I'll punish you, my pet

Il n’avait pas répondu, il avait eu le malheur d’ignorer un ordre et il en était conscient. Croyait-il que je n’allais pas le suivre à la trace, cet idiot avait si fortement pensé à sa demeure parfois, que j’aurais pu la visualiser et ma mémoire me permettait d’assimiler les seules données possédées à ce dont j’avais l’expérience, notamment des lieux. Il n’avait pas de chance, je n’avais pas mis très longtemps à reconnaitre ces infâmes décors, minables, et à roder pour être certain qu’il s’agissait bien du lieu convenu.

J’allais lui laisser le temps de croire qu’il était libre ne serait-ce que quelques heures, afin de mieux lire son étonnement, son dégout, mais surtout la peur dans ses yeux. J’avais promis ne pas m’immiscer dans sa vie, pour autant, il avait promis de répondre à mes demandes et puisque ce contrat verbal n’avait pas été respecté, je n’allais pas me priver de lui faire ressentir toute l’amertume que cela vaut, de me faire faux bond.

Finalement, je franchis les portes de l’immeuble miteux pour me rendre à son appartement, ou ce qui y ressemble sans vraiment en être un à part entière. Je tape à la porte et j’attends qu’il vienne ouvrir, il n’y a pas de judas pour qu’il puisse parvenir à deviner. Cependant, ma présence, mon aura, il les connait par cœur. Nous verrons bien à quel point il est crédule. Tient-il si peu à la vie pour m’ignorer, moi ? Cet idiot de calice va le payer dans l’heure... et il ne s’en remettra pas de si tôt. Il n’oubliera plus jamais.

Un sourire carnassier apparait sur mes lèvres tandis que la porte s’ouvre enfin pour me laisser découvrir cette expression que j’attendais tant. La surprise, pour commencer, puis j’entre, m’invitant sans qu’il ne m’y autorise. Je ferme la porte derrière nous et prends son visage d’une seule main pour en caresser les contours de son menton, frissonnant d’excitation quant à la suite des évènements. Il s’en doute... il résistera, mais il l’aura mérité, il était averti, ne suis-je pas un bon maître d’établir des règles aussi compréhensibles pour moi que pour lui ? Stupide petit humain...

« Ne sois pas si surpris... tu te devais de répondre, tu ne l’as pas fait, il n’y a donc plus de règles que je me dois de respecter, quant à toi... je vais t’apprendre à me désobéir encore. Déshabille-toi, tout de suite ».

Il avait intérêt à le faire dans la seconde s’il ne voulait pas que je m’acharne d’autant plus. J’étais assez nerveux, ce n’était donc pas le moment de surenchérir... et s’il avait le malheur de le faire, il allait réellement passer une mauvaise journée, ou devrais-je dire une mauvaise nuit ?

Son regard lorsqu’il ouvre la porte m’en dit long sur la frayeur qu’il a eu. Je vois sur sa peau ses poils se hérisser et la lueur tremblotante dans ses yeux, tandis qu’il se fige pour mieux fuir. Où croit-il aller ? Je ris un instant, surpris de voir à quel point j’ai choisi mon calice stupide. Je soupire et finalement je le laisse s’enfermer dans la salle de bain. Je le devine recroquevillé. Il n’a de toute évidence aucune envie de me voir, mais il fallait y réfléchir à deux fois. Je ne lui demande qu’un instant en dépit de ce qu’il peut penser, c’est assez court pour moi, bien qu’un supplice pour lui. Il a toute la journée ensuite pour s’adonner à ses activités, quelles qu’elles soient.  Lui, il a le loisir de parler avec quiconque de la façon dont il le souhaite. Moi, je me suis fixé des interdits, naturels, en soi, quand on sait de quoi est capable un vampire...

Je suis bel et bien seul, solitaire, sans réelle attache et sans personne à qui faire confiance... n’ai-je pas le droit de m’amuser un peu ? Son visage poupon, je le devine au travers de cette porte que j’ouvre. Il m’a énervé une fois, et une seconde en me laissant dans la pièce principale de son appartement, seul, réfléchissant à cette vie monotone que je mène et que pourtant, j’apprécie par bien des aspects. Allons, il y a du bon à la solitude... et au fait de ne pas avoir de coeur : je fais ce que je veux.

Tu as toujours ces yeux qui me transpercent, ta crédulité me dépasse au point qu’elle en devient agaçante et je ne lésine pas sur les moyens de détruire cette espérance dans ton regard. Tu n’as pas à me forcer la main, je suis seul maître de mes actes et tu es seul responsable de ton supplice. Un châtiment lourdement mérité que tu vas apprendre à craindre. Je suis étonné qu’au bout de deux ans tu ne retiennes pas la leçon. Mais qu’importe, je suis plus têtu et plus patient que toi malgré ce que tu peux bien croire.

Je le prends par le bras, le balance négligemment sur le lit et en fait ce qu’il est à l’origine : mon jouet. Il a mal, il réprime ses cris qui d’ordinaire me hérissent le poil et augmentent cette chaleur corporelle de quelques degrés, au dessus d’une température normale. Je souris et le mords de toute part pour l’affaiblir et le faire mien assez rapidement, l’obligeant à sentir mes assauts de plus en plus violents. J’y prends plaisir... et je sens peu à peu son corps réagir.

Il prétend ne pas aimer, pourtant tout chez lui laisse à croire le contraire de la sueur sur son corps à ses pupilles, en passant par le hoquet qui le prend, les tremblements de son corps entier et sa respiration courte. Non, je ne suis pas fou, il aime ça et il n’aurait pas cessé de pleurer si ça n’avait pas été le cas. Je me demande parfois où sont ses limites, mais plus je vais loin et plus il adore, en me faisant bien comprendre qu’il apprécie plus d’être touché par autre chose que par moi.  Il m’agace, profondément, mais qu’importe, s’il croit que cela va changer quelque chose c’est qu’il n’a pas encore compris.

On se regarde un moment et j’ose même venir mordre ses lèvres avant de cesser tout mouvement, il tremble de plus belle et finalement, me supplie une fois les quelques coups de l’objet réitérés. Il pleure, à nouveau, cette fois c’est parce qu’il n’en peut plus. Je le tiens fermement contre moi en remuant encore ce qui lui fait tant de bien, le laissant s’exciter tout seul. Le fait qu’il se meuve me fait sourire, et je lui chuchote à l’oreille à quel point il aime se faire malmener, faire le rebelle pour au final céder si facilement.

Je tiens encore un peu moi aussi, gravant dans ma mémoire ses supplices et son intérêt tout particulier pour l’attente qu’il a d’être amusé de la sorte. Qu’il ne se méprenne pas cependant, je suis le maître et je le resterais. Lorsqu’enfin il est à bout de force, je le laisse se débrouiller,  le laissant attaché pour mon plus grand plaisir alors que je me dirige vers sa salle de bain d’où je peux le voir, prenant une douche sans son accord. Je détends tous mes muscles et frissonne, l’eau chaude me fait du bien. Je ne suis pas aussi insensible aux bonnes choses que l’on pourrait le croire.  Je soupire et reviens vers lui, en serviette, défaisant ses liens pour nettoyer ses plaies sans aucun ménagement, il n’est pas en sucre à ce que j’ai pu constater et expérimenter, autant ne pas le traiter comme tel, petite princesse qu’il est...  

Je n’hésite pas à le torturer un peu plus en passant un gant là où j’ai frappé le plus fort, et où il a décidé de canaliser son plaisir afin que je ne le voie pas. Ça a finalement été plus fort que lui, comme je m’en étais douté, car il ne résiste jamais bien longtemps. Je ris légèrement, il est si prévisible. Je m’approche de lui et le tire par la nuque soudainement, empoignant ses cheveux afin qu’il ne détourne pas son regard, l’obligeant à partager un baiser, mordant parfois ses lèvres pulpeuses pour le lâcher et lui susurrer encore à l’oreille.

« Tu es à moi, à mes ordres... tu as bien compris ? »

Je le relâche complètement, me rhabillant sans pudeur, après tout il me connait par coeur, lui qui depuis deux ans partage ma vie à son détriment. Je compte rester ici pour la nuit, qu’il me supporte un moment, il ne m’échappera tout simplement pas, c’est hors de question.

Son regard me perce et ne m’émeut pas pour autant, laissant place plutôt à l’excitation que sa frustration me procure d’être, dépendant parfois, et surtout, soumis à ma volonté, car il ne vaut mieux pas qu’il s’y oppose au risque de ne plus pouvoir marcher. Encore, que je ne suis jamais arrivé jusque-là... il a bien de la chance, d’autres n’auraient pas hésité. Je souris, le lâche, puis m’amuse à faire le tour, alors qu’il venait d’abdiquer à mes paroles et à mon caprice d’un baiser langoureux. Je le lui soumets parfois, en guise de preuve qu’il est bien à moi, à mes ordres, et qu’il n’a pas intérêt à s’y soustraire. Sans amour, ce doit être répugnant et pourtant, je trouve le geste délectable.

J’ai le dos tourné et il en profite, si bien que je me demande ce qu’il compte faire. Je n’ai pas le temps de me retourner qu’il me balance ce qui semble être de l’eau bénite vu la bouteille que je rattrape inextrémice. Je  me mords la lèvre pour laisser échapper un rire avant qu’il ne tente de s’échapper. Non, il n’a pas intérêt. Je le rattrape sans grande peine, soufflant un bon coup avant de le porter sur mon épaule, comme une vulgaire chose et de le déposer sur son propre lit.

« Non... tu ne t’échapperas pas. Charmant ton petit numéro, mais je suis loin d’être si faible... et ne retente jamais l’expérience, car je t’assure que cette bouteille tu risques de la sentir passer... »

Une menace qui ne prendra surement pas avec lui, car il a tendance à ne pas y croire, ou à défier de son regard vaniteux... et à toujours se laisser prendre pour un second tour, qui lui plaira tout autant que le premier... voir plus, car la douleur ne s’est pas effacée. Et l’eau bénite restante le piquera sans le moindre doute, là où ça lui fera plus de bien... je suppose.

Je remarque qu’il était sorti en boxer, très tentant... est-il fou à lier ? Ou avait-il envie de me fuir à ce point ? Braverait-il la mort pour m’échapper ? Je me pose des questions, et préfère afficher ce sourire faux, qui pourtant, avec les années a su tromper son monde, et jouer les maitres de bonne humeur. Je l’étais pourtant, il y a quelques minutes, et voilà que je repense à mon passé, à ce traitre de calice... subira-t-il le même sort ? Adriel me comprend déjà mieux, mais est-ce suffisant pour autant...

Je ne veux pas changer, je ne le peux pas... je refuse même, car je suis comme ça, depuis toujours, que l’on ne m’accepte pas n’est pas le problème, mais que l’on dise ne pas être de ma la même trempe et secrètement s’adonner à bien pire me répugne...  

Toutes ces questions que je me pose resteront bien évidemment silencieuses, car je ne suis pas assez proche d’Adriel malgré les apparences et qu’il risque de profiter de ce moment d’égarement pour son propre profit, survivre... il est hors de question que je lui laisse cette opportunité, lui qui voudrait tant me mener à la baguette et être détenteur de ses faits et gestes autant que de ce regard que les gens jettent sur sa peau opaline. Qu’ils se retiennent... mon aura seule permet de les « décourager » ils fuient sans savoir pour quelle raison, excepté lui, qui malgré le danger, avait poursuivi avec curiosité et ne s’était alarmé qu’au dernier moment.

« Tu devrais dormir, plutôt que de penser à ces sottises... je te somme de le faire, car demain tes courbatures seront douloureuses »

Je n’y suis pas allé de main morte et je ne regrette pas vu l’enthousiasme dont il a fait preuve, seulement, j’aurais préféré qu’il ne rechigne pas et ne prenne pas son air outré comme il se plait à me les renvoyer... tout en appréciant et en taisant ses mots contradictoires avec ses gestes et ses envies, qui parlent d’elles même.  Il devrait se demander, pour quelle raison je suis si « avenant » tout à coup... mais il se méfiera, et il aura raison, car plus je ruminerais dans ma barbe et plus je serais désagréable et quémandeur de cette fausse tendresse à travers nos jeux divers et variés.

Je tends à m’allonger à ses côtés, prenant la place nécessaire pour qu’il vienne se loger au creux de mes bras. Le matelas qui lui sert de lit est confortable, mais à l’étroit, si bien que je tienne seulement à moitié dessus, pour permettre à ma chose de s’étaler un peu plus, qu’il ne me prenne pas non plus pour un psychopathe, je ne souhaite pas le rendre fou... je veux qu’il accepte d’être avec moi. Sur ces douces pensées, j’écarquille les eux, dans la pénombre de la pièce, je les ferme subitement, me saisissant d’Adriel, qu’il ne tarde pas trop à s’installer. Je n’ai pas besoin de dormir, mais je ferais comme ci, ne serait-ce que pour calmer mes idées noires, les freiner dans leur élan, d’une simple étreinte, non voulue... mais me sera bénéfique, à mon plus grand regret. Adriel n’a pas intérêt à savoir à quel point je dépends de ces touchés qu’il prétend détester... car il m’en priverait à coup sûr pour tenter d’avoir une emprise... qu’il n’aura jamais.  Cette complexité j’y réfléchis constamment... et plus j’hypothèse qu’il acceptera un jour, plus je m’attendris... à mon insu. Je renforce toujours ma poigne, afin de ne pas le lui laisser entendre... je déteste, car je ne comprends pas pour quelle raison mon coeur décide de lui céder une place... en a-t-il vraiment une, n’est-ce pas mes sens qui parlent ? Je me le demande... je me demande tous et n’importe quoi. Et j’en conclus toujours la même chose : je ne sais toujours rien, que ce soit de lui, de moi-même malgré mon Viel âge... je ne sais rien.

Alors que je le rattrape, il s’arrête en chemin, s’est-il arrêté pour que je le prenne, ou parce qu’il a réalisé être en boxer ? Je ne sais pas, mais il n’aime pas ça, il aurait voulu me fuir et je me sens plus frustré encore, que je ne l’ai jamais été. Je soupire et l’oblige à s’allonger, à dormir. Jusqu’à ce que je sente sa petite cuillère me frapper le front. Je me relève et je déteste qu’on me réveille, surtout de cette façon si puérile. Pathétique ! Je soupire, le soulève, le bloque sur le lui d’une main sur sa gorge et il agonise quémandant de l’air, me suppliant d’arrêter, de sa petite voix brisée à ses yeux qui m’en disent long. Il a voulu me tuer à plusieurs reprises, il l’a pensé si fort... je déteste ça, je le déteste beaucoup trop... et quand finalement je le sens partir, je relâche la pression, le mordant à l’épaule, en même temps qu’il reprend son souffle... ne serait-ce que pour lui redonner l’envie de vivre... de respirer, le choc dont il a besoin pour ne pas me rester dans les bras.

J’aurais pu le tuer, mais je ne le fais pas, le laissant seul dans son lit pour trouver où ranger cette maudite cuillère qui n’a rien de dangereux, je me demande parfois ce qui lui passe par la tête. Le fait-il exprès ? Non, il a bel et bien éloigné la bouteille lorsque je l’ai menacé... il n’en avait pas envie et je l’ai bien senti. Je soupire à nouveau, lui lance un regard noir pendant qu’il reprend ses esprits. Je vais rester encore, mais je resterais loin de lui, au risque d’attenter à ses jours une seconde fois. Je n’ai aucune envie de le tuer, je le déteste, mais pas au point de perdre mon calice, qui me sert bien plus de jouet que de garde manger. Je ne m’en veux pas... non (si, en réalité), mais il vaut mieux prendre une sage décision pour une fois, et je me poste sur le petit balcon, histoire d’évacuer toute cette rancoeur, ce stress et cette envie folle de lui sommer d’arrêter, encore et encore.

Il me met hors de moi, parfois j’ai l’impression qu’il me cherche pour que je commette l’irréparable, mais je ne le ferais pas, je suis bien trop intelligent pour ça. Autre chose m’anime, je ne saurais pour quelle raison, suis-je en train de l’assimiler à cet autre que j’ai aimé, est-il semblable ? Va-t-il me laisser, ou être volé par un autre ? Je ne le supporterais sans doute pas, mais ça, il ne vaut mieux pas qu’il le sache au risque de nous condamner tous les deux, pour le simple plaisir de me voir sombrer... moi, le bourreau, la bête noire de ses cauchemars, d’ailleurs est-il sur le point d’en faire un ? Parfois... j’aimerais le rassurer..., lui dire qu’il n’a rien à craindre, car il est mon calice, mais les seules fois où j’ai essayé, il me l’a très mal rendu, comme si j’étais un moins que rien... comme si j’allais manquer à ma parole. Ou tout simplement comme si je ne méritais pas un tel rôle, chose que je me suis permis de dérober, sans doute, mais qui me revient réellement de droit étant donné qu’il a été spécial pour moi, et que cela ne m’est arrivé que deux fois, en le comptant.

Pendant qu’il ferme les yeux, je lui apporte de l’eau, retourne sur mon balcon, réfléchir... et me pose enfin, au bord du lit, lorsqu’il ferme réellement les yeux... ou pas. Il y a tellement de brouillard dans ses pensées à l’heure actuelle, que je me demande s’il dort vraiment, où s’il fait semblant. Je ne peux pas non plus savoir s’il se sent bien à mes côtés... où si ce n’est pas le cas. Mais j’opte pour la seconde option, vu ce qu’il m’avait craché comme venin à ce sujet... quel petit ingrat.