fate.

Son corps s’affaissa lourdement sur le canapé quand un long soupir glissa d’entre ses lèvres. Ses yeux habituellement bien écarquillés commencèrent à doucement se fermer tandis que son regard fixait le plafond avec un certain intérêt. Sa journée était abominable. Un carambolage en plein milieu de la nuit et il avait été dépêché pour aider ses collègues. Opérations sur opérations s’étaient succédés jusqu’à ce que de grandes cernes violettes ne commencent à pointer le bot de leur nez sous les globes oculaire du vieux vampire. Sa mémoire avait beau contenir un nombre important d’informations et de souvenirs, il n’oublierait jamais que l’hôpital lui devait un sacré service sur ce coup-là. Etre désespéré au point d’appeler un bénévole, Yul ne savait même pas si c’était normal et légal. De toutes façons la question ne se posait même pas, si il n’était pas venu sauver des vies il s’en serait voulu tout le long de sa pitoyable éternité. Néanmoins, être une créature de la nuit ne le sauvait pas de la fatigue intense que son corps ressentait à cet instant précis. Une semaine sans dormir couplée à un très long début de matinée à renifler du sang de partout … Heureusement qu’il était maître de lui plus que n’importe qui où les victimes se seraient multipliées dans l’établissement. D’ailleurs, il bénissait le fait que les vampires soient dotés de facultés régénératrices rapides pour que les hôpitaux n’en soient pas truffés. Quoi que … certains s’y infiltraient quand même dans le but de repérer une ou deux cibles dont la mort approchait. Il entrouvrit un œil à cette pensée. Ne devrait-il pas aller jeter un œil et roder dans le doute ? Si, probablement. Néanmoins, que pouvait-il faire à moitié endormi ? Pas grand-chose. Son avant-bras vint couvrir ses paupières et son front puis, sans y prêter attention, il plongea dans un demi-sommeil réparateur.

Des cris aigus le tirèrent de sa torpeur. Yul leva le bras et une infirmière était penchée au-dessus de son visage. Ses lèvres remuaient mais il n’entendait pas ce qu’elle disait. Arquant un sourcil sur son arcade, il grogna et attrapa un coussin à bout de bras, le plaquant sur son visage comme si elle allait disparaître comme par enchantement de son champ de vision, voire de la pièce. Rien à faire. Cinq de ses doigts repoussèrent la jeune femme et il quitta la pièce d’un pied ferme, prêt à passer un savon à son collègue parce qu’il avait osé lui envoyer une infirmière le réveiller. Il entra dans le bureau. Personne. Nouveau soupir. Ses cheveux en bataille se secouèrent sur son crâne quand il agita sa tête désespérée, puis il décida de l’attendre quand même. Le vieux chinois posa ses fesses sur le bureau et appuya ses deux pieds à plat sur les accoudoirs de la chaise faisant face au meuble de bois jonché de papiers divers. Il y jeta un œil rapide et un sourire démoniaque s’afficha sur son visage. « AHLALA. » Hurla-t-il dans le vent. « Je suis tellement maladroit, je tombe sur le bureau – ah. » Minauda-t-il avant de laisser malencontreusement ses bras s’agiter sur les papiers qui ne mirent pas longtemps avant de se déverser sur le sol dans un bazar dont – il faut le dire – il était fier. Deux cent trente-trois ans de vie et toujours aussi con, souffla-t-il à lui-même. Yul attrapa sa blouse blanche et l’enfila avant de quitter la pièce pour venir percuter un corps aussi dur et froid que le sien. Ses yeux se baissèrent et – oh surprise. « Qu’est-ce que tu fous là, mon gars ? Tu as perdu ta route ? Je te ramène à ta nounou ? » Sourit-il comme un demeuré avant d’apercevoir son collègue plus loin. Oups. Il empoigna le petit visiteur et le balança dans la pièce d’à côté, le suivant à son tour avant de fermer la porte à clef. Un cri de colère parvint à ses oreilles et il se mit à rire tout seul avant de reposer son regard vers Emery, arquant de nouveau son sourcil au-dessus de son œil.

Il avait presque oublié à quel point l’arrogance de ce gamin dépassait son intelligence. Ses yeux se levèrent vers le plafond et ses tempes furent massées par deux de ses longs doigts. Bien entendu, l’Européen ne pouvait pas venir par simple envie de passer du temps avec son aîné. A moins qu’il soit sous l’emprise de stupéfiants … ou de problèmes de mathématiques qu’il ne parvenait pas à résoudre. Un franc rire sortit de la gorge du brun alors qu’il jetait un œil involontairement hautain sur le papier blanc griffonné, posé sur le bureau. D’ailleurs, dans quel bureau étaient-ils ? Yul ne pouvait le dire. Néanmoins, le fait que les rideaux soient encore fermés à une telle heure signifiait qu’il était inoccupé ou que la personne était absente. Tant mieux, ils n’auraient pas besoin de changer de pièces toutes les dix minutes parce que les deux vampires étaient assez sans-gêne pour tout envoyer paître. Le chinois aurait bien ramassé les papiers, mais dans l’immédiat la fatigue prima sur sa gentillesse et il préféra appuyer le haut de son dos sur la porte, ses bras se croisant sur son torse. « Alors, gamin, t’es tellement habitué à sauter des classes que te voilà qui saute des exercices en espérant que je vais te les faire. La jeunesse tombe bien bas de nos jours. » Plaisanta-t-il en gardant son sourcil arqué. « Le voilà qui perd sa fierté. » Continua-t-il en haussant les épaules. En fait, il n’avait pas envie de se décoller de la porte de peur que ce crétin d’inconscient soit assez rapide pour lui filer entre les pattes et aller faire crever l’un des patients qu’il s’était efforcé à maintenir en vie toute cette nuit. Non, il ne pensait pas Emery capable de faire un génocide – ou du moins, il n’aurait pas le temps d’en faire un – mais visiblement si le brun relâchait sa garde et sa vigilance, un nouveau mort ferait mystérieusement apparition dans les locaux. Il en était simplement hors de question.

« Tu ne feras jamais médecine si tu ne sais pas aligner deux formules de probabilité. » Enchaîna-t-il. Yul n’était pas le genre d’homme à enfoncer les êtres vivants dans leur misère, toutefois ce n’était pas n’importe qui. C’était toujours divertissant de le voir péter une durite ou avoir une énième preuve de son caractère de cochon. Cela l’amusait toujours. Rien qu’à voir son entrée en scène. Peu de ses connaissances proches seraient capable de faire la même chose sans se prendre un coup de pied au derrière avec la semelle de la modestie par le grand brun … m’enfin, ils n’étaient pas si proches que ça, en fait. Ils l’étaient ? … « Je devrais te donner des cours de mathématiques plutôt que te faire tes exercices sans rien t’expliquer. » Soupira le chinois. « A moins que tu désires être inculte toute ta vie et risquer de foirer tes brillants examens pour de simples calculs qu’on apprend au collège. » Son corps se décolla de la porte en bois et il ébouriffa ses cheveux avant de se positionner derrière le plus jeune. Appuyant ses coudes sur ses épaules, il jeta un œil plus approfondi sur la feuille déposée sur le plan de travail. Ses yeux se plissèrent et il entrechoqua légèrement son front contre l’arrière du crâne de son second. « C’est simple, nigaud. Si tu y réfléchis assez sérieusement au point de ravaler tes instincts meurtriers et que tu ne trouves toujours pas … » commença-t-il en passant un doigt sur ses canines, lui faisant comprendre qu’il était aux abois et pas très discret en plus de cela. « … Alors dans ce cas j’accepterais de t’aider. »

« Tu vois que t’es bon en math quand ça t’arrange. » Sourit-il simplement à sa remarque concernant le fait qu’il y avait zéro chance pour que Yul arrête d’agacer son cadet. Et puis, il avait beau parler c’était lui qu’était venu le chercher parce qu’il n’avait pas assez de cellules grises dans son cerveau pour résoudre un pauvre problème. Un sourire en coin se profila sur son visage et il le laissa faire tout son cirque de gamin pourri gâté et arrogant. Toujours la même rengaine. Cette susceptibilité tellement facile à titiller. Déjà que le personnage avait l’air de l’être à la base, alors couplé cela à la trop grande sensibilité des nouveaux vampires, cela donnait un cocktail explosif que le chinois adorait pousser à l’explosion. Oh, bien entendu, pour l’instant ce n’était pas grand-chose, mais l’adorable et impatient petit chiot face à lui partait au quart de tour. C’était hilarant. Peut-être allait-il vraiment bouffer un patient pour se venger du docteur. Mais ça, c’était peu probable. Non pas parce qu’il n’en serait pas capable, mais parce qu’il l’aurait immobilisé avant qu’il ne tente quoi que ce soit. Sa force n’était pas spécialement grande mais en deux cent ans de vie à traiter avec des démons, il savait très bien comment s’y prendre.

Son bras s’enroula autour de sa nuque comme pour l’étrangler après que ce petit jeune lui ai mordu la main. La main ! C’était une chose vraiment précieuse pour un docteur qui faisait des opérations quand on avait besoin de lui. « Tu devrais savoir que j’ai besoin de ça. » Grogna-t-il. « Si tu le refais c’est moi qui te bouffe, mon chou. » Puis un nouveau sourire prit place sur son visage parfait. Même si c’était involontaire, il avait succombé à sa pulsion. Lorsque Yul apprenait aux nouveaux vampires qu’il décidait de suivre comment surmonter les tentations, il se trouvait souvent un tantinet plus violent que ce qu’il était réellement. En règle générale les bébés avaient tendance à se calmer en pensant au châtiment qui les attendait en retour. Mais très sincèrement, le chinois n’aimait pas avoir recours à de telles méthodes pour ce genre de choses. Ils devaient savoir se débrouiller par eux-mêmes … n’est-ce pas ? Ses deux mains s’enfoncèrent profondément dans ses poches lorsqu’il vit Emery se remettre sérieusement à son travail. Ce qu’il aimait bien chez ce petit c’était sa, quand même, bonne volonté. Même si c’était dû à sa fierté, c’était un bon point. Et puis, dans le fond, Yul savait qu’il n’était pas méchant. Il devait faire comme tous les autres et avoir des gardes mangers, mais la quasi-totalité des vampires faisaient cela. Sur ce point-là, c’était plutôt le docteur qui dérogeait à la règle. La voix de son jeune apprenti résonna de nouveau dans la pièce. Le voilà qui était bloqué. Crétin, grimaça son aîné.

Le haut de son corps se pencha de nouveau vers l’avant puis il hocha la tête en ayant examiné le problème en quelques coups d’œil. Le brun attrapa la main de son second et lui fit serrer ses doigts de nouveau autour de son stylo tandis que ses propres doigts enserraient les siens. Il griffonna difficilement quelques notes dans la marge, entoura certains de ses calculs qui étaient justes mais placés au mauvais endroit et termina par lui faire faire écrire à travers lui la réponse. C’était un vampire intelligent. Impulsif, mais intelligent. C’était pour cette raison que Yul supposait qu’il parviendrait à comprendre où était le couic dans son équation avec les quelques annotations qu’il avait écrit. Et s’il ne comprenait pas, il essaierait d’expliciter. Son visage se tourna vers le sien et il lui offrit un sourire. « T’es au courant que si tu n’es pas capable de calmer tes ardeurs, je vais me voir dans l’obligation de t’attacher dans cette pièce et te torturer jusqu’à ce que tes pensées divague autre part sur cette odeur de sang ? » Il se releva et s’assit sur le bureau à côté des papiers, fixant la fenêtre fermée face à lui comme si elle était intéressante, puis pencha son visage sur le côté, perçant de ses yeux, ceux de son interlocuteur. « Si tu veux être médecin va falloir y mettre du tien niveau contrôle, mon petit. » Se mit-il à sourire narquoisement. L’autre allait encore lui taper une crise ? Yul était persuadé qu’il ne lui dirait pas ouais, t’as raison même si c’était le cas. Simple question de fierté. Il sauta du bureau retira sa sa blouse blanche entachée de sang - ça devait pas l'aider, ça non plus - puis la mit dans un placard au fond de la pièce. Bon, ça allait pas aider énormément non plus, mais c'était toujours mieux que l'avoir sous le nez.

Un sourcil s’arqua au-dessus de son visage lorsque son demi-élève ( si l’on pouvait le nommer ainsi ) commença à parler de de choses malsaines. Tu n’as probablement aucune idée du terrain dans lequel tu t’engages, avait-il eu envie de répondre. Bien sûr, Xiao Yul était un homme très gentil et très pur, au final. Ses idées avaient toujours un bon fond même s’il passait par des chemins sinueux pour y parvenir et il préférait voir des cadavres décharnés que se lancer dans une dépravation qui touchait tous les vampires. Néanmoins, on ne pouvait pas dire que c’était un ange tombé du ciel. Dans les trois quarts du temps, oui … Mais pas toujours. Si on le lançait dans un jeu, il n’était pas du genre à faire demi-tour, peu importait ce que cela comprenait. Et puis … Avant d’être un vampire, il avait été humain. Une période où l’humanité cachait ses secrets bien plus aisément qu’à présent. Oui Yul avait eu sa période d’hormones en effervescence qui le poussait à imaginer toutes sortes de choses étranges et, oui attacher les gens en faisait partie. Même s’il utilisait cette expression avec un ton léger et plaisanterie. Un bref rire lui échappa juste à la pensée d’Emery attaché. Le plus marrant serait probablement de voir son regard furibond, ou l’entendre hurler de rage. D’ailleurs, il se demandait bien avec quoi il pourrait l’enchaîner puisque de simples cordes ou chaine de fer ne seraient d’aucune utilité. Et dans un autre domaine, il nota mentalement dans sa tête qu’un bandeau sur sa bouche serait la meilleure option pour le garder calme un peu. Ou du moins … Silencieux.

Yul claqua la porte de l’armoire et revint près d’Emery, posant son pied sur l’accoudoir de la chaise avant d’y donner un coup sec dedans dans le but de la faire tourner sur elle-même. « J’aime bien ceux qui la ferment, en fait. » Répondit-il en partant poser ses fesses sur la chaise précédemment occupée par son arrogant élève. « Enfin, à moins que ma séquestration inclue des abus sexuels, j’veux dire. » Se corrigea-t-il en souriant. De cette manière, il allait passer pour le plus gros pervers de toute la planète – ou presque. Mais le pire dans tout ça était probablement le fait qu’il ne mentait même pas. Juste sur un point. Il n’avait jamais séquestré personne, en fait. Le chinois se leva de nouveau – il a la bougeotte – et vint se pencher une énième fois devant le nouveau vampire, lui offrant son plus beau sourire avant de prendre sa mâchoire entre ses doigts. « Bien sûr que tu me plais. » Affirma-t-il en montrant toutes ses dents. Ce n’était pas tout à fait un mensonge non plus. « Je suis prêt à parier que t’as assez de souffle pour crier toute la nuit. » Son regard glissa sur ses lèvres tandis que les siennes se coupaient en un sourire en coin séducteur. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour faire rougir de rage le visage de son petit protégé. Enfin, est-ce que son visage allait se tordre de colère ? Il n’en avait aucune idée. C’était la première fois qu’il se lançait sur un tel sujet avec lui. Habituellement c’était disputes, mots empoisonnés et tapage sur le système réciproque. Sa main lâcha sa mâchoire et il passa son index sur sa bouche, en faisant le contour, quand ses prunelles maronnées revinrent monter dans les siennes. « Je suis sûr que t’en revoudras encore. » Conclut-il avant de s’humecter les lèvres en arquant un sourcil sur son arcade. Mais c’était qu’il était presque crédible en séducteur narcissique, le vieillard.

Hyung ? hyung ? Si Yul n’avait pas été tellement pris dans son jeu clairement à moitié crétin, il aurait pu s’arrêter à cet instant et se mettre à rire jusqu’à ce que mort s’ensuive. Hyung, cela semblait tellement étrange de sa bouche. Enfin, pour être plus exact à ce moment précis cela ressemblait à un oppa de gonzesse en soumission à son homme. Et puis c’était quoi cette manière de le souffler ? Le docteur aurait pu le trouver définitivement électrisant si tout cela n’était pas le fruit d’une provocation hasardeuse. Néanmoins, ce qui le surprenait le plus – quoi Emery n’était quand même pas moche, ce n’était pas si étrange que ça qu’il se retrouve à mentalement complimenter son sex-appeal ou quoi – restait le fait que l’étudiant s’était laissé prendre au jeu. Genre, sérieux ? Le grand brun aurait été prêt à parier qu’il se serait mis à lui hurler dessus de ne pas le prendre de haut ou de ne pas se moquer de lui. Rien de tout cela. Peut-être que finalement le jeune vampire possédait quelque passion cachée pour son aîné ? Un sentiment exaltant prit place dans ses entrailles à cette simple pensée. Que faisait-il ? Yul relâcha l’intensité de son regard lorsqu’il vint couvrir son visage avec sa main, laissant le loisir à son second de glisser ses prunelles de nouveau sur ses lèvres étirées en un sourire qu’il aurait pu qualifier d’amusé. Si Emery était en train de se délecter de la situation, il n’en fut que davantage pour le plus âgé dès qu’il se mit à continuer sur la lancée. L’index du chinois était resté près de ses lèvres tout le long, toutefois il lâcha le contact sur son visage pour aller se loger sur le col de sa chemise, pianotant de tous ses doigts dessus, s’arrêtant sur le premier bouton comme pour le défaire mais sans jamais s’y résoudre. « J’ai définitivement envie d’entendre le ton que peut prendre ta voix pendant des lamentations d’agonie et de frustration. » Persifla-t-il en closant à moitié ses yeux, ses pupilles disparaissant à demi sous ses paupières quand sa lèvre supérieure vint frôler les siennes en une légère caresse presque imperceptible.

« Impressionne-moi. » Acheva-t-il avant de remonter sa seconde main à l’arrière de son crâne, faisant tomber sa casquette sur le sol afin de venir faufiler ses doigts dans ses cheveux. Son souffle artificiel s’évaporait sur ses lèvres et c’était à ce moment-là qu’il se souvenait combien le contact entre vampires était bien plus plaisant qu’entre races. Pour les créatures nocturnes, toucher un humain n’était pas si grave en soit, mais ce dernier ressentait toute la froideur du cadavre ambulant. Entre morts, leur température corporelle ne devenait plus un souci. Son regard vint trouver de nouveau le sien, confiant, et pour éviter que le jeune garçon ne vienne rompre contact une seconde fois, la main posée sur son col descendit tout doucement. Les extrémités de ses doigts effleurèrent tout son buste, longeant son bras. Il s’arrêta au niveau de son coude quand il prit une inspiration plus profonde puis recommença sa lente course le long de son avant-bras, passant par son poignet avant de venir entrelacer ses doigts aux siens. Si le jeu de provocation serait une course à qui céderait le premier, alors Yul n’avait aucune intention de la perdre. « Montre-moi donc quels miracles peuvent accomplir tes mains de futur brillant médecin. » Conclut doucement Yul en usant de sa si précieuse voix grave sur un ton qui se voulait séducteur.

Un sourire narquois vint se dessiner lentement sur ses lèvres alors que les mots découlaient de la bouche de son cadet. Qu’aurait-il en échange ? La question n’était-elle pas évidente ? Yul n’avait jamais été un homme très prétentieux ou narcissique mais – aller, quoi, le fait qu’il offre son corps n’était déjà en soi pas un cadeau assez beau pour que l’on passe les détails ? Même si le nouveau vampire semblait être plus ou moins calme, son second aurait été prêt à parier qu’il était agité, ou du moins qu’il n’était pas aussi glacial qu’il voulait le paraître. Si cela flattait le vampire ancestral ? Bien entendu, c’était toujours plaisant d’avoir un délicieux jeune homme sous les yeux qui avait l’air de répondre favorablement à votre tentative de séduction. « Moi. » Répondit-il simplement. Bien sûr, il y avait un fort risque que tout cela ne soit que jeu et manipulation de chacun des deux côtés. Mais l’idée qu’Emery puisse répondre favorablement à ses avances était plaisante car, au fond, même s’il ne s’agissait que de provocation partie aléatoirement, le regard d’un être vivant ne pouvait tromper celui qui s’y plongeait sincèrement. Et, actuellement, c’était le cas pour le chinois. Avec ses yeux à quelques centimètres des siens, il était dans la capacité d’attester que, certes, même s’il était question d’un jeu et de rien de vraiment sérieux, le plus jeune s’y laissait prendre volontiers. Et la seule chose que craignait Yul, c’était qu’à force de jouer avec le feu, ils finissent par vraiment se brûler les doigts.
Tout le monde sait très bien comment réagissent les vampires au feu.

D’accord, il avait juste envie de donner à la situation quelque chose de sensiblement dramatique et torturé, parce que c’était de cette manière qu’il préférait jouer.

T’es meilleur avec des mots amers. Eut-il envie de souffler près de ses lèvres dès que sa voix résonna à travers la pièce. Pédophilie ? Il supposait qu’avec ses deux cent trente-trois ans de vie il ne pouvait qu’être pédophile à l’exception faites de quelques personnes. « Seulement quand j’ai affaire à des petits qui me plaisent. » Concéda le docteur, baissant les yeux vers la très vilaine main de son cadet, son sourire grandissant lorsqu’il ne le vit rien en faire. Parce qu’il ne voulait pas paraître impatient, il retint les mots qui lui brûlaient les lèvres. User de la provocation était une chose, l’abuser au point de paraître avide était le revers de la médaille. Baissant son visage dans son cou, il prit une longue inspiration contre la carotide de son prisonnier du moment avant de reprendre près de son oreille. « Il y a un tas de chose que tu ignores à mon sujet. » Sur ces paroles, il se redressa complètement, attrapant Emery par le col de sa chemise délicatement. Il prit quelques secondes pour glisser sa main dans le creux de son dos avec douceur avant de le pousser gentiment jusqu’au mur le plus proche. Son nez frôla le sien doucement, son habituel sourire ayant disparu de son visage. Yul revint caresser la peau de son cou avec ses lèvres, sa main de libre préférant se loger sur le haut de son pantalon. Quelques un de ses doigts préférèrent effleurer la peau de son ventre en s’insinuant sous sa chemise, il pinça les lèvres pour retenir un grognement de satisfaction. C’était presque involontaire de sa part. « Je peux te montrer ce côté de moi, si t’en as envie. » Conclut-il d’une voix rauque.