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 there's no salvation for me now.

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MessageSujet: there's no salvation for me now.   there's no salvation for me now. EmptySam 16 Nov - 16:59



lover to lover
I’ve been losin’ sleep, I’ve been keepin’ myself awake, I’ve been wandering the streets for days and days and days.
(tenue.) Bon. Ça brûle. C'est bien. Exactement ce que je voulais. Dieu que j'aime les flammes. Jamais assez vives, jamais assez grandes, jamais assez meurtrières. Mon délire, ce sont les brasiers. Il n'y a pas grand chose d'aussi beau dans ce monde. Rien, en fait. Je prends mon pied en regardant le monde cramer, voilà. C'est amplifié quand ce sont mes affaires qui crament. Je me dis souvent que je vais y aller aussi, un pied devant l'autre jusqu'à toucher le feu, mais il me manque toujours quelque chose pour le faire. Pas le courage, il n'est pas question de ça. Pas le désespoir non plus, merci, mais je ne manque pas. C'est autre chose. Je sais que si je crève, je ne pourrais plus ressentir ce genre de bonheur totalement jouissif, à moins d'atterrir en Enfer, mais là je ne suis franchement pas sûre de mon coup ; la liste d'attente est clairement trop longue, je veux dire, on sait tous que l'Enfer est en surpopulation tandis qu'au Paradis, ils ont la place pour avoir des jardins de plusieurs hectares et tout ça. Bientôt les anges devront descendre sur Terre et nous distribuer des petits prospectus à tous, aimablement glissés dans nos boites aux lettres, des trucs plutôt bien foutus avec des photos alléchantes de nuages qui ressemblent à du coton et des phrases chocs pour nous donner envie de bien nous conduire dans notre vie afin de finir là-haut. Tout ça pour dire qu'en fait, je ne suis pas croyante. Dans ma tête il n'y a rien, ni Paradis ni Enfer. Dans ma tête il n'y a que des corps en décomposition, sous terre pour la majorité, comme celui de mon frère actuellement. Dans ma tête il y a des plombs qui ont sauté. Enfin, c'est ce qu'ils disent. Mais ils disent aussi que j'étais déjà dans cet état-là avant, alors moi je pense qu'ils se contredisent. Ils doivent penser que je suis née folle, mais j'ai la sale impression d'être presque la seule saine d'esprit ici. La seule à réfléchir égalité, justice, tout ce que le monde considère maintenant comme des conneries. J'ai mis le temps à ouvrir les yeux, mais maintenant c'est bon, maintenant j'ai compris que je vivais ailleurs, que ce que je veux n'est qu'une utopie. Et le réveil est clairement difficile.

Il l'est toujours, à vrai dire. Le sol est dur, je me suis encore endormie sur le trottoir. Le brasier s'efface ; c'était un rêve, que vous prenez pour un cauchemar, mais moi je sais ce qu'il en est, je sais que je peux facilement concurrencer les flammes, on a rarement vu un tempérament comme le mien. À croire que ça ne se fait plus, de nos jours. La plupart des calices sont horriblement dociles, j'ai honte de mon ancienne famille. Heureusement que les Rebels sont parvenus à me repêcher, je me sens plus calme avec du sang sur les mains. Je n'en ai pas, ce soir. Tout va bien. Je suis juste tombée, tombée à force de ne pas manger, de ne pas boire, mais de courir à en perdre haleine dans tous les sens sans prendre le temps de respirer. Le boulot ne va pas se faire tout seul, et puis je dois remplir mes journées au maximum pour ne pas avoir le temps de penser. C'est tout un art, d'apprendre à ne jamais s'arrêter. Alors je titube, d'un pas mal assuré, l'air d'être bourrée sans alcool dans le sang. Je titube pendant des minutes qui ressemblent à des heures, ou alors à des secondes, j'ai oublié toute notion du temps. Je titube jusqu'à buter dans quelque chose, une jambe. Comme ça, étendue en plein milieu du trottoir. « Putain. » Je suis tentée de m'énerver, mais je sais que quelqu'un a besoin de moi et je ne suis pas capable de laisser des gens dans un état lamentable. Plutôt crever que de regarder quelqu'un souffrir.

Le type en question est salement amoché. Pas la gueule arrachée, mais pas l'air très bien non plus, clairement comateux, totalement à l'ouest. Je me baisse, relève sa tête en glissant mes doigts sous sa mâchoire, délicatement. Quelques instants à le regarder, à évaluer l'ampleur des dégâts : pas de quoi le conduire à l'hosto, une bonne nuit de sommeil et une douche devrait suffire. « Lève-toi, tu vas pas rester là, on va filer chez moi. » Mais j'ai à peine le temps de tenter de le relever qu'il se met à hurler comme un possédé.
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MessageSujet: Re: there's no salvation for me now.   there's no salvation for me now. EmptyDim 17 Nov - 20:22



regarder les filles pleurer
je vais comme un assassin en campagne, et je taille au couteau des sourires sur les joues des princesses.
(tenue.)La ville est en train de cramer. Tout brûle et personne ne remarque rien. Je regarde les néons aux milles couleurs et leurs flammes qui déchirent le ciel. Chaque parcelle de mur occupée par une idole en plastique qui défend corps et âme le dernier téléphone national, sourire vendeur et regard insistant en bonus. Depuis combien de temps elle me fixe, avec ses yeux qui hurlent « t'as vraiment l'air minable » ? Putain. Je ne me souviens pas pourquoi je suis là. C'est le blackout, le néant, le vide intersidéral de la conscience. C'est toujours le même schéma, pourtant. D'abord la boîte. La musique qui explose les tympans et détruit jusqu'au cortex cérébral, l'odeur de l'alcool, de la drogue, de la sueur, de l'humain. Tout se mélange en une fumée dense et écœurante qui m'empêche de voir à plus de deux mètres. Je rejoins des amis, les mêmes que d'habitudes. Leurs verres sont inégalement répartis sir la table. Instinctivement je les aligne en échangeant les banalités habituelles, à base d'hypocrisie et de fausse bienséance. Bien sûr que je m'en fous de sa mère, de son chien ou de sa copine. Devant moi une fille qui danse. Divinement bien. C'est avec elle que je vais finir la nuit. Je le sens. Pas besoin de parler, tout est déjà clair, la princesse veut jouer, pas trouver son prince charmant. Regards langoureux, baisers encore plus. Sauf qu'une main se pose sur mon épaule. Avec un peu de chance, c'est juste un frère qui veut ramener sa pucelle à la maison parce qu'elle a dépassé le couvre-feu. Avec beaucoup de malchance, mademoiselle est une salope et son copain un peu trop jaloux. Dans tout les cas je me fais baiser. Un coup, deux coups, trois coups, le mec rigole, il ne ferait même pas pleurer un bébé. Le videur nous éjecte sans chercher à comprendre, tant pis. J'ai le dessus, comme toujours quand je me bats contre un vivant. Je n'entends même pas ses potes arriver. C'est magnifique, ils ne sont pas venus les mains vides. Je vais crever. La jouvencelle se marre, je lui offre son attraction nocturne.

Back to reality. Le trottoir. Je me demande sincèrement comment j'ai pu me laisser avoir. C'est toujours la même chose. Il suffit d'un choc à peine plus fort que les autres pour que la tétanie me prenne. Alors j'arrête de bouger sans pouvoir contrôler quoi que ce soit. Putain de vampire effrayé d'un rien, regarde comment tu finis, le corps éclaté et incapable de rentrer chez toi. Le moment est propice aux hypothèses scientifiques. Trop de coups plus un laps de temps réduit égal agonie en attendant que ça se répare tout seul. Soirée ratée. Et quelqu'un vient de me dégommer les jambes, je frôle le bonheur absolu, l'orgasme spirituel dont rêvent les bouddhistes. Je vais vraiment finir par buter quelqu'un, un jour. Aucune insulte potable ne parvient à trouver place entre mes lèvres. « Putain. » Elle s'en charge pour moi, parfait. « Elle », je n'en suis même pas sûr, sa voix est beaucoup trop lointaine. Pourtant son visage ne trompe personne, longs cheveux, visage fin. Je ferme les yeux quand sa main me relève la tête. Aussi douloureux soit-il pour ma mâchoire, le contact est bien plus doux que tout ce que j'ai pu obtenir ce soir. « LÈVE-TOI, TU VAS PAS RESTER LÀ, ON VA FILER CHEZ MOI. » Un ange est tombé du ciel. Je ne serai pas seul. Mais l'ange est semble-t-il un adepte des bracelets en argent. A peine son poignet est-il entré en contact avec ma peau que la brûlure me transperce et achève le peu de force qu'il me reste. Réaction démesurée, fatigue, surprise et douleur oblige. Je lâche un cri en retirant mon bras. Inconsciemment je lui lance un regard mauvais. « Je vais me débrouiller. » Beaucoup trop sec. Je me redresse à l'aide du mur, lentement. Ce n'est pas si compliqué. Je dois juste avoir l'air ridicule, plaqué contre le crépi. Mais impossible de m'en séparer. Debout sous assistance. Mademoiselle pourrait se foutre de ma gueule si elle n'était pas aussi instable que moi. A croire qu'elle n'a pas dormi depuis des jours. Deux paumés à leur manière. L'idée qu'elle puisse repartir en me laissant là m'effleure. Pas moyen. Je ne veux pas retourner chez moi ce soir, trop fatigué pour me battre encore. « Retire tes trucs, là. » Je désigne les bracelets d'un mouvement complètement détaché. Puis je tends la main vers elle, geste désespéré. J'accepte son aide, et au diable la fierté et toutes ces conneries. Je veux dormir.
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MessageSujet: Re: there's no salvation for me now.   there's no salvation for me now. EmptyLun 18 Nov - 9:28



the light behind your eyes
Be strong, and hold my hand.
Time becomes for us, you’ll understand.
Hurlement. Juste son hurlement, qui me déchire les tympans. Je ne veux même pas admettre ce que j'ai fait de mal ; il y a quelques secondes à peine il fermait les yeux à la douceur de ma main, il s'abandonnait au contact d'une inconnue, je voulais le relever et j'y étais presque. Mais il semblerait que lui et moi, on se brûle finalement. Je sais ce que ça veut dire, bien sur. Le chemin s'est déjà fait, mais je refuse de comprendre tout ce que ça implique. Adieux enjeux et décisions, allez vous faire foutre. Je veux aider cet homme, j'ai dit que je n'allais pas le laisser agoniser sur ce trottoir. Peu importe ce qu'il est, peu importe ce qu'il fait. C'est ce que je me rabâche et pourtant je reste paralysée, à quelques pas de lui, en train de fixer le bras qu'il a si soudainement retiré. En train de rejeter sa nature, parce que c'est le pire fléau de l'univers. Je veux l'aider, je veux le tuer. Je sais que mes chaînes en argent, aussi fines soient-elles autour de mes poignets, ont attaqué le peu de force qu'il lui reste. Je comprends que je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas, je ne sais pas. Mes pas vont en arrière, mes jambes reculent d'elles-mêmes. M'éloigner, m'éloigner à tout prix de ce monstre. Dans mes yeux il n'y a aucune peur, la haine prend toute la place. Son regard mauvais accentue mes envies de meurtre. Qu'il aille au Diable. Il a de toute façon déjà un pied en Enfer, ne serait-ce qu'à cause de ce qu'il est devenu – comment peut-on accepter de rester quelque chose d'aussi immonde ? Plutôt crever que de voir des canines aiguisées comme les siennes dans ma bouche ou dans ma peau. « Je vais me débrouiller. » J'ai envie de rire, bien sur qu'il va se débrouiller. Mieux vaut ne pas compter sur ma personne lorsqu'il s'agit d'aider une créature de ce genre. Je n'aiderais même pas ma propre race, et pourtant nous ne sommes que calices, autrement dit pas totalement inhumains. Si j'étais sur ce trottoir, à se place, je m'y laisserai crever comme j'ai si souvent eu envie de le faire, juste pour avoir la certitude que je vais déblayer le monde d'un déchet ; alors imaginez, lui, largement pire que moi, essayez un peu d'imaginer un vampire avec le droit de vivre.

Il se redresse difficilement, je ne fais pas un seul geste pour l'aider. J'ai touché cette chose, je me suis inquiétée de son état, j'ai besoin de me laver les mains au plus vite pour retirer toute trace de lui, de cet immondice en face de moi, de... de l'homme qui vacille et que mes réflexes me dictent de retenir. Le mur ne suffira pas longtemps. Il va s'écrouler. Je ne peux tout de même pas me permettre de le regarder sans bouger. « Retire tes trucs, là. » Je le fais sans réfléchir, j'ouvre tous les fermoirs et laisse les chaînes tomber sur le sol. Que quelqu'un d'autre les ramasse, qu'il les garde ou les revende, je m'en fous. Je prends la main qu'il me tend dans la foulée. Si je m'arrête et que je prends le temps de peser le pour et le contre, les choses ne changeront jamais. Mieux vaut se laisser aller dans les impulsions, pour cette fois. Perdre le contrôle un jour, un seul. Il dort à la maison, il se soigne comme il peut et il repart. Rien d'autre. C'est l'affaire de quelques heures, c'est faisable. « Na Rae. » Je lui balance mon nom tel quel, je tente d'être polie tout en cachant toutes les émotions qu'il m'inspire. Ma main glisse vers sa taille, je passe son bras autour de mes épaules et je l'emmène avec moi. Le contact n'est plus si odieux que je l'imaginais, malgré le fait que son corps soit terriblement froid. Je traîne un cadavre, son cœur ne bat même plus. Mais je me dis qu'au fond, il doit bien rester une émotion, cachée quelque part.

L'appartement n'est pas loin, c'est ma seule consolation ; j'avais déjà du mal à tenir debout, l'aider en plus est l'acte de trop, je vacille en comptant chacun de nos pas. « Tout va bien, on est plus très loin. » Je le rassure en même temps que je me rassure moi-même, commence déjà à chercher les clés dans ma poche tout en priant pour qu'elles ne soient pas tombées en route. La porte s'ouvre, je la pousse définitivement d'un coup de pied et laisse mon nouveau colocataire sur place, le temps pour lui de s'accoutumer au décor – du blanc absolument partout, la perfection pour une maniaque – et le temps pour moi de ramasser tout argent susceptible de traîner. J'enfourne le tout dans un tiroir, rangeant au passage toutes sortes d'autres objets bien agréables dont l'utilité ne laisse pas tellement place au doute – je pourrais le tuer en un rien de temps. Je le pourrais vraiment, vu son état et vu mon matériel. Mais à la place je retourne le chercher et l'emmène jusqu'au lit, presque amoureusement. « Viens » J'ai la sale impression que tous mes gestes sont ambigus et que ses yeux cherchent trop les miens. Ou alors ce sont les miens qui cherchent les siens. Un peu plus et je le trouverais beau, quelque chose doit vraiment déconner – la fatigue accumulée doit me rendre dingue, certainement.
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MessageSujet: Re: there's no salvation for me now.   there's no salvation for me now. EmptyDim 24 Nov - 11:52



regarder les filles pleurer
je vais comme un assassin en campagne, et je taille au couteau des sourires sur les joues des princesses.
(tenue.)La haine. Pure. Elle est devenue palpable en une fraction de seconde. Comme un mur dressé entre nous. Je la vois dans ses yeux, sur son front, ses lèvres, son cou. Elle a envahit chaque partie de son corps. Je ne comprends pas. Ou je ne veux pas comprendre. Je feins l'ignorance pour ne rien remettre en question. Je sais ce qui la gène. C'est ce quelque chose à l'intérieur de moi, ce truc qui change tout. A ses yeux je suis devenu moins qu'un humain. Peut-être même moins qu'un animal. Un monstre. Juste à cause d'un bracelet. Je n'ai pas envie de me justifier, de lui trouver des excuses. Tant pis. Des gens comme elle, il y en a à chaque coin de rue. Ils engagent la conversation avec n'importe qui, prêchant la suprématie de la race humaine, mortelle, faite de chair, de sang, de 37.2 de température, sans jamais se poser la question « qui est en face de moi ? ». Sauf qu'elle sait à qui elle a à faire. Qui est un monstre. Forcément. Je me prépare mentalement à retirer ma main, pour lui éviter le plaisir de le faire elle-même. Changement de plan, il faut que je rentre chez moi. Putain. Je n'ai pas envie de voir le vieux. Sourire nerveux. Je me maudis d'avoir cru une seconde à… je ne sais quoi. Un peu d'aide, juste quelque chose de différent ? Le bruit du métal qui tombe. Elle lâche ses armes potentielles, uniquement parce que je le lui demande. Impossible à suivre. Sa main attrape finalement la mienne. Je ne me risque pas à lui poser des questions, je n'en comprendrais, de toute façon, pas les réponses. Je préfère me raccrocher à ce bon vieux cliché, celui de la femme indécise, instable et lunatique. C'est plus simple. « Na Rae. » Temps de réaction infini. Son prénom. Si je ne manquais pas cruellement de convenances et de tous ces trucs dont se servent les gens, je lui dirais que c'est beau. Au lieu de ça, je me contente de le garder pour moi, comme s'il s'agissait d'un secret. Je me mets à penser -à tort sans doute- qu'elle veut sûrement connaître le mien. Je n'ai pas l'intention de le lui donner. Parce que ça ne change rien. Je ne veux pas d'une relation sociale. Et elle non plus. Je veux un lit. Elle veut se donner bonne conscience.

Je me laisse totalement faire quand elle m'attrape comme elle peut. Au sens propre, je suis un boulet. Limite capable de l'aider un minimum en me faisant plus léger. Pourtant je me rends bien compte de sa propre faiblesse. Soit elle est idiote, soit elle est admirable, je ne parviens pas à me décider. Le contact n'est pas trop désagréable, pas trop brusque. Les douleurs commencent légèrement à passer -amen. On doit faire pitié. Moi amorphe et elle tremblante au possible. J'essaye de me porter par moi-même, tentative désespérée de paraître moins pathétique. Impossible. Et allez tous vous faire foutre. « Tout va bien, on est plus très loin. » Parfait. Le trajet jusqu'à l'appartement se fait sans un bruit, sans un regard. Trop occupé à compter les pas. Et enfin une porte, ouverte d'un coup de pied. Je me retrouve seul, tenant à peu près sur mes jambes. Blanc. Partout. La plupart des gens se sentiraient mal à l'aise, comme dans un hôpital, alors que je ne vois que le bonheur suprême. Un endroit blanc. Et propre. Rien ne dépasse, pas la moindre petite chose susceptible de perturber l'harmonie façon catalogue Ikéa. C'est à peine si je remarque Na Rae en train de s'affairer à faire... dieu sait quoi. Le cerveau est en stand-by, les images rentrent mais ne sont pas interprétées.

Ses gestes sont beaucoup trop doux quand elle me reprend la main. « Viens. » C'est différent de mes habitudes. En général on se contente de se heurter aux murs, aux meubles et à tous les obstacles possibles et imaginables dans l'espoir de vite trouver le lit. Ici, l'idée ne m'effleure même pas. Je me contente d'apprécier le contact, et ses yeux, qui n'ont plus rien de haineux. Elle est plutôt jolie, même avec son air fatigué. Le refuge enfin. Pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit, je m'effondre sur le lit et l'entraîne avec moi. Pas question de rester seul maintenant. Le vampire le plus faible de l'histoire de l'inhumanité, réduit à se cacher dans les bras d'une inconnue après s'être fait littéralement massacré par des mortels. Je suis une blague. Instinctivement, je passe mes bras autour d'elle pour la rapprocher un peu plus, en priant pour qu'elle n'en soit pas outrée. J'ai envie de la remercier, mais les mots ne savent pas vraiment comment sortir. Je n'ai jamais été doué pour les politesses. Tant pis, demain. Pourtant la nécessité de dire quelque chose me colle, besoin inutile de combler le vide. « Jun Ho. » Au cas-où elle ait envie de savoir, juste au cas-où. Le sommeil retombe. Les yeux à peine fermés que je plonge déjà, bonne nuit.
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MessageSujet: Re: there's no salvation for me now.   there's no salvation for me now. EmptyDim 24 Nov - 22:15



howl, howl
If you could only see the beast you've made of me, I held it in but now it seems you've set it running free. Screaming in the dark, I howl when we're apart, drag my teeth across your chest to taste your beating heart.
La douleur. J'ouvre les yeux avec la douleur fulgurante qui me transperce toute entière. Ça se propage dans tout mon corps, j'ai l'impression d'être soumise à la marée, vagues continuelles de couteaux plantés dans mes veines. Remonter, remonter à la surface, remonter à la source. La source, là, à la base de mon cou. L'impression que quelque chose me quitte, est aspiré, sort de moi en raclant les parois de mes veines au passage. Sens inverse des choses normalement admises. Quelque chose déconne et je ne peux pas y mettre de nom. Pourtant je connais, je connais vraiment bien. Jusque là j'étais parvenue à m'en préserver, à m'en sortir indemne. Les autres se faisaient avoir, pas moi. Pas moi, non. Quitter la maison pour fuir la domination de la race supérieure, quitter la famille pour courir à en perdre haleine, se cacher dans les sombres recoins. Tout ça pour leur échapper, à eux, à leurs dents longues et tranchantes qui ressemblent à des crocs. « Jun Ho, Jun Ho, qu'est-ce que tu fais ? » Demande idiote, j'ai déjà la réponse. Mais les mots sont sortis seuls, voix paniquée à l'appui, et chaque lettre est un supplice à prononcer, je peux le certifier. Je voudrais qu'il me rassure, comme je l'ai rassuré hier soir. Mais nous sommes des inconnus, il ne se sent ni engagé ni redevable. Sans compter que sa bouche est occupée. Là, contre moi, contre ma peau de plus en plus meurtrie qui semble hurler au secours.

Je comprends ce qui m'a réveillée : le spasme que mon corps a eu lorsqu'il a planté ses canines, les tremblements qui continuent maintenant, incontrôlables. Je voudrais lui dire de tout arrêter, de se retirer et de sortir de mon appartement, maintenant, sans attendre une seule seconde de plus. Je voudrais utiliser la manière douce, lui dire s'il te plaît et merci. Mais l'horreur de la situation me fait perdre pied et je ne suis plus qu'une masse hurlante, mes poumons se vident de leur air dans d'horribles cris pour rendre la douleur supportable, pour oublier le calvaire, pour fendre les tympans de Jun Ho. Personne n'a le droit de me toucher, personne. Je cherche désespérément un moyen de m'en sortir, mes yeux roulent de part et d'autre de la pièce, affolés. Puis je le vois. Cet objet insignifiant, laissé à ma portée sur la table de nuit. Je dois juste tendre les doigts, l'attraper, le tenir fermement dans ma main. Ce que je fais lentement, pour que Jun Ho ne se rende compte de rien. Ou tout du moins qu'il ne s'en rende pas compte avant que le dit objet n'entre en collision avec son crâne et que mon geste l'envoie valdinguer à l'autre bout du lit.

Quelques secondes pour courir, au moins atteindre le mur qui m'apportera mon unique soutien, au moins mettre le lit entre Jun Ho et moi, quelques mètres de distance salvateurs. Je le fixe avec un regard d'excuse, je me sens affreuse de lui avoir fait du mal. Mais ma main droite est plaquée sur mon cou, du sang coule entre mes doigts, la peau est arrachée à cause de la violence dont nous avons tous les deux fait preuve. J'ai du mal à suivre, vraiment du mal. Parce que les souvenirs de la veille remontent, délicieusement délicats. Lorsqu'il m'a dit son nom, de sa voix déjà presque endormie – ce nom que j'ai retenu sans même m'en rendre compte. Ce matin la personne en face de moi n'a plus de nom, plus d'identité, plus rien ; Jun Ho est devenu le montre qu'il aurait du être bien plus tôt, pour ne pas me laisser de faux espoir. Ce matin, à mes yeux, il a perdu ce morceau d'exception que je lui avais trouvé hier soir, lorsqu'il s'était blotti contre moi. J'aurais du le laisser crever dans la ruelle tant qu'il était encore temps. Je peux toujours aller chercher des chaînes en argent, appeler du renfort par la suite. Si je cours assez vite, grâce à l'opération du Saint Esprit. Mais je me souviens alors de ses bras autour de ma taille, de son souffle régulier dans mon cou, de la nuit et j'ai pu m'endormir sereinement, étrangement apaisée. Je n'avais pas dormi avec quelqu'un depuis mon frère. Je n'avais pas dormi sans cauchemars depuis mon frère. Et mon frère est mort, et il aurait détesté me voir comme ça, apeurée par un vampire.

Un pas en avant, difficile. Respiration saccadée, difficile. Main tendue vers Jun Ho, tremblante. Signe d'apaisement vain, tremblant. « Laisse-moi voir ta blessure. » Je ne m'en fais pas trop pour lui, je sais qu'il va se refaire rapidement, largement plus vite que moi. Et pourtant je ne suis pas à plaindre non plus, loin de là. Mais je tente de me faire pardonner, comme toujours rattrapée par la générosité. Il fait un geste, infime, je fais un bond en arrière. « N'approche pas, n'approche pas, laisse-moi faire ». J'ai l'impression d'approcher un animal sauvage, tout en douceur, tout en douleur aussi, la main crispée sur ma propre blessure. Et puis je comprends que je n'arriverai pas jusqu'à Jun Ho, à la façon dont mes jambes tremblent, la façon dont le sol semble vouloir se rapprocher, je comprends que je vais m'effondrer.
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MessageSujet: Re: there's no salvation for me now.   there's no salvation for me now. EmptyDim 1 Déc - 17:12



I've turned into a monster.
Can I clear my conscience, if I'm different from the rest, do I have to run and hide? I never said that I want this, this burden came to me, and it's made its home inside.
Le plus douloureux, ce n'est pas le coup. C'est le vide, la sensation d'avoir lâché la chose la plus importante de tout un univers. Je reste étendu à l'extrême bord du matelas, prêt à tomber, les yeux dans le vague. « Ça fait mal, putain. » Pas un mot plus haut que l'autre, pas de colère, juste ça fait mal, putain. Je sens à peine la blessure qui orne mon crâne. Une de plus, il y a pire. Le goût de son sang se propage encore dans ma bouche, dans ma gorge, sur mes lèvres. Le bonheur effleuré une fraction de seconde. Je me redresse doucement, peut-être trop. Elle aurait l'occasion de me tuer dix fois. Mais elle n'en fait rien, plaquée contre son mur comme une enfant effrayée. Je vois le sang sur ses doigts, sa gorge, son t-shirt. Merde. C'était pas prévu. Ça aurait du se passer comme chez les humains civilisés, réveil en douceur, café, merci de m'avoir aidé à la revoyure. Au lieu de ça j'ai déconné comme jamais, ou plutôt comme toujours à chaque fois que l'instinct prend le dessus sur la conscience. Drôle de chose, l'instinct. Ça ressemble à une schizophrénie. Une espèce de sixième sens dicte les ordres à suivre et poursuit, frustre, énerve, jusqu'à ce que tout soit assouvi.

Plus je la regarde, et plus l'horreur de la situation m'effraye. Elle m'a ouvert sa porte, ses bras, je m'y suis plongé sans poser de questions, et je l'ai trahie. Sans gêne. Monstre. J'entends encore les cris se répercuter contre les murs. Je suis incapable de justifier, de trouver une raison valable. C'est arrivé, c'est tout. J'avais faim, de cette faim qui tord le ventre à en hurler, qui assassine les plus faibles et décime les plus grands. Il y avait son cou, juste là, et son parfum, certainement la chose la plus enivrante de ce monde. J'aurais voulu rester une vie entière le visage caché contre sa peau, juste pour pouvoir sentir encore. Il faut croire que j'en ai décidé autrement. Sans m'en rendre compte. C'est habituel. Putain. S'il y avait une seule personne à ne jamais mordre sur cette planète, ça devrait être elle. Parce qu'elle a un je-ne-sais-quoi, une lueur de générosité, une preuve de gentillesse, qui me donne envie de la respecter plus que les autres. Mais mademoiselle a déconné. Elle savait certainement à quoi s'attendre, et pourtant elle a quand même foncé, toute vacillante, dans la gueule de l'immortel. C'est de sa faute après-tout. Je suis ce que je suis, on ne peut pas aller contre la nature. Je pourrais presque m'en convaincre et me barrer l'esprit serein. A quoi bon, puisque Na Rae est là, en face de moi, à me fixer, et à me ramener toujours à la même conclusion : « cette fois mec, t'es vraiment un enfoiré ».

« Laisse-moi voir ta blessure. » Je. Non. C'est hors de question. Elle tente de s'approcher de moi, et je ne sais pas qui est le plus paniqué. Elle qui s'accroche désespérément à la naïveté et à la bonté humaine, ou moi qui ne peut pas concevoir l'idée-même d'être réellement aidé. J'ai toujours été habitué à assumer mes conneries. Hier soir était l'exception. Je me suis laissé embarquer, rassurer, je me suis endormi dans ses bras sans avoir la moindre chose à donner en échange. Ce genre de choses n'arrive qu'une seule fois. J'esquisse un mouvement pour l'empêcher d'approcher plus. Je vais me débrouiller. Je veux me débrouiller. Elle est comme un chat sauvage, j'ai à peine bougé qu'elle a déjà reculé. Heureusement. L'odeur de son sang est insoutenable, j'ai encore envie de la mordre, et me retenir devient un supplice. J'ai faim. J'ai vraiment faim. « N'approche pas, n'approche pas, laisse-moi faire ». Elle persiste, revient à l'attaque, ne me laisse même pas le temps de remettre mes idées en ordre. Je devrais être à sa place, je devrais essayer de l'apaiser. Au lieu de ça je joue au martyr. Pauvre petit vampire coupé dans son élan. Bientôt je lui extorquerai des larmes, à la douce Na Rae. Elle tremble, tient à peine sur ses jambes, toujours la main tendue vers moi. Et la seule chose que je puisse faire, c'est fixer son cou ensanglanté. Je dois partir. Tout de suite. Parce que je sais que je n'arriverai pas à empêcher l'animal de reprendre le dessus. J'ai l'avantage de la vitesse, de la force, aussi. Je me déplace sur le lit, tout doucement, et à peine un pied sur le sol que je me barre en courant, claquage de porte et toutes ces belles choses que font les sales types dans mon genre.

Il ne fait pas encore jour. La rue est déserte – tant mieux, les gens ont tendance à prendre peur en voyant du sang sur un t-shirt. L'odeur de la pluie sur l'asphalte, normalement douce, me prend à la gorge. Les humains sont chanceux de côtés là. Ils ne sentent pas vraiment la moindre chose qui se présente à eux. Plus loin dans la rue, une gouttière tordue crache les restes d'un possible orage. Je me jette presque en-dessous. L'eau est gelée mais je n'ai pas froid. Je la sens couler sur mes blessures, sur ma nuque, dans mon dos, mais rien, pas un frisson, pas l'ébauche d'une douleur plus lancinante. Pourtant je la mériterais, cette douleur. J'aimerais être humain, pour pouvoir avoir mal plus longtemps, pour garder les marques de mes conneries à jamais sous mes vêtements, et pour m'en souvenir jusqu'à la fin. Ce n'est pas plaisant, mais ce serait une juste compensation pour l'innocente qui trinque là-haut, ma façon à moi de dire « pardon » et de ne pas me sentir coupable. Au lieu de ça, je suis contraint de repenser à chaque élément, à la bizarrerie de la scène, à ses jambes vacillantes à l'extrême, à son teint trop pâle et... « merde ». Trente secondes d'hésitation suffisent. Je remonte. Je l'aide. Je pars. Adieu. Les escaliers semblent encore plus interminables que la veille. J'ai du mal à l'admettre, mais je flippe. Non, je suis totalement paniqué à l'idée de trouver Na Rae dans un état catastrophique, à l'idée de devoir subir le sang près de moi sans y toucher, à l'idée de ne pas tenir et de faire encore plus de mal. Je rentre comme un dément, et la retrouve où je l'ai laissée peu de temps avant. « Tout va bien, ok ? » Aucune originalité, je répète ce qu'elle me disait hier soir. Et je me retrouve comme un con devant elle, à ne pas savoir quoi faire ou dire de plus. Je n'ai jamais su comment aider quelqu'un, et je prie sincèrement pour qu'elle soit capable de m'indiquer la marche à suivre.
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