We can't all have the same tastes ~ Shaiming ♥

Je soupire. Les jours se succèdent et se ressemblent. Je me sens tellement las parfois, que je me demande même comment j'ai pu survivre si longtemps sans mourir d'ennui. Les humains sont des êtres méprisables. Ils ne pensent qu'à eux, pensent toujours être les plus malheureux sur terre, ne sont capables d'imaginer que ce qu'ils ont déjà vu. Certains vampires ne sont pas mieux. Je me rends compte que les gens n'évoluent presque qu'en mal. De mon côté, je ne comprends pas comment autant d'êtres inutiles et méprisables peuvent voir le jour, en aussi grand nombre. Cela fait des siècles que je suis sur Terre. Je me sens tellement supérieur, tellement au-dessus de tout le monde, parfois... Je suis comme ça. D'un côté je dois m'occuper de tous ces idiots qui s'amusent à tuer tous les humains qu'ils croisent, de l'autre côté je dois m'occuper de ce gamin à peine transformé qui tue tous les vampires qu'il croise. Vraiment... Bon aujourd'hui, j'ai de la chance, ce n'est pas de ce genre de problèmes dont je dois m'occuper.

J'ai demandé à voir Shaiming aujourd'hui. C'est un vampire un peu particulier, de mon point de vue. Comme je suis membre du Conseil, je dois m'intéresser à tous les cas, c'est comme ça. Bon là, ça va, ce n'est pas comme si ça m'ennuyait à mourir. Surtout que je le connais déjà. En effet, nous nous sommes déjà vus pour parler justement de cette particularité qui m'a toujours intrigué chez lui. Après tout c'est normal que ça attise ma curiosité, car j'ai beau réfléchir je ne vois pas pourquoi un vampire s'obstinerait à se nourrir de poches de sang, et non pas à se trouver un humain pour son plaisir. Apparemment cela a un rapport avec ses expériences vécues. Je ne lui ai jamais demandé de m'expliquer précisément, mais je lui ai déjà dit qu'il devrait se concentrer sur le présent et ne plus être dépendant de ses parents.  

Oui, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai déjà pris la peine d'essayer de le convaincre. De changer de manière de vivre en tant que vampire. Tout simplement parce que de mon point de vue, il serait plus simple, même pour lui, de se nourrir directement d'humains. Et ce n'est pas comme si c'était difficile de se procurer un calice... Ça m'a encore plus étonné lorsque j'ai appris qu'il était plus âgé que moi, en réalité. On ne dirait pas. Je ne sais pas pourquoi mais voilà, je me suis senti dans le devoir de lui faire comprendre que c'était bien mieux pour lui de devenir indépendant et de trouver de quoi se nourrir lui-même, quelque soit ses raisons de ne pas le faire aujourd'hui.

Je m'intéresse donc un minimum à sa petite vie en tant que vampire. Après tout, je peux bien savoir comment il a évolué depuis la dernière fois que l'on s'est vus. M'a-t-il écouté ? A-t-il un calice à présent ? Je n'en sais rien, on verra bien ça. Je l'ai fait venir directement dans cet endroit où personne ne viendra nous embêter, aux sous-sols. Il finit par arriver. Je laisse un fin sourire poli se déposer sur mes lèvres. « Ça fait longtemps. » Je n'esquisse aucun geste pour l'accueillir, aucun signe de salutation. Je reste debout, bien planté sur mes deux pieds d'un air assuré, à quelques pas de lui. Je ne ressens pas le besoin de m'assoir d'ailleurs. Et il sait, à mon avis, que je ne suis pas débordant d'amour et d'affection.

Je le regarde fixement quelques secondes. Évidemment, il est resté le même. Vu la manière dont mes yeux se posent sur lui, il pourrait penser que je tente de le sonder, le scruter. Ça m'est égal, si ce regard insistant le met mal à l'aise. « Comment vas-tu ? » murmurai-je. Je sais encore être poli malgré tout, même si évidemment cette question n'est pas très utile. Je ne baisse pas les yeux, qui restent plantés dans les siens. « Tu continues à te nourrir en dépendant des tes parents ? » Autant aller à l'essentiel tout de suite. Les manipulations inutiles ne sont pas vraiment dans ma manière de faire.

Ce n'est pas non plus comme si je considérais le sujet de discussion que nous allons avoir comme étant "gênant" ou "délicat". Ce n'est pas dur pour moi d'y venir. Même si nous ne sommes pas d'accord sur ce sujet - en tout cas la dernière fois nous ne l'étions pas - j'ai des espoirs pour que ça ne tourne pas en ce que les humains appellent une "dispute"... Pour moi ce serait plutôt un règlement de comptes, c'est toujours mieux d'éviter.

Sans rien vous cachez, je suis très réticent à l'idée d'aller à la rencontre de Jun Min. Ce n'est pas parce que je le déteste oh que non, il est là pour moi et même s'il semble un peu froid, il est plutôt sympathique quand on le connait un peu plus. C'est juste que... que... je me sens un peu mal alaise en sa présence ! Lui il est un grand vampire, il chasse et ose ôter la vie à ses victimes ! Mais moi ? Moi je respecte l'être humain, j'évite de me jeter dessus afin de me nourrir et ce depuis que j'ai eu cette période chaotique dans ma vie. Je refuse de me servir des humains en guise de repas et puis dès que je commence à approcher mes lèvres de leur tendre cou, j'ai ces images sans cesse qui surgissent de mon esprit. Le visage de mon meilleur ami dans la douleur ainsi que son corps sans vie... je sais que je n'ai plus de coeur, que je ne suis qu'un vampire level 3, mais pour vous avouer, c'était douloureux. Alors voilà, voilà comment je me suis retrouvé enfermé, coupé du monde afin de ne pas faire d'autres victimes et pourtant, la plupart des vampires vous diront que c'est naturel pour les êtres de la nuit. Cependant, mes parents ne sont pas du même avis, ils ont leur propre règle et surtout des calices.

Et Jun Min ? Je ne connais pratiquement rien de lui, mais lui connait plein de choses à mon sujet. Je suis peu bavard face aux étrangers ! Toutefois, quand je me suis mis à connaître davantage cet autre level 3, je me suis ouvert un peu plus. Lui ? Il ne comprend pas vraiment ma fixation sur les humains. Sur le fait que ce n'est autres que mes parents qui me nourrissent avec le sang de leur calice. Evidemment, je ne me sers pas d'eux comme des gourdes de substitution. Oh que non ! Jamais je n'oserais... et puis, quand un vampire se nourrit du calice d'un autre les deux souffrent ! Par conséquent, je me nourris seulement de pochette de sang et cela, Jun Min ne le comprend pas non plus. Est-ce pour cela qu'il m'a donc invité ? Pour m'inciter ou comprendre mon choix de me nourrir seulement au dépend de mes parents ?

C'est ainsi que je finissais dans cet endroit assez lugubre fallait l'avouer. Je restais là sur place sans émettre le moindre mouvement. Je savais que Jun Min ne bougerait pas son petit doigt. Il n'était pas comme ça ! Il reflétait si bien notre race : froid, élégant et de marbre... Il me fit juste une petite remarque du fait que l'on ne s'est pas vue depuis un long moment. Il est vrai qu'avec mes études, je ne pointe pas souvent le nez dehors et puis, j'ai tout ce qu'il me faut chez moi. Toutefois, je pouvais m'accorder des virées nocturnes même si cela m'effraie parfois... après tout, on ne sait pas sur qui tomber !

Soulagement, il brisa le silence entre nous et me demanda tout simplement comment j'allais. Je n'avais guère le temps de répondre qu'il ne s'attardait pas à mettre sur le tapis, le sujet très pointilleux sur ma façon de me nourrir. Par conséquent, je me mordais la lèvre inférieure tel un enfant qui venait de faire une bêtise. - Euh je... je... moui ! Mais cela me va hyung ! bégayais-je. Mensonge, je savais très bien qu'en continuant ainsi, je ne saurais pas me nourrir si jamais mes parents venaient à quitter ce monde. Toutefois, nous vivons dans le moment présent alors tant pis, fallait tout simplement que je profite de ce que l'on me donne!

Je suis plutôt confiant, je l'avoue. J'ai espoir à ce que notre petite discussion reste calme, et que je parvienne peut-être même à le mettre d'accord avec moi. La dernière fois que nous nous sommes vus, il n'a pas accepté d'écouter mes... "conseils". A présent, je me contente de le regarder fixement dans les yeux, voyons voir s'il va changer d'avis. Je me contente de lui demander brièvement s'il va bien. Mais c'est le genre de question juste polie, sans attente de réponse importante. Tout de suite, je préfère me concentrer sur le sujet : sa petite vie en tant que vampire, sa situation par rapport à ses parents. Ça m'agace de savoir qu'il est dépendant de ceux-ci.

Il se mord la lèvre. On dirait que je suis en train de le gronder. A ce que je vois, ce sujet semble bien plus délicat à ses yeux que pour moi. Il paraît vraiment embarrassé tout d'un coup. - Euh je... je... moui ! Mais cela me va hyung ! déclare-t-il, l'air hésitant. Je soupire doucement, haussant un sourcil. Je finis par sortir les mains de mes poches, faisant quelques pas pour franchir la distance entre nous. Je me retrouve bien plus près, mais il reste encore un bon mètre entre nous. « Si tu affirmes quelque chose, fais-le au moins en ayant l'air sûr de toi. » murmurai-je en souriant presque imperceptiblement, comme si j'étais amusé. En réalité, je n'ai juste pas envie de perdre mon temps. Non pas que je n'en ai rien à faire, mais plutôt qu'à quoi bon lui parler, s'il ne cède pas ? Il est un vampire, et je lui ferai comprendre que j'ai raison, quoiqu'il arrive, je pense.

Je reprends un air parfaitement neutre et passe une main dans mes cheveux, sans cesser de le fixer. Il va comprendre, je vais lui faire comprendre. Si ça ne marche pas, je dirais "tant pis pour lui". Je veux bien tenter de l'aider, mais s'il ne fait pas d'effort après, ce ne sera pas mon problème. « Tu n'est pas idiot je pense. Tu sais parfaitement que ça ne t'ira pas éternellement. Tu vas devoir changer tes petites habitudes. » Je ne sais rien de son passé, de ce qui le pousse à se nourrir de cette façon. Mais il ne pourra pas lutter contre sa nature éternellement. Personnellement, j'ai massacré mes parents dès le premier jour. Je sais bien que je ne peux pas me comparer à lui, nous n'avons rien à voir.

« Je suis prêt à te proposer des solutions. » dis-je dans un murmure. Je sais bien qu'il m'entend. C'est pourtant simple. Un calice. Je peux très bien lui en "faire don". Pour l'instant, je peux toujours tenter d'argumenter, même si je ne suis pas du genre à faire des détours inutiles.