Am I that bad ? || FT. Jae Won.

On était déjà en fin de soirée. L’histoire d’Evan m’a donné des frissons, je m’inquiète pour lui mais je me dis qu’il saura y faire face. Et puis au cas où… Je lui filerai un coup de main. Cependant, le simple fait d’avoir vu Evan me mettait mal à l’aise. Jae Won ne supportait pas de me voir avec lui. J’avais promis de ne plus le voir… Enfin… S’il savait… j’avais fait cette promesse, de la même manière que j’avais bu son sang la fois où il m’a fait calice : il m’avait tellement glacé le sang que je n’avais pas pu dire non. S’il apprenait que je l’ai revu… Je sens que le pire pourrait bien arriver lorsque je reviendrai chez lui… On est quel jour déjà ? Je regarde mon agenda. Zut. C’est aujourd’hui que je vais chez Wonnie. J’ai le cœur qui bat la chamade. Finalement, je soupire et me dis que j’ai aussi droit à ma part de liberté et que quoi qu’il dise Evan et moi c’est de l’amitié pure et dure.

Je prépare quelques affaires dans mon sac, enfile ma veste et mets mon écharpe autour du cou. Le sac à bandoulière ajusté à mon épaule, je quitte mon studio et me rend à pied chez Wonnie. Il est compliqué. Ou plutôt notre relation est compliquée. On aurait pu faire plus simple et décider soit de s’aimer soit de se détester. Mais je ne fais que vaciller entre les deux, le trouver tantôt agaçant tantôt touchant. Il me terrifie, mais je prends le risque de profiter de ce qui me reste de liberté. J’ai mon libre arbitre et j’ai beau avoir la chair de poule en imaginant sa tête lorsque j’arriverai et qu’il aura découvert que j’ai vu Evan, je ne regrette pas de l’avoir fait.

Au bout de quelques kilomètres, j’arrive au quartier de Myeongdong. Rien avoir avec mon quartier. Ici, c’est le luxe à chaque coin de rues. L’argent coule à flot ici. Et surtout… on ne sait pas qui est humain et qui est vampires ici… Et pourtant ils sont bien là. C’est terrifiant mais personnellement je m’y suis fait. Bientôt j’arrive devant l’immeuble où se trouve le duplex de Jae Won. J’ai peur, mais je fais fî de cette dernière. Quel que soit le risque que j’encours, je ne ferai pas demi-tour. Et puis qui sait… Peut-être qu’il ne sait pas que je l’ai revu. Et dans ce cas, je ne risque rien du tout. Ah et puis au pire, ça finira en dispute… Je soupire.

Je suis déjà devant la porte. Je sonne en appuyant sur la sonnette. « Jae Wooon ! C’est moiiii ! Tu m’ouuuuvres ? »…  Je ne suis tellement pas du genre à m’impatienter, mais quitte à ce que j’affronte un vampire en colère, autant que cela se passe rapidement. Alors j’appuie une seconde fois, le doigt restant appuyé sur le bouton : « Jaaeeeee ! Tu dooors ??? Alleeeeez boude pas, et ouuuuuvre ! J’ai mal aux pieds… » Pourquoi j’ai dit « boude pas » ??? Je sais pas trop. Au cas où il déciderait de me faire le coup du « non je ne t’ouvre pas sale gosse ! »… Quoique… Bouder, ça ne lui ressemble pas du tout… Et oui j’ai mal aux pieds. Quelle idée aussi d’avoir fait tout le trajet à pied…

J’attends que la porte s’ouvre. J’ai le cœur qui bat. D’un côté je suis pressé de le revoir, d’un autre… J’en ai les chocottes….

La lumière. Elle pourrait me manquer si elle avait su se montrer plus douce. Avec le temps, les couleurs ternissent et s'obscurcissent tandis que mes yeux aperçoivent sans grande difficulté ces petits détails qui manqueraient à un genre plus humain.

Enfermé chez moi depuis plusieurs semaines, je peine à créer une nouvelle ligne de monde, mais ce n'est sans compter sur ces vulgaires commandes sur lequel je dois travailler, pour des particulier. Ils n'ont aucun style. Ils n'ont aucun goût. Ces créations se ressemblent et me paraissent pénible à achever. Si les occasions importantes pouvaient se faire plus grandes, j'aurai envoyé valser avec fierté toute cette laideur. Les motifs à fleurs ainsi que les couleurs vives sont d'actualités, mais me répugnent. Seuls, quelques rares personnes, reconnaissent mon talent et savent me présenter des projets qui collent à la perfection à mes goûts si particuliers. Mes doigts ne cessent de tracer, de contourner, de couper, de suturer, comme ils savent si bien le faire depuis de nombreuses années, mais... Ma tête. Mon esprit. Tout mon corps commence à fatiguer.

Depuis quelques jours, je ne parviens pas à fermer convenablement les yeux pour me laisser emporter dans lourd sommeil qui me serait réparateur, mais il semblerait que je m'inquiète pour une personne. Mes rêves ne me trompent jamais et ma faim se fait de plus-en-plus ressentir. La faim... Elle est malsaine. Elle me mène par le bout du nez jusqu'à m'en faire perdre la raison. Pourtant, il aurait été simple d'ouvrir la porte du réfrigérateur et d'en sortes différents fruits, un produit laitier ou autre chose afin de l'assouvir, seulement, les choses ne peuvent se présenter aussi facilement de cette façon. C'est la tête embouée par ce brouillard de ma fatigue que j'en viens à perdre les pauvres petites forces qu'il me reste encore en réserve.

Ce sale gamin ne semble pas avoir compris son importance. Souhaite-t-il me laisser agoniser entre ses murs sans s'en soucier ? Je pourrais me détourner de lui une unique fois pour me rassasier, mais cette idée ne vient même pas effleurer mon esprit et même si je le veux, même si je le souhaite ardemment, il en viendrait à rouspéter tel un adolescent en pleine crise que je ne lui juste pas une certaine fidélité depuis qu'il est mien. Je dois m'en prendre qu'à moi-même, après tout, c'est uniquement de ma faute si je me retrouve dans cette situation. Égoïstement, je le voulais. Je le désirais et finalement, je n'obtiens rien hormis le fait d'être en conflit avec un jeune homme qui ne semble pas vouloir grandir et de se préoccuper des nouvelles tendances de ce siècle qui m'en donnent la nausée.

Je suis lessivé.

Quelques heures plus tard, tout en essayant de garder ma concentration sur la tâche que je suis en train d'effectuer, la sonnerie se mit à retentir dans les recoins de la maison. Il semblerait que le misérable petit vers de terre que je damne, mais que j'adore à la fois, ait cessé ses folies pour se souvenir de ses responsabilités à mon égard. Lentement, je me lève de ma chaise et sûrement dû à l'engourdissement de ses longues heures de travail acharnées, un vertige me prend. Je me tiens un moment en appuie contre ma table pendant que je ferme les yeux afin de me stabiliser.

▬ « Jae Wooon ! C’est moiiii ! Tu m’ouuuuvres ? »

Je grogne légèrement. Quel sale garnement ! Il mériterait une sévère punition pour se mettre à hurler de la sorte dans cette ville. Aurait-il oublié que certains rodent avec des idées...

▬ « Jaaeeeee ! Tu dooors ??? Alleeeeez boude pas, et ouuuuuvre ! J’ai mal aux pieds… »

Un soupire sort d'entre mes lèvres, puis ayant reprit mes esprits, je me dirige dans le couloir avant de descendre les dizaines de marches et de prendre ensuite, la direction de la porte d'entrée afin de l'ouvrir à la charmante et agréable tête blonde pour qu'il puisse entrer dans l'appartement.

▬ « Ne hurle pas ainsi dans la rue, idiot ! Tu souhaites ameuter tous ceux qui n'ont rien à se mettre sous la dent devant ma porte ? »

Je le laisse entrer et referme aussitôt la porte derrière lui. Cependant, l'un de mes sens se met en alerte et je ne peux empêcher cette possessivité maladive de se manifester. Cette odeur, elle n'est pas la sienne. Elle n'est pas surtout pas la mienne, non plus. Aurait-il osé feindre l'un de mes conseils en ayant été à sa rencontre ? Ce sale type...

▬ « Tu as son odeur... C'est à croire que tu aimes me provoquer, Jun Hyun. »

Je n’étais pas ce que l’on pouvait appeler un garçon bien obéissant. Au contraire, j’étais même l’inverse. M’interdire de voir quelqu’un qui faisait partie de mes amis, équivalait l’ordre que ma grand-mère me donnait vis-à-vis des bonbons. On aurait beau me dire de ne pas aller les voir, j’irai. C’était comme ça. Mais vis-à-vis de Jae Won, ça me faisait pas du tout le même effet qu’avec ma grand-mère. Autant avec elle, je pouvais me dire qu’elle prendrait ça plutôt à la rigolade, autant avec Jae Won, à force, il pourrait très bien être capable du pire ou de m’envoyer une menace pour que j’arrête… mais je devais être même trop têtu pour l’écouter.

Je me refusais de changer mes habitudes de vie, juste parce qu’il s’était immiscé dans ma vie, par hasard, du jour au lendemain. C’était peut-être égoïste de ma part, mais je n’avais pas du tout envie de… devoir tout changer, juste pour lui. Et j’avais en même temps l’audace de faire le jaloux ou le possessif quand il manifestait un intérêt pour un autre humain. S’il m’avait choisi moi, comme frigo ambulant, ce n’était pas pour qu’il morde ailleurs… Enfin… Je pense….

Cependant, combien de temps n’avais-je pas mis les pieds dans son appart ? Depuis quand n’avais-je pas ressenti sa présence près de moi, lui qui pourtant serait bien du genre à me coller aux basques ? Je n’avais pas compté. Et j’avoue ne pas non plus mesurer l’impact de cette espèce d’absence de ma part. Je ne pouvais même pas m’imaginer qu’il devait déjà avoir super soif et faim. Il était trop docile par rapport à moi. S’il se retenait de s’attaquer aux individus, moi j’avais encore revu Evan. Concours de circonstances aussi. Il m’avait interdit de le revoir, et dans le même temps, Evan était venu me voir après s’être fait marqué par son vampire.

Quel mal à vouloir aider ses amis ? J’espérais juste que Jae Won pouvait comprendre, même s’il avait de mauvaises idées au sujet de mon ami calice. Je me trouvais donc là devant sa porte à attendre qu’il m’ouvre. Les pieds en feu parce que j’avais marché et pas pris les transports en commun. Je parlais fort derrière la porte. Sans vraiment me poser de question que ça pourrait ramener tout le quartier. Et quand la porte s’ouvrit, c’est la première remarque que me sorti Jae Won.

« Ne hurle pas ainsi dans la rue, idiot ! Tu souhaites ameuter tous ceux qui n'ont rien à se mettre sous la dent devant ma porte ? » Il n’avait pas l’air dans son assiette. Avait-il faim ? Etait-il seulement sorti malgré… mon absence ? Avait-il aussi… Dormi ? J’eus une légère poussée d’inquiétude, mais je souris tout de même en voyant sa chère tête brune. J’étais content de pouvoir le voir. Le revoir.

« Je ne risque rien, vu que t’es là. Et puis tu ne les laisserais pas faire de toute façon. Alors je peux bien crier devant ta porte sans qu’il ne m’arrive quoi que ce soit… non ? » Inconscient ? Juste un peu. Mais rien qu’un peu. De toute façon, il devait savoir que j’aimais la prise de risque et que je ne reculais devant rien, justement pour des raisons types « Jae Won n’est pas loin, donc même un affamé ne me mordra pas. »

J’entrais dans son appart, me débarrassant de mes chaussures, ma veste et mon sac. « Je t’ai manqué ? » je pris une tête navrée. Comme si mon côté cute pouvait avoir une influence sur son état. « Même si je suis un mauvais garçon, t’m’as manqué Wonnie. » Oui. Wonnie. Non mais fallait pardonner mes poussées un peu farfelue de donner des surnoms aux personnes que j’apprécie. « Désolé de pas être venu plus tôt. »

Et puis finalement la phrase fatidique tomba alors que je m’installais sur le canapé. Je me crispais. Ma main allant sur ma nuque, le regard fuyant : « Hum… Son odeur ? Qui ça ?... » Mauvais plan de jouer l’innocent. Je le savais. Surtout que quand il parlait comme ça, je savais qu’il voulait parler d’Evan…

Je me renforgnais un peu. « Yah… Ce n’est pas pour te provoquer… Et j’aime pas chercher la merde avec toi… » Je n’avais pas réussi à lui cacher alors. De toute façon, que pouvais-je bien dissimuler à Jae Won ? Quoi que je fasse il finirait bien par le savoir. Je pouvais bien lui essayer de lui cacher le fait que j’ai mangé une pomme, il le saura. Je tentais de me détendre, et je me lançais dans mon explication. Même si je doutais que ça arrange quelque chose…

« Il est venu chez moi, après avoir été… Maltraité ?... Non torturé par le vampire dont il est devenu calice récemment. » C’était vrai. Et c’était d’ailleurs la seule raison pour laquelle je l’avais revu.

Mais est-ce que ça sera suffisant pour Jae Won ? Bizarrement je le sentais mal…
J’avais quand même trahit…Une promesse….

L'arrivée de Jun Hyun aurait pu être une bonne nouvelle à accueillir. Cependant, mes espoirs semblaient être fondés sur une réalité trop éloignée lorsque mes sens prêtèrent une grande attention à une saveur odorante qui me devenait de plus-en-plus insupportable. Je ne sais comment mon cher blondinet parvient à supporter ce personnage burlesque qui aime tant s’incruster dans notre vie. Pour ma part, il est un véritable poison. Je ne sais s'il se rend compte du comportement des plus vulgaires que serait capable d'aborder ce prénommé Evan, mais il le sait autant que moi, qu'il se donne une image peu fréquentable et sûrement à cause de son activité professionnelle. J'aurai été capable de tout accepter si ça pouvait apporter le bonheur à mon cher Calice, mais cette amitié est quelque-chose que je ne peux pas admettre. Si je n'étais pas à moitié éteint par la mort, mes nerfs seraient certainement à fleur de peau et je ne pourrais m'empêcher de lui sauter à la gorge et l'étriper de mes propres mains. En y repensant, je suis mort avec un pied à moitié dans une tombe et, de plus, je suis bien trop âgé pour agir tel un impulsif. Je dois sans doute exagérer, mais tout ceci m'agace et Jun Hyun semble vouloir être têtu, tout en prenant un malin plaisir pour me rendre fou lorsque je viens à apprendre, comme aujourd'hui, qu'il a osé me contredire en allant à sa rencontre.

▬ « Je ne risque rien vu que t'es là. Et puis tu ne les laisserais pas faire de toute façon. Alors je peux bien crier devant ta porte sans qu'il ne m'arrive quoi que ce soit... non ? »

Je viens à peine de refermer la porte après que Jun Hyun soit entré dans l'appartement, que je ne peux m'empêcher de souffler bruyamment suite à une colère que j'essaye de contenir. Son attitude, si immature, ne le laisse pas supposer à quel point le danger rôde lorsqu'il met un pied à l'extérieur. Combien de fois, dois-je essayer de clamer qu'il doit faire attention ? J'ai beau lui répéter à de multiples reprises, il n'écoute rien. À chaque fois que j'ai eu l'occasion de lui en parler, il se rétracte dans l'immédiat et clame que je ne suis qu'un être possessif et terriblement jaloux et que si je le pouvais, je l'enfermerais dans une donjon comme certaines de ces princesses dans les contes de fées. Peut-être qu'il n'a pas entièrement tord, mais il abuse. Il a beau dire des millions de fois qu'il est en sécurité à mes côtés, mais il en oublie que je ne suis pas constamment auprès de lui. Il en oublie que le danger ne cesse de se propager et qu'il n'est pas hors de danger.

Je me permets de lui faire la réflexion qu'il est allé à la rencontre d'une certaine personne que je ne parviens pas à voir en peinture et, comme d'habitude, il feinte l'ignorance. Je ne sais vraiment pas ce qui m'agace le plus : si c'est le fait qu'il agisse comme s'il n'avait rien vu, rien entendu ou si c'est le fait qu'il ait eu un rendez-vous avec ce Evan.

▬ « Yah... Ce n'est pas pour te provoquer... Et j'aime pas chercher la merde avec toi... Il est venu chez moi, après avoir été... Maltraiter ?... Non, torturé par le vampire dont il est devenu calice récemment. »

Jun Hyun a toujours eu l'art et la manière de trouver des excuses à tout et même si cela s'avère être la vérité, je ne peux le supporter. Il ne cesse jamais de plaindre ce type. Si celui-ci est traité de la sorte, peut-être le mérite-t-il ? Après tout, personne ne sait ce qu'il peut se produire dans la demeure d'un vampire. Il me semblerait presque que ce soit un reproche des Calices ou même des Humains que les Vampires se montrent parfois extrêmement froid, seulement... Ils ne comprennent pas. Ils ne savent pas ce que c'est que de vivre ainsi. Pour certains, ce n'est qu'un aperçu, mais pour d'autre, ça leur est totalement inconnu. Ce genre de paroles ont le don de mettre mal-à-l'aise puisque j'en viens à la conclusion que Jun Hyun m'en veut encore de l'avoir fait mien. Il n'avait qu'à pas être... Il n'avait qu'à ne pas être ainsi. Un soupire m'échappe une nouvelle fois, ma tête me fait souffrir et les affaires que m'imposent ce blondinet me pèse. Il faut que je reprenne conscience, il faut que je lui fasse comprendre qu'il ne peut pas se permettre de faire tout et n'importe quoi, et surtout avec n'importe qui. Par la suite, je m'approche de lui et tends la main vers son visage pour caresser tendrement sa joue du bout des doigts avant de les glisser avec lenteur jusqu'à son menton, puis de le saisir fermement entre mes doigts, le forçant par la même occasion à me regarder droit dans les yeux.

▬ « Est-ce une raison pour ne pas écouter mes conseils, hm ? »

Une réplique qui ne laissera pas le silence y répondre, je me doute bien, mais je n'en ai pas tellement le choix. Je ne souhaite pas l'agacer, ni le fâcher contre moi, mais il faut qu'il cesse de s'inquiéter pour les autres qui lui ressemblent. Ils arrivent, que certains d'entre eux, ne digèrent vraiment pas toute cette nouveauté dans leur vie et qui en vienne à se venger sur quiconque qui passe en travers de leur chemin.

▬ « Écoute, je peux comprendre que tu te sentes abandonné et que tu ai besoin de compagnie. Quelqu'un comme toi. Mais, tu ne peux pas autant te soucier d'eux comme tu es en train de le faire avec ce Evan. Ce n'est pas bien... Tu ne sais pas ce qu'il peut arriver et c'est pour cela que je t'ai toujours demandé de me prévenir si tu dois voir quelqu'un. Ne crois pas que tous les Calices peuvent être amis entre eux... »

Je tente de lui faire entendre raison, mais par un mauvais pressentiment, je peux percevoir qu'il n'est pas en accord. La journée risque d'être longue...

J’entendis Jae Won soupirer. Je ne sais pas pourquoi, mais apparemment mon côté pas du tout inquiet de prendre des risques ne lui plaît pas du tout. Ce sera difficile de me changer cependant. Je sentais une sorte de mauvaise humeur le prendre. Je détestais quand il était de mauvaise humeur. Ca finissait toujours en cacahuète après. Après tout, je ne suis pas un sale type qui nie haut et fort qu’il aime beaucoup les coups d’adrénaline. Il n’a jamais su non plus m’expliquer correctement pourquoi je devais faire si attention. Si je dois vivre dissimulé pour qu’il soit tranquille, c’était mort. Je refuse de me cacher juste pour qu’il dorme sur ses deux oreilles. Ce n’est pas contre lui, mais j’osais penser que quoi que l’on fasse dans la vie, on prend des risques. Mais si les risques dominent alors c’est foutu, on ne profite plus de rien. Et puis bon… S’il ne veut pas que je hurle à la mort au pied de sa porte, il avait qu’à m’ouvrir plus tôt…

Je n’aimais pas du tout l’atmosphère qui se dégageait là. Je sentais que cette journée avec lui allait être épuisante. Je ne m’attendais pas non plus à ce que l’on parle simplement. Je le sentais, le simple fait que j’ai revu Evan le fou en boule. Ce qu’il pouvait m’être pesant à ce sujet. Que savait-il d’Evan après tout ? Juste ce qui se dit de lui. Juger les gens sans vraiment chercher à les connaître c’est ce que je déteste le plus. Et même si lorsque je lui donne la raison qui a conduit à ce que je brise une promesse, jamais j’insinue un quelconque reproche au fait qu’il m’ait fait calice. Certes au début, j’étais instable, tentant toujours de lui échapper. Mais maintenant, ce n’est même pas parce que je lui reproche de m’avoir fait sien que j’ai du mal à venir. C’est surtout parce que je ne vois qu’un visage irrité. J’ai l’impression de faire tout mal. C’est désagréable et… insupportable aussi. Blessant.

Je devine en plus que ce que je lui dis ne le satisfait pas. Comme si pour lui, j’inventais une excuse pour justifier le fait que j’ai revu mon ami. Je sentais une vague de colère monter doucement. Quand arrivera-t-il à me croire et me faire confiance ? Je ne vais pas finir dans les draps d’Evan, qui est, qui plus est, hétéro, et qui trouve son bonheur dans les bras d’une fille. Je me dis même carrément que je préfère être dans les draps de Jae Won plutôt que dans ceux d’Evan. Mais ça. Apparemment il n’a pas l’air de l’avoir encore compris. Et puis… je sais très bien que ça va devenir compliqué maintenant.

Il s’était approché de moi, caressant doucement ma joue pour au final relever mon menton vers lui. Si la caresse m’avait parut agréable, il n’en est pas de même pour le dernier geste. Une raison pour ne pas écouter ses conseils ? Je ne répondis pas. Parce qu’il n’y avait rien à répondre. Si moi j’étais têtu, lui, il était borné et attaché à une idée d’Evan totalement fausse. Il soupira encore, expliquant que je devais me méfier, qu’Evan, bien qu’étant calice pouvait représenter un danger. Sauf qu’il y a des mots qui me transpercent tels des coups de couteaux. Je fronce légèrement les sourcils. « Me sentir abandonné ? », « le prévenir si je dois voir quelqu’un ? » pour l’unique raison qu’à ses yeux « même un calice est dangereux ».


Assis sur le canapé, je plongeais mon regard, qui s’était endurci, dans le sien. « Que je me sente abandonné ? Alors c'est comme ça que tu me vois ? Que j’ai besoin de compagnie ? Rappelle moi... Qui m’a mordu pour que je remplisse le vide de sa vie ? J’te reproche pas de l’avoir fait, mais tu devrais réfléchir à deux fois avant de parler. » J’avais parlé sur un ton sec. « Ce n’est pas bien de se soucier de ses amis ? Je ne sais pas ce qu’il peut arriver ? Je sais très bien ce qu’il se passe pour Evan. Et si tu ressens la peur de me perdre, alors tu dois comprendre ce que je ressens quand un ami se retrouve avec un vampire qui pourrait très bien le tuer juste par plaisir personnel. » J’étais tendu. Crispé. L’inquiétude et la colère était mélangée. L’amertume s’était jointe à elles aussi… « Ça va te faire plaisir du coup. J’risque de plus le revoir juste pour m’assurer qu’il soit en vie, tout en crevant d’inquiétude qu’il finisse mort sous les doigts de… ce type. Et tout ça parce que j’ai vraiment pas envie de me faire arracher la tête par un de tes semblables….» Je poussais un soupire. Détournant le regard. Le visage marqué par toutes ces émotions. Je me disais qu’au fond, le vrai danger ce n’était pas les calices en eux-mêmes, mais leur propriétaire.

Ca finissait encore en queue de poisson. Ça me rendait plus que triste. J’osais croire qu’un jour, ça serait différent. Qu’un jour j’entrerai chez lui et recevrai son sourire. Le pire dans tout ça, c’est qu’il pouvait se mettre à penser que je le voyais lui aussi comme quelqu’un capable de faire subir le même sort qu’Evan…

Cet air si épuisé par nos querelles, nous en dit long. Je sens qu'il est énervé et que mes précédentes paroles ne semble pas être entendu de la même manière que la mienne. Pour l'énième fois, en plusieurs et longues années, c'est un échec. Lorsque je le rappelle à l'ordre, je ne souhaite pas qu'une dispute éclate entre nous, mais pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, il m'est impossible de discuter tranquillement avec lui. Sans doute, pense-t-il que je le considère comme une marionnette que je peux guider selon mes envies et que je dois abuser de certaines situations pour me montrer de plus-en-plus protecteur. Ma conscience me rappelle sans cesse, de ne pas le laisser dans son inconscience et qu'il doit apprendre à vivre tout en restant lucide ce qu'il peut se produire lorsque je suis absent. S'il doit vivre ainsi, c'est de ma faute. J'aimerais, juste une fois, que l'on puisse parler sans qu'on n'en vienne à se hurler dessus. J'aimerais tellement que l'on puisse se comprendre et ce, malgré des petits indifférents qui sont inévitables. J'aimerais surtout qu'il ne me voit pas comme un vampire cruel qui souhaite uniquement avoir quelque-chose à se mettre sous la dent. En le transformant, si je l'avais su, j'aurais hormis ce détail. En le mordant pour la première fois, je voulais avoir une raison de vivre, une raison pour réussir à sourire comme je ne l'aurai jamais fait, mais tout cela semble rester un espoir qui ne viendra pas. À le voir s'asseoir de cette manière, je sens son humeur irritée et je sais qu'il en vient à me détester et qu'il souhaite que je disparaisse de sa vue voire même de sa vie. Je laisse un soupire plus discret s'échapper d'entre mes lèvres. J'en viens à ne plus savoir comment aborder certains sujets à son égard sans que l'on vienne encore à se battre pour un indifférent qui n'en vaut pas la peine. Je suis fatigué de mener une lutte acharnée contre quelqu'un que j'aime.

▬ « Que je me sente abandonné ? Alors c'est comme ça que tu me vois ? Que j'ai besoin de compagnie ? Rappelle moi... Qui m'a mordu pour que je remplisse le vide de sa vie ? J'te reproche pas de l'avoir fait, mais tu devrais réfléchir à deux fois avant de parler. »

Je me prouve que je me suis bien trompé. Lui et moi, nous n'avons rien à faire sur le même chemin. Nos caractère bien trop dissemblable ne mène qu'à nous épuiser l'un de l'autre. Son regard qui a perdu de son éclat, à priori ne m'infecte pas, seulement... À l'intérieur, il me démolit. Ses propos me font savoir qu'il a mal interprété ce que j'ai essayé de lui faire comprendre quelques minutes auparavant, mais quelque part, il n'a pas tort. Je n'ai sans doute pas assez réfléchi aux conséquences de mes actes. J'ai, sans doute, trop pensé à cette vie trop longue à continuer surtout en étant seul. Parfois, je regrette. Je regrette d'avoir fait ça. Je regrette de le voir si malheureux en ma compagnie. Je regrette de lui avoir retiré ce sourire qui me réchauffait tant ce cœur de pierre. Je regrette beaucoup de choses, mais je ne peux retourner en arrière afin de les corriger. Je suis peut-être un vampire, mais pas un scientifique. Je ne peux lui redonner la liberté d'avant, mais si je le pouvais... Pourrait-il seulement vivre comme autrefois ?

▬ « Ce n'est pas bien de se soucier de ses amis ? Je ne sais pas ce qu'il peut arriver ? Je sais très bien ce qu'il se passe pour Evan. Et si tu ressens la peur de me perdre, alors tu dois comprendre ce que je ressens quand un ami se retrouve avec un vampire qui pourrait très bien le tuer juste par plaisir personnel. »

Non, Jun Hyun. Je ne sais pas. Je ne sais pas à quel point la situation d'Evan peut te heurter. Je ne sais pas ce que c'est que de se soucier pour une personne sauf pour lui..., mais il ne me voit pas. Encore une fois, notre discussion aboutit qu'à se heurter contre un mur invisible imposé entre nous. Il ne fait que ressasser le malheur de son ami, mais n'a-t-il pas décidé de se comporter de la sorte ? Il est toujours nécessaire de se construire une personnalité, mais s'il en vient à en être maltraité – par un vampire ou une quelconque autre personne – n'est-ce pas uniquement de sa faute ? Je ne peux que taire mes pensées à l'égard du comportement de cet individu, ça ne ferait qu'énerver davantage Jun Hyun qui est déjà assez à bout de nerfs en cet instant précis. Il a le droit de se soucier d'un ami, mais lorsque celui-ci appartient à une personne, il ne vaut mieux pas s'interposer, ni d'essayer de lui faire entendre raison. Les vampires semblent être des êtres si têtus, mais les anciens-humains en oublient qu'on ne peut s'imposer dans certaine situation qui ne sont pas nos affaires. En attendant qu'il me dise ce qu'il a sur le cœur, je m'approche et m'assois en face de lui, sur le canapé, avant de poser mon regard sur lui tout en prêtant une oreille attentive.

▬ « Ça va te faire plaisir du coup. J'risque de plus le revoir juste pour m'assurer qu'il soit en vie, tout en crevant d'inquiétude qu'il finisse mort sous les doigts de... ce type. Et tout ça parce que j'ai vraiment pas envie de me faire arracher la tête par un de tes semblables... »

Je me demande bien ce qu'il peut se passer dans la tête de Jun Hyun. Il doit y avoir des milliards d'idées qui lui traversent l'esprit aussi bien pour prêter une aide à son soi-disant, ami, mais aussi pour trouver des excuses futiles à mon encontre. Il aura beau me dire que les gens de mon espèce sont infâmes, les humains ne sont guère mieux. Notre mésentente se fait à cause de notre différence. Nos soucis ne se basent uniquement que sur cela et j'en suis fatigué. Je suis épuisé de devoir justifier les gestes et les actes des individus qui sont comme moi. Sans répondre, je pose mon coude sur la tête du canapé avant de laisser mes doigts masser la tempe d'un des côtés de ma tête. Ce geste va certainement le rendre nerveux, mais je ne préfère pas rétorquer quoi que ce soit, au risque que cela se termine en une nouvelle guerre. À quoi bon lui faire entendre raison, je n'obtiens absolument rien. Je me demande ce qui le pousse à toujours me rendre visite, peut-être, s'en voudrait-il de me laisser mort de faim ? Peu importe. Je peux très bien laisser mes limites tomber et me jeter sur la première personne errante dans la rue. Du coin de l’œil, je ne cesse de le regarder. Ce visage crispé, je n'aurai jamais cru qu'il serait capable de l'aborder. Je ne pensais pas, non plus, qu'il pouvait être aussi furieux contre moi.

▬ « Tu as mal compris. Je ne pense pas que tu te sois égaré sur un chemin qui ne t'appartiennes pas. Je te l'ai imposé, certes, mais je ne t'ai jamais interdit de découvrir ce nouveau monde. Tu veux sauver un ami ? Très bien. Tu enrichiras ta personnalité, mais selon les événements à suivre, tu pourrais te faire déchiqueter en mille morceaux. Imaginons que ce genre de choses t’arrive, est-ce que tu penses réellement que ce type viendrait à ton secours, malgré tout ? »

Cette mise en situation est peut-être bien trop forte si jamais, elle vienne à surgir de nulle part en pleine face, mais si sa conscience peut se réveiller un minimum, ça pourrait éviter d'encore nous renvoyer mutuellement la faute.

▬ « Soit... Mes semblables se donnent une image épouvantable, mais va donc te chercher mon remplaçant qui sera prêt à t'accorder à la fois, une sécurité, une liberté que j'ose te laisser et une autre habitation pour que tu puisses rester indépendant. Essaye donc de trouver un vampire comme moi..., mais je doute que tu y parviendras... »

Sans même attendre une seconde plus, je me lève et me dirige vers les escaliers afin d'aller rejoindre ma précédente activité.

Je me tuais à aimer Jae Won. Il me tuait à me protéger comme il le faisait. Je me tuais à le rendre nerveux. Et on se tuait à se disputer comme ça pour un rien. On se balançait les fautes l’un sur l’autre. Si ce n’était pas la faute de l’un, c’était forcément la faute de l’autre. On ne pouvait pas dès le départ considérer chacun sa part de responsabilité. On arrivait presque jamais à se parler normalement. Ça m’épuisait. Ça l’épuisait. Jusqu’à quand allions nous nous tuer de cette manière ? Le pire dans tout ça, c’est que mon attitude et mes paroles venaient toujours le blesser amèrement. Comme si je laissais entendre que je lui en voulais. Comme si il y avait encore cette petite voix disant « je te déteste » comme par le passé. Pourtant tout a changé. Je ne veux pas me séparer de lui, même si je suis un garçon trop accroché à sa liberté. Et j’ai toujours reconnu la part de sacrifice de Jae Won. Mais moi je culpabilisais d’être encore maladroit. Il me reprochait ce qui me faisait encore culpabiliser. Pourquoi je n’étais pas ce calice parfait que tous vampires souhaitent avoir chez lui ? Ce calice tellement parfait qu’il vous écoute attentivement, suit vos conseils et surtout… Prend soin de vous.

J’ai toujours été maladroit avec Jae Won. J’avais toujours l’impression de commettre une erreur. De faire une énorme bêtise. Quand Evan est venu à l’appartement, j’avais oublié les recommandations de Jae Won. Sa plaie à l’épaule m’avait glacé d’effroi. Je voudrais pouvoir l’aider, mais je ne suis pas fou ni inconscient au point de vouloir me mettre à jeter des cailloux sur un être largement plus fort que moi. Ce serait un combat entre David et Goliath où Goliath finirait vainqueur. Et mourir était la dernière chose que je voulais. Tout simplement parce que je ne voulais pas faire souffrir Jae Won. Je le faisais déjà bien assez par ma faute. Par mes caprices de grand enfant. Par mon comportement de mec aventureux, qui aime les poussées d’adrénaline.

J’étais fatigué. Fatigué de toujours me prendre le chou avec lui. Et là je n’avais pas arrangé nos problèmes. J’avais juste rajouté de l’huile sur le feu. Lui dire que c’est lui qui a décidé de me mettre dans sa vie et pas moi. Lui dire qu’il devrait mieux me comprendre. Et enfin lui dire qu’il devrait être content que la force des choses finisse par m’interdire de voir Evan. Voilà ce que je venais de faire comme bêtise. J’aurais peut-être dû faire profil bas. Mais pourquoi June arrivait à me dire les mêmes choses sans que ça me foute en rogne ? Peut-être qu’elle avait ce don de trouver les bons mots… Le bon ton, pour m’expliquer les choses. Peut-être qu’aussi elle avait cette qualité de ne pas juger les gens sans les connaître vraiment. Après tout… Ce qui me mettait les nerfs à fleurs de peau ce n’était pas qu’il m’interdisait de le sauver. Ce qui me mettait en boule c’était l’idée que de toute manière, jamais je ne pourrais faire le poids face à son propriétaire et que je n’avais qu’à me tenir tranquille chez moi et pas tenter de le tirer de là. C’était ça. C’était ça qui me faisait perdre mes moyens.

« Tu as mal compris. Je ne pense pas que tu te sois égaré sur un chemin qui ne t'appartiennes pas. Je te l'ai imposé, certes, mais je ne t'ai jamais interdit de découvrir ce nouveau monde. Tu veux sauver un ami ? Très bien. Tu enrichiras ta personnalité, mais selon les événements à suivre, tu pourrais te faire déchiqueter en mille morceaux. Imaginons que ce genre de choses t’arrive, est-ce que tu penses réellement que ce type viendrait à ton secours, malgré tout ? »

C’est vrai. Il ne m’a jamais interdit de me déplacer librement. Il ne m’a jamais empêché de voir mes amis. June, il aurait pu me dire de ne pas la voir juste pour être sûr que je sois tout à lui et à personne d’autre. Au final, il me faisait confiance un minimum. Alors c’était moi le fautif ?... Je me sentais mal. Encore plus mal, parce que non, je n’avais pas envie de le sauver. La peur de finir justement en mille morceau m’empêchait tout simplement d’en avoir l’idée. Mais c’est lui qui ne comprend pas. Mais comment peut-il comprendre l’ensemble, alors qu’il lui manque tout un tas de morceau du puzzle géant ? Ces paroles suffirent tout de même à me crisper d’avantage.

« Soit... Mes semblables se donnent une image épouvantable, mais va donc te chercher mon remplaçant qui sera prêt à t'accorder à la fois, une sécurité, une liberté que j'ose te laisser et une autre habitation pour que tu puisses rester indépendant. Essaye donc de trouver un vampire comme moi..., mais je doute que tu y parviendras... »

J’eus l’impression de me prendre un poignard en pleine poitrine. Chercher son remplaçant ?... Non. Aucune envie de faire ça, Jae Won. Même si t’essayais de me mettre dehors à grand coup de pieds, je reviendrai à la charge. Je n’ai aucune envie de l’abandonner. Aucune envie de me séparer de lui. Si je reconsidère l’ensemble de la situation, c’est au final moi qui ait cherché l’embrouille. Quels sacrifices avais-je fais pour Jae Won ? Si les siens ne tenaient pas sur les dix doigts des deux mains, les miens devaient bien ne même pas remplir une seule. J’avais la gorge serrée. Je me sentais vraiment mal. Je ne relevais même pas la tête. Même lorsqu’il s’était levé du canapé. Tout ce que j’avais fait c’était lui attraper le poignet. Mon regard même pas levé sur lui.

« Même si je pouvais trouver un remplaçant, je ne le ferai pas. » Mon ton s’était adouci. Il m’avait tellement mis mal à l’aise avec tout ça, que… Je finissais par prendre sur moi. « …. Si tu veux que je vienne vivre ici, dis le moi, je le ferai. Si tu veux que je reste là, avec toi, c’est pareil… » J’avais le cœur qui battait trop vite. «… Je… Désolé d’être un sale gamin capricieux… Parfois inconscient. Je sais tous les sacrifices que t’as fait pour moi… D’autant que je suis encore trop maladroit avec toi. J’ai peur de faire n’importe quoi, de te blesser si je vais quelque part, de commettre une connerie dès que j’ai quelqu’un chez moi. Je te préviens pas, parce que j’aime pas qu’on juge les gens comme ça, sans avoir un minimum de connaissance d’eux »

Je lui lâchais le poignet. Je ne savais pas trop ce que je faisais. Je ne réfléchissais pas trop, et laissait les mots sortir tout seul de ma bouche : « Je sais que tu ne supportes pas Evan du fait de son travail. Je comprends ta volonté aussi de me protéger corps et âme. » Ma gorge se noue. J’ai du mal à respirer. « JMais je sais que si je viens l’aider, c’est… Me jeter sous les griffes d’un fauve. Et je n’ai pas envie de prendre le risque d’y laisser ma peau. » Je déglutis. « Pour toi et June je ne le ferai pas… » Je disais clairement que je me refusais de lui faire subir d'avantage de souffrances.

Je me levais et vint doucement le prendre contre moi, mon torse contre son dos, ma tête sur son épaule. « … Tu… T’as faim non ?... Tu n’as pas bu depuis combien de temps ?... Jae Won… Je n’ai pas envie que tu te prives juste pour faire plaisir à mes caprices… T’es libre toi aussi… Je…. Désolé de te faire subir tout ça… » Je ne venais pas ici juste parce que je me doutais qu’il n’avait pas pris la peine de se nourrir. Je venais ici, parce que j’aimais être avec lui malgré nos différents. Si je faisais juste un petit effort supplémentaire, peut être… Peut-être qu’on arrêterait de s’en mettre plein la figure…

Lorsque Jun Hyun vient à l'appartement, j'aimerais vraiment que nous puissions passer une soirée sans que nos paroles ravageuses ne viennent à s'incruster dans nos rares discussions et d'en finir par nous hurler dessus comme des bêtes acharnées pour un morceau de viande. Au fond de moi, j'ai toujours souhaité être tranquillement installé à ses côtés, à regarder la télévision, à faire un jeu de société auquel je n'aurai compris aucune règle, faire n'importe quelle activité ensemble. J'ai toujours voulu que nous sortions ensemble en début de savoir pour aller se balader dans un parc, aller au cinéma, ce genre de choses dites « normales ». Cependant, il n'est pas facile d'imposer un petit emploi du temps lorsque l'un comme l'autre, nous ne nous donnons aucune nouvelle ou que nous en venions, comme maintenant, à ne plus nous parler pendant quelques jours suite à une énième querelles. Ce sont des envies que j'aimerais vraiment réalité, mais je ne parviens pas à savoir si cela sera possible un jour ou même de lui proposer. Lorsqu'il est devenu mien, je pensais obtenir quelque-chose de meilleur, de neuf, restant à ses côtés, mais...
Alors que je viens à lui faire comprendre de se chercher un meilleur vampire si je viens à ne plus lui convenir et, en espérant, de pouvoir me calmer en retournant à ma couture, je ne m'attends pas à ce qu'il me retienne en agrippant mon bras pour ne pas que je disparaisse aussi facilement du salon. Son geste me surprend. C'est une habitude que j'ai perdue. Lorsque nous sommes fâchés et afin d'apaiser cette atmosphère bien trop pesante, il ne m'a jamais imposé de rester, surtout après avoir énoncé quelques paroles vaseuses juste pour que la discussion puisse se terminer et ne plus la refaire revenir sur le tapis. Je n'ose pas le regarder et je n'en connais pas la raison. Je ne suis pas curieux de savoir ce qu'il va bien pouvoir me dire. Je l'imagine déjà en train de me reprocher de n'être qu'un fuyard ou autre-chose y ressemblant. Cependant, lorsqu'il essaye de prononcer ses premières paroles, je le sens hésitant, peut-être même troublé. Ce garçon me surprendra toujours. Il me réserve des surprises auxquelles je ne m'attends pas.

▬ « Même si je pouvais trouver un remplaçant, je ne le ferai pas… Si tu veux que je vienne vivre ici, dis-le-moi, je le ferai. Si tu veux que je reste là, avec toi, c'est pareil... Je... Désolé d'être un sale gamin capricieux... Parfois inconscient. Je sais tous les sacrifices que t'as fait pour moi... D'autant que je suis encore trop maladroit avec toi. J'ai peur de faire n'importe quoi, de te blesser si je vais quelque part, de commettre une connerie dès que j'ai quelqu'un chez moi. Je te préviens pas, parce que j'aime pas qu'on juge les gens comme ça, sans avoir un minimum de connaissance d'eux. »

Finalement, je n'ai pas à m'inquiéter. Ce changement de situation m'étonne, une nouvelle fois, mais je ne peux lui en vouloir, bien au contraire. Il est temps pour nous de se reposer un peu. C'est assez lassant de savoir que nous nous voyons juste pour mieux s'envoyer balader sur les roses. Sa proposition de vouloir vivre ici aurait pu être une belle occasion pour lui faire comprendre de rester éternellement avec moi, mais je ne peux lui infliger ça. Je ne peux lui imposer un nouveau sacrifice, je sais qu'il a besoin d'avoir sa liberté et je ne veux pas l'enfermer dans une cage. Je n'ai jamais voulu lui faire ça, je ne le ferai jamais. De plus, l'idée d'aller boire le sang d'un piètre inconnu m'a traversé l'esprit à plusieurs reprises, mais à chaque fois, je me gifle mentalement en me donnant l'interdiction de toucher à quelqu'un d'autre que lui. Il aura beau me donner le feu-vert pour le faire que je ne laisserais pas mes envies prendre le dessus. Je lui ai promis de ne pas l'aguicher en allant m'occuper d'une tierce personne sans importance à mon égard. Et puis, son sang, cette petite partie de sa vie que j'inspire me convient. Je n'ai besoin de rien sauf de lui.

▬ « Tu n'as pas à t'excuser, Jun Hyun. Je n'ai pas le droit de te garder si possessive-ment auprès de moi, je n'ai pas le droit de te faire subir ça. Je sais que tu seras malheureux et je ne veux pas que tu le sois... Je comprends que tu sois bouleversé par ce qu'il t'arrive depuis quelques années, mais s'il te plaît, parle-moi. Je ne suis pas simplement un vampire qui ne cherche qu'à engloutir le sang de l'un de ses favoris, je suis aussi là pour écouter tes joies comme tes peines, t'aider à vivre le mieux possible, te conseiller si tu en as besoin... Ne crois pas que je suis seulement un crève la dalle. »

Sa main vient à me lâcher et je ressens déjà un manque. Il me manque bien trop souvent. Je n'ai plus jamais osé le toucher depuis... ce jour. Je ne veux plus le faire subir tant de mal. Je n'ai pas supporté l'idée de le savoir en train d'agoniser jusqu'à en venir à l'imaginer en train de mourir. Je l'avoue, c'est l'une de mes angoisses et je ne veux plus revivre une telle situation. Plus jamais. Il en est hors de question.

▬ « Je sais que tu ne supportes pas Evan du fait de son travail. Je comprends ta volonté aussi de me protéger corps et âme. Mais je sais que si je viens l'aider, c'est... Me jeter sous les griffes d'un fauve. Et je n'ai pas envie de prendre le risque d'y laisser ma peau. Pour toi et June, je ne le ferai pas... »

Sa voix si meurtrie par les aveux en vient à me briser le cœur. Je ressens cette pointe, tel un poignant, qui me transperce et qui me fait terriblement mal. Ce mal. J'ai l’impression que c'est tout ce que j'ai osé lui faire. Encore une fois, je regrette de me comporter de la sorte, mais j'ai sans cesse, cette vision de le voir en train de me mettre à l'épreuve lorsqu'il en vient à être en compagnie d'une personne qui m'est insupportable et qui me semble quelque peu dangereuse. Je devrais, sans doute, me remettre en question et d'arrêter par la même occasion de voir le mal se propager partout là où Jun Hyun risquerait de mettre les pieds.

▬ « Je ne peux rien t'empêcher de faire, tu es libre. Fais juste attention à toi, je m'en voudrais qu'il t'arrive quelque-chose. »

Alors que je pense la discussion close, je remarque Jun Hyun se lever et se heurter contre moi prenant soin d'enlacer ses bras autour de mon torse. Ce geste reposant, si rassurant... Je ne l'ai jamais vraiment connu. Je n'ai plus jamais osé le prendre dans mes bras par crainte de le brusquer, de l’apeurer, de le faire fuir ou même de le briser. Cette sorte de premier pas me rend heureux. Un geste si simple et qui semble si difficile à accorder me donne du bonheur. Je ne peux le voir, mais j'aimerais l'éteindre, entre mes bras, pour lui faire comprendre que je ne suis pas qu'un démon et que je suis là pour lui, pour tout ce qu'il souhaite, tout ce qu'il veut. Un léger sourire vient s'incruster au coin de mes lèvres. Cette partie est gagnée, mais pour combien de temps ? J'espère, le plus longtemps possible.

▬ « … Tu... T'as faim non ?... Tu n'as pas bu depuis combien de temps ?... Jae Won... Je n'ai pas envie que tu te prives juste pour faire plaisir à mes caprices... T'es libre toi aussi... Je... Désolé de te faire subir tout ça... »

C'est bien la première fois qu'il s'inquiète autant pour moi. Je n'en ai pas l'habitude, ou peut-être, ne l'ai-je plus. Si je viens à laisser ma soif prendre le contrôle de mes actes, je serai déjà en train de le dévorer. Depuis bien trop longtemps, je me retiens. J'en ai terriblement envie, mais si je viens à laisser mes pulsions surgir, je crains de l'effrayer... Comme la première fois. Comme toutes les autres fois, d'ailleurs. Son torse contre mon dos, je sens son cœur battre la chamade. Ce mouvement, pourtant si discret, semble résonner dans mon corps et ça me rend fou. Prudemment, j'attrape l'un de ses bras. Je le sens se crisper et déjà, j'en viens à me raviser. Dois-je le faire maintenant, ou non ? Je ne veux pas qu'il s'enfuit. Je ne veux pas qu'il parte pour revenir dans quelque temps qui me serait éternel. Mon pouce caresse avec tendresse son poignet je sens une veine s'agiter follement sous celui-ci. Alors que j'approche son poignet de mes lèvres, je le recule subitement en pensant qu'il devrait manger d'abord, au risque qu'il n'en vienne à faire un malaise. J'ai encore cette terrible crainte de le voir ne plus rouvrir les yeux.

▬ « Je te retourne la question. Depuis combien de temps, tu n'as pas manger un vrai repas ? Tu es tout pâle. Je t'ai remplis le réfrigérateur, tu veux que je te prépare quelque-chose ? »

Tout en lâchant son bras, je me sépare de sa douce étreinte afin de lui faire face et de lui adresser un sourire timide.

Le calme après la tempête. Tempête déclenchée par moi-même. Je ne pouvais que me sentir fautif après tout. Jae Won me laissais aussi libre que l’air. Mais pourquoi j’avais l’impression qu’il s’imposait la distance ? Certes au départ c’est moi qui fuyais sa présence. Le changement brusque de ma vie m’avait tellement bouleversé que j’avais voulu mettre une distance entre lui et moi. Si au départ je l’ai toujours vu comme un vampire possessif à faire peur, je n’ai pas non plus été très tendre avec lui. Au fond je n’ai jamais vraiment compris que tout ce que voulais Jae Won c’était que je sois heureux même s’il m’avait fait sien. Ce qui est troublant c’est cette espèce de paradoxe. Il a créé le lien entre lui et moi, mais me laisse toute ma liberté.

Constat surprenant. Il est trop gentil.

Et je me dis que je devrais cesser d’être si… Distant avec lui. Peut-être qu’aussi, vivre loin de lui, ne m’aide pas du tout à mieux le comprendre et à mieux le connaître. Je commence à peine à comprendre de moi-même que je l’aime, et j’en suis encore au stade où… Je ne le vois pas comme je le devrai. C’est sans doute pour ça que l’on passe notre temps à se disputer pour des broutilles. Peut-être qu’il serait temps que cela change.

« Tu n'as pas à t'excuser, Jun Hyun. Je n'ai pas le droit de te garder si possessive-ment auprès de moi, je n'ai pas le droit de te faire subir ça. Je sais que tu seras malheureux et je ne veux pas que tu le sois... Je comprends que tu sois bouleversé par ce qu'il t'arrive depuis quelques années, mais s'il te plaît, parle-moi. Je ne suis pas simplement un vampire qui ne cherche qu'à engloutir le sang de l'un de ses favoris, je suis aussi là pour écouter tes joies comme tes peines, t'aider à vivre le mieux possible, te conseiller si tu en as besoin... Ne crois pas que je suis seulement un crève la dalle. »

Il est décidément trop gentil enfin de compte. Ça me fait énormément plaisir qu’il me dise qu’il respecte ma liberté. Mais à quel prix ? On se déchire. On se dispute et tout ça souvent parce que j’ai vu un tel qui ne lui plaît pas ou un tel parce que selon lui il est dangereux. Et moi ? Je faisais pareil. Il écoutait trop mes caprices et moi je me voilais la face sur ses bonnes actions. J’avais du mal encore à m’ouvrir à lui. Mais il a raison. Pourquoi ne pas lui parler de mes peurs, de mes peines et de mes joies ? Si je tiens un minimum à lui… Pourquoi je ne lui en parlais pas ? Cependant, j’étais convaincu d’une chose. Si je l’aimais comme je le pensais, vivre avec lui, près de lui, tous les jours ne me tuera pas et ne me rendra jamais malheureux. Au contraire.

« Je ne peux rien t'empêcher de faire, tu es libre. Fais juste attention à toi, je m'en voudrais qu'il t'arrive quelque-chose. »

Je suis libre. Mais au fond j’ai peur. J’ai peur de faire encore une connerie et de me retrouver à moitié mort sur le bitume d’une route paumée en bordure de Séoul. Et s’il m’arrivait ce genre de chose… Sera-t-il là pour me tirer d’affaire ? Viendra-t-il me sauver ? J’ose espérer qu’il tient suffisamment à moi pour me protéger, mais si ce n’était pas le cas… Alors… Alors je n’aurais réussi qu’à faire naître une nouvelle fois une grande douleur dans sa poitrine morte.

« Qui te dis que je serais malheureux ? Si je devrais te parler plus souvent, tu devrais cesser de te poser des barrières. Si tu m’as fait calice, c’est bien parce que… Tu voulais que je sois avec toi non ? Même si être possessif est un défaut, ne dis pas que tu n’as pas le droit de me garder là. Je ne suis certes pas un jouet qu’on garde rangé dans un placard, mais… Je ne pense pas que je pourrais être malheureux si tu me demandais de vivre ici… »

Je tenais son poignet dans ma main. Je ne serrais pas fort. Je le tenais avec douceur. Je n’avais pas eu envie de le voir partir si vite du salon. J’avais besoin qu’il soit encore là. Qu’il m’écoute. Je ne sais pas trop ce que je faisais, les mots sortaient tout seul de ma bouche. Sa gentillesse me touchait plus que de coutume et je me maudissais d’être si peu sympathique envers lui. J’étais trop dur. Il se morfondait et semblait regretter d’avoir rendu un humain comme moi calice. Mais la faute à qui ? Celui qui n’avait pas cessé de le lui reprocher c’était moi. Et même si maintenant je ne lui en voulais pas, il semblait encore s’en vouloir. Je tentais de le rassurer. Je tentais de lui dire quelles étaient vraiment mes intentions…

« Ne t’imagine pas que je suis vraiment un inconscient… Je n’irai pas jusqu’à tenter de le tirer des griffes de son vampire. Mais si je peux juste panser ses plaies et lui apporter un peu de réconfort… Ca me suffit. Cependant... » Je marquais une petite pause d’une seconde. « Cependant j’ai peur Jae Won. J’ai peur que ces simples gestes soient mal interprétées par son propriétaire. Si déjà pour toi, c’est prendre de trop gros risques de le faire… J’avoue que ça me terrifie d’avantage… »

Même si ma main ne tenait plus son poignet, j’osais espérer qu’il reste encore là et qu’il m’écoute. Je faisais là l’effort de lui dire réellement ce qui me pesait. Ce qui me faisait peur. Je pouvais comprendre que comme June, il ne désirait que mon bonheur et pas autre chose, cherchant simplement une solution pour qu’il ne m’arrive rien.

Je m’étais levé du canapé et l’avais pris dans mes bras. C’était la première fois que je faisais un geste aussi doux vis-à-vis de lui. Mais j’avais envie qu’il m’enlace. J’avais besoin de le sentir proche de moi. Et même si je ne l’ai jamais montré jusqu’ici, je me suis toujours inquiété pour lui. Quel que soit le moment, je me demandais s’il allait bien, ce qu’il faisait, s’il se nourrissait. Ou s’il attendait encore que je vienne. J'osais lui poser directement la question. Lui disant qu'il n'avait pas à se retenir autant.

Je sentis sa main attraper doucement mon bras. Mon cœur battait la chamade. Et quand bien même j’étais un peu tendu, s’il voulait boire maintenant, il pouvait le faire. Son pouce tâtant mon poignet, m’envoya le signal qu’il allait mordre. Il pouvait le faire. Mais allez savoir pourquoi, il ne le fit pas. Non. A regret, je le vis s’écarter de moi, me tenir simplement la main.

« Je te retourne la question. Depuis combien de temps, tu n'as pas mangé un vrai repas ? Tu es tout pâle. Je t'ai remplis le réfrigérateur, tu veux que je te prépare quelque-chose ? »

Jae Won… Il s’inquiétait bien plus de moi que je ne le faisais envers lui. Je crois bien avoir compris qu’il ne me mordrait pas tant que je n’avais pas rempli mon estomac et pris des forces. Il prenait soin de moi, bien plus que je ne le faisais pour lui.

« Euh… Pourquoi pas ?... Fais-moi n’importe quoi. Tu sais, j’suis pas compliqué avec la bouffe. »

On alla à la cuisine, je le laissais s’atteler aux fourneaux. Je le regardais faire. Jae Won… Je sais pourquoi j’ai fini par m’attacher si fort à lui. Il est touchant, attachant, trop gentil. On arriverait facilement à le prendre pour un ange. Mais il y avait une part d’ombre chez lui par moment qui arrivait toujours à me donner des frissons.

J’étais bien habitué à ses prises de nourriture, mais à chaque fois, juste avant, il veillait à ce que je sois en forme. Si je ne l’étais pas, il se privait encore et encore. Il était fort. Il résistait. C’est pour ça aussi que je m’inquiétais pour lui. Il ne devait pas se restreindre ainsi. Je ne sais pas de quoi il avait peur. Il ne me le disait jamais.

Installé au comptoir, je quittais ma place pour aller près de lui. Passant mes bras autour de sa taille, j’osais mettre timidement un bisou sur sa joue.
« Merci Jae won… »

Je le lâchais. Une main restant accrochée au bas de son t shirt. Jamais je ne lui avais dit un merci. Jamais. Alors qu’il le méritait pour tout ce qu’il faisait pour moi. Le laissant toujours cuisiner, et le regardant faire, j’osais mettre les pieds dans le plat.

« Tu sais… Toi aussi tu peux me faire part de tes peurs… De tes peines… » Et passant du coq à l’âne : « Je… peux rester là ce soir ? »

Enfin, reposé. Je l'espère. Ce moment de calme me fait le plus grand bien et mieux apprécié lorsque Jun Hyun est proche de moi. Ces moments si rares seraient une occasion parfaite pour profiter l'un de l'autre, mais ils sont tellement précieux puisqu'ils se font rares. Nous ne cessons de lutter, de nous battre, pour aucune place sur un podium, pour une médaille à conquérir, c'est un acte stupide que nous créons à chaque fois que nous nous croisons. Pourquoi est-ce qu'il faut toujours que nous en arrivions à ce stade ? J'ai déjà pu analyser certaines relations entre les vampires et leurs calices, certaines de leur attitude me mettent hors de moi : ils sont ignobles, ils se font du mal, certains s'adaptent mieux, mais combien de personnes peuvent se supporter ? J'ai la sensation que pour Jun Hyun et moi, c'est quelque-chose d'autre. On s'apprécie, mais on se déteste à la fois. C'est une relation plutôt étrange. Une relation que je ne comprendrais, sans doute, jamais. J'aimerais vraiment pouvoir vivre à ses côtés sans que nous en venions à tout détruire sur notre passage. J'en viens à ne plus supporter tout ce cirque si infernal et qui nous épuise de plus-en-plus. Mais tout cela semble faire partie du passé, puisqu'il a eu la bonne résolution d'agir afin que l'on ne vienne pas encore à vouloir s'arracher les entrailles afin de faire taire l'autre. Son geste, cette main si douce, si délicate, est une chose qui m'a manqué. Sa peau, je ne l'ai plus effleurée depuis bien trop longtemps. Un temps qui m'est devenu des plus insupportables et dont je ne parviens plus à digérer. Le fait qu'il se propose lui-même à ce que je me nourrisse de son sang me va droit au cœur, cependant je ne peux lui infliger une telle souffrance en recommençant une certaine chose que j'ai eu l'obligation de faire si je ne voulais pas le voir mourir sous mes yeux. Je ne veux pas, non plus, qu'il tombe malade ou qu'il est mal. C'est aussi pour cette raison que je viens à le lâcher et de me séparer de cette étreinte reposante. Par la suite, je lui propose de grignoter quelque-chose, chose qu'il ne refuse pas et qui semble, plutôt même, le ravir.

▬ « Euh... Pourquoi pas ?... Fais-moi n'importe quoi. Tu sais, j'suis pas compliqué avec la bouffe. »

Fais-moi n'importe quoi. Heureusement que nous parlions de nourriture sinon, j'aurai pu comprendre cette parole comme étant déplacée voire même, très explicite. J'interdis mon esprit de divaguer dans ces saletés pourtant si réjouissante et m'affaire à aller lui préparer un repas convenable. Une fois dans la cuisine, je m'apprête à aller ouvrir la porte du réfrigérateur pour en sortir quelques ingrédients frais et de commencer par rincer les légumes et pour certains de les éplucher avant de les couper soigneusement en petits morceaux et de les faire bouillir dans casserole contenant une eau qui a eu le temps de devenir chaude le temps que je prépare les petits morceaux de couleur verte comme rouge. En y repensant, je suis certain d'avoir oublié la saveur de certaines viandes, de certains fruits. Je pourrais bien essayer de manger quelque-chose que n'importe qui dans ce monde est capable d'engloutir, mais je ne ressentirais plus la même saveur. Elle pourrait même m’écœurer. Je ne préfère pas opter pour cette solution en espérant garder dans mon esprit le goût de ces anciennes saveurs. En concoctant tout cela, j'en avais presque oublié la présence de de Jun Hyun. Je ne le ressenti que lorsqu'il s'est approché de moi pour déposer un léger baiser sur ma joue tout en me remerciant. À la fois surpris par ce bisou et étonné, je ne parviens pas à comprendre les sens de ses mots. Me remercier ? Mais de quoi, au juste ? S'il veut en venir au fait que je ne cesse d'apporter mon attention sur sa présence, ce n'est pas nécessaire. Pour moi, c'est mon devoir. Si je l'ai fait devenir Calice, ce n'est pas pour le laisser abandonner dans toutes ses interrogations ou même pour en faire mon esclave. Cette idée ne m'a jamais traversé l'esprit. Pour moi, les Calices, sont des personnes auxquelles il faut prendre soin et veiller à ce qui ne manque de rien, qu'ils puissent vivre convenablement. Je ne comprendrais jamais certains des miens qui se permettent de les faire souffrir ou suis-je tout simplement un vampire entièrement à part de toutes ces personnes ? Je ne sais pas. Je ne le serais sans doute jamais.

▬ « Tu sais... Toi aussi tu peux me faire part de tes peurs... De tes peines... »

Je lui jette un regard étonné. Alors, cela veut dire qu'il s'intéresse vraiment à moi, malgré ce que j'ai pu lui faire ? J'en suis rassuré, mais je ne sais s'il saura vraiment m'écouter, après tout, je suis vieux. Peut-être trop vieux et c'est aussi pour cette raison que nous sommes souvent en conflit. Nos caractères, nos âges sont totalement différents. Est-ce que nous réussirons à être heureux, un jour ? Je finis par lui accorder un sourire et de hocher la tête positivement. Oh, Jun Hyun... Si tu savais tout ce que j'ai sur le cœur, tu prendrais la fuite. J'ai peur de le perdre. J'ai peur que quelqu'un lui fasse du mal. J'ai peur qu'il soit malheureux. J'ai peur de le voir disparaître de ma vie. Je suis effrayé par des milliards de choses en tout ce qui le concerne et je sens que je ne parviendrais pas à me remettre si jamais l'un de ces choses devaient arriver. Ma tête est vraiment brouillée par notre discussion, par ma soif, par ces petites révélations qui me font du bien. Je ne sais si je suis fatigué ou tout simplement... autre-chose. Ce garçon, je ne l'ai pas seulement choisi pour avoir une sorte de garde-manger, comme diront certains, je ne l'ai pas non plus choisi pour ne pas rester éternellement seul... Je l'ai sans doute choisi parce qu'une partie de moi, encore vivante, voulait que je tombe amoureux. Qu'est-ce que ce mot peut bien signifier ? Après tout, même dans ma vie d'autrefois, j'ai toujours été dégoûté de ces relations conjugales, elles ne m'ont jamais donnés envie, je ne les jamais désirées. Il vaut mieux que je tire un trait sur toutes ses hypothèses. Je ne pourrais jamais accomplir quelque-chose que j'ai prévu, il y a de nombreuses années. Si le temps, la vie me l'accorde, alors soit, ça se produira, mais sinon... Je resterais toutes ses sensations enfermées au plus profond de ce qu'il reste de mon âme. Alors que je suis en train de penser à ces envies qui me fendent le cœur, je sens ses mains s'agripper nerveusement au bas de mon tee-shirt. Il a quelque-chose à me dire, mais pourquoi est-il aussi incertain ? Est-ce que je l'effraie ? Ou veut-il simplement m'avouer une chose qui pourrait davantage nous enfoncer dans les ténèbres ? Il ne vaut mieux pas que je m'imagine le pire, ça ne doit pas être si important.

▬ « Je... peux rester là ce soir ? »

Un soulagement. L'inquiète me tuera avant qu'une chose de la nature ne vienne à le faire. N'aurait-il pas compris qu'ici, c'est comme chez lui et qu'il peut y faire ce que bon lui semble ? Apparemment, non. Je dois vraiment passer pour un monstre à ses yeux. Je finis par lâcher un soupire en lâchant un petit rire. Il me surprendra vraiment un peu plus à chaque instant passé en sa compagnie.

▬ « Bien sûr ! Ici, tu es chez toi, tu n'as pas à me demander si tu veux rester. J'irai préparer ton lit tout-à-l'heure, après avoir terminer de te faire à manger. »

Je hoche la tête convaincue de mes projets.

Quelques minutes plus tard, je lui dresse une petite table avec un bol et des couverts. Je lui rapporte aussi les bonnes choses que je lui ai longuement préparé dans la cuisine dans plusieurs assiettes et disposent le tout, face à lui. Je tire sa chaise et l'aide à s'installer sur celle-ci avant de légèrement m'éloigner et de prendre la direction des escaliers afin d'aller mettre des draps propres sur son lit.

▬ « Si tu n'as plus faim, ne te forces pas. Bon appétit ! »

Aussitôt dit, aussitôt à l'étage. En allant tout d'abord, en direction de ma chambre, je récupère dans un tiroir des draps et y ressort rapidement pour aller dans la sienne et de mettre de l'ordre dans celle-ci.

Ce que je vivais avec Jae Won était vraiment trop compliqué. Pourquoi ce n’était pas simple ? Si on s’aimait autant profiter de tous les moments ensemble au lieu de se disputer. Si on se détestait alors faire carrément l’inverse. Mais les deux à la fois… C’était fatiguant. Au final, je ne savais pas vraiment ce que j’étais pour Jae Won. Son protégé ? Sa propriété ? Ou bien autre chose ? Ça m’épuise tellement qu’au final, je prends moi-même l’initiative de mettre fin à tout ça. Je voudrais même aller plus loin. Je voudrais que tout ça change finalement. Je voudrais tenter de mettre fin à nos petites guerres continuelles. Je voudrais enterrer à jamais la hache de guerre. Le prendre dans mes bras m’apporte une sensation particulière. J’aimais le sentir si proche de moi. Même s’il ne dégageait pas physiquement de chaleur, cette étreinte suffisait à en produire quand même. Si nous pouvions être ainsi à jamais, cela me rendrait vraiment heureux.

Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais quand je vis Jae Won hésiter à me mordre, je percevais qu’il y avait un problème. Avait-il peur de quelque chose ? Je constatais aussi qu’il s’arrangeait toujours pour que je mange avant, ou que je sois en bonne santé. Je n’avais pas vraiment fait attention à ces petits détails, mais à cet instant, je trouvais ça étrange. Pourquoi ne prenait-il pas la moindre gorgée ? Il se retenait encore de le faire alors qu’il mourait de faim ? Qu’avait-il donc ? Je me posais pas mal de question. Je sais que j’ai beaucoup souffert lorsque le pacte et le lien entre nous se créait. Mais… Avait-il peur que je revive les mêmes douleurs ? Je n’en savais strictement rien. A vrai dire, lui non plus ne me disait rien sur ses peurs. Et pourtant ça m’intrigait. Je voulais savoir… Je voulais mieux le connaître et en savoir davantage sur lui.

J’acceptais tout de même de manger un peu. J’aimais beaucoup ce que Jae Won me cuisinait. De mon point de vue, il n’y avait rien de meilleur. Jae Won savait cuisiner comme personne. Je n’était pas difficile avec la nourriture, mais jamais quelqu’un ne pourra surpasser ce que Jae Won me faisait à manger. Je le suivis dans la cuisine, le regardant faire. Ça sentait déjà bon et cela m’ouvrit l’appétit. En l’observant, je me disais que Jae Won n’avait vraiment rien d’un monstre. Je doutais même qu’il puisse être capable de me faire le moindre mal. C’est sa profonde gentillesse et son caractère… « humain » que je devais sans doute aimer chez lui. J’avouais que j’avais la chance d’avoir Jae Won et pas un autre vampire. C’est toute ces pensées sur tout ce qu’il avait fait pour moi, tout ce qu’il faisait pour moi, qui me firent constater que je n’avais pratiquement jamais montrer une once de reconnaissance. Il n’était pas un monstre, alors pourquoi ne jamais avoir témoigner pour lui ce genre de chose ? Vu comment il est gentil, cela ne m’étonna pas qu’il ne me le fasse jamais remarquer. Mais pour moi ça comptait.

Je lui avais donc dit merci et lui avait donné un baiser sur sa joue. J’avais le cœur qui battait la chamade. Faire ce geste de ma propre initiative me rendait tout drôle. Aussi je l’avais lâché assez vite, me remettant doucement de mes émotions. Jae Won se contenta de me sourire doucement. Je lui disais alors qu’il pouvait lui aussi me parler. Ma main était restée accrochée sur le bas de son T shirt, comme si j’avais peur qu’il s’en aille. Idée très bizarre, puisqu’il se trouvait en cet instant devant les fourneaux. Il ne m’avait pas répondu. Etait-il hésitant à le faire ? Il pouvait tout de même me faire confiance… Et s’ouvrir aussi… non ? Ma proposition resta donc en suspens à mon grand regret.

Je demandais alors si je pouvais rester chez lui ce soir. Question idiote oui, vu qu’il considérait cet endroit comme sien et mien. « Bien sûr ! Ici, tu es chez toi, tu n'as pas à me demander si tu veux rester. J'irai préparer ton lit tout-à-l'heure, après avoir terminer de te faire à manger. » C’est tellement étrange. Dire qu’ici c’est chez moi. Et pourtant ne pas me demander que je vienne vivre ici. C’était vraiment étrange. Et lorsqu’il dit qu’il allait faire mon lit… au premier abord je fus étonné. Pourquoi voulait-il faire mon lit ? Je n’eus pas vraiment le temps de faire la remarque. Il venait de finir de cuisiner et j’avais faim. Il prépara la table et me laissa m’installer.

« Si tu n'as plus faim, ne te forces pas. Bon appétit ! » Je fis une moue un peu frustrée de le voir partir comme ça à l’étage au lieu de rester avec moi à discuter. Du coup, je m’empressais de manger ce qu’il m’avait mijoté. C’était vraiment bon et je le savourai avec un sourire heureux sur les lèvres, ne pouvant m’empêcher d’exprimer mon amour pour sa cuisine.

Une fois les assiettes vides, j’allais ranger le tout dans le lave-vaisselle, et j’allais le rejoindre à l’étage. Je l’entendis s’affairer dans ma chambre. Je poussais la porte : « Merci pour le repas ! C’était très bon. Comme d’habitude. » et le voyant en train de mettre des draps propres sur mon lit :« Pourquoi tu fais mon lit ? »

J’étais trop direct ? J’espérais quand même que cela ne le surprenne pas trop. Mais à vrai dire, j’avais envie de rester avec lui tout au long de la soirée et même pendant la nuit et ce jusqu’au petit matin. Alors le voir faire mon lit… Ça me fit tout drôle. Je détournais cependant un peu le regard, sentant mes joues devenir un peu roses. Et lui adressant un sourire gêné :

« Mah ! Si tu préfères dormir tout seul, ce soir, ce n’est pas grave hein ! Je reviens, je vais chercher mon sac en bas. »

Je fis alors demi-tour, reprenant la direction de l'escalier, me donnant ainsi le temps de calmer un peu ce palpitant ayant tendance à battre vraiment trop fort par moment. Et puis… J’étais sûr maintenant, qu’il allait s’imaginer tout un tas de choses louches… Je me sentais idiot maintenant…

Après avoir opté une attitude afin de me faire passer pour une sorte d'homme parfait à adopter dans tous les domiciles du monde entier, je continue ma tâche en allant installer des draps propres sur le lit de Jun Hyun. Je lui ai fait cette chambre pour qu'il puisse rester à l'appartement et ainsi avoir la tranquillité dont il a besoin, si nécessaire ou comme lorsque nous venions encore de nous disputer comme des oursons pour un vulgaire morceau de viande. Ça fait bien trop longtemps qu'il n'avait pas dormir entre ces murs. Je ne saurais dire exactement la date de la dernière fois qu'il est resté plus de vingt-quatre heures ici. Si les choses pouvaient se produire autrement, je suis certain qu'il peut y rester quelques heures de plus, peut-être même des jours. Si cela pouvait dépasser le stade des semaines, ça serait un exploit, mais ça reviendrait à lui proposer d'emménager et même si tout à l'heure, il a osé m'en tirer un mot sur ce sujet, je ne suis pas certain que ce soit une chose qu'il veuille vraiment. Je crains que notre situation si particulière n'empire ou ne vienne à changer pour aboutir à une indifférente la plus totale. Ce n'est pas ce que je veux. S'il veut rester ici de lui-même, je ne refuserais pas, mais peut-être qu'il devrait garder son domicile, au cas où. Je l'avoue, ça pourrait être une dépense des plus inutiles, mais s'il le faut, je l'aiderais à le garder en sa possession. Je suis déjà épuisé de cette longue journée, mais je continue de me prendre la tête. Il serait temps que je cesse d'autant réfléchir, du moins, pour ce soir. Je ne parviens plus à avoir les idées claires après m'être énervé, mais c'est surtout parce que je commence cruellement à avoir faim... Suis-je idiot de me retenir de lui sauter à la gorge ? Il est déjà assez informé sur ce sujet, alors pourquoi est-ce que j'hésite encore ? Je n'ose même plus lui demander l'autorisation, mais dois-je réellement le faire ou juste le prendre par surprise ? Je ne parviens pas à savoir la manière dont j'ai pu le faire les autres fois. Je perds mes habitudes. Je me fais du mal. On se fait du mal. Il faut que l'on arrête. Je me revois repartir à ressasser des tonnes et des tonnes de choses. Heureusement, Jun Hyun m'interrompt pour me remercier, une nouvelle fois, mais cette fois-ci pour le repas que je lui ai préparé.

▬ « Pourquoi tu fais mon lit ? »

Je m'arrête dans mes gestes avant de me retourner pour lui face. Machinalement, je hausse un sourcil ne comprenant pas ce changement si soudaine, puisque d'habitude, il préfère que l'on dorme séparément et je n'ai jamais protesté contre cette idée venant de sa part.

▬ « Mah ! Si tu préfère dormir tout seul, ce soir, ce n'est pas grave hein ! Je reviens, je vais chercher mon sac en bas. »

Ce gamin ne cesse de me dévoiler de nouvelles choses. À présent, il est en accord à l'idée de partager mon lit. Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire en repensant, aux nombreuses fois, où il a pu me traiter de pervers lorsque je venais à lui proposer ne serait-ce que de passer quelques minutes avec moi. Il change et j'ai l'impression de ne plus le suivre. Je ne vais pas m'en plaindre, ce sont des choses plutôt positives et je compte bien en profiter. Sur le coup, j'arrête de faire le lit et je me rapproche de la porte d'entrée de sa chambre avant de m'adosser contre en attendant son retour. Lorsqu'il vient à pointer sa petite frimousse dans le couloir, je plisse légèrement les yeux afin de le détailler. Il me semble qu'une éternité s'est écoulée avant que je ne prête une nouvelle attention à son égard. Sa jeunesse m'effraie. J'ai la sensation d'être un vieux débris à ses côtés. Qu'est-ce qui pousse les humains à rester auprès des vampires ? Dans dix ans... Vingt ans... Est-ce qu'il voudra toujours voir cette vieille chose demi-morte à ses côtés ? Malgré moi, je laisse un léger soupire s'échapper d'entre mes lèvres, puis lorsqu'il est assez proche de moi, je viens à lui accorder un sourire.

▬ « Je ne pensais pas qu'une telle réconciliation te déciderais à passer la nuit avec moi. Je pensais que tu voulais rester dans ta chambre. »

Sans même lui laisser le temps de répondre, je me penche afin de lui prendre son sac des mains et de l'apporter dans ma chambre. Le poids de son sac me semble lourd, est-ce qu'il compte rester plusieurs jours ou est-ce, justement, des vêtements sales pour être resté auprès de l'autre être humain que je ne peux pas voir en peinture ? Arrivé dans ma chambre, je dépose celui-ci sur le lit et invite Jun Hyun à rentrer dans la chambre.

▬ « Installe-toi. Je m'absente un moment, je vais juste me changer. »

Le laissant seul, je me dirige vers la salle-de-bain. Je me hâte de me nettoyer le visage et de retirer mon pantalon ainsi que mon tee-shirt pour ensuite, enfiler un simple pantalon de pyjama. Aussitôt fait, je retourne sur mes pas et pénètre une nouvelle fois dans la chambre et de me glisser dans les draps du lit.

Quand je le vis mettre des draps propres sur mon lit, je me suis tout de suite demander pourquoi il était parti du principe que je voulais dormir seul ce soir. J’avais envie de profiter de sa présence au contraire. Cela me surpris tellement que lui demandait directement pourquoi il était en train de faire ça. Il parut étonné de ma réaction, s’attendant peut-être au départ à ce que je l’aide à finir de le faire. Mais là, ça faisait tellement longtemps qu’on ne s’était pas vu que j’avais envie de me retrouver dans ses draps à lui. Il me manquait. Et puis, j’en avais assez de me prendre la tête avec lui. J’avais envie de profiter de sa présence, de me sentir dans ses bras, contre lui. J’avais envie de sentir sa présence près de moi.

Gêné de lui avoir fait entendre que je voulais dormir avec lui, je pris la fuite de la chambre, le cœur battant la chamade contre ma poitrine. Je dévalais les escaliers et tenta de me calmer. Je ramassais mon sac. Il y avait pas grand-chose dedans et pourtant il était lourd. Je chassais tant bien que mal les idées bizarres qui avaient pris place dans mon esprit. Comme si Jae Won allait se dire que c’était ça dont je parlais…
Je remontais l’escalier et me retrouva de nouveau sur le palier. Je sursautais un peu en le voyant là près de la porte de ma chambre. Je ne l’avais pas vu venir. Et puis c’était quoi ce sourire en coin ? Très joli sourire d’ailleurs. Je l’aimais autant que ses yeux, son visage… tout le reste. Il peut toujours dire qu’il est un vieux débris, il n’a sans doute toujours pas remarqué combien il est resté un beau jeune homme.

« Je ne pensais pas qu'une telle réconciliation te déciderais à passer la nuit avec moi. Je pensais que tu voulais rester dans ta chambre. »

Je fis une petite moue enfantine. C’était donc bien ce que je pensais ! Sans me demander quoi que ce soit, il était parti du principe que je ne voulais pas être avec lui la nuit. « C’est surtout que tu m’as manqué. » Il se pencha pour prendre mon sac et le mettre dans sa chambre. Peut-être qu’en fait j’ai mis trop de fringue ? Des propres en plus… J’entrais dans sa chambre, et m’installa sur le bord du lit. Pendant ce temps, il était partit se changer. Moi ? Je tournais en rond. Je finis par ouvrir mon sac et à me préparer aussi à me coucher, me contentant d’enfiler un simple bas de pyjama. Quand je le vis revenir dans la même tenue que moi… Je cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine. Je préférais d’ailleurs ne pas m’attarder sur la vue de son torse vraiment trop bien bâti  mon goût. C’était vraiment… Injuste d’être aussi… parfait. J’avais l’impression de faire pâle figure à côté. Je chassais toutes ces vilaines pensées lorsque je le vis se glisser sous les draps.

Je fus un peu surpris de le voir se mettre déjà au lit... Sans manger. Je ne lui fis pas la remarque, et préféra me glisser à mon tour dans le lit, à côté de lui. Je me rapprochais alors de sa personne et osa me coller contre lui. Délibérément je mettais en avant mon cou et ma veine palpitante sous l’effet des battements un peu trop rapides de mon cœur. Et de nouveau, sans me soucier d’être direct : « Tu vas te restreindre encore longtemps ? » Honnêtement, c’était vraiment intriguant ce genre de comportement de sa part. « Dis… De quoi t’as peur pour ne pas boire avant que je n’ai mis quelque chose dans mon estomac ? » C’était demandé avec douceur. Voulant juste satisfaire ma curiosité.  

Je le regardais. J’espérais qu’il me réponde. Si je pouvais le rassurer, et effacer ses craintes, cela me satisfera amplement.

Dans la salle-de bain, je m'affaire à passer un coup d'eau froide sur mon visage et de me changer afin de vêtir une tenue pour dormir. Une tenue ? Enfin, presque. J'en viens à sourire, asse amusé en imaginant la réaction que pourrait avoir Jun Hyun. Il me semble qu'il a toujours plus ou moins détesté que je me promène dans l'appartement sans tee-shirt. Je ne sais si c'est à cause de cette légère différence de carrure entre nous ou si c'est uniquement parce que ça le met mal à l'aise. Quelle idée ! Je ne sais tellement plus quoi faire que mes pensées déraillent et se perdent sur des solutions plus qu'idiotes. Sans tarder, j'éteins la lumière de la pièce et me dirige vers la chambre où il doit m'attendre. Là, je suis tout aussi surpris que lui puisque nous nous retrouvons exactement dans le même accoutrement. Avant de laisser sournoisement mes yeux divaguer et détailler son corps, je remarque des rougeurs naître timidement sur ses joues. C'est bien ce que je pensais, il ne s'attendait pas à ce que je débarque de cette façon. J'esquisse un léger sourire, puis sans tarder, je me guide vers le lit pour me glisser entre les draps. Rapidement, Jun Hyun me rejoint et sans hésiter, il se rapproche davantage de moi jusqu'à ce que nos peaux s'effleurent. Ce contact m'électrise. Les poils de mes bras se redressent, j'en ai la chaire de poule. À ce contact, mes sens sont troublés au point que j'en serais incapable de mettre un pied devant l'autre si je devais marcher. J'ai l'impression de perdre la tête, de perdre une grande partie de ma lucidité. Ma conscience, cette saleté, m'incite à lui sauter dessus, mais ma raison me dit de ne pas agir aussi bêtement pour ne pas l'effrayer et ainsi d'éviter qu'un remue ménage ne revienne à la charge pour mieux nous séparer. Il en est assez de se prendre la tête. Il en est assez d'apprendre à se détester plutôt qu'à s'aimer.
Alors que je laisse ses foutues pensées m'éloigner de la réalité, je remarque mon blondinet s'est installé d'une manière à me montrer avec fierté la peau blanche de sa nuque. Mais, mes yeux de vampire s'attarde sur un autre détail... Cette veine qui ne cesse de gigoter à chaque pulsion provoquée par les battements de son cœur. Il est affolé. Ça se ressens. Il vient à se proposer à toi, mais il est angoissé à l'idée que mes crocs viennent à se planter dans cette veine si précieuse. Cette veine... Tout ce sang qu'elle doit contenir... Je me gifle mentalement et j'en viens à lâcher un petit rire nerveux.

▬ « Tu vas te restreindre encore longtemps ?

Pour ne pas l'effrayer, oui. Je serai capable et de m'empêcher de le dévorer pendant encore longtemps et ce, même s'il reste planté là, auprès de moi. Cette odeur, son odeur me rend fou et cette idée de savoir ce cœur animé par la vie pourrait me rendre complètement dingue, mais je n'agis pas. Je ne fais rien. Je me retiens depuis bien trop longtemps. Je suis au bord d'exploser. Le fait que je ne l'ai pas mordu semble le perturber. Ah, Jun Hyun... Si je ne l'avais pas, il faudrait que je l'invente. Je laisse un silence planer entre nous pendant un petit moment, mais celui est interrompt lorsque sa voix retenti dans la pièce.

▬ « Dis... De quoi t'as peur pour ne pas boire avant que je n'ai mis quelque-chose dans mon estomac ? »

Il devrait être mieux placé que moi pour savoir que les humains peuvent se sentir mal. Ils ont cette impression chimique qui leur donne l'impression de mourir, puis finalement d'aller mieux en mangeant un simple morceau de sucre. Je tourne ma tête en sa direction, mes yeux ne peuvent que détailler son visage.

▬ « Tu pourrais ne pas te sentir rien si jamais je viens à ne pas me retenir. Je n'ai pas envie que tu tombes dans les pommes juste parce que tu as oublié un repas dans la journée et que tu n'ai pas pu supporter la douleur ou que ton organisme manque de sang. »

Aussitôt, je me tourne sur le côté pour lui faire face tout en me redressant légèrement, prenant appuie sur mon coude. Encore une fois, je me remets à le détailler, à réapprendre les courbes de cette enveloppe corporelle. Plus longuement. Plus longtemps. J'ai beau ressentir sa gêne à cause de mon regard qui reste planter sur sa personne, mais je ne détourne pas le regard pour autant. Ses cheveux colorés en blond est une chose qui m'a toujours plu et avec cette coupe ébouriffé, j'ai toujours trouvé qu'il ressemblait à une sorte de bambin qui ne demande qu'à être pouponné, mais son visage est bien celui d'un jeune homme. Sa mâchoire extrêmement marqué m'a toujours donné envie de l'embrasser. Ses lèvres si pulpeuses que j'aimerais tant apprendre à dompter... Je m'égare. Il ne faut pas que je laisse cette partie de moi prendre le dessus. Elle n'est pas juste. Elle est malsaine. Elle est immonde, même. J'essaye tant bien que de mal à reprendre mes esprits et me laisse retomber sur le lit, profitant de ce geste pour obliger Jun Hyun à me faire dos, malgré sa crainte, malgré son appréhension. Une fois fait, je me rapproche lentement de lui et vient à coller mon torse contre son dos avant de laisser mes bras encercler sa taille pour mieux l'avoir près de moi. Je repose ma tête contre sa nuque et respire son odeur. Sur le coup, mes sens se réveillent totalement, je sens ma lèvre supérieure se relever comme pour montrer les crocs tel un animal, mais je me ravise quelques secondes. Je ne peux pas l'attaquer de cette manière... Pas avant de lui en avoir fait part.

▬ « Jun Hyun..., est-ce que tu as peur de moi ? »

C'est une question qui me trotte dans la tête depuis quelque temps, peut-être voulais-je être rassuré maintenant, dans l'immédiat afin de savoir comment improviser la suite si jamais..., mais finalement, je ne su attendre une réponse que je laissais mes crocs se planter avec lenteur dans sa peau. Dans cette veine qui ne cessait de me faire de l’œil. Son sang jaillit aussitôt dans ma bouche, cet effet me rendait dingue. Je sens des forces me revenir et j'en viens à retenir, encore plus fort, dans mon étreinte son corps. À ce moment précis, je n'ai plus cette peur de le briser, de le casser. J'ai l'instinct d'un fauve qui ne veut rien d'autre que se nourrir. Je redeviens cette bête immonde.
L'un de mes bras restent loger autour de sa taille, le forçant à ne pas gesticuler tandis que mon autre main libre, se fait plus baladeuse. Elle caresse avec lenteur chaque partiel de son torse avant de s'échouer sur son bas-ventre, l'aguichant quelque peu en laissant l'un de mes doigts s'infiltrer sous l'élastique de son pantalon, puis de finalement remonter jusqu'à venir s'échouer sur son cou et de maintenir sa tête d'une certaine façon afin de l'immobiliser complètement.

Il était parti dans la salle de bain. Je me demandais bien ce qui m’avait pris d’avoir été si direct. Mais peut être valait-il mieux que je dise les choses ainsi. Au moins il ne pourra pas se poser trop de question et ça rendra les choses un peu plus claires pour lui. L’envie de dormir avec lui était simplement dû à un manque. Un manque de sa personne. J’avais envie de le sentir près de moi ce soir. Je me préparais pour me coucher, ne m’habillant que du bas de mon pyjama. Quand il revint d’une part je constatais qu’on s’était vêtu de la même manière. D’autre part mes yeux se perdirent dans la contemplation de son corps si parfait. Je me sentis rougir. Rougir d’avoir alors des pensées peu correctes. Il se coucha, je le rejoignis, allant jusqu’à me blottir contre lui, ma nuque placée de façon  ce qu’il morde. Je voulais qu’il morde. Je voulais qu’il mange. De la même manière qu’il m’obligeait à manger avant, implicitement je lui faisais comprendre qu’il pouvait se nourrir maintenant. Pourquoi attendre ? Pourquoi encore se retenir ? Je lui posais directement la question mais j’obtins un silence pour toute réponse. Il m’inquiétait. Il ne pouvait pas se retenir comme ça. Je cherchais alors à comprendre, lui demandant de quoi il avait peur.

« Tu pourrais ne pas te sentir bien si jamais je viens à ne pas me retenir. Je n'ai pas envie que tu tombes dans les pommes juste parce que tu as oublié un repas dans la journée et que tu n'ai pas pu supporter la douleur ou que ton organisme manque de sang. »

Il avait donc peur que je devienne faible. Je poussais un soupir. Il s’inquiétait trop pour moi. Ça me touchait, hein, mais… pendant combien de temps encore allait-il agir ainsi ? Il n’avait donc pas confiance en lui ? S’il tenait à moi. S’il m’aimait, il ne me tuera pas ou ne me videra pas à moitié de mon sang.
« … Aies un peu plus confiance en toi. Si tu… tiens un tant soit peu à moi, il ne m’arrivera rien. Je ne changerai pas cette habitude de manger avant, si ça te rassure. Mais s’il te plaît… Ne te retiens pas juste par peur de… me faire du mal. »

J’essayais de le rassurer. De lui faire comprendre que j’avais confiance en lui, et en ce qu’il faisait. Je ne mourrais pas comme ça, du jour au lendemain. Si je devais remarquer qu’il est en train d’en prendre trop, je n’aurai qu’à lui faire comprendre de me lâcher. Je le vis se redresser un peu, me dévisageant du regard. Sous l’embarras de le voir m’observer ainsi, mon cœur se met à battre doucement contre ma poitrine. Je ne le quitte pas des yeux non plus. Ses yeux bruns me rendaient fou. Ses cheveux bruns si bien coiffés… J’aimerai pouvoir y perdre mes doigts et en savourer toute leur douceur. Son sourire…. Il m’est si précieux. J’aimerai tellement pouvoir l’embrasser, goûter à ses lèvres…  Ma contemplation s’arrête alors qu’il retombe sur le lit, se glissant derrière moi, collant alors son torse contre mon dos et m’enlaçant dans ses bras.

Ce mouvement me pris de court. Il m’électrifia. A sentir son torse froid contre mon dos, j’en eu des frissons. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort que de coutume. Sentant sa tête contre ma nuque ainsi que son souffle, j’eus de nouveau frissons, fermant légèrement les yeux sous ce contact. Pour rien au monde je ne voulais qu’il me lâche maintenant. Je me sentais bien ainsi contre lui.

« Jun Hyun..., est-ce que tu as peur de moi ? »

Sa question me surpris. Peur de lui ? Cela dépendait des moments. Mais en cet instant, pas du tout. Au contraire. « ...Non...» Je sentis ses crocs traverser la chair de mon cou pour percer cette veine palpitante et pleine de vie. J’émis un léger gémissement de douleur assez bref et passager. Je n’étais pas crispé, ni même tendu. Non. J’étais détendu, logé ainsi dans ses bras, le laissant se nourrir convenablement. Je sentis alors toute la force de son étreinte sur mon corps. De toute manière, je n’avais aucune envie de bouger. Cependant, sentant l’une de ses mains caresser si subtilement mon corps me fit frissonner et lâcher quelques soupirs. Je ne pouvais plus bouger, il me tenait si fermement. Ma main alla alors effleurer le bras qui m’enserrait la taille, afin de retrouver sa partenaire et d’enlacer mes doigts avec les siens.

J’entendais le son de ses gorgées. Je sentais mon sang glisser dans sa gorge et puis surtout, je sentais tous les effets de cette prise dans mon organisme. Si au départ j’aurais pu me débattre ou avoir du moins la force de me dégager, maintenant, je sentais mes forces partir petit à petit.  Oui c’est vrai, une peur tacite qu’il boive trop ou me vide de mon sang du fait du temps bien trop long passé à attendre d’avoir de la nourriture, était là, logée quelque part dans mon corps. Je sentais une espèce de fatigue m’envahir progressivement. J’aurais pu lui faire signe de s’arrêter, mais je n’en avais pas la force. Alors j’attendis simplement qu’il ait fini, me contentant de lui faire confiance, peut-être trop aveuglément, quant au fait qu’il ne me tuera pas.

La tentation est une chose qu'on ne peut jamais ignorer. Elle est là et ne cesse de vous envahir afin de franchir cette limite que vous vous êtes interdite de dépasser, mais là.. Ce n'était pas une question d'achat ou d'infidélité, il s'agit tout simplement de cette boisson qui me tient en vie. Elle est rouge. Elle a un goût de métal usé. Elle est essentiel pour tout être humain sur cette terre. Moi, comme beaucoup, je ne fais que de m'en servir comme unique solution de survie et pour cela, il a fallut que je le fasse prisonnier d'entre mes canines trop aiguisées. Une fois à l'intérieur de sa peau, à l'intérieur de cette veine, j'aspire prudemment une première gorgée de sang. Ce liquide s'infiltre dans ma bouche avant que je ne vienne à l'avaler et seul, mon corps parvient à savoir où celui-ci part se réfugier. Une deuxième gorgée vint ensuite, puis une suivante, et une autre encore. Je ne sais combien de fois, il faudra que j'aspire son sang pour être rassasier de ce manque, mais une crainte ne cesse de me répéter de ne pas aller trop loin pour ne pas l'achever et lui ôter la vie. Ce geste peut être mortel pour lui, mais je ne veux pas de sa fin. Je ne veux pas que son cœur cesse de battre. Je ne veux pas sa mort. Mon instinct me dicte de continuer encore et je ne fais qu'agir avec la plus grande faiblesse. Je ne contrôle plus mes membres qui le sert de plus-en-plus contre moi comme s'il est un objet des plus précieux au monde. C'est ma pierre, mon diamant. Je ne veux pas le lâcher, je ne veux plus le lâcher. Je continue de me nourrir de cette manière atroce, de cette manière qui doit sûrement lui faire autant de mal que de bien, mais aussi lui faire perdre l'esprit. Il ne faut pas qu'il ferme les yeux, il ne faut pas qu'il soit trop faible sinon, il mettrait énormément de temps à ce remettre et je n'ai pas envie de le voir clouer au lit, encore une fois. Il faut que j'essaye de le tenir éveiller malgré tout et c'est ainsi que mon corps prend totalement le contrôle de mes gestes. Je ne contrôle plus ma raison, elle s'est évanouie. Elle s'est échappée dès l'instant où j'ai planté mes crocs dans cette veine palpitante. Celles-ci restent planter tandis que je me redresse pour le surplomber. Je le force à rester surélevé pour l'installer à quatre pattes sur le matelas et pour ne pas qu'il ne chute violemment, mes bras usent de ses nouvelles forces afin de le garder contre moi. Je n'ai plus besoin de maintenir sa tête pour avoir un plus grand accès à son cou. Je n'ai plus besoin de le maintenir fermement pour ne pas lui faire de mal si jamais il venait à faire un mauvais mouvement. J'ai juste besoin de toucher sa peau. Le tenant fermement d'un bras, mon autre main recommence un parcours qui ne lui est pas inconnu puisqu'il a su déjà l'effectuer quelques minutes auparavant et d'autres fois, aussi. Cette main caresse ses pectoraux avant de glisser sur la pointe de ses tétons et d'emprisonner celui-ci entre deux de mes doigts. Un gémissement qui retenti me fait comprendre que ce geste est des plus appréciés et c'est sans aucune retenu que je continue cette petite chevauchée jusqu'à glisser sur son ventre et d'y dessiner plusieurs sortes d'arabesques. Je sens sa peau frissonner. Je sens son corps se contracter à chacun de mes passages quelque peu vicieux. Cette peau si douce, je ne l'ai plus touché depuis trop longtemps et mes sens me font comprendre que je ne pourrais plus jamais m'en séparer, que j'en redemanderais sûrement plus souvent. Cette bête, ce fauve. Il revient à la charge, mais je n'ai pas le temps de m'en préoccuper. Mes pensées ne se focalisent sur rien. Mes oreilles profitent de ses petits haussements de voix qui me font un effet que je n'aurais jamais cru reconnaître. Tout en restant fermement collé à lui, je me place de manière à lui faire ressentir cet effet déplacé juste en me positionnant de manière à titiller une certaine partie de son anatomie qui saura lui faire rencontrer un plaisir hors du commun. Ma main commence à taquiner une partie plus basse tout en essayant de passer à travers la barrière de deux couches de tissus. Au début, ce n'est qu'un simple effleurement avant de prendre ce qui fait de lui un homme fermement entre les mains. Je ne fais que masser et je sens cette chose se durcir, mais qui ne peut pleinement profité de cette nouvelle tenue pour prendre ses aises. Un gémissement plus fort que les précédents me rend fou. Celui-ci est particulièrement marqué par quelque-chose qui ne peut tromper ce qu'il souhaite à cet instant même. Cessant de le faire attendre, ma main lâche sa prise, retournant sur le bas de son ventre, mais elle ne tarde pas pour s'infiltrer sous ce pantalon, mais également sous cet autre tissu trop moulant qui bloque cette partie si précieuse. J'empoigne cette partie autrefois touché en travers les tissus pour y commencer de long va et vient. Lentement. Tendrement. Son corps s'arque davantage. Ses gémissements sont plus prononcés. Je perds totalement pied. Je continue jusqu'à sentir ce liquide qui commence à s'échapper de son entrejambe, mais je lui interdis de se libérer en posant mon pouce doucement sur la partie inférieure de celui-ci. Je l'entends grogner, mais je ne fais que sourire. Au bout de quelques secondes, je finis par lâcher prise aussi bien sur ce membre que dans sa nuque. Je lui laisse encore un certain moment de répit en retirant mes vêtements et d'ensuite lui retirer les siennes. Par la suite, je reviens me coller à lui. Toujours contre son dos. Je ne fais que caresser son dos, caresser sa nuque, ses omoplates, ses reins avant de terminer sur ses fesses. Il soupire, je continue de sourire. Puis, je me rapproche davantage de lui, collant mon bassin contre le bas de son dos pour ensuite commencer à me mouvoir remuant doucement mon bassin. Mon membre cogne sur ses fesses. Je soupire. J'aime ça, mais je veux plus. Je ne lui demande rien, je ne lui indique pas ce que je compte lui faire, je ne tarde pas et j'entre délicatement en lui tout en recommençant à planter mes dents dans son cou. Je limite les dégâts en ne commençant pas à remuer mon bassin ni à lui aspirer du sang. J'attends. J'attends qu'une certaine douleur passe, mais je ne sais vraiment pas s'il a mal ou non. Finalement, après de longues minutes, je tente un premier mouvement de bassin en aspirant une légère gorgé de sang. Son souffle me fait comprendre qu'il en veut encore. Je recommence. Encore... Et encore... Nos corps suent, tout en restant coller à son dos, je me mouve en lui avec la plus grande tendresse qu'il m'a été donné. Mes bras cessent de le maintenant et je l'ai fais glisser le long de son corps jusqu'à ses mains afin que nos doigts puissent s’entrelacer. Mes crocs viennent à lâcher sa nuque, ma tête se cogne conte la sienne, mais c'est surtout ma bouche qui se colle à son oreille afin d’émettre des sons qui lui feront comprendre à quel point j'apprécie ce moment avec lui. Plusieurs mouvements, plusieurs gémissements, je le sens se cambrer voyant la fin pointer le bout de son nez. Je laisse l'une de ses mains tandis que la mienne part encore à la rencontre de son entrejambe pointé vers le haut afin de recommencer ses mouvements de haut en bas qui le libéreront et qui lui montreront un autre monde.

Un Paradis.

Il buvait. Il répondait enfin à son besoin de nourriture. Je sentais mon sang monter dans sa bouche à chaque gorgée. Je commençais à sentir mon corps devenir moins fort et légèrement plus fatigué. Si au début je n’avais pas peur, celle-ci commence à monter doucement en ma poitrine. Sentant mes forces partir doucement, je commençais à craindre qu’il boive trop. Beaucoup trop. Cependant, je n’avais pas la force de faire le moindre mouvement. Je dû me contenter de lui faire confiance. Jae Won… Il ne me tuera pas… Non…. Jamais. Sinon pourquoi ne pas l’avoir fait dès le départ ?... Un doute m’envahit. La peur m’envahit. Ma respiration se fit bien plus saccadée. Je le sentais me serrer d’avantage contre lui. Je commence à perdre pied. Je ne sais comment l’arrêter en cet instant. Je me sentais simplement entièrement à sa merci. Et cette impression se renforça lorsqu’il changea carrément de position. Sur le coup je ne compris pas ce qu’il faisait. Si le simple fait qu’il boive mon sang, me faisait perdre tout conscience progressivement, ce qui allait venir allait me faire perdre le semblant de raison qu’il me restait. Je me retrouvais à quatre pattes sur le matelas, surpris de ce changement radical. Il ne me lâcha pas la nuque pour autant, laissant ses cânines toujours enfoncées dans mon cou. Le sang continuait d’affluer dans sa gorge. Ses mains sur mon corps m’arrachèrent alors des frissons. Je lâchais des soupirs. Sa main cherchant mes points faibles, commença à me caresser le torse et le premier geste m’arracha des gémissements de plaisir. Il ne lâchait toujours pas ma nuque. J’avais du mal à tenir ma position. Aussi alors qu’il continuait ses tendresses, je tentais de lui faire comprendre un peu la situation. « Aah… W-Wonnie.. » Non. Ce n’était pas ça que je voulais. Pas gémir son nom de la sorte. Et surtout pas alors que sa main descend le long de mon corps, m’arrachant des frissons de plaisir. Collé tout contre moi, je pouvais sentir sa virilité se tendre contre mon intimité encore bien protégée. Merde. Il me rendait dingue.

Sa main glissa dans mon boxer. Il a simplement suffit qu’il m’effleure et me caresse pour que je me mette à gémir encore. Je me tordais de plaisir sous ses doigts, le bassin collé au sien. Je gémissait d’avantage lorsque sa main vint masser mon membre. Les va et viens qu’il exerça sur ce dernier finirent de m’achever totalement. Pourtant, mon sang, j’y tenais encore. « … Hnn .. W-Wonnie…S’il te plaît… » Merde… Il n’allait toujours pas comprendre. Sa main me faisait dire n’importe quoi. Et au lieu de dire arrête, j’aurais pu dire vas-y continue. D’autant que je finis par me cambrer contre son bassin, gémissant d’avantage, son nom s’échappant encore. Mon corps était bouillant, ses mains froides. Ce décallage me rendait fou. Sa main me rendait fou. Je perdais pied. Je ne me préoccupais même plus de ses canines dans ma nuque. Etaient-elles encore là ? Je ne sentais plus rien, hormis toutes ses attentions perverses. « … Wonnie…. Aah… je vais… » Zut. J’allais me laisser aller. Je fus frustré quand il m’en empêcha. Je ne tenais plus du tout, m’appuyant à présent sur mes avant-bras.

Il y eut une pause. Il me lâcha. Je tombais alors sur le lit. La respiration haletante, le corps presque vidé de ses forces, je me demandais s’il avait enfin satisfait sa soif. Je ne sentais plus mes membres. Je me sentais juste épuisé. Et puis cela recommença. Je le sentis venir se coller à moi à nouveau. La différence de température me fit à nouveau frissonner. Je soupirais à nouveau sous ses caresses. Ma nuque était libre. Je ne sentais plus ses crocs. Et la sensation de son membre se cognant contre mon intimité me fit cambrer. Il me rendait fou. Je ne savais plus où j’étais ni ce que je faisais. Totalement à sa merci, c’est dans un gémissement de douleur que je le sentis s’introduire en moi, sans préliminaire.  Mes mains se crispèrent sur les draps, mon corps se tendit. Ça me brûlait. Je commençais alors à m’habituer à sa présence. Puis alors que je croyais l’avoir satisfait niveau nourriture, il harmonisa ses prises avec le mouvement de son bassin. Je ne pus m’empêcher de gémir sous le plaisir que cette douleur me procurait. Je faiblissais d’avantage. Les yeux mis clos, j’étais cambré tout contre lui. Ma conscience voulut que je tente de nouveau de lui dire d’arrêter de me boire. « Aaah… wonnie… Hnn… Ne.. aaah » Mes mots se perdaient dans ma tête. Je n’arrivais pas à dire ce que je voulais. «… Ne… T’arrête pas…aah »…Non c’était pas ça. Je ne voulais pas dire ça. Pourquoi ? Pourquoi je n’arrivais pas à lui dire d’arrêter d’aspirer mon sang ?

Il ne me serre plus dans ses bras. Mon corps collé et uni au sien, je laisse s’exprimer toute l’envie et le désir que j’éprouvais en cet instant. Je le laisse entrelacer nos doigts. Je l’entendais aussi soupirer et gémir contre mon oreille. Cela m’excita d’avantage. « Aah… Wonnie.. » Sa main revint sur mon membre, je sentais ma limite arriver. Mes gémissement s’étaient intensifiés. J’avais les yeux fermés. J’avais de la peine à tenir sur mes bras et encore plus sur mes jambes. Mon corps était douleur et extase à la fois. Et puis dans un dernier gémissement, je me laissais aller dans sa main et sur les draps.

Je ne tenais plus du tout. J’espérais qu’il s’arrêterait alors. Je ne pouvais même pas juger quelles quantité de sang il avait bu. Toutefois, lorsqu’il se retira de moi, n’ayant plus aucun bras ou main me retenant, je tombais sur le lit, complètement affaiblit, reprenant à la fois mes esprits, mon souffle et mes forces. Je n’avais plus du tout la force de bouger. Mon corps ne me répondait plus. Je voulais dormir, espérant que mon esprit et ma conscience ne me quitte pas en cours de route.

Au bord de l'endormissement, je repense à des millions de chose. Cette dispute. Cette réconciliation. Cette... partie de jambe en l'air. Je songe à m'excuse d'avoir été si impulsif, mais s'il avait tant détesté, je pense qu'il m'aurait immédiatement repoussé. Ça, c'est certain qu'il m'aurait fait entendre de toutes les manières possible que je pourrais toujours aller me faire foutre. J'esquisse un léger sourire dans mon inconscience. Je me remémore ce moment si intense qui ne se déroule qu'en sa compagnie et qui sont incroyablement délicieux. Sa chaleur est quelque-chose qui m'est devenu essentiel, c'est une chose que je ne peux plus ressentir, que je suis désormais incapable de créer et ce contact me réchauffe le cœur. Il me fait revivre. Sa peau douce... Son toucher... Son sang... Ses souffles... Jun Hyun possède tout pour me faire tourner la tête. Il me rend fou. Il me rend fou lorsqu'il agit comme un imbécile. Il me rend fou de jalousie lorsqu'il me cache pas qu'il a été voir un de ses amis sans m'en avertir. Il me rend fou lorsqu'il est à mes côtés. Il me rend fou tout simplement dingue lorsqu'il m'autorise à le prendre dans mes bras et à le chérir. Après la jouissance, je me laisse retomber sur le matelas, à côté de lui, évitant de l'écraser pour ne pas lui imposer mon poids ni un effort supplémentaire. J'en viens à me demander si je ne suis pas allé trop loin entre la morsure et la possession de son être. Je tourne ma tête en sa direction, son visage est marqué par la fatigue, presque meurtri par celle-ci. J'ai comme un doute. Je ne sais pas ce qu'il en pense, je ne sais pas ce qu'il a pensé de tout cela, mais à l'entente de ses nombreux gémissements, je n'ai pas à me faire de soucis, mais je n'y peux rien, mes pensées ne cessent d'envahir mon cerveau et me force à me poser des milliards de question. Je me relève pour l'aider à s'installer plus confortablement dans le lit avant de couvrir nos corps du drap froissé et qui s'est échoué au fond du lit. Je me blottis contre lui, mais laisse passer un bras autour de son cou pour le forcer à se reposer sur moi. Je rabats légèrement ma main afin que mes doigts puissent parvenir à effleurer la peau recouvrant sa joue et dans une douceur infinie, je la caresse. Je lui souris tendrement et ne cesse de regarder son magnifique visage. Ses cheveux se sont humidifiés à cause de cette séance si particulière. Mon autre main libre s'avance vers son front pour écarter les quelques mèches de cheveux qui lui tombent dans les yeux avant de poser délicatement mes lèvres sur son front pour y déposer un baiser.

▬ « Dors, Jun Hyun. Repose-toi ! »

J'avais dis cette phrase dans un profond murmure afin de ne pas le sortir de son état léthargique. Rapidement, je le sens s'endormir au creux de mon bras, mais mes yeux ne peuvent se détacher de son image. Je ne sais combien de temps je suis resté ainsi à l'observer. J'en crains même de le voir disparaître pendant quelques jours à la suite de ça, sans en avoir de nouvelles et c'est une chose que je ne veux plus vivre. Je veux rester avec lui, comme en cet instant précis. Je veux rester comme ça pour l'éternité s'il le faut. J'interromps mes doutes, mes interrogations en calant plus confortablement ma tête sur son oreiller et tout en fermant mes yeux, j'essaye de me reposer jusqu'à ce que je laisse un certain Morphée ne m'emporte dans son univers.

Je me sentais vide. Vide de toute énergie. Il m’avait épuisé, réduis à un état de fatigue extrême. J’avais bien mangé pourtant avant. Mais apparemment, je n’étais pas venu le voir depuis bien trop longtemps. Il avait bu une telle quantité de mon sang que je n’avais même plus la force de bouger. Et même avant, au lieu de lui intimer d’arrêter, je n’avais pas pu. Je n’avais pas eu la force de résister. Pas pour la partie de jambe en l’air, non. En fait, on l’aurait fait sans qu’il me morde, je n’aurais jamais eu envie de résister. Et il aurait bu mon sang sans me mettre dans un tel état, aussi. C’était… Encore une fois, beaucoup trop compliqué. Et je n’avais pas envie de me fatiguer d’avantage à réfléchir.

Allongé sur le matelas, je n’avais plus la force de bouger. Respirant doucement, ayant enfin réussi à calmer le rythme effréné de mon cœur et le rythme haletant de ma respiration, je le vis vaguement s’allonger à mon côté. C’est bon. Je l’avais satisfait. Heureusement. Sinon. Qui sait ce qu’il se serait passé. Déjà que j’avais du mal à garder les yeux ouverts. J’avais mal aux jambes, j’avais mal au bras… J’avais mal à la tête. Je n’arrivais à penser à rien d’autre qu’à toute cette peine qui m’envahissait. Mon corps tout entier me semblait bien lourd. Je ne sais pas si mon état actuel l’inquiétait ou pas. Mais il sembla toutefois, bien remarquer que je ne voulais plus que dormir maintenant. Il me réinstalla alors près de lui, me bougeant doucement avec tendresse. Je sentis le drap glisser sur mon corps, pour le recouvrir. Je sentis aussi ma tête se retrouver sur son bras, ses doigts fins venant caresser doucement ma joue.

Je fermais les yeux sous sa caresse. Jae Won… je l’aimais aussi pour ça. Pour sa tendresse, son affection. Il me rendait fou avec ses crises de jalousie. Il me touchait dès qu’il témoignait de la colère lorsque j’allais voir quelqu’un sans le lui dire. On était pareil au final. On se trouvait différent, mais dans le fond… pas du tout. Je laissais ces pensées vagabonder dans mon cerveau. Son autre main alla arranger mes cheveux. J’appréciais le contact de ses lèvres sur mon front. Il n’avait pas besoin de me dire de dormir. Je ne voulais que ça. Je commençais déjà à sombrer dans le sommeil.

Je ne sus dire après ce qu’il faisait. S’il dormait, s’il avait quitté le lit… S’il était toujours là mais éveillé… Je m’étais endormi direct après avoir reçu ses caresses. Et dans un sommeil suffisamment profond pour ne plus du tout entendre ni sentir ce qu’il se passait autour de moi. Et quand je commençais à sortir de mon sommeil, je me sentais encore raide. Les articulations quelque peu engourdies, je me tournais sur le dos, dégageant le draps à moitié de mon corps, le laissant juste tomber sur mes hanches. Je passais une main sur mon visage. Où était Jae Won ? Je ne saurais le dire. Même si je ne le sentais plus du tout à mon côté. Avec difficulté j’ouvris les yeux. Il était quelle heure ? Faisait-il… Jour ?

Je me souvenais de tout. Tout ce qu’il s’était passé la veille. Je fronçais les sourcils. Pfff… Il avait encore abusé de sa soif. Autant que je reste ici tous les jours, histoire de n’avoir que des mini prises et pas des grosses aspiration de sang pareilles… En plus, je parie qu’il allait me reprocher de ne pas l’avoir arrêté si je lui faisais la remarque… Je grognais, me mettant sur le ventre, le nez dans un oreiller que je serrais entre mes bras. Juste pour l’embêter, je ne quitterai pas le lit.

Le lendemain matin, lorsque je viens à ouvrir les yeux, le soleil semble commencer à pointer le bout de son nez. Je ne peux parvenir à l'identifier à cause des volets fermés, mais je sens ce petit rayon, encore trop timide, du soleil qui me fait comprendre qu'il n'est pas en hauteur dans le ciel. Après cette constatation, je finis par tourner la tête en direction de Jun Hyun qui dort encore à poing fermé. À l'heure qu'il est, c'est tout à fait normal et je pense qu'il n'est pas prêt de se lever avant un moment, suite à la soirée que nous avons passés hier soir. Je sens que je ne vais plus parvenir à me rendormir, alors, délicatement, je retire mon bras qui enlaçait sa taille pour me lever le plus discrètement possible, puis d'enfiler mon pantalon de pyjama et de m'éclipser hors de la chambre.

Les volets fermés dans toutes les pièce de la maison, il m'est parfois difficile de cerner où se situe les murs, les meubles et ce, même après plusieurs années à vivre ici. Il m'arrive encore de me cogner, mais aujourd'hui, par je ne sais quel miracle de la nature, ça n'arrivera pas. Je finis par rejoindre l'escalier et d'aller en direction de la cuisine. Je n'ai rien à y faire, mais je pense préparer un petit-déjeuner pour Jun Hyun. Ça aura sûrement le temps de refroidir avant qu'il ne se réveille mais ça sera au moins prêt. Après avoir mit la machine à café en fonction et quelques toasts à griller par la même occasion, je retourne sur mes pas et remonte pour aller prendre une douche.

Mes affaires achevées dans celle-ci, je me guide jusqu'à dans la chambre pour y récupérer des vêtements propres et de repartir, aussitôt sans faire le moindre bruit. Je retourne dans le couloir pour aller directement dans mon petit « atelier » et de m'y habiller pour ainsi reprendre mes découpes et mes coutures de la veille. Cette commande commence sérieusement à me sortir par les narines. Je n'apprécie vraiment pas cette réalisation, elle ne m'intéresse pas, mais il faut bien l'achever pour recevoir une paie et de pouvoir vivre aussi convenablement que possible, comme tout le monde. Sans rechigner davantage face à cette horreur, je reprends mon activité dans le plus grand des silences. On pourrait croire que Jun Hyun n'a jamais franchi la porte d'entrée...

Quelques heures plus tard, je viens à relever la tête. Ma nuque raidit par le travail a besoin que je fasse une petite pause, c'est pour cela que je viens à redescendre au salon pour faire une sorte de petit tour afin de me dégourdir les jambes. Par réflexe, je regarde l'heure. Le début de l'après-midi est là, mais pas mon blondinet. Est-ce qu'il va bien ? Je commence à m'inquiéter. D'habitude, il est réveillé tôt, mais cette fois-ci, il n'a toujours donné aucun signe. Aurais-je été un peu trop violemment hier soir ? Je n'en ai aucune idée, mais je pense que d'être réveillé par un déjeuner pourrait lui faire le plus grand bien, quitte à rester dans le lit toute la journée. Je me dirige vers la cuisine et y prépare un plateau avec une tasse de café réchauffé, les toasts préparés bien trop tôt en beurrant quelques uns et les recouvrant de confiture pour les autres. Je lui rajoute un verre de jus d'orange ainsi qu'un fruit et le lui apporte dans l'immédiat.

Je frappe à la porte une fois... Je n'obtiens aucune réponse. Puis, une deuxième fois, c'est uniquement le silence qui me réponds. Je lâche un grognement, agacé, mais il ne faut pas que mon impatience se manifeste sinon, je serais d'une humeur massacrante jusqu'à la fin de la journée. Je prends sur moi et ouvre doucement la porte, au cas où, celui-ci serait encore blotti dans les bras de Morphée. Je n'ai pas envie de le réveiller brusquement. Je m'approche de la table de lui, installée à côté du lit pour y déposer le plateau. Par la suite, je m'assois au bord du lit, près de Jun Hyun qui semble encore réellement endormi, mais... Ses petites mimiques, ses petites tensions nerveuses le trompent. Ses yeux souhaitent papillonner malgré le fait qu'il est les paupières closes. Je finis par sourire, puis m'abaisse pour lui poser un baiser sur la joue.

▬ « Je sais que tu ne dors plus..., tu aurais pu me répondre lorsque j'ai frappé à la porte. Vilain ! »

Je pouffe légèrement de rire face à ma dernière réflexion tout en laissant mes bras se glisser autour de lui pour l'éteindre fortement contre moi.

J’avais mal partout. Jae Won était déjà sorti de la chambre depuis un moment déjà. Mais moi j’avais les sourcils froncés. Oui comme un gosse j’étais en train de grommeler dans ma tête qu’il m’avait cloué au lit à cause de la veille. Et j’avais vraiment mal partout. A commencer par les bras, les jambes et… peut être la nuque aussi. J’aurai pu faire l’effort de me lever quand même, mais je préférais faire ma larve sur le lit et le faire attendre. Je ne bougeais donc pas du lit. L’intention de l’inquiéter ? Pas vraiment. J’étais aussi bien là, dans son lit.

Je repensais à la nuit d’avant. Mon expression changea. Je me demandais… Jae Won tenait-il assez à moi pour faire ça ? Ou bien c’était juste sous l’effet d’une pulsion soudaine ? Je me pinçais la lèvre et me donnait des baffes mentales pour arrêter de me demander « Pourquoi. » C’est vrai quoi ? Au final je n’ai jamais vraiment su ce que j’étais pour lui. Juste son garde manger ? Ou juste Lee Jun Hyun ? Ou… L’être le plus cher au monde ?....  

J’entendis frapper à la porte.

Je me retournais d’un coup dans le lit, sur le ventre, fermant les yeux. Je l’entendis entrer doucement. L’odeur des toast grillé vinrent titiller mes narines. L’odeur du jus d’orange me donnait envie de manger. Mais comme j’étais parfaitement réveillé, j’avais du mal à feindre que j’étais endormi. Il remarqua d’ailleurs de suite que j’étais réveillé.

« Je sais que tu ne dors plus..., tu aurais pu me répondre lorsque j'ai frappé à la porte. Vilain ! »
J’ouvris les yeux et avec une moue je me remis sur le dos, et  le regardant : « C’toi le vilain ! J’ai mal partout maintenant » je fis une moue. « J’suis tout rouillé, j’ai pas osé me lever. »  Je me redressais un peu et passant mes bras autour de sa taille, je le fis basculer avec moi sur le lit, le serrant contre moi. « Fais-moi un massage pour te faire pardonner. Ah et un câlin. »

A le serrer comme ça, je me sentais bien. Je n’avais pas envie de le lâcher. Je ne voulais pas quitter le lit. J’avais envie de lui dire les peurs qui m’avaient prises hier soir. J’avais envie de lui demander comment il me voyait. J’avais envie de lui dire tout ce qui me passait par la tête. « Jae… Hier… J’ai cru que tu ne t’arrêterais pas… Désolé de ne pas être venu plus tôt. Si j’étais venu plus tôt, t’aurais eu moins faim. Et j’aurais eu moins peur. Je viendrai plus souvent du coup. Ou alors je resterai ici. »

Je parlais doucement. Ce n’était pas méchant. C’était vraiment ce que je pensais. Et je ne lui en voulait pas.

« Jae…. Est-ce que tu… » M’aimes. Non j’arrivais pas à dire la suite. Trop embarrassant. « Non rien oublie… » L’odeur de son petit dej titillant de nouveau mes narines, je le lâchais doucement et malgré le corps tout endolori, enfilant quand même mon boxer, je me levais pour chiper un toast beurré.

« Merci pour le petit dej. » Lui dis-je en souriant. Mais pourquoi maintenant, je sentais l’atmosphère différente ? J’avais peur d’avoir commis une nouvelle bêtise…

La journée fut longue... et même, malgré mes occupations, je m'ennuie. Je m'ennuie de lui, sans lui. Je m'ennuie lorsqu'il est absent, lorsqu'il n'est pas auprès de moi. Pourtant, il n'est pas si loin, il y a juste quelques mètres qui nous séparent et est, paisiblement, en train de dormir ou de jouer les fainéants. Qu'en sais-je ? En remarquant l'heure assez avancé en ce début d'après-midi, je me hâte d'aller lui préparer son petit déjeuner et qu'une fois réalité, je le lui rapporte dans le plus grand des silences – au cas où – il serait encore dans les doux bras de Morphée. Je lui prête une attention, il a beau simuler un profond sommeil, ses petits tics de nervosité font remuer ses paupières qui ne souhaitent que de reprendre leur activité d'une journée. Je souris. Il ne cesse de m'amuser avec très peu de choses. Il me réchauffe le cœur. Il me fait du bien. Il me fait revivre. Je réapprend à vivre lorsqu'il est à mes côtés, je réapprend à ne plus me comporter comme un sauvage. Je réapprend énormément de choses que j'ai perdu au fil des années qui se sont écoulées. Je lui fais remarquer gentiment qu'il aurait pu me répondre, au moins, pour me faire remarquer qu'il est réveillé, mais qu'il préfère rester au lit. Il se tourne difficilement vers moi, tout en se positionnant sur le dos. Je repense à cette soirée mouvementée de la nuit dernière, je pense lui avoir fait mal involontairement et ça me gêne... Je ressens cette gêne qui s'amuse à tordre mes tripes et qui essaye de me faire comprendre à quel point, ça peut me faire mal de le voir autant blessé.

▬ « C'toi le vilain ! J'ai mal partout maintenant. J'suis tout rouillé, j'ai pas osé me lever. »

Son air boudeur me fait sourire, mais ses paroles ne cessent de m'interpeller. Je me suis comporté vraiment comme une sale bête ! Je l'ai, sans doute, fait souffrir aussi bien en le mordant, qu'en le possédant... En y repensant, je me suis empressé de faire les choses et au final, je ne lui ai rien apporté de mieux qu'une douleur intense au creux de son cou, comme dans le bas de son dos. Combien de fois, dois-je encore me comporter de cette manière ? J'en connais la raison, ça ne fait pas bien longtemps qu'il est en ma compagnie et je n'ai pas encore l'habitude de posséder fortement quelqu'un comme lui, de vouloir quelqu'un, de désirer quelqu'un, au point, que j'en perds mes bonnes manières. Je suis indomptable.
Ses bras autour de ma taille me rassure. Il ne m'en veut pas. Il ne s'énervera pas et c'est un sentiment que je ne veux plus jamais ressentir venant de sa part. Je pose délicatement mes mains dans son dos, le caressant de haut-en-bas avec tendresse avant de me laisser emporter dans l'étreinte chamailleuse de mon Jun Hyun. Je laisse un rire se faire entendre avant de ressentir son emprise encore plus puissante. Je le plaque plus fortement contre moi et me laisse emporter dans ce calme qui me semble si important.

▬ « Fais-moi un massage pour te faire pardonner. Ah, et un câlin. »

Si je le pouvais me le permettre, je lui ferai tant de choses. Je pourrais lui apprendre à m'aimer jusqu'à la fin de ses jours. Je pourrais lui faire comprendre que je ne cesserais jamais d'avoir besoin de lui, de sa présence, de son sourire, qu'il m'est essentiel et très important, qu'il est ma lumière, qu'il est tout simplement... ma vie. Je finis par esquisser un nouveau sourire en lui promettant d'effectuer cette tâche, puis je me redresse afin de pouvoir détailler son visage d'un lendemain si... particulier. J'en avais oublié, à quel point, il peut être magnifique.

▬« Je ferais tout ce que tout voudra, seulement si tu manges, d'abord ! »

En disant ses paroles, je me relève légèrement du lit afin d'attraper le plateau posé auparavant sur la table de chevet et d'ensuite, le poser sur ses jambes. Puis, par la suite, je m'installe confortablement à ses côtés.

▬ « Jae... Hier... J'ai cru que tu n'arrêterais pas... Désolé de ne pas être venu plus tôt. Si j'étais venu plus tôt, t'aurais eu moins faim. Et j'aurai eu moins peur. Je viendrai plus souvent du coup. Ou alors, je resterai ici. »

Il pense que c'est de sa faute, rapidement, je hoche la tête négativement. Non, ce n'est pas de sa faute, c'est uniquement de la mienne. Affamé, je ne devrais pas le prendre pour un vulgaire sac en plastique d'hôpital rempli de sang frais. Je ne dois pas en venir à abuser de lui dans ce genre de situation, juste parce que ce côté aux multiples pulsions physiques, qui ne sait pas se tenir dans ces moments, et ne fait que davantage se nourrir à chaque gorgée.

▬« Jun Hyun..., on a déjà discuté de tout cela. Tu n'es pas obligé de rester si tu ne le désires pas, je ne te retiens pas ici, surtout si tu ne le veux pas. Tu n'as pas à t'en vouloir pour tout ça, tu n'as pas à t'excuser, non plus. C'est de ma faute..., je n'ai pas su être correct envers toi. Je n'ai fais qu'écouter égoïstement mes besoins, je suis immonde. C'est à moi de te demander pardon. Je suis désolé, ça ne se reproduira plus, je te le promets. »

Je dépose un doux baiser sur sa tempe avant de me reculer pour reprendre ma place initiale. Cependant, Jun Hyun intervient rapidement pour me demander quelque-chose, mais il ne parvient pas à terminer sa question. Que voulait-il me dire ? Je le regarde assez curieux, mais je n'insiste pas, au cas où, il se serait ravisé pour ne plus m'en parler. Puis, il finit par me remercier pour son petit-déjeuner.

▬« Tu veux... rester au lit ? Ce n'est pas que ça me dérange, mais si tu veux qu'on sorte ou... enfin, si tu as envie de faire quelque-chose, dis-le-moi. »

Pendant de longues minutes, j'attends sagement qu'il termine de manger et de déplacer son plateau avant de me redresser et de l'inciter à se retourner. Je ressens un sursaut venu de sa part, je l'ai surpris et je lui ai sans doute effrayé par rapport à ce qui a pu se passer hier soir, seulement, je veux juste me faire pardonner.

▬ « Ne t'inquiètes pas. Je vais juste te masser un peu, ça te feras du bien. »

Une fois qu'il est installé sur le ventre, je m'installe à califourchon sur ses cuisses et pose avec douceur mes mains sur ses épaules pour commencer à les masser.

Jae won était venu me réveiller. Il avait même apporté le petit déjeuner. Et moi je n’avais pas bougé d’un pouce. Je n’en avais pas eu l’envie ni la force d’ailleurs. Non pas que j’avais détesté la nuit passée, mais disons… Qu’il n’y était pas allé de main morte. Il me traite de gros vilain en rigolant, me titillant avec tendresse pour que je me lève. C’est aussi ça que j’aime chez lui. Ce côté tendre qui est pourtant si rare parfois chez les êtres de son espèce. Je ne lui en veux pas pour la veille. Et je lui fais simplement la remarque que c’est lui la vilaine bête pour m’avoir collé au lit. C’est en partie vrai, et en partie faux. Le vrai est que oui, j’ai mal un peu partout. Le faux est que je peux très bien me lever. Mais je préfère l’attirer contre moi, le serrer dans mes bras, sentir sa présence tout près de moi. Je lui demande un massage et un câlin.

« Je ferais tout ce que tout voudra, seulement si tu manges, d'abord ! » Comme d’habitude, il a cette manie de s’assurer que je mange. Je ne sais pas trop pourquoi. J’ai un peu de mal à comprendre, surtout que ce n’est pas comme si j’allais crever de faim. J’arrive toutefois à faire le lien entre la veille et le fait que je doive manger. C’est vrai qu’il m’a pris peut être plus de sang que d’ordinaire. Mais justement. Ça m’effraie. J’ai l’impression que si je quitte encore ce duplex, le phénomène va se répéter une nouvelle fois. Je n’ai pas envie qu’il se dise qu’il est sauvage ou brutal juste à cause de ça. Je n’ai pas non plus envie qu’il s’imagine que si je veux rester là, c’est parce qu’indirectement il me le demande. Non. J’ai juste envie aussi d’être avec lui. Je lui fait part de cette peur qui m’a attrapée la veille et suggère que je reste ici avec lui.

« Jun Hyun..., on a déjà discuté de tout cela. Tu n'es pas obligé de rester si tu ne le désires pas, je ne te retiens pas ici, surtout si tu ne le veux pas. Tu n'as pas à t'en vouloir pour tout ça, tu n'as pas à t'excuser, non plus. C'est de ma faute..., je n'ai pas su être correct envers toi. Je n'ai fais qu'écouter égoïstement mes besoins, je suis immonde. C'est à moi de te demander pardon. Je suis désolé, ça ne se reproduira plus, je te le promets. » Je pousse un soupir. Il ne pose même pas la possibilité que ce soit moi qui ait envie de vivre avec lui. Il se rabaisse à l’état de monstre alors qu’il n’en est pas un. Je le regardais, tentant de trouver ce qui ferait de lui un sauvage. Il n’en est pas un. « Et si j’en ai envie ? Je veux dire, de rester ici et d’être avec toi ? …. Je sais qu’on en a déjà parlé. Mais si y’a un truc que je déteste le plus c’est t’entendre dire que t’es immonde ou que t’es un monstre, ou autre truc dans le genre… » Je voulais après lui demander pour ses sentiments envers moi. Mais je me ravisais. Je n’avais pas à lui forcer la main. S’il voulait me le dire, il me le dira. Je n’ai pas à être impatient par rapport à ça. Je meurs d’envie de l’entendre dire, mais je dois être patient.

Je commençais à manger. C’est simple, mais c’est toujours le meilleur petit déjeuner qui soit. Je le remerciais pour tout ça avec un sourire. « Tu veux... rester au lit ? Ce n'est pas que ça me dérange, mais si tu veux qu'on sorte ou... enfin, si tu as envie de faire quelque-chose, dis-le-moi. » J’avalais ma bouchée et lui souriant encore : « Je ne vais pas rester au lit indéfiniement, ne t’en fais pas. Et j’ai envie de passer du temps avec toi. » C’était vrai, y’avait trop longtemps que je n’avais pas passé du temps rien qu’avec Jae Won. Je terminais bientôt mon petit déjeuner, n’ayant laissé que quelques miettes de pain sur le plateau. Je me sentais déjà mieux.

Et puis Jae Won m’allongea sur le lit et s’installa sur mes cuisses. C’est vrai, sur le coup, j’avais craint qu’il ne recommence. « Ne t'inquiètes pas. Je vais juste te masser un peu, ça te feras du bien. » Il avait perçu ma surprise, voire même ma petite inquiétude passagère. Mais ses mots et ses gestes sur mon dos me rassurèrent. Je me détendis le laissant faire. Je ne vais pas me mentir, mais j’aime sentir ses mains, là, sur mon dos. Il est doué. Il trouve sans mal les zones douloureuses. Je fermais les yeux pour mieux ressentir les bienfaits de son massage. « … Descend un peu… par là…» lui dis-je en lui montrant vaguement la zone. « Ah… oui là !... C’est bien là… » J’avais passé mes mains sous l’oreiller pour mettre ma tête à l’aise, et j’affichais un sourire satisfait. « … Si tu continues comme ça, j’vais me rendormir… T’es vraiment doué tu sais… » Je ne sais même pas si je pourrais être tout aussi doué que lui pour ça.

Le calme. C'est si reposant d'être dans ce silence si cela pouvait durer éternellement, ça serait une bonne chose surtout en sa compagnie. Il ne me dérange pas. Je n'ai pas envie de le jeter dehors, non plus. J'apprécie simplement être en cet instant présent dans cette sérénité qui n'a jamais vraiment existé. Ce matin, je me suis précipité pour lui préparer son petit-déjeuner et c'est avec une joie immense que je le vois en train de l'engloutir. Toutes ses petites choses simples semblent lui plaire, alors, ça me ravive. J'aime ce sourire au coin de ses lèvres qui montrent à quel point la journée commence bien, du moins, pour lui puisqu'il a un peu tardé pour se lever hors du lit. Je ne lui en veux pas, loin de là. Il est ici comme chez lui et il peut faire ce que bon lui semble, je ne voulais seulement pas qu'il soit bloqué par ma faute et qu'il soit dans l'incapacité de réclamer quoi que ce soit pour ne pas me déranger. Hors, j'aime lui rendre service, même s'il ne le sait pas. J'aimerais bien prendre soin de lui plus souvent. J'aimerais faire tant de nouvelles choses inhabituelles pour le rendre plus heureux. Puis, alors que je suis installé à ses côtés tout en le regardant grignoter, une discussion s'installe entre nous. Tout d'abord, il me dit qu'il est un peu cassé physiquement et qu'ensuite, il a eu légèrement peur par rapport à ce qu'il s'est produit la veille et je l'avoue, je n'ai pas été de main morte. Je m'en veux, pour l'énième fois et je m'excuse encore, même si celle-ci le pèse légèrement en songeant qu'il n'aurait pas dû s'absenter si longtemps et que ça aurait pu être beaucoup moins importante. Jun Hyun ne le sait pas, mais même si par l'instinct d'un vampire, il m'est difficile de me contrôler dans ces moments, je ne pourrais jamais me permettre de le tuer. Je me haïrai et je me condamnerai à souffrir le martyre jusqu'à... L'éternité. Puis, nous en venons toujours aux mêmes explications, celle de le voir vivre ici, en ma compagnie, chose que je ne lui reproche absolument pas, je ne souhaite juste pas qu'il se sente obligé de devoir s'imposer cette condition uniquement pour mon besoin personnel.

▬ « Et si j'en ai envie ? Je veux dire, de rester ici et d'être avec toi ?... Je sais qu'on en a déjà parlé. Mais si y'à un truc que je déteste le plus c'est t'entendre dire que t'es immonde ou que t'es un monstre, ou autre chose du genre... »

S'il souhaite rester ici, ça serait une bonne chose et je me sentirai sans doute, moins seul. En pensant à tout cela, j'ai l'impression d'être un égoïste. Un égoïste qui a besoin d'une seule petite chose pour survivre, mais je me sens aussi tellement possessif en lui imposant de m'avertir de là où il va et avec qui. S'il vient habiter ici, je ne veux pas que nos journées soient rythmées par des querelles qui nous détruiraient mutuellement. Je ne veux pas le voir malheureux entre ses murs.

▬ « Ici, c'est chez toi. Reste avec moi et je te promets de t'offrir une vie des plus agréables... »

Je me rends compte qu'il faudra que je fasse abstraction d'énormément de choses... Saurais-je me contrôler afin de ne pas lui montrer que certaines situations m'agacent ? Saurais-je lui montrer à quel point je suis ravi qu'il soit de plus-en-plus auprès de moi ? Je ne le sais pas... J'espère. Je ne préfère pas songer aux mauvaises choses et j'en viens directement à lui demander s'il compte rester au lit ou s'il souhaite faire quelque-chose dans l'après-midi.

▬ « Je ne vais pas rester au lit indéfiniment, ne t'en fais pas. Et j'ai envie de passer du avec toi. »

Son attitude a changé. Je me demande si ce n'est pas à cause de mon envie incontrôlable de cette nuit... S'il vient à avoir peur de moi, ça me briserait de le voir se méfier de mes moindres faits et gestes. Je n'ai jamais voulu lui faire du mal et je ne permettrais jamais de le lui en faire. Pas aujourd'hui, ni demain, ni dans les années à venir. Jamais. Jun Hyun est un être trop précieux auquel je tiens et je souhaite qu'il puisse rester toujours à mes côtés sans être effrayé par quoi que ce soit. Je serai toujours là pour lui, s'il a besoin d'aide, je serai là aussi. Toujours. Alors que je pense à tout cela, je me décide à l'obliger de s'allonger sur le ventre afin de lui faire un massage qui lui fera le plus grand bien. À califourchon sur ses jambes, j'essaye de ne pas y imposer pour mon poids pour ne pas lui faire davantage mal et d'avoir un meilleur accès pour que mes mains puissent s'échouer tout le long de son dos en le massant dans tous les recoins possibles. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'il soit aussi... expressif.

▬ « ...Descend un peu... par là... Ah... oui, là !... C'est bien là... »

Mon cerveau ne semble pas détecter ce message de la même manière par rapport à la situation. Ses profonds soupires ainsi que son dos qui s'arque de plus-en-plus entre mes mains me collent des frissons d'envie. Tout cela me rappelle les nombreuses fois où j'ai pu prendre possession de son corps... Non ! Ce n'est pas le moment ! Ce n'est pas correct, non plus, d'avoir ce genre de pensées. Je me gifle mentalement afin de reprendre mes esprits et de me focaliser sur ce que je suis en train de faire tout en essayant de faire la sourde oreille face à sa réaction de bien-être.

▬ « Si tu continues comme ça, j'vais me rendormir... T'es vraiment doué, tu sais... »

Mes lèvres esquissent un sourire tandis qu'un souffle ravi se fait entendre. Je continue de lui masser le dos, laissant mes mains descendre vers le bas de son dos.

▬ « Tu veux que je te fasses couler un bain ? Ça pourrait te détendre un peu. »

Après de longues minutes, je me relève et pars en direction de la salle-de-bain afin d'aller remplir la baignoire.

Très sincèrement, je détestais me prendre la tête avec Jae Won. Et nos continuelles disputent me fatiguaient. Allait-on continuer ainsi ? Je n’en avais pas du tout la moindre envie. Alors même si le changement allait être brusque et surprenant, je voulais rendre les choses beaucoup plus agréables et plus simples pour nous deux. Vivre avec lui était une solution comme une autre. Elle ne m’empêchait pas d’avoir aussi ma liberté. Et puis… Plus je prenais du recul, plus je m’étais rendu compte qu’il m’avait accordé bien plus de caprices de ma part que je ne lui en avais accordé.  Il est si… tendre avec moi. J’ai l’impression d’être le plus cruel des deux. Le voir m’apporter le petit déjeuner… Me chouchouter comme ça… Comment pouvais-je le détester ? C’était juste… puéril. Certes j’étais un grand gamin. Certes j’étais devenu son calice, mais peut être qu’au fond… C’était parce qu’il avait déjà un attachement certain pour moi et qu’il n’avait pas du tout eu envie de me voir avec quelqu’un d’autre… Et peut être que c’est pour cette raison qu’il ne supporte pas Evan…

Je profite de ce moment si calme, si reposant avec lui. Je n’ai aucune envie de gâcher tout ça. Alors même les questions sur ce qu’il ressent vraiment pour moi, je les garde dans ma tête, sans même les dire.  

J’ai envie d’être avec lui. A vrai dire, plus je reste là-bas dans mon appart’ plus l’envie de me précipiter dans son duplex augmente. Comme si cette simple distance de seulement 20 minutes à pied était déjà beaucoup trop grande. Et puis vraiment. Tout serait plus simple. Du moins dans ma tête. Et sa vie serait moins dure. Je ne supportait vraiment pas qu’il dise qu’il est un monstre ou qu’il se rabaisse juste parce qu’il venait de combler une faim vraiment trop grande.

C’est moi qui le rendait ainsi.

Ou alors je me faisais des idées.

« Ici, c'est chez toi. Reste avec moi et je te promets de t'offrir une vie des plus agréables... »

Je souris à ses paroles. Il n’avait pas besoin de me promettre ce genre de chose. Vraiment pas. Parce que ce n’était juste pas nécessaire. Je me doutais déjà que notre vie ensemble serait des plus calmes et des plus agréables. Il n’avait pas besoin de promettre ça. Il allait encore se donner une exigence supplémentaire.

« Ne me promets rien. Ne t’imposes pas des choses. Laisse-moi juste rester avec toi. C’est tout. »

Ce n’était même pas que je ne croyais pas en sa capacité de tenir la promesse. Juste que je ne voulais pas non plus qu’il se donne des espèces de devoirs. Il se contraignait tellement. Comme s’il avait peur que je sois déçu de tout ce qu’il pouvait faire.

Je voulais que notre relation prenne un nouveau sens. Une sorte de second départ. J’avais envie de vivre sereinement avec lui. Je sentais que je le surprenais à ne pas me rebeller ou à faire le mec chiant dès le matin en lui disant que je voulais juste passer du temps avec lui. Mais jamais on avait eu l’occasion de faire ça. De profiter d’un moment juste tous les deux, et passer le temps ensemble sans que rien ne vienne briser ce calme.

Je lui avait demandé un massage. Et dieu sait combien Jae Won a des mains douées. Les sentir glisser ainsi sur mon dos était vraiment agréable. J’affichais un sourire vraiment satisfait et quand ses doigts dénouaient les zones tendues, je ne pouvais m’empêcher de lâcher un gémissement. J’avais trop la tête vidée pour que je puisse faire le moindre rapprochement entre ce qu’on avait fait hier et la manière dont j’exprimais, là, le plaisir que ses mains m’offraient.  

C’est un peu surpris que je le sentis se lever et arrêter son massage. Il m’avait déjà bien détendu. Je le regardais intrigué. Il me proposait d’aller me faire couler un bain. Et semblait ne même pas attendre que je lui dise oui ou non. Mais j’aurais dit oui de toute façon.

Je me redressais et quittais le lit pour le suivre. Adossé à l’encadrement de la porte, le regardant remplir la baignoire, j’eus… Une envie soudaine. C’était peut être osé aussi de lui demander ça vu ce qu’on avait fait la veillle, mais… mais tant pis.

« … Dis… Tu veux bien le prendre avec moi ? »

A vrai dire je n’avais pas du tout envie de passer la moindre minute sans lui. Et puis ne voulant pas qu’il prenne ça comme un énième caprice, j’ajoutais précipitamment :

« Ah mais si tu veux pas c’est pas grave hein ! »

Non vraiment, ce n’était vraiment pas grave s’il refusait. Me connaissant, s’il ne venait pas, j’allais rester dans l’eau un quart d’heure… Avec lui qui sait ? J’pourrais y passer des heures…. En remettant de l’eau chaude dedans…