Blood like roses growing around you ~Hu Jiao & Myung Dae~

Bientôt 17h, bientôt 17h, bientôt… 17h ! Tous les jours c’est la même chose, tous les jours j’attends que la journée se termine. Honnêtement, si j’avais un autre travail, ça serait la même chose, au moins là je vois du monde et j’ai des boissons chaudes à volonté et des gâteaux, c’est déjà pas mal… Bref, ce soir je sors et il me faut des vêtements, j’en ai marre de porter la même chose. Et puis je viens d’avoir pas mal de pourboires donc c’est parfait. C’est vrai que je pourrais en faire autre chose mais j’aime les vêtements donc autant se faire plaisir.

Et puis de toute façon, si je sors ce soir je vais probablement rencontrer quelqu’un que je connais et je ne devrais pas avoir de mal à me faire offrir l’entrée donc je peux dépenser sans avoir à me soucier de ça. Je jette un coup d’œil à mon portable en me demandant si je propose à Jiao qu’on se retrouve mais je le range dans la poche arrière de mon jean. Il est trop tôt pour lui proposer ça, autant que je me prépare et que je lui propose quand j’irais, il me rejoindra comme ça. Il peut se montrer extrêmement possessif envers moi, ça ne me dérange pas bien au contraire étant donné que je fais la même chose avec lui.

Je crois que ça serait bien que je m’éloigne un peu de lui, que je prenne le large. Je l’ai déjà fait une fois dans ma vie, je devrais pouvoir recommencer, non ? Ça c’est ce que je me dis en marchant dans la rue principale du Coex à la recherche d’une boutique intéressante. Pourtant, ce n’est pas la chose qui me traverse l’esprit lorsque je l’aperçois, là, à quelques pas en face de moi. A croire qu’on est destinés à toujours se retrouver ensemble. Je sais que je devrais faire demi-tour pour mon propre bien mais je n’y arrive pas. Bien au contraire même puisque mes pas me guident vers lui. J’aime la façon dont il se tient et j’aime sa manière de me regarder. J’ai l’impression de mourir un peu plus à chaque fois que je me rapproche de lui. Et pourtant, ça ne m’empêche pas d’y aller et de m’arrêter devant lui. J’ai conscience qu’on nous observe mais je m’en fiche, je ne vois que lui.

« Salut… J’avais l’intention de te voir dans la soirée, à croire qu’on est liés par quelque chose… »

Je ne sais même pas encore à quel point j’ai raison.

Combien de jours ? Combien depuis qu’il avait posé son regard sur myungdae pour la dernière fois ? HuJiao était appuyé contre le mur de cette allée en centre ville, l’air hagard, les odeurs lui sautant à la gorge comme tant de rebelles attentant à sa santé mentale. Il n’avait pas bu depuis deux jours et le manque, le besoin commençait à se faire sentir. N’importe qui ferait l’affaire, il prendrait le premier clodo venu pour le vider de son sang. Glissant hors de la ruelle après avoir rassemblé tout son courage, il grogna lorsque les odeurs s’intensifièrent une fois plongé dans la masse de gens. Et ses sens à vifs saignaient abondement, il sentait son self contrôle glisser entre ses doigts rendus fébrile par la faim et l’attente. Il regardait autour et ne mit pas longtemps à repérer cette demoiselle qui semblait lui trouver un intérêt certain, gravitant doucement vers lui avec son sourire dégoulinant de séduction. Il ne se fit pas subtil ou mystérieux, allant droit vers elle pour attraper son poignet et la tirer un peu à l’écart. Il n’avait qu’une envie : boire. Se nourrir était tout ce qui importait. Il voulait tellement assouvir la faim qui grognait au fond de lui et pourtant, alors qu’il s’était rapproché de la demoiselle qui gloussait ridiculement devant son empressement, une odeur plus forte que toute les autres fit frissonner son être et il la repoussa sans s’inquiéter de ce qu’elle allait penser, se dirigeant vers le délice de cette odeur juste pour tomber nez à nez avec l’objet de ses moindres désirs : Gu Myung Dae. Il grogna de frustration. Il devrait se retenir de manger encore un moment pour ne pas éveiller les soupçons de son ami. Pourtant, au fond du regard sombre du vampire planait un sentiment nouveau, un air de danger plus prononcé qu’à l’habitude, une flamme vacillante et presque menaçante.

« Tu es venu là pour les magasins ? Je vais t’accompagner, si tu avais l’idée de m’appeler plus tard, cela ne changera rien. »

Il glissa un regard sur la nuque pâle de son vis-à-vis, sur laquelle traînaient çà et là quelques grains de beauté terriblement tentant, tranchant délicieusement sur l’épiderme fragile. Il retint à grand mal l’envie de simplement le plaquer à la première vitrine pour se délecter d’une gorgée de son liquide vital et sourit à peine pour le rassurer.

Certaines personnes ont tendance à croire que la vie c’est simple, qu’il suffit de la prendre comme elle vient et de faire avec hauts et les bas. Sauf que franchement, il y en a qui ont beaucoup plus de bas que de hauts. Je ne dirais pas ça de moi, personnellement, je sais très bien que j’ai eu plus de hauts que bas donc je n’ai absolument pas à me plaindre. Je pense plutôt à tous ceux qui ont eu la vie dure. Jiao par exemple. Nous n’en n’avons pas parlé, c’est vrai, mais ça se voit sur son visage qu’il n’a pas vécu que des choses simples. Nous n’avons pas parlé tant que ça en fait. Enfin, c’est quelque chose de difficile à expliquer. Il est tellement présent dans mes pensées que j’ai l’impression que nous avons partagé tout un tas de trucs alors que pas tant que ça, la preuve, je ne sais pas d’où vient la douleur affichée sur ses traits.

Peut-être qu’aujourd’hui je vais avoir une réponse, peut-être même maintenant. Lorsque je plonge mes yeux dans les siens, je sais déjà que c’est fini, que je n’arriverais pas à le lâcher pour le reste de la journée. Je ne sais même pas comment je fais pour me détacher de lui lorsqu’on doit se quitter. D’ailleurs, j’ai l’impression que je vais exploser à chaque fois que je le vois s’éloigner. Alors oui, le fait qu’il me propose de faire les boutiques avec lui, ça me tente, parce que de toute façon, je ne vais plus le laisser partir pour l’instant. J’aimerais décrire ce que je ressens mais je n’y arrive pas.

« Oui, tu as raison. Tu n’as qu’à m’aider à choisir quelque chose, après tout, c’est toi qui va en profiter le plus alors autant que ça te plaise… »

Pourquoi faire semblant alors que lorsqu’il est là je ne vois que lui. Des fois j’ai l’impression de ressembler à une fangirl en train de dévorer son idole du regard, mais c’est différent, bien différent. J’attrape délicatement son bras et je le l’entraîne dans le magasin le plus proche. Maintenant que je travaille au Camélia, j’ai un salaire qui me permet de faire un peu plus de folies qu’auparavant et ça me plait bien. Le tenant par le bras, je regarde les vêtements sans vraiment les voir puisque mon regard ne cesse de revenir à lui. Soudain je fronce les sourcils et je m’arrête avant de lever ma main et de caresser sa joue délicatement.

« Jiao… Dis-moi ce qui ne va pas… J’ai toujours l’impression que tu souffres, mais là c’est différent… On dirait que tu as faim… Que tu as soiffe de quelque chose que tu ne peux pas avoir… »

J’ai l’impression de faire une bêtise en me rapprochant de lui mais la tentation est trop forte. Je sais déjà que je suis à un point de non-retour.

Nouer leurs bras, glisser si près de lui, contre sa peau, juste à portée de son nez… C’était une mauvaise idée. Jiao sentait en lui le monstre de la faim grogner et gratter, tordant son estomac de façon à rendre la faim complètement insupportable. Il ne fallait pas jouer avec un « nouveau-né »… HuJiao savait que plus les minutes lui échappaient plus résister à son odeur, à son arôme était difficile. Il tâchait de s’intéresser à ses vêtements, à ce qu’il choisissait ou regardait mais rien n’y faisait, son esprit était à peine présent. Il profita de le voir fouiller dans les rayons pour reculer si peu cela fut il, incapable de supporter cette proximité et il se retint de mordre violemment dans la main de Myungdae lorsque celui-ci l’approcha i près de lui, le narguant presque sans même se douter de la bataille intérieure que menait Myungdae. Il se mordit vivement la lèvre et se déroba à son toucher, repoussant sa main de la sienne.

« Je vais bien, Myung… Je suis juste fatigué, voilà tout. »

Un mensonge plus gros aurait été difficile à produire car au contraire, le moindre de ses sens était en ébullition, ses capacités étaient à fleur, lui-même était prêt à sauter à la gorge du premier inconnu qui passerait par là mais il se retenait par soucis de maintenir l’illusion d’être encore une personne fréquentable aux yeux de son ami. Ne pas lui révéler sa nature monstrueuse l’aidait à lutter contre l’instinct primaire et bestial qui grognait et griffait en lui, essayant désespérément de se frayer un chemin vers la surface, de s’assouvir. Il le guida vers les cabines d’essayage, essayant d’en finir assez vite, sentant le besoin se manifester plus violemment, le prenant désormais à la gorge presque violemment, maltraitant sa faible résistance à l’envie. Il le regarda un instant plus intensément, au fond de ses yeux revenant au galop la flamme douloureuse mais dangereuse, comme un avertissement, souhaitant éloigner le petit brun avant qu’il ne fasse quoi que ce soit qu’il puisse venir à regretter par la suite.

« Essaie ça vite, de toute façon je n’attache pas souvent d’importance à ce que tu portes, je sais que tu es beau. »

Il va bien… ? Bon, je pense que je peux au moins faire semblant de le croire. D’un autre côté il a toujours l’air fatigué donc ça ne m’étonnerait pas que ça soit vraiment le cas. Et puis franchement, je suis qui pour juger s’il me dit effectivement la vérité ou non. Après tout, nous ne sommes que des amis. Enfin je crois. A vrai dire, je ne sais plus trop ce que nous sommes. Je ne l’ai jamais vraiment su. Si la définition d’ami c’est de passer du temps ensemble, de faire les magasins comme maintenant, alors oui, nous sommes amis. Mais vu comment il m’obsède, j’imagine que je le considère un peu plus que comme un ami, non ? Enfin, ce que je veux dire, c’est que j’en ai des amis, et je ne passe pas mon temps à penser à eux. Enfin, on verra bien comment évolue notre relation. L’important, c’est que si Jiao me fait des compliments comme celui qu’il vient juste de me faire, c’est que je l’intéresse un minimum je suppose.

« Merci, ça fait plaisir d’avoir des compliments, surtout venant de quelqu’un comme toi. »

Je lui souris et je file dans la cabine d’essayage parce que je vois bien que monsieur veut sortir d’ici. Il fallait le dire s’il ne voulait pas venir avec moi, ça aurait peut-être été plus simple, non ? D’un autre côté, je comprends que faire les magasins entre potes, ça ne soit pas sa tasse de thé. Non parce que honnêtement, je n’aime pas forcément ça non plus. Mais bon, il faut bien s’habiller, et avec des vêtements qui nous vont bien, c’est quand même un peu plus sympa. Enfin, quoi qu’il en soit, j’essaie le jean blanc que j’avais dans les mains ainsi que le haut. Ce dernier est un peu grand mais qu’importe. Je remets mes vêtements et je sors de la cabine.

« Tu verras si ça me va bien plus tard, de toute façon, vu que tu sais déjà que je suis beau, ça ne change pas grand-chose ! »

Bah quoi, il m’a dit que j’étais beau, j’en profite. Il faut savoir saisir chaque opportunité dans la vie donc bon. Et puis qui ne se vante pas quand on lui dit qu’il est beau ? Bon après vous avez ceux qui disent qu’ils sont moches pour qu’on les rassure et qu’on dise qu’ils sont beaux. Enfin bref, je vais changer la taille de mon t-shirt et je vais payer avant de sortir dans la lumière du soleil couchant.

« Tu veux faire quelque chose avant que je rentre me changer ou on se retrouve plus tard ? »