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 What will you do? † Su Jun

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MessageSujet: What will you do? † Su Jun   What will you do? † Su Jun EmptyVen 27 Déc - 17:44

What will you do?
Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille !
Cinq longues années s’étaient écoulées, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Sang Min n’avait pas remis les pieds à cet endroit précis depuis longtemps… Il l’avait soigneusement évité, tout comme il avait évité celle avec qui il avait tous ces souvenirs ici. Heureux comme tristes. Bien que les souvenirs heureux aient souvent un arrière-goût amer. Le futur calice ne savait pas non plus si c’était vraiment une bonne idée que de revenir ici, la veille de ce fameux rendez-vous qui scellerait son destin. Il ne savait nullement sur quoi il tomberait dans cet endroit désaffecté et oublié de tous. Endroit où il avait l’habitude de venir pour retrouver Su Jun, quand il était de passage à Séoul. Il avait maintes fois tenté de se rappeler de leur première rencontre, mais il n’y arrivait jamais. Pour lui, c’était comme s’il ne s’était jamais rencontrés. Non, ils se connaissaient depuis toujours. Bien qu’il se fût d’abord montré méfiant, glacial et distant envers la délicieuse demoiselle, il avait fini par s’habituer à sa présence, à l’apprécier même et puis finalement, peut-être même l’aimer… L’évolution avait été lente, longue, un brin langoureuse. Elle avait su se montrer fine et subtile, si bien que lorsque Sang Min s’en rendit compte, il était déjà trop tard… Le mal avait été fait. Beaucoup trop de mal avait été fait.

Kuan le ranimait de nouveau, avec toute la patience et l’étrange tendresse qu’il lui témoignait toujours. Sang Min avait encore tenté de mettre fin à ses jours, suite à une discussion enflammée avec celui qui lui servait de père adoptif. C’était toujours la même chose, un immense faussé creusé entre eux à cause de leurs tempéraments si différents et cette histoire de n’être libre en rien. Liberté. Séductrice ultime, sadique jusqu’au bout de chacune de ses si délicieuses courbes fourbes, qui se plaît à caresser le visage des prisonniers du destin pour ensuite s’enfuir en riant. L’artiste avait souvent de drôles de délires pendant ces moments entre la vie et la mort, des sources d’inspiration mortelle… ou des révélations, chacun sa manière d’interpréter. Il avait souvent une dernière pensée pour certaines personnes, des regrets, des remords, des excuses… Un beau ramassis pathétique d’une personne qui ne tend plus à vivre et qui repense à tout ce qu’elle quitte. Non, il ne doutait pas de son choix, il n’en avait jamais douté. Ce n’est d’ailleurs pas par choix qu’il n’arrivait jamais à sa fin, c’est simplement son entourage qui prétend l’aimer et tenir à lui qui se montre trop possessif, trop égocentrique pour le laisser simplement aller se réfugier à cette autre forme de liberté qu’est la mort.

Son colocataire chinois faisait certainement partie de ces gens, le coréen avait cessé de compter le nombre de fois où ce dernier l’avait ramené d’entre les morts. Sang Min n’avait jamais compris pourquoi d’ailleurs, il s’acharnait ainsi sur lui. L’artiste ne faisait que mettre de la peinture partout dans le bel appartement propre qu’ils partageaient, laisser des pages et des pages, écrites à la main, un peu partout et empester le tout avec de la fumée de cigarettes. Sang Min n’est pas ce qu’on appelle un colocataire idéal avec ses fréquentes tentatives de suicide, sa manie de se laisser traîner… partout, puisqu’il crée partout aussi. Depuis quelques temps déjà avant cette énième tentative, il avait recommencé à la peindre, à la dessiner, à la sculpter ou à écrire à son sujet. Elle lui manquait terriblement depuis… trop longtemps. La dernière fois qu’il l’avait vu avait été peu avant la fin tragique de Shane et après cet événement, il l’avait complètement ignoré. Il faut dire qu’il avait complètement perdu la carte à cette époque, la culpabilité avait eu raison de lui, mais personne n’avait voulu la laisser l’achever. C’est d’ailleurs probablement à cause des relations de son beau-père qu’il n’a pas été interné, il serait dommage de voir se perdre un Aureus Sanguinis dans un institut psychiatrique… c’est toujours mieux de le voir se casser la gueule dans une vie qui ne veut pas de lui, mais le retient toujours… C’est plus divertissant de le voir se languir pour cette chose qui se refuse obstinément à lui, surtout vu sa lignée qui lui offre une longévité, donc un calvaire, encore plus longue.

Ça avait donc été d’autant plus difficile de se rendre compte de cela maintenant. Oh, bien sûr, le doute était venu lui tourner autour, lui souriant comme toujours avec cette pointe de mystère ironique. Elle lui manquait, c’était un fait établi de longue date. Il avait peur de la perdre de la manière la plus drastique qui soit, tout comme Shane et de ressentir de nouveau cette impuissance mêlée à cette culpabilité âcre, c’était un autre fait. Alors qu’il vivait en Chine, Sang Min avait écrit un livre dans lequel elle tenait un des rôles principaux. Ce livre, signé sous son pseudo, fût publié et fût assez populaire. Ce n’était cependant pas pour l’argent ou la gloire qu’il l’avait écrit, ces choses n’ont jamais su le motiver… Non, c’était plutôt ce petit monde imaginaire qu’il avait créé qui l’avait motivé, à l’époque. Malgré les épreuves que les personnages traversaient, ils restaient toujours ensembles, là l’un pour l’autre. Dans son œuvre sombre, il était avec elle, il craignait toujours de la perdre, mais comme il était celui qui tenait le crayon duquel s’échappaient les mots, Sang Min pouvait être rassuré. Son monde n’était pas complètement rose, loin de là, il dépeignait plutôt sa vision de ce monde dépravé et sans porte de sortie sur quelque chose de meilleur. Les personnages y cohabitaient tant bien que mal, mais réussissaient à être attachants dans leur gaucherie, leurs malheurs, leurs petites qualités particulières et leurs défauts qui ont grandis avec eux.

Dans son œuvre, il était avec elle. Sang Min pouvait combler son absence ainsi, ou du moins, le tenter de manières bien maladroites. L’écrivain ne savait pas si elle ferait partie des nombreux fans du bouquin ou si elle n’en connaîtrait jamais même l’existence. Il craignait un peu ses réactions, si jamais elle l’avait lu. Se reconnaîtrait-elle? Comprendrait-elle de quoi il s’agit? Comprendrait-elle pourquoi? Devinerait-elle que c’est Sang Min le fameux Chin qui fait tant de mystères sur son identité? Il se posait toutes ces questions, mais ne voulait pas nécessairement les réponses. Puisqu’il devrait probablement s’expliquer, si jamais la réponse à la dernière question était positive. Le coup de l’artiste inconnu tout en étant connu n’est pas pour faire parler de lui, ni pour se démarquer des autres. C’est simplement parce que Sang Min ne veut pas avoir à changer son image pour donner plus de crédits à ses œuvres. Lorsqu’il crée, il y met une partie de son âme, une partie de lui, il s’expose ainsi au monde bien plus que l’œil étranger ne le croit. C’est ce qui rend ses œuvres si étranges, si captivantes et différentes. Parfois, le jeune homme en vient à se considérer, non pas comme un artiste, mais comme un exhibitionniste! Puisqu’il ne garde pas tout cela en lui, pour lui, dans un petit coffre bien scellé dans un coin de son cœur. Non, son cœur, son âme, ses pensées les plus intimes sont toutes bien écartelées et offertes au regard du curieux. Du moins, quelques parcelles le sont, puisque vous comprenez bien qu’à cette intensité et ce niveau d’intimité, l’artiste ne se sépare pas aisément de ses œuvres.

Surtout si elle est le sujet de l’œuvre. Sang Min en avait écrit des milliers et des milliers de pages avec elle au centre de l’intrigue. Il ne les avait pas partagées avec personne, sinon Kuan qui pouvait les trouver un peu partout dans leur appartement. C’est d’ailleurs comme ça que son éditeur avait mis la main sur un manuscrit. Il était venu le voir pour lui demander s’il avait enfin quelque chose à lui montrer, après tout ce temps, et avait trouvé une des histoires. Il l’avait lu rapidement, alors que Sang Min préparait du café dans la cuisine et était allé le voir en lui disant que ce texte était très bon. L’artiste suicidaire lui avait dit que ce n’était pas pour publier, mais l’éditeur insista tant et tant, qu’il partit avec le manuscrit pour le montrer à ses supérieurs sans le dire au coréen qui fût mis devant les faits à la fin. Un long soupir se faufila entre ses lèvres face à l’envahissement de tous ces souvenirs. Il passa sa main sur son visage et releva la tête pour regarder autour de lui. Il était assis là, par terre, depuis un moment déjà. Dans ce bâtiment désaffecté, seul, au milieu de dessins sombres et étranges, mélangés à des bouts de poèmes écrits en coréen, japonais, chinois, allemand… Quelques langues mélangées, le tout dans le but de trouver le mot parfait pour son texte. La lumière était timidement malade, ne l’éclairant pas beaucoup, mais ça ne lui importait pas vraiment. Une cigarette aux lèvres, il continuait d’attendre avec appréhension, hésitant à quitter. Elle ne venait peut-être plus ici… elle ne voudrait peut-être pas le voir…

Un bruit finit par briser le silence qui lui tenait compagnie depuis ces quelques heures. Il leva tranquillement ses yeux au regard si lointain. Il donne toujours cette impression de n’être là que physiquement, comme si son esprit était trop blasé pour rester en ce monde… L’inquiétude le berçait dans ses bras comme une mère qui tente d’endormir son nouveau-né. Une silhouette se dessina au loin, se détachant doucement de la pénombre. Il ne reconnaissait que trop bien les lignes de ce corps, il les avait trop dessinées, trop décrites. Un sourire sembla dessiner une ombre sur son visage, l’espace de quelques secondes, mais il retrouva rapidement son expression inexpressive habituelle. Son cœur battait à tout rompre, cherchant à sortir de sa cage thoracique pour ne pas être briser dans les minutes qui allaient suivre. Son regard voulait se détacher d’elle, regarder ailleurs pour ne pas être ébloui à en devenir aveugle, mais il n’y arrivait pas. Il vint écraser par terre ce qu’il restait de sa cigarette et cessa d’écrire. Il finit par réussir à baisser les yeux sur ce qu’il avait écrit, il soupira de nouveau.

-« Je ne savais pas si tu venais encore ici ou pas… » Admit-il lentement, en relevant les yeux vers elle, pour observer sa réaction qu’il appréhendait.

(c) sweet.lips
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