every story has a beginning

Je souris lorsqu'il me demande ça. Je suis saoul et exténué, mais comment pourrais-je oublier nos premiers moments ? Ils n'étaient sans doute pas les meilleurs, ni les plus joyeux, mais c'étaient nos premiers moments, notre rencontre. Tandis qu'il caresse mon torse, je glisse une main dans ses cheveux, les caressants tendrement.

- Je me souviens de chaque détail de notre relation bébé.~

Notre premier baiser, notre première fois, notre première dispute, le premier regard échangé ... Tout. Tout est précieusement gardé dans ma mémoire comme si chaque événement c'était produit la veille.

*****

J'ai longtemps été seul. Je n'acceptais la compagnie de personne, j'étais plutôt solitaire, non par peur des autres, mais par peur de moi-même. J'étais particulièrement renfermé, et le contact avec les autres m'était difficile.
Chaque jour se résumait au même rituel. Me lever, aller à la fac, me contrôler, retourner chez moi, manger, étudier, et si le sommeil me prenait, dormir. Voilà à quoi je passais mes journées. Je ne songeais pas à rencontrer quelqu'un, ni à avoir une quelconque relation.

Et puis je t'ai rencontré ...

Alors que je n'y attendais pas, le destin m'a frappé de plein fouet. Une rencontre ni attendu, ni romantique, pourtant elle a changé nos vies.
Je marchais d'un pas rapide dans la rue qui me menait de l'université à chez moi. Toute la journée, la faim m'avait lacéré l'estomac. Je n'avais qu'une envie : rentrer chez moi et dévorer toute la viande que j'avais dans le frigo. Pourtant, au détour d'une rue, quelque chose m'a détourné de cet objectif simple mais bien ancré dans mon esprit. Et cette chose, ce n'était autre que ton odeur ... Une odeur douce et forte à la fois, sucré mais avec ce petit quelque chose d'épicé qui la rend si unique, si désirable. Alors, sans m'en rendre compte, je me suis détaché de mon chemin habituel pour suivre ton odeur, parce qu'inconsciemment, j'étais soudainement attiré par toi ...

Je suivais l'odeur jusqu'à une ruelle sombre et plutôt malodorante. Les immeubles semblaient miteux, rien ici n'était attirant. Pourtant, tu contrastais avec tout le reste. Ton parfum couvrait celui de la rue, et ton visage de poupée apeurée était si beau comparé au paysage .... Tu semblais craintif. Ton bras serré contre ton corps, j'étais prêt à parier que tu n'osais pas le bouger. Et vu ton état général, il était certain que tu venais de te battre salement. Je ne sais pas ce qu'il m'a prit de m'approcher de toi. Je n'étais pas du genre solidaire, d'ailleurs je ne le suis pas spécialement plus aujourd'hui, mais je ne pouvais sciemment pas te laisser dans cet état, d'autant plus que tu semblais seul. Alors, doucement, je me suis approché, puis je me suis agenouillé devant toi, montrant patte blanche.

- Hey, je ne te veux pas de mal, ok ..?

Je plongeais un regard sûre de moi dans le tien, espérant que tu me fasses confiance. Ou du moins, que tu ne m'attaques pas. Je t'inspectais d'un rapide coup d'oeil.

- Tu as l'air blessé ... Je peux jeter un oeil ? J'ai l'habitude des blessures, je peux peut-être te soigner ...

Je m'adressais à toi d'un ton doux, je voulais te rassurer, instaurer un semblant de confiance entre nous. En effet, j'avais l'habitude de soigner le genre de blessure dont tu semblais souffrir, car durant mes années de jeune vampire, il m'était arrivé un nombre incalculable de fois de me faire blesser, tout comme durant mes dernières années en tant qu'humain. Je me soignais toujours moi-même et, étant humain, il m'arrivait de remettre comme je pouvais les membres démis de mes amis, ceux étant aussi bagarreurs que moi.

- Tu es trempé .. Tu as quelque part où aller ? Sinon tu peux venir chez moi, au moins le temps que je te soigne. Tu n'as pas à t'inquiéter, je ne te ferai aucun mal, tu as ma parole ...

Tu avais beau prétendre ne pas avoir besoin d'aide, le fait est que je ne pouvais pas te laisser seul après t'avoir vu tomber inconscient à quelques mètres de moi. Même si tu ne semblais pas d'accord, j'allais vers toi et te prenais dans mes bras, te portant ainsi jusqu'à chez moi en faisant bien attention à ne pas te faire mal. Je courais pour que la pluie ne nous mouille pas trop, même si nous étions tous deux trempés en arrivant à destination.
Tandis que tu dormais toujours, je te déposais avec délicatesse sur mon lit et observais dans un premier temps les dégâts infligés à ton corps. Tu te tenais le bras depuis le début, et tu avais raison de le faire : il était déboîté. Je secouais doucement ton épaule valide pour m'assurer que tu dormes bel et bien, et profitais du fait que tu ne ressentes rien pour te remettre l'articulation en place. Tu avais de la chance, j'avais l'habitude de ce genre de blessure, non seulement en tant que vampire, mais également de l'époque où j'étais humain.
Par chance, la douleur ne t'avait pas réveillé. Ce fut pour moi l'occasion de soigner les autres blessures que je remarquais sur ton corps frêle avant de te border sous la couverture. Pas que tu allais attraper froid, mais il n'y a rien d'agréable à être mouillé.
Tandis que je prenais soin, je m'attardais sur tes traits enfantin. Pauvre enfant, tu avais été transformé bien tôt ... Je me demandais dans quelles conditions. Mais contrairement à moi, ta transformation était récente. Ca se sentait, tu n'étais qu'un level 1, ce qui expliquait très certainement ta méfiance à mon égard, mais pas de telles blessures dignes d'un véritable combat entre vampire.
Je m'interrogeais pas mal à ton sujet. Qui aurait pu s'en prendre à un vampire si jeune ? N'enmpêche que tu te débrouillais bien, car tu t'en sortais relativement indemne.
Je te laissais finalement te reposer une fois que j'eus terminé, m'occupant à réviser quelques cours, bien que distrait. Tu me distrayais. Je m'interrogeais à ton sujet, et je ne parvenais pas à me concentré. J'appréhendais un peu ton réveil, puisque je ne connaissais rien de tes réactions, si ce n'est d'être sur tes gardes comme j'avais pu le voir dans cette ruelle. Je me demandais ce que tu pouvais bien faire dans cet endroit d'ailleurs. D'habitude, les nouveaux né se réfugiaient dans les jupes de leurs pères. Etait-ce ton père que tu fuyais ? Il arrivait que certains soient violents...
Je soupirais. A quoi bon m'interroger ainsi, je n'aurai qu'à simplement te poser ces questions lorsque tu te réveillerais, quand bien même tu serais enclin à y répondre ...

La nuit passa, et tu dormais toujours à point fermé. Tu étais si beau, endormi ... Durant toute cette nuit là, je pris soin de toi. Je faisais attention à ce que tu ne sois pas tombé malade, je prenais garde à toi, à tes blessures et à leur guérison. Tout semblait aller mieux, j'étais rassuré pour toi.
Vers 9;h, mon estomac gronda. A faire l'infirmier toute la nuit, j'en avais oublié de me nourrir. J'allais alors dans la cuisine et fis chauffé et morceau de viande bien saignant. Etonnant pour un vampire, pourtant ce genre d'aliment faisait parti intégrante de mon alimentation. Je ne me nourrissais pas de sang humain, seulement animal. Vivant en ville, il m'était cependant compliqué d'aller chasser, alors, en semaine, j'ingurgitais principalement de la viande rouge, buvant jusqu'à la moindre goûte du sang qui s'échappait de la pièce de viande. Cela me maintenait bien moins que le sang d'un humain, mais tant pis. Il en allait de mes valeurs, et de mes convictions.

Mais tandis que je préparais mon unique repas, je t'entendis marcher dans la pièce d'à côté. Le parquet grinçait sous tes pas, aussi léger que tu puisses être. Tu poussas doucement la porte et te raidis instantanément en me voyant. Tous tes sens étaient en alerte, ça se sentait dans ton aura. *

- T'es qui ?!

Tu semblais bien assez effrayé comme ça, alors je ne bougeais pas, me contentant de te regarder.

- On s'est rencontré hier soir, tu te souviens ? Tu t'es évanouie, alors je t'ai ramené chez moi et je t'ai soigné. Tu n'as pas à avoir peur, je ne te veux aucun mal.

En signe de bonne foi, je levais les mains et me déplaçais doucement jusqu'au meuble de cuisine. Toujours d'un geste lent, je tirais l'un des tiroirs et en saisis un couteau dont je me servis immédiatement pour trancher les veines de mon poignet. Je reposais ensuite l'ustensile sur le bord de l'évier et te tendis mon articulation ensanglantée, prenant un air rassurant.

- Tu as perdu du sang, tu dois être affaibli. Bois, ça te fera du bien ...

Je te souriais faiblement durant un instant, espérant que tu te détendes et que tu acceptes mon aides. Je n'étais pas là pour te faire du mal, au contraire. J'ignorais d'ailleurs que ce simple geste serait le début d'une longue relation tumultueuse et passionnelle entre nous ...

- Je m'appelle Jin Hyun, je suis un vampire végétarien. Tu ne crains rien avec moi.

Je parvins finalement à te convaincre, puisque, tout doucement, tu t'approchais de moi, ton regard rivé sur le sang qui coulait de mes veines. Tu semblais effrayé, comme un animal qu'il fallait apprivoiser. Alors je ne bougeais pas et me taisais, j'attendais que tu viennes à moi. Tu finis par céder à la tentation et posais tes lèvres délicieuses contre ma plaie, buvant goulument le sang qui s'en échappait. Un frisson me parcourut l'échine, c'était la première fois que je laissais quelqu'un boire mon sang, et la sensation était particulière. Je frissonnais de plaisir. C'était simplement tout aussi bon que d'être celui qui buvait, si ce n'est plus.

Mais dès lors que tu eus terminé, tu t'éloignais, l'air toujours aussi craintif, avant de déclarer que tu voulais partir. Je fermais les yeux un instant pour me reprendre, la sensation de légèreté due à tes lèvres contre ma peau commençant peu à peu à me quitter. J'en aurais volontiers redemandé ...

- Je peux te raccompagner ? Tu as été pas mal blessé, il va te falloir un ou deux jours pour te remettre, il faudra que tu fasses attention à toi.

Je te regardais un instant, posant un regard calme et rassurant sur ton visage pâle et poupin. Tu avais l'air d'un gamin ... Je me demandais vraiment quel âge tu pouvais bien avoir. De toute évidence, tu n'étais pas vampire depuis longtemps vu tes réactions et tes craintes. Pourtant, tes blessures semblaient causées par un level supérieur au tien. Etait-ce ton "père" qui t'avait infligé ces coups ou t'étais-tu frotté à plus fort que toi ? Tu me rendais curieux, bien que je n'osais pas formulé ces questions. Tu te serais encore plus méfié, et puis ce n'était pas mes affaires.

- Si tu as besoin de rester un peu pour te reposer tu peux. Je ne vais pas te faire de mal ... Si c'était le cas ce serait déjà fait.

Je jetais un coup d'oeil à l'horloge murale afin de vérifier l'heure et reportais mon regard sur toi.

- Je dois partir de toute façon, je ne rentrerai pas avant 16h. Tu peux rester ici si tu en as envie, fais comme chez toi. Mais si tu veux partir alors fais comme tu veux, claques juste la porte en partant.

Je t'adressais un bref et faible sourire avant de te contourner pour aller attraper mon sac resté dans la chambre. Je le mis sur mon épaule, saisis mon portable et mes écouteurs, puis m'aventurais dans l'entrée, prêt à partir en cours tout en me demandant si je te reverrai à mon retour. Décidément tu m'intriguais ...