne se rende compte de quelque chose … J'ai pourtant besoin de lui, de sa présence, je me sens mal lorsqu'il est loin de moi, pourtant, ces derniers temps, je suis occupé à autre chose, de plus en plus. J'ai alors peur qu'il se lasse de moi, de mes absences qui je sens vont devenir de plus en plus fréquentes jusqu'à ce que je trouve une solution. Je comprendrai parfaitement qu'il en ait marre et me laisse, mais si cela venait se produire, au diable ma promesse, en enfer ma vie, je me laisserai simplement mourir ou provoquerai la milice pour que celle-ci se charge de mon cas.

A présent, les larmes ne cessent de couler, obstruant ma vue qui se fait maintenant floue à cause du liquide rouge qui s’échappe de mes iris. Pour moi, ses propos continuent d'être incohérents. J'en arrive à un point ou serrer ainsi les poings ne me suffit plus. Lorsqu'il achève sa réponse, je me retourne brusquement et envoie voler tout ce qui se trouve sur l'étagère la plus proche de moi. Je ne veux pas faire ça... Mais je n'y peux rien... C'est sûrement quelque chose qu'il ne comprend pas, mais je suis un vampire de level 1, c'est à dire un vampire instable, un vampire dont les raisons de transformations sont, qui plus est, obscures. Et pour cause, cette vengeance qui m'a fait devenir inconstant a crée en moi une espèce de caractère lunatique ou bipolaire qui fait que je peux parfois sortir de mes gonds, d'une façon violente... Tellement violente que même Kwang ne parvient pas toujours à me calmer, selon le degrés, qu'il y'ait une raison, ou non.
Pourtant je ne veux pas faire de mal à Jin... Mais la colère qui enflamme mes veines à cet instant ne peut tout simplement pas être contenue. Même si je le désire psychiquement, ça ne change rien au fait qu'elle enflamme mes muscles d'adrénaline et qu'il faut que je l'évacue coûte que coûte.
Je ne veux pas le blesser... Cette phrase résonne dans ma tête sans que je ne puisse pour autant me contrôler. Sans m'en rendre compte, je me met à hurler avec une voix secouées de sanglots.

« « Foutu en l'air » N’exagères pas non plus !
Tu me demandes de faire comme si de rien n'était, je ne sais pas si tu te rends compte de l'absurdité de ta demande ! Tu es tellement stupide, comment peux tu me demander ça ?!
Il n'y a pas de d'autre solution, Jin ! Tu sais tout aussi bien que moi qu'il n'y en a qu'une seule ! Que tu te nourrisses normalement ! Je pourrais t'aider, je pourrais faire en sorte que tu traverses cette période sans trop de problème ! Pourquoi ne me fais tu pas confiance ? Pourquoi ?! Je suis bien plus apte à comprendre ! Moi aussi j'ai eu des périodes très dures à traverser, tu n'en as même pas idée ! Tu ne sais pas ce qui m'a poussé à devenir vampire, et il m'a fallut quelqu'un pour me sortir de ça !
Tu dis que si je ne suis plus la, la vie ne vaut plus la peine d'être vécue, alors explique moi pourquoi tu es tout de même prêt à continuer ça ?! Continuer ça alors que tu as peur que ça me fasse partir ? Penses à moi deux minutes ! Tu ne peux pas me demander de ne pas m’inquiéter, c'est stupide ! Penses un peu à moi bordel ! Que crois tu que je ferais moi, si il t'arrivait quelque chose! Je suis trop inconstant pour veiller sur toi constamment ! Et pourtant j'essaye ! Mets toi à ma place un peu !  Il y'a encore peu, je respectais ta promesse, je l'ai longtemps respecté ! Mais l’inquiétude m'empêche de continuer ! Ça me bouffe ! Je ne m'inquiétais pas non plus pour ma famille jusqu'à ce qu'elle périsse ! Je ne me permettrais pas d'être naïf une seconde fois et de perdre la seule chose qu'il me reste !»

Lorsque j'achève ma dernière phrase, je me rend soudainement compte que j'ai évoqué le sujet tabou... Pourtant c'est sortit tout seul... Je ne voulais pas, je n'ai pas réfléchit...
Je porte alors une main à ma bouche tandis que de violent tremblements parcourent mon corps et que des flashs de ce salon ensanglanté fusent dans ma tête, ajoutant parfois Jin au tableau. J'ai si peur en cet instant... Les sanglots serrent ma gorge, m'étouffant presque. Je ne veux pas que ça arrive une seconde fois, je refuse que ça se reproduise...

Je n'ai pas l'impression d'être allé trop loin, cachant une grande partie de mes pensés, pourtant, il semble éprit d'une colère dévastatrice que je ne lui avais jamais vu. Pas une seule fois je ne l'avais aperçus dans cet état, détruisant d'un simple geste toute une étagère. Sa voix déchire le silence de l'appartement, j'y ressens clairement les émotions qu'il y met sans doute sans s'en rendre compte, pourtant, ce n'est pas cela qui me reste en tête. Depuis tout le temps que je connais, il ne m'a jamais parlé de son passé, de sa transformation, et c'est au cours d'un tel moment qu'il l'aborde ... Ce n'est pas quelque chose de clair, mais juste assez pour que je comprenne une petite partie de l'histoire. Serait-ce par vengeance qu'il a fait le souhait d'être vampire ? Il est dans un tel état que je n'ose pas lui demander ...
Mais me voilà tirailler entre deux, une nouvelle fois. Le voir ainsi me brise le coeur, à tel point que j'aimerai le serrer dans mes bras pour le rassurer, mais d'un autre côté, ses mots me blessent, il ne comprend rien à ce que je veux dire, je m'exprime si mal ...

Pour ce qui concerne ma sœur, c'est définitif, il ne peut pas comprendre. Il ne sait pas ce que nous avons vécu étant petits, ce que je lui ai infligé en disparaissant, ce qu'elle est devenue après m'avoir retrouvé. Personne ne peut comprendre. Mais moi, je le sais, et cela pèse vraiment lourd sur ma conscience. Je n'ai pas été un bon petit frère, je l'ai laissé gâcher ses études et toute perspective d'avenir par simple égoïsme ... Jamais je ne me le pardonnerai. Malgré tout, je n'expliquerai pas tout cela à Sei Wong, pas ce soir, pas dans cette situation. Peut-être plus tard, mais pas maintenant, je n'en ai pas la foi, ce ne serait pas approprié de m’apitoyer sur mon sort, une fois de plus.

Quant à ses autres arguments, je suis bien forcé d'admettre qu'il n'a pas tort. C'est juste que je ne veux pas le reconnaître, je ne l'ai jamais voulu. Mais la façon dont il présente les choses est tellement poignante que je ne peux contourner cette imposante vérité, et ça m'agace. Ca me met en colère, j'aurai dû m'en rendre compte plus tôt ... Non, j'aurai dû ... Un soupire m'échappe. Je pourrai refaire le monde avec mes "si", "j'aurai dû", mais ça ne sert à rien. Ce qui est fait est fait. Je suis stupide, et égoïste. Je prétends vouloir protéger mes proches, mais c'est eux qui me protègent ... Enfin, à leur façon. Min Hun et Noona pensent que me priver de sang est la meilleure solution, mais comme le dit Sei, ils ont tort. Pourtant, j'ai tellement peur de les décevoir que je les écoute. Et au final, c'est lui que je déçois. Lui, Ahn Sei Wong, la personne que j'aime le plus au monde et qui me motive réellement à avancer chaque jour. J'ai l'impression de devenir fou tant je me plonge dans la confusion, partagé entre toutes ces idées, tous ces points de vue différents et totalement opposés les uns des autres ! Je me trouve tellement stupide, je n'ai même pas les mots pour décrire ce que je ressens en cet instant même.

Dans un geste désespéré et irréfléchi, je m'avance vers Sei Wong et le prend dans mes bras d'une poigne de fer, ayant sans doute trop peur qu'il s'échappe. Ses sanglots me déchirent tout autant le cœur que les larmes qui coulent sur ses joues enfantines, cette vue est insupportable ...

"C'est parce que je suis si stupide que tu dois me laisser le temps de réfléchir par moi-même ... Je pense constamment à toi, et ça me tue que tu me vois comme ça, comme quelqu'un qu'il faut surveiller sans quoi il se blesserait ... J'ai mis du temps à devenir végétarien, et jusque là on m'a toujours conforté dans l'idée que c'était la bonne solution. Je sais que ce n'est pas le cas, mais je ne veux simplement pas décevoir mes proches, ce qui est très dur à allier au fait que je ne veuille pas te décevoir toi.
Je ne me sens pas prêt à changer de régime, tu comprends ? Je n'ai pas choisis ça. Tu sembles avoir tes raisons, et j'ai les miennes. J'ai juste besoin de temps ... "

Durant ma tirade, je me suis efforcé de garder un ton calme, voulant me montrer rassurant. Ou du moins, pas agressif. Malgré la colère qui bouillonne toujours dans mes veines, l'état de Sei reste ma priorité, et je ne pense pas que ce soit le moment de me monter la tête contre lui. J'essaie alors de prendre sur moi, je réfléchirai plus en profondeur à un autre moment, car pour l'instant, je dois essayer de le calmer, je ne peux pas le laisser ainsi. J'ai provoqué son état, c'est à moi de le réparer, et Dieu sait que je m'en veux de l'avoir plongé dans une telle humeur.

Alors que je suis à deux doigts de foutre autre chose en l'air pour m'éviter de faire quelque chose que je regretterai sous la colère, il me précipite soudainement dans ses bras. Ce geste, pour le moins inattendue me surprend, sans pour autant avoir un effet immédiat. Même si je ne le repousse pas, mes mains agrippent brusquement son haut, tandis que mes muscles restent tendus. Je crois que le fait d'avoir évoqué mes parents n'a fait qu'empirer la situation... Mes sanglots m'étouffent presque et mon visage est clairement couvert de sang à cause de ces foutues larmes. Je sens que je perd peu à peu le contrôle... Et tout ça à cause d'une conversation qui n'a pourtant rien a voir avec ce sujet qui me fait si facilement partir !

Ses paroles me montrent que tous mes arguments n'ont servis à rien, y compris le fait que pour la première fois, j'ai évoqué mes parents.
Évidemment, il ne connaît pas l'histoire, mais en cet instant, je me sens incapable d'associer tous ces raisonnements qui fusent dans tous les sens dans ma tête.
Il ne peut pas comprendre ce que je ressens, et étant donné mon état, ça m'énerve, ça me met en colère. Je sais que je ne devrais, la partie encore raisonnable de moi me le dis, mais le reste dévaste tout, m'empêchant d'écouter la bonne façon de faire.
En cet instant, j'en veux tout simplement à sa sœur pour ça... Pour ces mauvais conseils, pour les dangers qu'elle lui fait courir.
Maintenant, après cette conversation, je ne peux plus m'ôter de la tête qu'il va lui arriver quelque chose, comme à ma famille...

Cette dernière pensés ne fait qu'accentuer mon état, montrant bien mon incapacité à me contrôler. Je me met à suffoquer, parcouru de violents spasmes. Il faut que je parte avant de ne devenir plus violent...
Ne parvenant plus à rester « calme », je le repousse violemment, malgré moi. Lorsque l'on ne contrôle plus ses gestes, une force aussi importante que la mienne est encore plus dure à maîtriser... Ce geste me fait prendre conscience de ma dangerosité dans cette situation....
Il faut que je parte, et ce aussi vite que je peux avant de le regretter sévèrement. Je le met moi même en péril, il faut que je m'éloigne ! Tout ce que j'ai dit sur les dangers qu'il court est vrai, et s'applique surtout avec moi quand je suis comme ça.
Paniqué, je parviens, dans une dernière tentative, à m'exprimer une dernière fois, suffocant, ayant conscience que je peux aller plus loin si il continu, si il insiste avec sa putain de promesse.

« Il faut que je parte... »

A ces mots, je tourne les talons, ne perdant pas une seconde et ouvre rageusement la porte dans un cri de colère avant de me précipiter des les escalier, sautant parfois des marches. Arrivé en bas, je sors dans la rue noire, luttant toujours contre la colère. L'air frais me permet de me rappeler de la situation réelle sans pour autant complètement me calmer. Je prend alors mon visage ensanglanté entre mes mains, la respiration courte, essayant réellement de revenir à la raison.

Calme toi Sei Wong, il a dit qu'il fallait qu'il prenne son temps... Calme toi je t'en pris et essaie de le comprendre...
Non c'est la faute de cette promesse, à cause de ça il est faible, en danger, comme un humain.
Chut, il faut que tu te calmes... C'est toi qui le met en danger, toi ! Maintenant tu es un vampire, tu es fort, tu peux le protéger, cette fois-ci, tu peux faire quelque chose...

Ma tentative est un échec cuisant. Il ne comprend pas, ou je m'exprime mal, sans doute un peu des deux, mais le fait est qu'il perd un peu plus le contrôle de lui-même, s'étouffant dans ses propres sanglots. C'est insoutenable ... Quelle genre de personne suis-je pour le plonger dans un tel état ? Je prétends l'aimer, mais tout ce que je parviens à faire, c'est le rendre mal ... Mon pauvre Jin Hyun, tu es décidément encore plus inutile que lorsque tu étais humain !

Lorsque je sens de nouveaux spasmes le parcourir, je resserre mon étreinte, voulant lui montrer ma présence à ses côtés. "Chut, calmes toi, Sei ..." Mais tout à coup, il me repousse, ne me laissant pas même le temps d'en dire plus. Sa force est telle que je me retrouve quasiment propulsé contre le mur à faible distance de l'endroit où nous nous tenions. J'heurte la palissade avec fracas, grimaçant sous la douleur que cela m'inflige. Cependant, je ne perds pas de temps à m'apitoyer sur moi même et relève la tête juste à temps pour le voir tourner les talons, prétextant devoir partir.

Que lui arrive-t-il .. ? Pourquoi ce soudain changement de comportement ? Je ne comprends rien. Je n'ai pas le temps de le retenir qu'il franchit la porte dans un cri de colère. Je peux l'entendre dévaler les marches à toute vitesse, en manquant certaines. Ni une, ni deux, je me mets à sa poursuite, oubliant mes muscles endoloris. Néanmoins, une fois dehors, seul le noir m'accueille. Je me concentre quelques secondes pour parvenir à entendre une respiration saccadée, irrégulière et perturbée. Je n'hésite pas plus et me lance dans cette direction, m'arrêtant lorsque je distingue cette silhouette familière se tenir le visage.

En cet instant, je ne sais vraiment pas comment réagir. Habituellement, je l'aurai pris dans mes bras, aurais tenté de le rassurer, de le ramener à la maison, mais à en juger par la situation actuelle, je suis perdu.
Nous sommes tous deux deux murs de bétons, incapable d'entendre et de traiter les arguments de l'autre, se renvoyant inlassablement la balle. Sauf que le mur face à moi s'est effrité. Seulement, j'ai peur de le casser un peu plus si je m'approche, il semble si fragile, presque plus que de la porcelaine.
Tout doucement, je fais quelques pas dans sa direction, déposant avec une délicatesse innée ma main contre son épaule. "Sei, c'est moi ... Laisse-moi t'aider, je veux juste t'aider ... " Ma voix est douce, je ne veux pas l'effrayer. J'ai l'impression d'avoir à faire à un petit animal effarouché et entièrement dépaysé. Il ne semble plus savoir où donner de la tête, le pauvre m'a l'air déboussolé au possible.
Bien que je tente de ne pas le montrer pour paraître fort, à l'intérieur, je panique. Je ne sais plus quoi faire. Je me sens terriblement coupable, car j'ai bien conscience que je suis la cause de son mal être, moi et mon putain d'égoïsme. Voilà où ça me mène ... J'ai si peur de le perdre ... Si cela venait à arriver, je ne m'en remettrai jamais !

"Rentres avec moi, s'il te plait ... Je suis désolé, je ne voulais pas te causer tout ça ... Viens, s'il te plait ..."

Je suis réellement désespéré, j'ai l'impression qu'aucune de mes paroles ne servira à quoi que ce soit. Pourtant j'essaie maladroitement, je veux me racheter, j'ai trop besoin de lui ... Je ne peux pas le laisser ainsi ! Rien qu'à cette pensé, des larmes perlent au coin de mes yeux. Je me sens tellement idiot ... Pourquoi est-ce moi qui pleure alors qu'il est celui qui se trouve le plus en détresse ? Ai-je si peur que ça ? Ou est-ce le manque de confiance en moi qui prend peu à peu le dessus .. ?

Désespéré, je reste ainsi dans la rue, un long moment, ne l'entendant tout d'abord pas s'approcher de moi. Les sanglots continuent de se former dans ma gorge, tandis que les larmes continuent de rouler sur mes joues, tâchant de nouveau mon visage déjà couvert de sang. Mes sens, déjà mal contrôler à cause de leur développement trop important, sont complètement embrouillé et confus, ne percevant que le bruit de mes propres pleures.
Il faut que je me calme, il faut que je me calme...
Je ne cesse de me répéter les mêmes arguments, insistant sur le fait que je dois me calmer, parlant parfois à voix basse sans vraiment m'en rendre compte.

Sa main sur mon épaule me fait sursauter, mais je n'esquive pas un geste envers lui, n'étant pas encore calmé. J'entends ses paroles, pourtant je fais comme si ce n'était pas le cas, continuant de me répéter que je dois me calmer et que je ne dois pas avoir si peur, que je suis fort maintenant, que je peux et que je dois le protéger...
Il ne faut d'ailleurs pas que je passe level 2 au risque de ne plus avoir la même force si jamais il lui arrivait quelque chose...

Ses mots m'apaisent, pourtant je lui en veux toujours autant... Je lui en veux de me mettre dans cet état, de m'inquiéter autant, juste pour cette promesse, idiote, stupide et tout ce qu'on veut.
J'ai tellement peur pour lui, et il ne veut pas comprendre... Je ne suis, certes, pas normal de me mettre dans un état pareil, mais ça, je ne parviens pas encore à m'en rendre compte seul... Personne ne peut vraiment comprendre pourquoi j'agis ainsi, pas même moi... Ça vient tout seul... Et je pense que lorsque c'est l'esprit qui a été abîmé, on peut difficilement faire quelque chose contre ça... Et c'est mon cas.
Il est la, à essayer de me calmer, et moi je reste immobile, la, toujours en colère, et effrayé à l'idée de le blesser.
Il s'excuse, mais à quoi cela sert t-il ? Il ne va pas changer pour autant, au final la conversation n'aura mené à rien, et ses excuses n'ont pas de sens.

Je ne veux pas rentrer chez lui... Mais je ne peux pas rentrer chez moi non plus avec Min Hun... Et puis je ne m'en sens pas capable, c'est trop loin. Cette dispute semble m'avoir fatigué autant physiquement que psychiquement...
Je ne sais pas quoi faire, je ne veux même plus lui répondre, au risque de me retrouver de nouveau dans cet état critique. Je lui en veux tellement pour ça...
Heureusement, il semblerait que je sois en mesure de me calmer et que je parvienne à reprendre mon calme. Pourtant, j'ai l'impression que la moindre parole pourrait tout faire chavirer...
Au risque de partir de nouveau et n'ayant aucune envie de lui répondre, je me tais, me redressant légèrement pour essuyer grossièrement mes joues, à présent couvertes de sang. Je garde mon regard rivé sur le sol, ne sachant que faire de cette situation.

Il ne réagit pas, reste de marbre. J'ai beau le supplier, le seul changement est sa respiration qui se calme, ce qui en soit n'est déjà pas mal, certes. Ses sanglots semblent également s'apaiser, mais il ne dit mot. Le regard rivé sur le goudron, il se redresse légèrement et essuyant brièvement ses joues ensanglantées. Alors que j'attends une réaction, une parole, rien ne vient. Il se tait et reste stoïque. Je commence doucement à perdre espoir.
Je suis tout de même soulagé de voir qu'il parvient à se calmer, bien que je me sente atrocement mal à l'idée de l'avoir ainsi blessé. J'espère qu'il ne recraquera pas, je ne veux pas lui infliger plus de souffrances ...
Il m'en veut, c'est indéniable, mais à quel point ? Me déteste t-il vraiment ou souhaite-t-il simplement me faire mariner ? J'aimerai tellement que la seconde solution soit la bonne, cependant, je n'ai que peu d'espoir ...

"Sei, dis quelque chose ... "

C'est à mon tour d'avoir la voix qui tremble. La peur me tient les tripes, j'ai cette phobie de le voir partir sans rien dire, sans se retourner, et me laisser. Se serait un juste retour des choses, mais je ne veux pas que ça se termine ainsi. Ca ne peut pas finir comme ça, je refuse de tout gâcher ainsi ..! Décidé à ne pas baisser les bras, je pose délicatement mes mains sur ses épaules et cherche son regard du mien, même si j'ai peur de ce que ses pupilles peuvent cacher ... Les larmes dévalent à présent mes joues, et je me sens pitoyable. Je ne devrai pas avoir le droit de pleurer alors que je l'ai plongé dans cet état. Je suis coupable de tout, alors pourquoi faut-il que je me montre si faible ?!

"Je sais que m'excuser ne sert à rien, mais je t'en prie, laisse moi juste une chance ... Seulement le temps de réfléchir à tout ça ... Sei Wong, je ne veux pas te perdre ... Je t'en prie ... Viens ..."

Au plus je parle, au plus ma voix se brise pour ne devenir qu'un murmure. J'ai la désagréable impression d'avoir tout foutu en l'air, encore une fois. Une nouvelle fois je n'ai pensé qu'à moi, et j'en paye les pots cassés. Quoi que non, ce n'est même pas un quart du prix que je paye là. Le pire est à venir si mes doutes sont fondés. Je suis pitoyable  ...
Inconsciemment, j'ai resserré l'emprise que j'ai sur ses épaules, sans trop forcer non plus, juste un petit peu, juste assez pour lui montrer que je suis là et que je ne veux pas le lâcher. Cependant, j'ai cette horrible impression qu'il ne répondra pas à mon appel, pas ce soir ... Peut-être plus jamais ... Et je le comprends, cela va de soit. Après tout, pourquoi serais-je le seul à avoir besoin de temps pour réfléchir ?

Comment s'est-on retrouvé là .. ? Ce matin encore, je signais le contrat de mon loft. Je m'imaginais déjà annoncer la nouvelle à Sei, lui offrir la clé en lui disant que c'était également chez lui. J'éprouvais -et j'éprouve encore- réellement cette envie de partager ce nouveau chez moi avec lui afin que ça devienne un "chez nous". Je voulais que nous ayons un endroit rien que pour tous les deux, sans avoir peur que Min Hun ne débarque au mauvais moment ou que le toit de l'immeuble ne nous tombe sur la tête, et voilà que nous nous retrouvions dehors, en larme, où je le suppliais de rester ... C'est dingue comme la vie peut chavirer d'un coup, il suffit d'un vampire un peu trop jaloux, d'être au mauvais endroit au mauvais moment, de dire un mot qu'on ne pense pas ...

Je perçois les tremblements dans sa voix, tremblements qui annoncent sans doute ses larmes. Mais même ça, ça ne m'affecte pas ce soir... Car ma colère n'est pas encore dissipée, loin de la, et je fais des efforts monstres pour reprendre et garder mon sang froid.

Il dit qu'il a peur de me perdre, alors pourquoi reste t-il quand même sur sa position ? Même ça, ça ne le fait pas réagir ? Je secoue légèrement la tête pour me sortir ces pensées de la tête avant qu'elles ne me fassent de nouveau perdre le contrôle.
Je n'ai jamais eu l'intention de le quitter de toute façon... C'est plutôt lui qui me donne cette impression avec ses absences répétitives, ses « mensonges » et son obstination stupide. Moi même je ne me serais pas cru capable de rester avec quelqu'un comme ça. C'est déjà toute une histoire pour m'approcher, alors pour que moi je m'attache...
Avec ce comportement, je dois sacrément l'aimer pour ne pas encore avoir réagit...

Cependant ce soir, je ne suis pas prêt d'oublier ou de faire comme si de rien n'était. Il faut croire que je suis à mon maximum la. J'arrive un minimum à me contrôler, mais je ne me vois pas faire plus, et encore moins engager une conversation calme avec lui, ou une conversation tout court...

C'est d'ailleurs bien la première fois que ça part aussi loin. Au point que j'en perde le contrôle de moi même... Et pourtant lorsque ça arrive, ce sont des raisons tout autre qui en sont la cause... Pas une dispute avec mon petit-ami...
J'aurais pu me dire que je n'ai qu'a veillé sur lui tel qu'un vampire veille sur son calice, mais je ne m'en sens pas vraiment capable...
Je n'ai jamais aimé le principe de prendre un calice avec la faiblesse que ça apporte ! Et puis je me vois très très mal m'occuper de quelqu'un. J'ai déjà du mal à avoir une vie stable moi même... Après tout, je n'ai ni travail ni études, je vis aux dépends de Min Hun et Kwang et mène une vie plutôt vagabonde...
Et puis... avec tous les ennemies que je peux avoir, c'est plutôt moi qui vais lui apporter des dangers si il n'est pas capable de se défendre.
Et puis de toute façon je suis obstiné, surtout lorsque c'est pour quelque chose d'aussi stupide qu'un régime végétarien ou pour  une sœur absente que je jalouse sûrement un peu pour son influence.

Après un long moment de silence, je finis par lui répondre, malgré mon hésitation.
« Que veux tu que je te dise Jin Hyun ? Je suis a mon maximum, je ne peux pas faire plus d'effort. Je pourrais de nouveau craquer et dans ce cas il faudrait mieux que tu te tiennes éloigné de moi. Que veux tu que je fasse ? Que je remonte avec toi malgré cette tension, après cette dispute qui n'est même pas terminé ? Tu n'essaies même pas de me rassurer. En fait je pense que tu n'arrives même pas à comprendre. C'est pourtant simple, je m'inquiète, et j'ai toutes mes raisons d'être ainsi. Et c'est sans compter sur tes absences perpétuelles. »

Même si les larmes coulent à présent sur mes joues, cela n'empêche pas que ses remarques me mettent les nerfs à fleur de peau. C'est lui qui ne comprends pas ... Comment voudrait-il que je rassure, je ne suis pas capable de m'expliquer quoi que ce soit à moi-même. Le fait qu'il s'inquiète est parfaitement compréhensible, je le conçois et l'accepte, mais s'il ne me laisse pas régler ce problème par moi-même, comment veut-il que j'avance ? Je ne peux pas me concentrer sur ces deux problèmes en même temps, pourtant Dieu sait que j'essaie, mais n'y parviens pas.

Même s'il ne le sait pas, mes absences sont justifiées. Ce n'est pas pour prendre des vacances que je pars des jours durant sans donner de nouvelles, au contraire. Je passe mes journées à essayer de me contrôler, à chercher des solutions, mais je reviens toujours les mains vides. Seul le soulagement de n'avoir perdu personne berce alors mes pensés. Croit-il que cela m'amuse ?

Déçu, je recule de quelques pas, l'observant. Je ne sais pas où commencer. J'ai envie de le convaincre de remonter avec moi pour régler nos différents dans le calme et la raison, mais je ne m'en sens pas la force. Je baisse les bras, aussi pitoyable que je suis. Ces paroles ont fait un sort que mes derniers espoirs se volatilisent. Dans ma tête, tout part en éclat. Tout n'est plus que brume. Je ne trouve plus rien à quoi me raccrocher, puis que même lui ne semble plus en avoir l'envie ...

Serrant légèrement les poings, je sonde une dernière son regard, me préparant mentalement à ce qui va suivre, à ce que je vais dire. Ce n'est évident de trouver les mots, c'est même plutôt compliqué, pourtant il le faut ...

" C'est toi qui ne comprends pas ... Quoi que, j'avoue que j'ai du mal à suivre ... Est-ce vraiment juste pour cette promesse que tu m'en veux ? Car j'ai l'impression qu'il y a autre chose. Seulement, au lieu de tout garder pour toi et exploser comme tu le fais ensuite, tu devrais me dire ce qui te pèse au moment où tu t'en rends compte, ça nous éviterait justement d'en arriver là. Vu ce qu'il vient de se passer, je risque d'être absent un moment ... "

Malgré les larmes qui continuent d'obstruer ma vue et me font perdre tout crédibilité, je garde un ton calme, presque serein. Cependant, après avoir fini ma tirade, je fouille rapidement ma poche et en sort une clef à laquelle est accrochée une petite étiquette, sur laquelle est inscrite une adresse. Je m'avance alors et saisis sa main sans lui demander son avis, y plaçant l'objet que je viens de sortir.

" Je ne pensais pas te l'annoncer comme ça ... J'avais tout prévu, mais rien ne s'est déroulé comme je le pensais ... Enfin bref ... C'est à toi maintenant, fais en ce que tu veux ... Si tu n'en veux pas, ce que je pourrai comprendre, laisse la simplement dans la boîte aux lettres."

Attristé, je dépose un furtif baiser sur son front et tourne les talons, disparaissant alors dans l'obscurité. Je sais parfaitement où me rendre, même si cela ne m'enchante pas vraiment.
C'est étonnant, je viens de lui donner la clef de mon loft ... Notre loft ... pourtant j'ai le cœur lourd et peu festif. Lorsqu'il s'y rendra, il y découvrira l'appartement que j'ai décidé de louer pour nous. Tout est déjà meublé. Il n'y a pas de télé, il manque pas mal d’ustensiles dans la cuisine, mais l'essentiel est là.

Juste avant de me rendre à la gare, et ce malgré l'heure tardive, je décide de faire un détour pour passer à l'appartement qui m'appartient depuis ce matin. Mes muscles me tiraille, je découvre alors des endroits de mon corps dont je ne soupçonnais même pas l'existence, pour, je gravis les  trois étages qui mènent à mon palier et déverrouille la porte. J'entre alors dans l'entrée où je retire mes chaussures pour ne pas tâcher le parquet qui recouvre chaque sol de l'endroit. Je fais quelques pas et atteint un salon tout en longueur. Les murs sont d'un blanc cassé qui s'accorde parfaitement avec le parquet clair et le tissus bleu pâle du canapé. Les meubles sont également en bois, comptant un meuble télé, une table basse, ainsi qu'un vaisselier faisant office de bibliothèque. De là où je suis, je peux apercevoir les escalier de verres qui montent à la mezzanine, l'endroit où est aménagée une chambre cosy. Juste sous cet escalier s'étant un couloir des mêmes couleurs que le salon, à l'exception qu'il donne sur une cuisine américaine dans les ton de bleu marine. Un bar et quelques tabourets permettent d'y manger en toute tranquillité, mais ce n'est pas ce que je compte y faire ce soir.

Je me dirige vers le vaisselier et cherche dans la partie basse de quoi écrire, prenant alors une feuille et un stylo qui traînent par là. Refermant les portes du meuble, je pars m'asseoir sur le bord du canapé et prend appuie sur la table basse, avant de commencer à rédiger.

" Sei Mon coeur,

Je ne sais pas si tu viendras ici, et si tu le fais, je ne sais pas si tu feras le lien.
Tu disais que tu n'aimais pas mon studio, et je comprends parfaitement. Il était si délabré ! Ce n'était pas confortable ... Et puis nous n'y étions pas bien. Ca a prit du temps, mais mes économies m'ont permis de payer ce loft. Il te plaît ? Je ne vais te mentir, j'aurai espéré que se soit notre chez nous ... L'endroit où nous aurions pu nous retrouver en tout confort et  sans craindre l'arrivée de Min Hun.
A le dire franchement, je n'ai aucune idée quant à savoir si tu resteras ici ou non. J'ai peur de trouver ce lieu vide à mon retour, pourtant, se serait tellement justifié ... Je me suis montré égoïste, encore une fois. Je suis décidément le pire petit ami qu'il puisse être en ce bas monde.
Je pourrai m'excuser des milliers de fois, ça n'effacera jamais ce que je t'ai fais subir, et aujourd'hui encore. Alors je me contente de prier pour que tu tiennes assez à moi pour m'attendre, pour me laisser cette ultime chance. Pourtant, j'entends une voix qui me répète qu'il y a peu de chance que tu le fasses. Je ne veux pas l'écouter, mais je devrais sans doute ... ?
Voilà, c'est à peu près tout ce dont je suis capable de dire à l'instant où j'écris. Je suis désolé d'être si peu à l'écoute, et d'être si narcissique ... Ca ne changera rien, mais je te le dis tout de même.
Je t'aime, Sei Wong, je t'aime plus que je n'ai jamais aimé, et te perdre serait l'aboutissement de tous mes espoirs. Comme je te l'ai dis, si tu n'es plus là, je ne trouve plus d'intérêt à avancer. Mais je ne te supplierai pas de ne pas me quitter, après tout, tu as toutes tes raisons de le faire ... Je ne veux pas être un poids pour toi, et encore moins une source d'inquiétude.

Jinnie

"

Les larmes dévalent une nouvelle fois mon visage, l'une d'elle s'écrase même contre la feuille, mais je n'ai pas le courage de recommencer ma lettre. Je chasse alors d'un mouvement sec les gouttelettes de sang qui perlent à mon visage et me relève, quittant les lieux pour rejoindre la gare afin de sauter dans le prochain train qui me mènera à cette destination lointaine, là où tout se jouera.

Je m'étais finalement décidé à me rendre à ce lieux... Sans trop savoir pourquoi je suis ici, je glisse la clef dans la serrure avant de pousser la porte qui ouvre sur ce qui semble être un loft. Voilà des semaines qu'elle rouillait dans ma poche avant que je ne me décide finalement à l'utiliser. J'ignore vraiment ce qui m'a piqué de venir la... La fatigue et le désœuvrement sans doute ? Je ne sais même plus quoi faire, ni même ou aller...
Je fais un pas à l'intérieur, et découvre que j'arrive dans un appartement lumineux et parfaitement nettoyé, comme si il venait d'être remis à neuf.
Je m'avance alors juqu'au salon d'un pas lourd et commence ensuite à jeter un œil aux alentours de la pièce de vie.
Que veux t-il que je fasse de cet endroit si il ne compte pas revenir ? Cette  simple pensé m'aurait sûrement fait craquer si je n'étais pas déjà à moitié mort de fatigue. Seulement voilà on dirait que la fatigue extrême arrive à me maîtriser... !
Perdu, j’entreprends de jeter un œil dans chacune des pièces, toutes aussi coquettes les une que les autres, en me disant que je dois faire tache dans le tableau.
Arrivé dans la salle de bain, je croise le regard de mon reflet dans le miroir, miroir qui me renvoie plus l'image d'une bête sauvage que celle d'un jeune homme... Un vampire du moins, un vampire en sale état, aux yeux injectés de sangs soulignés par d'importantes cernes, aux crocs sortis, les cheveux en pagailles et les vêtement en piteux état, salis, voir déchirés...
Moi même je ne me reconnais plus... j'ai déjà été dans un sale état après un combat, mais je n'ai jamais atteint ce point la... Peut être que ce sentiment et renforcé par cet impression de vide, ou plutôt de déchirement, de schisme...

Je suis déjà passé par un bon nombre d’accès de colère, mais ces derniers étaient différent des autres, menés par la crainte et le désespoir... J'avais l'impression de devenir fou... Si je ne le suis pas déjà devenu depuis le temps... Seul mon créateur a réussis à m'arrêter d'ailleurs, à l'aide de bon coups bien sur... D'ailleurs c'est arrivé un bon nombre de fois ces derniers temps... D'un côté heureusement qu'il était la pour m'arrêter... Même si ce n'était pas vraiment par la méthode douce...

Après un dernier regard à mon image dans le miroir, je me dis qu'il faudrait peut être que je reste un peu ici histoire de prendre une douche et de me reposer... Quoi que me reposer n'est peut être pas une bonne idée étant donné que la fatigue me permet de ne pas trop me sentir désespéré...
Quoi qu'il en soit, je commence à défaire mes vêtements tâchés de poussière et de sang, ou du moins ce qu'il en restes pour ensuite me glisser sous la douche.
Je ne prend pas la peine d'attendre que l'eau ait chauffé et m'adosse contre la parois froide, sous le jet d'eau. Je reste ainsi un bon moment, laissant simplement l'eau glisser sur moi, les yeux clos...
Je ne sais pas combien de temps j'ai passé la lorsque je me décide enfin à sortir, saisissant une grande serviette afin de couvrir mon corps meurtri.
Voilà des jours que je n'ai pas dormi ou que je ne me suis pas reposé quelque part. Je me suis contenté d'errer inlassablement dans les rues de Séoul...

Je me rend alors compte que je n'ai aucune affaire de rechange et que je n'ai pas le moins du monde envie de remettre celles avec lesquels je suis arrivé... Tant pis, je les laisse la, en bouchon par terre et sors de la salle de bain avec la serviette pour rejoindre le salon.
Je suis tellement fatigué... Je veux juste me laisser tomber sur un lit, ou même n'importe ou ailleurs et fermer les yeux... Tant pis pour mon état après, je veux juste faire ça, juste dormir...

Alors que je m'apprête à grimper la mezzanine, je remarque sur la table basse un papier sur lequel semble rédigé quelque chose. A cet instant mon cœur subit une légère accélération, stupidement emporté par l'espoir que ce pourrait être un signe de Jin...
Lorsque je l'ai en main, mes yeux commencent d'eux même à parcourir les lignes à une vitesse folle. Au fur et à mesure que les mots défilent, mes yeux commencent à s'embuer de larme et mes mains parcourues de tremblement, serrent le papier, le froissant. Lorsque j'arrive à la fin de la lettre, je m’effondre sur le canapé, parcouru de tremblement. Aussitôt, des sanglots serrent ma gorge tandis que les larmes se multiplient à une vitesse impressionnante. Et dire que je pensais qu'il m'avait abandonné pour de bon... Pourtant dans sa lettre, il sous-entend qu'il va revenir, que je dois attendre... Et dire que pendant tout ce temps, je pensais que c'était fini , qu'il était parti, qu'il m'avait abandonné...
J'aggripe ce papier dans ma main avec toutes les forces qu'il me reste, comme si il s'agissait de mon dernier espoir tandis que les sanglots ont raison de moi,me forçant à me recroqueviller sur moi même, les genoux contre mon torse, mes bras croisés sur ceux ci et mon visage enfouit dans ces derniers.

***

Je ne sais pas comment j'ai trouvé la force de monter la mezzanine, mais je ne voulais pas rester en bas...
Je ne sais pas non plus combien de temps je suis resté à pleurer sur le canapé, teintant la serviette qui me couvrait de rouge, mais on dirait que j'ai fini par me calmer... Tout ce que je peux voir, c'est qu'il fait nuit maintenant, et que je ne suis qu'à demi-conscient, totalement achevé par la fatigue.
J'use mes dernières forces à glisser mon corps nu sous les draps, et m'endors à peine après avoir posé ma tête sur l'oreiller...

Voilà des semaines que j'erre dans cette ville inconnue, cherchant sans relâche un signe. Un signe de quoi ? De ma soeur ? Du destin ? Moi-même, je ne sais pas trop ... Je me bats sans relâche contre ma nature afin de ne pas craquer, de n'attaquer aucun humain, et cela me demande un effort beaucoup plus intense qu'à l'accoutumer.

Chaque jour, je me rends dans la forêt qui borde l'endroit, m'entraînant sans interruption jusqu'à ce que la nuit tombe. Des heures durant je pousse mes limites à l'extrême, espérant développer ma force qui ne vient jamais autant que je le souhaiterai.
Lorsque la nuit m'entoure, je pars en chasse, m'abreuvant du sang fade des animaux qui vivent là. J'ai l'impression d'être devenu une bête ... Si Sei me voyait ainsi ...

Sei ... Il ne quitte jamais mes pensés. Je m'inquiète sans cesse de son état. J'aimerai savoir s'il va bien ou non, s'il m'a oublié, ou s'il m'attend ... A-t-il trouvé ma lettre ? S'est-il seulement rendu au loft ? Je me rends malade avec toutes ces questions. Peu à peu, la folie me prend, elle devient omniprésente tant il me manque. Je me remets constamment en question, regrette mes agissements, mais me dis qu'il est trop tard pour changer quoi que ce soit. C'est ma punition. Et elle aura raison de moi d'ici peu de temps si je ne me reprends pas en main. Sauf que je ne peux pas me reprendre en main en sachant tout ce que j'ai fais subir aux deux personnes que j'aimais le plus au monde. Quel lâche ...

Jusqu'à maintenant, je ne me sentais pas prêt à rentrer, j'étais terrifié à cette idée. Et puis je me suis fais une raison. Si Sei Wong n'était pas là à mon retour, je ne pourrai m'en prendre qu'à moi-même. Et puis il ne me sert à rien de rester ici, me tuant à la tâche pour n'obtenir aucun résultat, si ce n'est des blessures qui se referment mal et laissent des cicatrices.

Me voilà donc à la gare de Séoul, descendant d'un pas lasse du train. Je ne suis pas pressé de rentrer pour découvrir la maison vide, alors je prends mon temps. La nuit est tombée depuis quelques heures déjà, on ne parle même plus de soir mais de matin. Je fixe mes pieds tandis qu'ils me guident d'eux même vers cet appartement dont je n'ai pas encore pu profiter. Une boule se forme alors dans mon estomac et des milliers de questions se bousculent dans ma tête déjà lourde de pensés. J'essaie de les chasser, mais mes efforts sont vains, comme tout ce que j'entreprends depuis quelques temps.

Sans grande motivation, je pousse la porte de bois de l'appartement et retire rapidement mes chaussures. Mes pieds me font souffrir tant j'ai marché ces derniers jours. Enfin pieds nu, je ne prends pas la peine de profiter de la froideur du sol et m'aventure dans le salon, ayant pour seul but de rejoindre la mezzanine pour m'y coucher et tenter de tout oublier, et, qui sait, peut-être m'y laisser mourir à petit feu. Je n'ai plus la force de vivre, pas sans Sei. Je suis certain que celui-ci a choisit de m'oublier, je ne vois pas comment il pourrait en aller autrement. Cette pensée me serre le coeur, faisant monter les larmes à mes yeux.

Nonobstant mon avis tout réfléchit, un détail vient perturbé mon regard lorsque celui-ci tombe sur la pièce à vivre. La lettre n'est plus à sa place, et une serviette tâchée de sang repose sur le canapé. Se pourrait-il que ... ? Incrédule, je lève mon regard sur la mezzanine. D'ici, je ne peux rien deviner. Je me dirige alors vers les escaliers et les monte sur la pointe des pieds, pendant que mon coeur bondissant dans ma poitrine fait plus de bruit que mes pas. Malgré l'obscurité ambiante, je peux distingué une masse dans le lit, glissée sous les draps. Je m'en approche avec précaution pour y découvrir le visage endormit de mon petit ... de Sei Wong. S'en est bien trop pour moi, j'ai l'impression que je vais exploser tant tout se bouscule dans ma tête. Les larmes se libèrent alors de leurs chaînes pour venir couler avec abondance sur mon visage meurtri de fatigue alors qu'un faible sanglot m'échappe, que je tente bien vite de stopper en plaquant ma main contre ma bouche. Il ne faut pas que je le réveille ...

Je reste un moment debout, n'osant bouger le moindre muscle, à attendre que mes larmes cessent d'inonder mes joues. Je ne sais comment réagir tellement tout se bouscule en moi. Il est là, devant moi, malgré notre dispute, malgré mon égoïsme. Il est venu, il a fait l'effort de se rendre jusqu'à ce loft. Depuis combien de temps est-il ici ? M'attend-t-il depuis de jours ou des heures ?

Reprenant peu à peu mon calme, je m'avance de quelques pas et dépose un discret baiser sur son front. J'en rêve depuis si longtemps ... L'odeur de sa peau, sa texture ... Ca m'a tellement manqué ! Des milliers de questions perturbent toujours mon esprit embrouillé, pourtant, je décide de les ignorer et me glisse à ses côtés avec le plus de discret dont je peux faire preuve, remarquant avec gêne qu'il se trouve entièrement nu sous cette couverture. Le rouge me monte alors aux joues, mais je n'ose pas aller lui chercher des vêtements et l'habiller, de peur de troubler son sommeil. Je reste alors à distance raisonnable de lui, l'observant durant de longues minutes jusqu'à le marchand de sable m'emporte, sponsorisé par mon incroyable manque de sommeil ...

Je sens le sommeil me quitter peu à peu après un long moment de trou noir. J'ignore combien de temps j'ai pu dormir... L'engourdissement qui met du temps à quitter mon corps me fait tout d'abord perdre mes repères.
Mon corps est encore douloureux, ce qui signifie qu'il ne s'est toujours pas régénéré... En même temps, les blessures dues à un autre vampire sont plus longues à cicatriser, surtout quand il s'agit de lui...
Je me rappelle alors peu à peu ou je suis, ne comprenant vraiment pas ce qui m'a prit de me rendre ici avant de me remémorer la trouvaille de la lettre... A cette dernière idée, je me réveil un peu plus, laissant mes sens s'éveiller, commençant d'abord par ouvrir les yeux, constatant que la lumière envahit la pièce, indiquant que la journée est plutôt avancée.
C'est alors que je capte une autre présence tout prêt de moi, par sa respiration et son odeur... Je me retourne alors soudainement, et me redresse dans un sursaut pour, à ma plus grande surprise, constater Jin, endormi à côté de moi... Que fait t-il la ?
L'information met un certain temps à monter à mon cerveau, qui se refuse tout d'abord à réaliser cette vision... Je n'arrive tout simplement pas à y croire...
Des tremblements commencent à parcourir mon corps, tandis que des larmes embuent mes yeux sans vraiment que je ne m'en rende compte.

Ça ne peut pas être lui... Pourquoi serait t-il soudainement revenu après m'avoir abandonner... ? Quand j'ai perdu ma famille, je n'ai jamais pu la revoir... Je pensais que ce serait exactement pareil pour lui, d’où mon état de folie après son dépars...
Et pourtant il est la... Ma raison a réellement du me quitter ces derniers jours... Déjà que j'ai plusieurs fois eu l'impression de devenir fou lors de mes crises, voilà que je m'imagine des choses...
Pourtant cette vision ne veut pas disparaître de ma vu... ! Incertain, je glisse une main tremblante dans ses cheveux pour m'assurer de sa présence... Il est bien réel... Il est revenu finalement...
Quelques tâches rouges s'écrasent sur les draps avant que je ne me précipite sur lui, l’enlaçant du mieux que je peux, m'accrochant sans réfléchir à ses vêtements, ne préoccupant même pas de ma nudité, tandis que des sanglots serrent ma gorge.
Malgré ma voix secouée de sanglot, je ne peux m'empêcher d'essayer de parler, prononçant difficilement : « Jin, tu es... tu es quand même revenu... P...Pourquoi tu  m'as laissé.. ? »

Mes sentiments m'embrouillent tellement au point de me mettre dans cet état... Je ne parviens pas à me reprendre et ai l'impression que je ne suis pas prêt d'y arriver. Je ne peux toujours pas réaliser... L'émotion me fait perdre tous mes moyens... Je me sens immensément rassuré de le sentir de nouveau contre moi après tout ce temps de vide et de noir...
Si il s'était agit d'un autre, je serais sûrement parti sans me retourner, ayant l'habitude de me détacher des choses depuis la perte de ma famille. Je ne lui aurais jamais pardonné de m'avoir laissé comme ça, en me reprochant de m'inquiéter. Mais seulement c'est lui, et il faut croire que je l'aime beaucoup trop, bien plus que je ne devrais...

Mon sommeil est lourd, mais pas de tout repos. Je ne cesse de voir Sei Wong dans mes songes. Je me remémore nos moments de tendresses, ceux de joie, puis cette horrible dispute, son instant de folie, ses mots si blessants et pourtant tellement réels. Voilà des semaines que ses rêves me hantent, me détruisant un peu plus à chaque seconde que je visionne. J'aimerai le serrer dans mes bras une nouvelle fois, mais lorsque cette envie me prend, il est déjà trop tard, puisque je m'éloigne de lui après lui avoir laissé la clef de notre appartement et un chaste baiser sur son front délicat.

Mais voilà que tout à coup mon corps se retrouve dans l'impossibilité de bouger, bloqué par un poids qui s'accroche fermement à mes vêtements. Surpris, j'ouvre les yeux, tandis que quelques sanglots me parviennent. C'est alors que mes sens se réunissent pour reconnaître la voix et l'apparence de Sei Wong. Tel un automatisme, je l'enferme dans mes bras, ne réalisant pas que je suis éveillé. Pourtant, d'un bref regard vers ce qui nous entoure, je reconnais la chambre du loft que j'ai décidé de louer il y a presque un mois, si ce n'est plus. La lumière inonde la pièce et éclaire le corps que je devine totalement nu de mon petit ami.
Sa voix retentit tandis que je constate de large hématomes sur son corps frêle et pâle. Je ne sais par quoi commencer. Devrais-je rassurer ou le questionner ?

J'opte pour la première solution, les questions viendront plus tard. D'une main qui tremble force d'émotion, je caresse tendrement ses cheveux en bataille, le maintenant fermement contre moi de l'autre.

- Chut ... Je suis là maintenant ... Je ne te quitterai plus Sei, je te le promets ... Plus jamais je ne te laisserai ...

Pourquoi l'ai-je laissé ... ? Car j'avais trop peur de me montrer faible devant lui, car il fallait que je réfléchisse, car je ne voulais pas m'emporter contre lui et dire des mots blessants, ce qui aurait empiré la situation. Néanmoins, j'ai réalisé mon erreur, et plus jamais je ne la reproduirai. Il est bien trop précieux à mes yeux pour que je l'abandonne une nouvelle fois. J'ai passé des jours, que dis-je, des semaines entières à rechercher ma soeur, à essayer de la contacter afin de lui demander conseil, de me faire pardonner de la décision que je comptais prendre, mais en vain. C'est alors sans regret que j'abandonne ma promesse.

Me mordant la lèvre pour ne pas pleurer, j'hume délicatement l'odeur du vampire que je tiens dans mes bras, la savourant, elle m'a tant manqué. Je ne pourrai jamais me pardonner de lui avoir infligé cela. Moi qui pensais qu'il ne m'attendrait pas et que mon départ le soulagerait d'un poids ... J'avais apparemment tout faux.
Les larmes se font de plus en plus menaçantes, pourtant je ne veux pas céder, malgré le sang que je sens couler de ma lèvre inférieure sur qui j'exerce trop de pression.

Restant un long moment à l'enlacer, susurrant de temps à autre des excuses ou autre formules pour lui assurer que je ne l'abandonnerai plus et pour lui conter mon amour pour lui, je finis par me redresser, m'éloignant très légèrement de lui pour l'admirer. Des équimoses marquent son corps, j'en devine rapidement la cause. Ou plutôt, qui les a causé.
Je prends alors le visage du jeune vampire entre mes mains, chassant ses larmes à l'aide de mes pouces, puis entreprends d'embrasser son visage, commençant par son front, son nez, ses joues, ses lèvres ... Il m'a tellement manqué ...

Alors que je pourrais passer la journée à recouvrir sa peau de baiser, je me ressaisis rapidement et m'arrête, me saisissant alors des draps pour les enrouler autour de son corps meurtri. De nouveau, je le prends dans mes bras et l'attire contre moi, faisant en sort que sa tête se cale contre mon épaule tandis que je le serre contre mon torse.

- Mon amour ...

Je ne sais plus par où commencer. J'aimerai tellement lui dire à quel point il m'a manqué, pourtant, je sais que tout est de ma faute. Il me faut aussi éclaircir quelques doutes, bien que le point de départ n'est autre que moi, je ne le sais que trop bien.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ... ? Qui t'a fait ça ... tout ces bleus sur ton corps ...?

A peine ai-je posé cette question que je dépose un baiser contre son crâne, le serrant un peu plus contre moi, prenant tout de même garde à ne pas le serrer trop fort de peur de causer sa douleur. Je m'en veux tellement ... Comment pourrais-je un jour me faire pardonner de cet affront que je lui ai fais ... Il semble avoir subit tant de maux par ma faute, par ce départ purement égoïste ... Pourtant il est là ... J'avoue que la situation est un peu trouble pour mon esprit perturbé, mais tout ce qui m'importe à présent, c'est qu'il soit là, et qu'il ne parte pas ...

Accroché à lui, je ne peux retenir mes sanglots... Je me fiche bien de tâcher ses vêtements ou le lit avec mes larmes sanglantes... C'est d'ailleurs bien la dernière chose qui me préoccupe en ce moment même... Je veux juste rester la et m'assurer qu'il ne reparte pas, ou pire... que ce ne soit qu'un rêve...
Pourtant je peux vraiment sentir ses bras me tenir contre lui, son odeur embaumer mes narines, ses mots murmurer à mon oreille...
Moi qui pensais que c'était tout simplement fini, je n'arrive pas à croire qu'il soit revenu... Durant tout ce temps, je n'ai trouvé des traces de sa présence nul part en ville... Tout était fait pour me laisser croire qu'il était parti pour de bon...
Après tout ça n'aurait pas été si étonnant avec un petit ami comme moi... Même si je reste entièrement sur ma position quant à son régime, mon comportement et ma façon de vivre sont sûrement trop pour lui... Après tout, je tue des gens, des vampires plus particulièrement. Lui qui a fait ce choix -bien que stupide- pour ne blesser personne, c'est même étonnant qu'il soit resté avec moi autant de temps...

Après un moment dans ses bras, je finis par m'apaiser, seulement secoué de petits sanglots de temps à autre.
C'est alors qu'il s'éloigne légèrement de moi sans que je ne comprenne pourquoi, avant qu'il ne prenne mon visage entre ses mains pour en chasser les larmes avant de déposer un baiser sur mon front, puis de part et d'autre que mon visage.
Je ferme alors les yeux, profitant de ce moment, de ces contacts qui m'ont tant manqué...
Lorsqu'il prend soin d'enrouler mon corps dans le drap, je me rappelle soudainement que je me suis couché complètement nu et rougis légèrement. Jin est moi ne nous sommes encore jamais découvert physiquement, si on peut dire, alors ce serait tout de même gênant si la situation n'était pas aussi « importante »...

Je me blottis une fois de plus dans ses bras lorsqu'il m'enlace, toujours silencieux. A vrai dire, je ne sais pas vraiment quoi dire... Je préfère profiter de lui qui m'a tant manqué, et me taire...
Néanmoins, sa question me rappelle tout ce qu'il s'est passé ces derniers temps... Je reste un instant perdu dans mes pensées, avant de me redresser, m'éloignant de lui, me décidant finalement à ouvrir la bouche.
Les hématomes, ce n'est pas compliqué à deviner... Je ne suis jamais autant abîmé lorsque je me bat...  Il n'y a que lorsque mon créateur se met réellement en colère que je finis comme ça. Il est level 3 et entraîné pour être chef de la milice … Même si j'arrive à tenir grâce à ma force et aux entraînements de Kwang, il finit souvent par avoir le dessus...
Serrant doucement le drap qui me couvre, je murmure baissant légèrement la tête : « Mon créateur... », avant de relever la tête vers lui, me remémorant pourquoi j'en suis arrivé à autant le provoquer.
« Pourquoi es tu parti comme ça ? Je croyais que tu n'allais plus revenir à cause de moi., que c'était fini entre nous...  Si c'est le cas pourquoi es tu revenu... ? »

Mes paroles ne sont pas agressives loin de la, mais un peu fortes à cause des sanglots et des nouvelles larmes incontrôlables accompagnent mes paroles...  Je ne me suis jamais montré aussi faible et dévasté depuis le début de ma nouvelle vie... J'ai l'impression d'être redevenu humain en ce moment même. Le petit Sei Wong naïf et sensible qui avait toujours besoin des autres pour se rassurer... Pourtant si j'ai changé, c'est bien parce que je ne voulais plus être comme ça, je ne voulais plus être faible. Pourtant actuellement on dirait que tout est revenu comme avant...  

Il reste un instant silencieux, comme s'il réfléchissait à ce qu'il allait dire. Je le serre alors avec tendresse contre moi, ne cessant de caresser ses cheveux au touché si doux. Néanmoins, il s'éloigne de moi après un instant, resserrant sa prise sur les draps que j'ai enroulé autour de lui.

Sa réponse ne m'étonne pas, bien au contraire. Son créateur ... Si seulement je pouvais lui régler son compte à celui-là ! Mais deux éléments m'en empêchent. Il est bien plus fort que moi, et surtout il est le chef de la milice, alias un homme intouchable et bravement protégé. Depuis le temps qu'il maltraite ainsi celui qu'il devrait considérer comme un fils, il mériterait une bonne correction que je ne suis malheureusement pas en mesure de lui administrer, mais un jour peut-être ...

Je n'ai néanmoins pas le temps de plus songer à cette ordure que Sei relève la tête vers moi et me questionne sur les raisons de mon départ. Il émet également la possibilité que notre histoire soit terminée ... Cependant, j'ai l'impression, dans ses paroles, que l'issue ne peut venir que de moi, et dans ce cas là, elle est bien claire. Rien n'est finit entre nous, et ça ne le sera jamais. Je l'aime bien trop pour mettre un terme à notre relation, et ce malgré toutes les erreurs et la stupidité dont je suis capable. D'un geste tendre, je fais alors glisser ma main contre sa joue, plongeant un regard sincère dans le sien. Mes doigts se couvrent du sang de ses larmes, mais je ne prête pas attention à ce détail, bien trop occupé à vouloir le rassurer.

- Je n'aurai pas dû me comporter comme ça, mais j'en ai pris conscience trop tard. Quoi qu'il en soit, jamais je n'ai voulu que ça se termine entre nous. Jamais, tu m'entends ? Je sais que je me suis montré d'un égoïsme sans nom, pourtant, crois-le, tu es tout ce qu'il y a de plus précieux pour moi, et je ne pourrai pas supporter de te perdre ...
Comme je te l'ai dis avant de partir, j'avais besoin de réfléchir, j'avais des choses à régler ... Je n'ai pas pu faire tout ce que je voulais, mais j'ai accompli le principal ...

Je marque un pause, réfléchissant à comment tourner ma phrase. Durant ce laps de temps, je baisse légèrement la tête pour finalement la relever lorsque mes mots sont trouvés. Il faut que je lui fasse part de ma décision. Je sais qu'elle réglera beaucoup entre nous, d'autant plus qu'elle est le berceau de presque tous nos problèmes. Mon caractère en suit, mais le problème principal sera sans doute régler grâce à cette unique décision. Il n'a pas été facile pour moi de la prendre, mais je n'ai aucun regret. Sei Wong est largement plus important que cette stupide promesse.

- Je sais que je te demande beaucoup depuis que nous sommes ensemble ... Mais tu penses que tu pourrais m'aider à devenir un vampire comme les autres ... ?