Lim Jae Hwan + L'avenir appartient à ceux qui se lèvent à l'heure où je me couche

Ô mon étoile, quand reviendra l’hiver, tout seul dans ce décor qui brille de bas en haut, Ô rappelle moi, qu'ici et même ailleurs, la vie est un trésor, le temps nous promet trop

☩ Je ne me souviens que de peu de choses du temps où j'étais humain. Mais on ne peut pas non plus tout oublier. De cette époque, je garde le souvenir de parents sévères, d'avoir été un enfant unique se devant de suivre le chemin tout tracé par ses parents rêvant d'excellence et de réussite. Mes aspirations et mes rêves comptaient bien peu. Aussi je m'efforçais malgré tout de sourire, de rester positif et de me satisfaire de ce que mes parents me donnaient. Car après tout, sans eux, que pouvais-je bien faire ? Je me souviens aussi d'avoir toujours été cet élève exemplaire. Il le fallait. C'était ou la réussite ou la colère de mon père. Cependant, même si j'aurais aimé que ce soit différent, je n'avais pas de quoi me plaindre. Je ne manquais de rien. Alors je faisais avec, gardant ce qui me faisait mal pour moi, et arborant face à tout le monde un air des plus heureux.
Mes parents n'aimaient pas beaucoup certains de mes amis et en particulier mon meilleur ami. Moi qui n'avait pas de frère ou de sœur, je le voyais comme mon jumeau, mon frère de cœur. On avait quasiment déjà tout fait ensemble, comme bêtises. Avec lui je me sentais vivre. On est jeune qu'une fois dans sa vie disait-il. Je l'enviais, parce qu'il pouvait suivre ses passions. Mais au moins avec lui, je pouvais me sentir libre et prendre du recul sur beaucoup de choses. Il trouvait anormal que je ne sois pas en mesure de prendre les décisions et me rebeller contre mes parents. C'est peut-être pour ça que mes parents ne l'appréciait pas. Ils trouvaient que mon meilleur ami avait bien souvent une mauvaise influence sur moi. Et puis un jour, la famille de mon meilleur ami déménagea et je ne le revis plus du tout, pour le bonheur de mes parents.

☩ Je ne savais que peu de choses de mes parents. Le métier de mon père était beaucoup trop flou. Et même ma mère était très vague sur ce qu'elle faisait. Ils m'interdisaient cependant de traîner trop tard le soir dans certains endroits peu recommandables de Séoul. J'avais bien sûr connaissance des vampires, mais je ne me méfiais pas tant que ça. Après tout, je n'en avais jamais croisé aussi je me demandais si on nous avait pas raconté que des salades. C'est le jour de la mort de mon père que je compris ce qu'il faisait vraiment dans la vie, et que les vampires, ce n'était pas des conneries. Ma mère non plus ne pouvait plus cacher le fait d'être une rebelle. Elle était même certaine que la mort de mon père était dû aux vampires. Pourquoi ne les avait-elle jamais aimé ? Pourquoi mon père aussi avait-il été rebelle ? Je ne l'ai jamais vraiment su. Les mois passèrent et puis ce fut bientôt deux ans qui passèrent. J'allais avoir 23 ans et un jour ma mère ne rentra pas. Ni le lendemain, ni même les jours suivants. Cela m'inquiéta tant que je m'étais mis à sa recherche. Et c'est ainsi que je tombais dans le piège de cette femme. Je retrouvais ma mère oui. Ceci dit pour la sauver, j'avais donné ma vie contre la sienne. Et c'est ainsi que je devenais vampire. Je ne sais pas si ça a été un cadeau de la part de celle qui m'a transformée. Mais quelque part, j'aurais vraiment pu mourir. Alors je me donnais comme principe de vivre à fond cette deuxième chance que l'on m'avait donnée.

☩ Encore très jeune, j'eus énormément de mal à m'habituer à ma nouvelle vie. Ma mère tenta de m'aider au mieux, mais je n'arrivais vraiment pas à me faire à l'idée de devoir mordre des gens. Cela m'a pendant très longtemps retourné l'estomac et me mettait même parfois dans des états de colère incroyable. Ceci dit, c'est ma mère qui me donna des clés pour y arriver. Je ne voulais pas être le monstre qu'elle chassait toute les nuits. Aussi petit à petit, j'apprenais à bien faire les choses, sans être violent, sans être brutal, et sans faire peur. Et si mordre un humain ne me plaisait vraiment pas, je me nourrissais du sang d'un animal.
Peu à peu je parvenais à gérer mes pulsions et à pouvoir garder un semblant de vie normale. Je quittais la maison pour vivre tout seul, et tenter de me gérer moi-même. Je vivais de petits boulots. Je ne m'aimais pas parfois, n'aimant pas le reflet que je pouvais voir dans le miroir. Parfois j'étais encore pris de nausée à l'idée d'attaquer quelqu'un pour vivre. Je me sentais presque heureux.

☩ Les années passèrent, je tenais un bon petit café dans la capitale et avais enfin trouvé une bonne stabilité. Ma mère était morte depuis longtemps, me restant plus que celle qui m'avait transformé. Je m'étais fait de nouveaux amis, à commencer parmi mes employés et je vivais toujours ma vie à fond, me réjouissant des moindres instants de bonheur. Et puis un soir, je sortais en boîte avec certains de mes amis, histoire de se vider un peu la tête après une semaine bien remplie. Et c'est là que je vis ce visage et sentis ce parfum si doux et légèrement sucré. Elle dansait avec ses amies et avait un sourire si beau à regarder. Avec mes amis ont les approcha, eux des autres filles, moi de celle que j'avais vue. Je le savais déjà à ce moment précis qu'elle n'était pas comme les autres. Est-ce que je voulais boire son sang? Est-ce que je l'aimais? Sur le moment je pense que j'aurais pu la mordre. Mais comme toujours, j'avais du aussi bien faire les choses, pour ne pas l'effrayer et la mettre en confiance avec moi. Je lui avais donc proposé qu'on s'éloigne et qu'on aille ailleurs. On parla beaucoup tout en marchant. Et finalement je pense que j'avais compris que ce n'était pas que l'effet de son sang qui m'avait attiré. Jamais je ne disais ce que j'étais vraiment à ceux ou celles que je mordais. Je lui avais donc déjà dit qui j'étais, ce que j'étais, ce que je faisais dans la vie. Elle aurait pu prendre la fuite à ce moment précis. Mais il n'en a été rien. Et on avait marché longtemps, parlé pendant longtemps. Et je l'avais raccompagnée chez elle. Pensant sans doute que ça risquait d'être la dernière fois, j'avais osé lui volé un baiser, comme pour ne pas qu'elle m'oublie.

☩ J'avais dû être un idiot de penser que jamais je ne la reverrai. Le temps passant depuis ce soir là, je ne l'avais pas oubliée, mais ne la revoyant pas, j'avais pris l'habitude de penser qu'elle l'avait fait. On aurait peut être pu s'écrire. Mais je n'avais jamais osé. Surtout pas après avoir appris qu'elle s'était mariée et était devenue maman d'un adorable petit garçon. Je ne savais rien du mari, mais je savais presque tout d'elle. Et malgré tout, elle réapparut à mon café. Habitant à l'étage, on s'y était installé, pour de nouveau discuter et surtout pour véritablement se retrouver. J'étais trop heureux. Je l'aimais si fort. Je me fichais bien qu'elle soit mariée. Pour moi, je vivais le summum du bonheur. Elle revint me voir les jours suivants. Et une nuit, prête à se donner à moi, rejetant alors son mari, je l'avais mordue. On continua de se revoir. Et bientôt, elle devint mon calice. On s'aimait aussi. Quand elle venait au café avec son mari, il n'y avait pas besoin que l'on se regarde ou que l'on se dise quoi que ce soit pour qu'on se parle. Et je ressentais tout ce qu'elle pouvait ressentir. C'était si fort que tout me semblait indestructible.

☩ Un soir on devait se retrouver de nouveau elle et moi. Comme toujours, je l'attendais à mon café. Mais à l'heure où elle aurait dû arriver, je reçu comme un choc. Je ne ressentis plus rien de sa part. Ce fut comme un silence soudain, devenant si pesant, si lourd. Une grande tristesse m'envahit brutalement, comme si mon calice s'était mise extrêmement loin de moi. La douleur fut si intense et si violente, surtout au niveau de ma poitrine, que je tombais dans l’inconscience. Je ne sais pas combien de temps je restais dans un tel état. Mais à mon réveil j'étais chez moi, un de mes employés près de moi. Selon lui j'avais été inconscient pendant 6 jours entiers. Je m'étais senti encore tellement triste, que j'avais exprimé l'envie de la retrouver. J'avais fait mon têtu, titubant dans ma chambre pour sortir, alors que mon ami faisait tout pour m'en empêcher notamment à cause de la blessure que j'avais à la poitrine. J'avais un mauvais pressentiment. Je me sentais si mal, si vide. Et j'appris à ce moment précis qu'elle était morte. Je ne le croyais pas. Je ne l'acceptais pas. J'injuriais Lilith de m'avoir épargné ainsi. J'aurais dû mourir avec elle. Ou mieux que cela, elle aurait du survivre avec moi.

☩ Je récupérais doucement de sa perte. J'avais appris peu de temps après que c'était son mari qui l'avait tuée. Rongé encore par l'amertume, la colère et la rancœur, j'avais alors songé à me venger et lui faire payer son crime. J'avais tout préparé, tout imaginé. Tout avait été bien organisé. Jusqu'à ce que je recroise par hasard cette bouille, ce petit morceau d'elle. Kibum. Il n'était encore qu'un enfant, mais il lui ressemblait tellement. Je renonçais à tout. Il avait perdu sa mère, en partie à cause de moi. Je ne pouvais pas me permettre de lui retirer son père. Aussi tout en travaillant au café, je prenais du temps pour aussi surveiller de loin le fils de ma bien aimée. Pour elle, je me donnais comme principe de prendre soin de lui. Et tout en agissant ainsi, je retrouvais le sourire et mes bonnes vieilles habitudes, et parvenais enfin à me reconstruire. Le père de Kibum ? Je le déteste, c'est sûr. Mais s'il doit mourir, la vie s'en chargera mieux que moi.