Call me Master from now on

Le dimanche suivant la réception, je me retrouvai donc à appeler ma banque, qui bien entendu me confirma que les fonds seraient prêts à temps pour un aussi bon client. C'était bien parce que j'avais déjà eu quelques désagréments avec eux et que j'avais menacer de retirer tout mon argent pour le placer ailleurs. Une grosse partie de leurs fonds se se seraient vus disparaître et étrangement, tout allait beaucoup mieux depuis, même s'ils devaient faire des pieds et des mains pour me satisfaire : ce n'était pas mon problème.

C'est avec une valise chargée de gros billets que je sortis de ma Porsche Panamera, donnant les clés au larbin qui attendait et à qui je jetai un regard noir dans un avertissement silencieux ; qu'il ose seulement bousiller ma caisse et je me ferais un plaisir de m'occuper personnellement de son cas. Je le regardai trembler et prendre les clés avant de me détourner pour prendre la direction des portes de l'hôtel. Je n'avais rien laissé au hasard et me présentai à la réception en costume encore une fois, comme à chaque fois qu'il s'agissait de business.

La petite blonde de la réception n'eut pas à appeler l'intéressé pour confirmer mon rendez-vous, sûrement prévenue à l'avance de ma visite. Quelqu'un de l'hôtel apparut alors et me mena à la suite de M. Noh. Je le remerciai d'un bref signe de tête et toquai à la porte, attendant une quelconque réponse, repensant au bellâtre qui m'avait complètement tapé dans l'oeil hier et à son odeur qui m'avait complètement enivré. Peu importe le prix, je le voulais.

La porte s'ouvrit finalement devant moi sans que j'eus à attendre très longtemps, et je pénétrai dans une grande pièce richement décorée. La première chose qui me frappa fut ce même parfum exquis qui m'avait déjà submergé la veille et qui m'enivra une fois encore aujourd'hui. Il flottait dans la pièce et personne ne semblait y faire attention ; je savais qu'ils étaient tous incapables de le sentir et ainsi d'être envoûtés parce délicieuse odeur, et ils n'étaient même pas conscients de ce qu'ils rataient.

"M. Noh."

Je m'avançai au milieu, bien en vue de tous, esquissant un bref signe de tête vers le père du bel éphèbe, qui était assis à ses côtés. Je posai mes yeux sur lui et fus une nouvelle fois frappé par sa beauté exotique, soulignée avec brio par les vêtements qu'il portait. Son teint hâlé était mis en valeur et ses yeux soulignés au crayon noir semblaient m'hypnotiser. Je le fixai un long moment, oubliant quelque peu le pourquoi du comment, et m'assurant ainsi que je n'avais pas halluciné hier, que c'était le bon. Je le voulais plus que jamais.

Réussissant finalement à détacher mes yeux de celui qui m'avait charmé en un regard, hier comme aujourd'hui, je rapportai mon attention sur son père avec le sérieux de l'homme d'affaires que j'étais. Je soulevai la valise d'une main et m'approchai encore pour la poser sur la petite table devant eux. Je la tournai vers lui et l'ouvris, lui laissant voir que j'avais tenu ma part du marché. Il n'était pourtant pas encore rempli tant que je n'avais pas examiné la 'marchandise'. Je refermai alors la petite valise mais la laissai sur la table, reculant d'un pas, pressé d'en finir.

"Comme convenu, l'argent est à vous si je suis satisfait après examen."

Je ne doutais pas du fait qu'il devait être parfait en tout point, au risque de perdre de la valeur, et avais déjà fait mon choix ; mais ça, je le gardai pour moi, leur laissant croire que je pouvais toujours annuler le deal, ce qui était bien entendu hors de question.

D'apparence impassible, j'étais au fond impatient et excité comme je ne l'avais pas été depuis longtemps, mes doigts me démangeant. Ce n'était pourtant pas encore le moment : il fallait d'abord que je cède l'argent avant de pouvoir le considérer comme mien et me l'approprier de toutes les manières possibles et inimaginables. J'attendais la fin du marché avec nervosité presque, n'arrivant pas tout à fait à croire que j'achetais quelqu'un. Au cours de mes longues années d'existence, je n'avais encore jamais fait cela, si ce n'est pour une prostituée lorsque j'étais encore humain. C'était pourtant bien différent aujourd'hui puisque j'achetai non pas des services mais la personne en elle-même. Le beau brun allait être à moi, m'appartenir, ce qui voulait dire que j'avais tous les droits sur lui et que je pouvais en faire ce que je voulais. J'avais bien entendu des limites et, même si c'était difficile à croire pour certains, un sens morale et des principes.

Cessant de tourner et retourner la situation dans ma tête en voyant le concerné se lever et s'avancer vers moi, je ne le quittai pas des yeux un seul instant, attendant patiemment. J'eus alors la permission du père et le vis retirer l'écharpe qui lui couvrait en partie le visage, le tissu sombre glissant contre lui avant de se retrouver au sol, délaissé. Il retira ensuite son gilet, qui finit lui aussi abandonné au sol. Je n'avais d'yeux que pour lui, oubliant son père non loin de nous qui devait sûrement guetter mes réactions et observer la scène d'un œil scrutateur. Je glissai mon regard sur le haut de son corps dévoilé, découvrant les tatouages qui couvraient sa peau et ses muscles bien dessinés. Arriva le moment où ses mains se posèrent sur le haut de son pantalon blanc et je hochai simplement la tête sans un mot, attendant la suite avec impatience. J'étais un pervers notoire qui ne se refusait rien et qui avait un goût prononcé pour les belles choses. J'étais sûr que j'allais en avoir pour mon argent avec lui, et je ne doutais pas même du fait que la somme pourtant exorbitante que j'allais débourser pour lui était loin de lui rendre hommage.

Plus personne n'existait autour de moi hormis le jeune homme au teint halé et au regard envoûtant, parce que oui, j'étais bel et bien envoûté. Je n'arrivais pas à détacher mes yeux de lui, et encore moins quand il commença à se déshabiller. Il n'avait pas perdu une seconde et dès que je lui avais fait signe, il s'était empressé de continuer, dévoilant son corps sans aucune gêne malgré mon regard intéressé. J'étais hypnotisé par le moindre de ses mouvements, charmé par sa grâce, par sa peau dorée, ses muscles apparents et ses yeux cernés de noir. Difficile de résister à un corps comme le sien, sans parler du délicieux parfum qu'il dégageait. Je n'avais pas encore goûté à son sang mais je savais d'avance qu'il allait me satisfaire plus qu'aucun autre ne l'avais jamais fait : après tout, il était un 'Aureus Sanguis'.

Son père claqua alors des doigts et je relevai la tête, reprenant le dessus sur mes émotions et coupant ma respiration pour éviter que son exquise odeur m'embrume l'esprit. Le bel adonis jeta un coup d’œil à son paternel qui lui fit signe de se tourner. Le brun dont je ne connaissais toujours pas le nom s'exécuta sans tarder et je rapportai aussitôt mon attention sur lui tandis qu'il tournait sur lui-même. Mes yeux glissèrent sur la marchandise que je devais évaluer sans aucune gêne, ravi de voir que son corps était plus que convenable. Je l'achetais avant tout pour son odeur, pour son sang, mais de le voir aussi parfait et désirable, c'était un sacré plus. Comme je le pensais, je n'allais pas gaspiller d'argent : cet humain était tout simplement le bon, personne ne devait le posséder à part moi.

Je tendis une main vers lui sans m'en rendre compte et stoppai aussitôt mon mouvement, levant les yeux vers son père d'un air impassible malgré mon geste.

"Puis-je ?"

L'homme avec qui je devais faire affaire se laissa aller contre le dossier, ses bras de chaque côté, sur le haut du canapé en affichant un petit sourire, m'autorisant d'un signe de tête à faire mon inspection comme je le souhaitais. J'inclinai légèrement la tête pour le remercier, restant poli et très bien élevé même si au fond de moi, je pensais qu'il aurait dû être celui qui me montrait du respect : j'étais bien plus âgé que lui. Je n'en montrai pourtant rien, étant loin d'être stupide : il avait quelque chose que je convoitais et je ne pouvais pas me permettre de lui manquer de respect.

Mes mains se rapprochèrent de son corps et glissèrent contre ses hanches d'abord, retenant un frémissement en sentant sa peau chaude sous mes doigts. Je passai un doigt sous son menton et plongeai mes yeux dans les siens, y voyant cette même barrière, cette même fierté que j'avais vu la veille. Je souris en coin. Il me dépassait de quelques centimètres mais c'était loin d'être un handicap : il était grand, beau et musclé et il me plaisait, c'était tout ce qui comptait. Je retraçai les tatouages sur sa peau.Un autre que moi aurait pu discuter le prix en le voyant déjà marqué ainsi mais ces marques noires sur sa peau ajoutait à son charme exotique selon moi, comme un rappel du khôl sous ses yeux, une combinaison parfaite. Je le tournai alors pour qu'il me tourne le dos et passai mes mains contre ses omoplates puis dans le bas de son dos, le penchant légèrement pour glisser mes doigts entre ses fesses sans une once d'hésitation. Je souris intérieurement pour ne pas montrer à quel point j'étais enchanté. Personne n'était passé par là avant moi ou du moins, pas depuis longtemps. Je voulais savoir et le retournai à nouveau, lui posant la question directement.

"As-tu déjà goûté aux plaisirs de la chair ?"

Son corps s'était tendu presque imperceptiblement quand j'avais glissé mes doigts entre ses fesses contre son intimité, me faisant penser qu'il n'était pas habitué à ce genre de contact. J'en eus la confirmation lorsqu'il répondit d'un air fier et sans broncher à ma question. Aucun autre homme avant moi. Il venait de prendre un peu plus de valeur encore à mes yeux, mais décidé à ne rien laisser transparaître cette fois, j'affichai ce visage impassible qui revenait souvent lorsqu'il était question de business. Aujourd'hui pourtant, j'allai acheter quelqu'un, chose que je n'avais jamais faite auparavant. C'était une première pour moi et pas des moindres. J'allais faire de lui mon calice, un être auquel j'allais tenir plus qu'à la prunelle de mes yeux, et pourtant je ne connaissais rien de lui. Je suivais simplement mon instinct qui m'avait poussé vers lui dès l'instant où j'avais croisé son regard ; et voilà que je me retrouvais là, lendemain de notre rencontre, pour l'acheter afin de le faire mien pour l'éternité.

Je me perdis dans ses yeux avant de lui faire faire un dernier tour sur lui-même, inspectant le moindre recoin de son corps à la recherche d'une marque ou d'un détail indésirable : rien, il était parfait. Je me reculai alors, laissant mes yeux se perdre une dernière fois sur son corps avant de redresser la tête.

"Tu peux te rhabiller."

Je fis un pas sur le côté pour me retrouver face à son père qui ne se retenait pas d'afficher un sourire fier et suffisant. Je n'étais pas sûr d'apprécier la personne qu'il était mais de toute façon, je n'allais rien faire pour apprendre à le connaître. J'avais beau avoir l'intention de me lier à son fils, à la chair de sa chair, lui n'allait pas faire partie de mon petit monde. Une fois l'échange argent/marchandise effectué, je ne comptais pas le revoir, et le brun pouvait lui dire au revoir lui aussi. Ca ne pouvait être qu'une bonne chose de toute façon vue la manière dont le père ne voyait son fils que comme un moyen de se faire de l'argent visiblement. Je m'avançai donc et m'arrêtai devant la table où j'avais laissé la valise refermée. Je dévisageai le paternel toujours étalé sur le canapé et repris la parole d'un ton neutre.

"Je n'ai rien à redire ; l'offre est toujours valable."

Je me penchai pour rouvrir la valise sous les yeux de l'homme et me redresser.

"Vous pouvez recompter l'argent si vous voulez."

Son remerciement me parvint tandis que j'avançais déjà vers son père. Je m'adressai à lui pour lui signaler que je n'avais rien trouvé de défectueux chez le brun, si je pouvais dire cela. Je l'entendis se rhabiller derrière moi tandis que l'homme d'affaire devant moi recomptait l'argent. Je savais que j'étais réglo mais il était stupide de faire confiance à qui que ce soit dans le monde du business et je comprenais son geste. J'attendis donc sans bouger, planté devant lui d'un air impassible. Le jeune éphèbe pour qui j'étais là se rassit à la place qu'il occupait avant l'inspection et je ne pus empêcher mes yeux de glisser vers lui pour l'observer en attendant que le compte soit bon. Je préférais largement que mon regard se perde sur lui plutôt que sur son père, un peu trop vieux pour moi, même si les deux se ressemblaient physiquement.

Le vieux bonhomme m'annonça que tout était bon, se levant pour me faire face et je rapportai mon attention sur lui. Il partit chercher les documents liés au rachat de son fils et me les tendit. Je les pris en main dans une légère courbette respectueuse et feuilletai le dossier : certificat de vente avec signature et sceau de la famille, carnet de santé, certificat de naissance, et tout un tas d'autres papiers relatifs au jeune homme dont je ne connaissais toujours pas le nom. Je vérifiai la moindre ligne du contrat de vente et des autres papiers, sachant où regarder depuis toutes ces années pour reconnaître un faux d'un vrai. Je n'étais pas du genre à me laisser rouler dans la farine et ne laissais rien au hasard. Je tombai alors pour la première fois sur le nom de mon futur calice et passai un doigt sur l’écriture. Jihoon, hein ? Je connaissais déjà son nom de famille mais n'avais même pas pensé à demander son nom, ni hier, ni aujourd'hui. Je me sentais un peu bête mais ne risquais pas de le montrer. Je relevai alors la tête tout en refermant le dossier : rien ne manquait, la transaction allait pouvoir se finir.

"Je crois que tout est bon. Qu'en dites-vous ?"

J'attendis qu'il me confirme que la transaction était bel et bien terminée avant de me tourner vers celui qui était désormais mien. Le pays ne reconnaissait pas les ventes de personnes mais M. Noh et moi avions tous les deux à y gagner, et il semblait que son fils avait été préparé à ça toute sa vie, ne protestant pas le moins du monde. Ça me faisait quelque peu bizarre de me dire que je venais d'acheter quelqu'un et qu'officieusement, il m'appartenait désormais, mais une fois chez moi, je n'allais pas agir comme s'il était mon esclave : je ne le considérais pas comme un objet, même si c'était paradoxal vu que je venais de l'acheter. Je me tournai vers le brun à nouveau.

"Jihoon, c'est ça ? Je pense que nous allons pouvoir y aller, si tu veux bien. Tes affaires sont-elles prêtes ? As-tu besoin de temps pour dire au revoir ou profiter une dernière fois de ta famille ?"