Wang Aelan - On naît, on vit, on meurt

❝La vie c'est fait pour ça, c'est tester sa naissance, aimer tous les moments, c'est se mentir dans le sens, c'est se mentir dans le froid, c'est noyer son essence, c'est lâcher le combat de l'infiniment petit face à l'infiniment grand❞

▲▲ Elle est née d'une union entre deux calices, devenant calice dès la naissance. Elle n'était pas voulue, pas attendue, elle n'était qu'un accident, issue d'un coup d'un soir. Elle a longtemps été cachée par sa mère, longtemps dissimulée dans cette chambre, longtemps mise à l'abri du vampire se trouvant là. Mais la petite grandit vite, criait toujours famine, et bientôt elle fut découverte. Elle manqua d'être tuée, mais protégée par sa mère, le vampire ne pouvait rien faire. A faire mal à sa calice, il risquait de se blesser lui-même. A la place, il la laissa grandir, la regardant de loin. Et plus elle grandissait plus il savait, plus il le sentait. Elle était unique, précieuse, et elle vaudra cher. Très cher. Quel vampire ne rêve pas d'avoir un Aureus Sanguis ?
Aelan grandissait très vite, devenant une jolie jeune fleur, au parfum unique et parfait pour n'importe quel dents-longues. Elle subit la pression d'ailleurs de celui qui tenait sa mère la tête baissée. Elle n'était jamais parfaite. Les cheveux longs ne lui allaient pas, les courts non plus, les mi-longs non plus. Elle était trop mince, pas assez voluptueuse. Son regard non plus ne lui plaisait pas. Elle était rabaissée souvent par cet homme qui voulait faire d'elle l'oiseau rare. Elle développa de la peur pour cet homme, mais elle se refusa absolument de le lui montrer, par fierté et par orgueil. Il pouvait l'écraser, mais il ne pourra jamais la piétiner. Mais tenir tête à un vampire n'était jamais bon.

▲▲ Sa mère se pliait aux exigences de son vampire. Aelan était dégoûtée de la voir ainsi. C'est pourquoi très tôt elle se donna un challenge de taille : elle pouvait être un oiseau rare s'il le voulait, mais elle restera un oiseau rare que l'on ne pourra jamais tenir en cage. Elle fit de plus en plus attention à son apparence et ses manières, elle se montrait docile quand elle le voulait, mais sauvage quand il le fallait. Intelligente, et devant se tenir sage, et ne pas venir gêner les affaires du vampire, elle avait appris à tout regarder de loin et surtout à lire dans les yeux de leur gardien et dans les yeux de sa mère, la vérité cachée derrière les mots qu'on lui adressaient. L'environnement était malsain. Elle voulait en sortir. Elle se montra alors plus entreprenante, tentant tout pour partir, quitter cette prison. Mais à chaque fois elle se faisait prendre. On l'assommait alors de reproches et on la punissait pour sa mauvaise conduite. Au départ ce n'était que des mots, et puis les mots devinrent aussi des coups et un soir ce fut pire. On l'a toucha et on l'a souilla. Elle venait tout juste d'avoir 20 ans

▲▲ Brisée au plus profond de son être, elle se négligea et se saisit d'une opportunité quasiment inespérée pour s'échapper. Elle se referma sur elle-même, enfouit au plus profond les tristes évènements que sa mère n'apprit jamais. Elle ne parla plus pendant une année entière, n'approcha personne pendant deux ans, et se trouva un petit travail chez une vieille fleuriste. Elle économisa pendant trois ans afin de pouvoir se payer des cours de théâtre. Pourquoi le théâtre? Elle avait toujours aimé les tragédies, les grands drames et les lire dans la bibliothèque. Ce devait être le seul bon souvenir qu'elle pouvait garder de sa vie enfermée dans cette maison...

▲▲ Et puis elle se consacra entièrement à ses rêves, se jetant à corps perdu dans ses cours de théâtre, apprenant ses textes par coeur, s'entraînant sans cesse, quitte souvent à n'en pas fermer l'oeil de la nuit. Tout était bon pour qu'elle ne pense pas à son corps, pour qu'elle ne pense pas à cet homme, et qu'elle s'en aille loin. Elle se sentait toujours sale, se détestait encore plus, refusait de parler de ce qui lui était arrivé, inventant toutes les histoires possibles pour éviter de raconter la vraie. Car plus elle y pensait, plus elle revivait les blessures. Elle trouva peu de temps plus tard, la protection qui lui fallait au Grand Théâtre de Séoul, en la présence de Seo Ji Min. Le calme en son esprit se fait doucement. Mais elle reste un oiseau libre, mais fragile, capable de vous glisser entre les mains en agitant des ailes bien fort et en vous griffant et pinçant. Le théâtre la libère aussi de ses démons, et son job à mi-temps toujours chez la fleuriste lui permet de ne plus penser à elle-même et ce qu'elle est.